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La tuberculose : La résistance aux antituberculeux au Canada – 2012

Table des matières

Introduction

Les souches de bacilles tuberculeux pharmacorésistantes menacent grandement de saper les efforts de prévention et de lutte contre la tuberculose (TB). En réponse au nombre croissant de déclarations à l'échelle mondiale indiquant une hausse de la prévalence de la TB pharmacorésistante, le Centre de la lutte contre les maladies transmissibles et les infections de l'Agence de la santé publique du Canada (CLMTI‑ASPC), en collaboration avec le Réseau technique canadien des laboratoires de tuberculose (RTCLT)a et les laboratoires participants (qui représentent toutes les provinces et tous les territoires) (annexe 1), a créé le Système canadien de surveillance des laboratoires de tuberculose (SCSLT) pour surveiller les profils de résistance aux antituberculeux au Canada.

Chaque année civile, les laboratoires participants déclarent au CLMTI-ASPC les résultats de leurs épreuves de sensibilité aux antituberculeux pour chacun des patients pour lesquels ils ont reçu un échantillon ou un isolat. Les données sont vérifiées auprès du laboratoire déclarant, elles sont compilées et analysées, et les résultats sont publiés dans le présent rapport.

Le rapport a pour objet de fournir des renseignements sur les isolats de bacilles tuberculeux testés pendant une année civile donnée et de faire connaître le degré général de résistance aux antituberculeux au Canada. La résistance est déterminée au moyen d'épreuves de sensibilité des cultures (isolats) d'échantillons cliniques prélevés chez des cas de tuberculose à culture positive. Les échantillons soumis à ces épreuves peuvent être obtenus à n'importe quel moment du diagnostic et/ou du traitement de la tuberculose chez un patient en particulier, et les échantillons prélevés chez un même cas peuvent être soumis aux laboratoires pendant un certain nombre d'années. Par conséquent, le nombre d'isolats décrits dans le présent rapport n'équivaut pas au nombre de cas à culture positive déclarés au système de surveillance des cas au cours de la même année civile. Un cas de tuberculose à culture positive n'est déclaré qu'une fois, l'année du diagnostic, mais la résistance aux antituberculeux peut être évaluée pendant plusieurs années, jusqu'à ce que le cas soit guéri ou que le traitement prescrit soit terminé.

Méthodes

Au Canada, un cas de tuberculose confirmé en laboratoire est un cas pour lequel le complexe Mycobacterium tuberculosis, plus précisément M. tuberculosis, M. africanum, M. canetti, M. caprae, M. microti, M. pinnipedii ou M. bovis (sauf la souche BCG [bacille Calmette-Guérin]) est mis en évidence par culture. Dans le but d'harmoniser les résultats des épreuves avec les déclarations de cas, le SCSLT contient les résultats des épreuves de sensibilité aux médicaments de Mycobacterium tuberculosis (MTB) et d'autres espèces de bacilles tuberculeux (M. africanum, M. canetti, M. caprae, M. microti, M. pinnipedii ou M. bovis). Il renferme aussi les résultats d'analyse des isolats appartenant au complexe MTB (CMTB), les laboratoires identifiant les isolats soit au niveau du CMTB ou au niveau de l'espèce. Les données sur les isolats de la souche BCG de M. bovis sont incluses dans le SCSLT, mais sont exclues du présent rapport.

La collecte des données s'effectue au moyen d'un formulaire de déclaration standard rempli manuellement (annexe 2) ou transmis électroniquement. Au nombre des renseignements recueillis figurent le sexe, l'année de naissance, la province ou le territoire d'origine de l'échantillon (province ou territoire de résidence du patient) et la province ou le territoire où l'épreuve de sensibilité a été réalisée.

Certaines provinces effectuent des épreuves de sensibilité pour le compte d'autres provinces ou territoires. Dans le cas de la sensibilité aux antituberculeux majeurs, la Colombie-Britannique teste ses propres isolats et ceux du Yukon, l'Alberta teste ses isolats et ceux des Territoires du Nord-Ouest, la Nouvelle-Écosse teste ses isolats et ceux de l'Île-du-Prince-Édouard et l'Ontario teste ses isolats et ceux du Nunavut. Toutes les autres provinces communiquent les résultats des épreuves de sensibilité réalisées uniquement sur les souches isolées sur leur territoire.

Au Canada, quatre laboratoires effectuent des épreuves de sensibilité aux antituberculeux mineurs : les laboratoires provinciaux de l'Alberta, de l'Ontario et du Québec et le Centre national de référence en mycobactériologie (CNRM) du Manitoba. Le CNRM effectue les épreuves de sensibilité aux antituberculeux mineurs pour le Manitoba ainsi que pour toute province ou tout territoire qui ne dispose pas d'installations pour réaliser ses propres épreuves.

Les résultats des cultures positives obtenues au cours d'une année civile sont comptabilisés dans les statistiques de l'année en question; les résultats obtenus ultérieurement sont consignés dans le rapport de l'année suivante. Par exemple, si le laboratoire a reçu un échantillon le 20 décembre 2012 et que la croissance de MTB n'a été observée qu'en janvier 2013, le résultat de l'épreuve de sensibilité sera inclus dans le rapport de 2013. On s'efforce par tous les moyens d'éliminer les résultats d'échantillons en double, c'est‑à-dire les résultats obtenus pour deux échantillons prélevés chez la même personne la même année civile. Lorsqu'un résultat en double est découvert et confirmé, seul le résultat le plus récent est inclus aux fins de l'analyse dans une année donnée.

Tous les isolats sont systématiquement soumis à une épreuve de sensibilité aux antituberculeux majeurs. Les résultats contenus dans le rapport présentent les profils de résistance aux antituberculeux majeurs testés systématiquement au Canada, soit habituellement l'isoniazide (INH), la rifampicine (RMP), le pyrazinamide (PZA) et l'éthambutol (EMB). Toutefois, les isolats ne font pas tous l'objet d'une épreuve de sensibilité à tous les médicaments. Par exemple, certaines provinces et certains territoires n'évaluent pas systématiquement la sensibilité au PZA. Par conséquent, dans le cas de la déclaration d'une monorésistance, le pourcentage d'isolats qui présentent une résistance à un médicament donné correspond au nombre d'isolats résistants au médicament par rapport au nombre total d'isolats dont la sensibilité à ce médicament particulier a été évaluée.

Le Clinical and Laboratory Standards Institute1(CLSI), qui offre des guides de pratique favorisant l'uniformité des pratiques de laboratoire, la précision et l'usage efficient des ressources, recommande de soumettre à un panel d'antituberculeux mineurs les isolats qui s'avèrent monorésistants à la rifampicine ou résistants à deux des antituberculeux majeurs. Lorsqu'une fluoroquinolone pourrait être ajoutée au traitement en raison d'une monorésistance à l'INH, il est également recommandé de vérifier la sensibilité aux antimicrobiens mineurs. Les épreuves de sensibilité aux antituberculeux mineurs varient selon la province et le territoire, mais les médicaments évalués comprennent habituellement l'amikacine (AK) et la kanamycine (KM), la capréomycine (CM), la clofazimine (CF), l'éthionamide (ETM), l'ofloxacine (OFL), la moxifloxacine (MOX), l'acide para-amino-salicylique (PAS) et la rifabutine (RIF).

On parle de TB pharmacorésistante lorsque la souche de Mycobacterium tuberculosis responsable de la maladie est résistante à un ou plusieurs des quatre antituberculeux majeurs. Les profils de résistance suivants sont décrits dans le rapport :

  1. Monorésistance : Résistance à un antituberculeux majeur (INH, RMP, EMB ou PZA).
  2. Polyrésistance (autres profils) : Résistance à deux ou plusieurs antituberculeux majeurs, à l'exception d'une résistance à la fois à l'isoniazide et à la rifampicine.
  3. Tuberculose multirésistante (TB-MR) : Résistance, à tout le moins, aux deux meilleurs antituberculeux majeurs, soit l'isoniazide et la rifampicine, mais ne répondant pas à la définition d'ultrarésistance.
  4. Tuberculose ultrarésistante (TB-UR) : Résistance, à tout le moins, aux deux meilleurs antituberculeux majeurs, soit l'isoniazide et la rifampicine, en plus d'une résistance à des antituberculeux mineurs, y compris toute fluoroquinolone, et à au moins un des trois antituberculeux mineurs injectables (amikacine, capréomycine et kanamycine).

Tous les laboratoires évaluent maintenant systématiquement la sensibilité de MTB ou du CMTB aux antituberculeux majeurs au moyen du système fluorométrique BACTEC® 960. En 2012, quatre des laboratoires effectuaient des épreuves de sensibilité aux antituberculeux mineurs. Le lecteur trouvera au tableau A la liste des antituberculeux majeurs et mineurs et les concentrations critiques en mg/L utilisées par les laboratoires participants.

Tableau A : Concentrations critiques pour les épreuves courantes de sensibilité aux antituberculeux

Antituberculeux majeurs
Antituberculeux Concentrations critiques* (mg/L)
BACTEC® 960
Commentaires 
Isoniazide (INH) 0,1 Lorsqu'on détecte une résistance à l'INH à la concentration de 0,1 mg/L, les tests sont répétés avec 0,4 mg/L d'INH pour déterminer le degré de résistance. Quoi qu'il en soit, l'isolat sera signalé comme résistant avec la valeur seuil de 0,1 mg/L.
Rifampicine (RMP) 1,0  
Éthambutol (EMB)   5,0  
Pyrazinamide (PZA) 100,0 Les épreuves ne sont pas systématiquement effectuées pour les isolats de la Colombie‑Britannique et de la Saskatchewan.

Antituberculeux mineurs
Antituberculeux Concentration critique (mg/L)
BACTEC® 960
Commentaires 
Amikacin (AK) 1  
Capréomycine (CM) 2,5  
Éthionamide (ETH) 5  
Kanamycine (KM) 2,5  
Linézolide (INN) 1  
Moxifloxacine (MOX) 0,25  
Ofloxacine (OFL) 2  
Acide para-amino- salicylique (PAS) 4  
Rifabutine (RBT) 0,5  
Streptomycine (SM) 1  

*Concentration critique : Concentration la plus faible du médicament qui inhibe 95 % des souches sauvages de MTB qui n'ont jamais été exposées à des médicaments, sans que soient inhibées les souches de MTB qui ont été isolées chez les patients ne répondant pas au traitement et qui sont considérées comme résistantes.

La méthode d'évaluation de la sensibilité aux antimicrobiens par le nouveau système (BACTEC 960) a été normalisée et validée par de multiples études dans des laboratoires de référence et fait partie de la nouvelle norme du Clinical and Laboratory Standards Institute (CLSI)1, 2.


Les membres du RTCLT participent au programme de vérification de la compétence du CNRM. Outre ce programme national, un certain nombre de laboratoires participent aussi à d'autres programmes externes de vérification de la compétence, par exemple le Quality Management Program – Laboratory Services du College of American Pathologists, le Drug Susceptibility Testing des Centers for Disease Control and Prevention des États-Unis ou le programme du New York State Department of Health. Toutes les méthodes d'analyse, y compris la sélection et la concentration des médicaments, sont exécutées conformément aux normes de laboratoire recommandées qui sont décrites en détail dans le document du CLSI.

Le présent rapport s'appuie sur les données les plus à jour dont on disposait en mars 2013. Ce relevé historique est revu chaque année et des modifications sont apportées aux tableaux pour tenir compte des nouvelles données disponibles.

Résultats

En 2012, les résultats des épreuves de sensibilité aux antituberculeux de 1 413 isolats ont été communiqués au CLMTI-ASPC. De ce nombre, 1 321 (93 %) étaient identifiés comme Mycobacterium tuberculosis, sept (0,5 %) comme M. africanum, cinq (0,4 %) comme M. bovis et 71 (5,0 %) comme faisant partie du complexe M. tuberculosis (CMTB). Neuf (0,6 %) autres isolats étaient identifiés comme le BCG, souche de M. bovis, et ont été exclus de l'analyse. Pour le rapport, les résultats de laboratoire de 1 404 isolats ont été analysés.

En plus de tester tous les isolats en provenance de l'Alberta et six isolats en provenance des Territoires du Nord-Ouest, l'Alberta a aussi testé un isolat de la Saskatchewan et six isolats du Nunavut et a communiqué les résultats de ces tests. De même, la Colombie‑Britannique a testé un isolat de l'Ontario, et l'Ontario a testé un isolat de l'Alberta, puis les deux provinces ont communiqué les résultats de ces tests (annexe 3, tableau 1). La figure 1 présente la répartition du nombre d'isolats déclarés par province ou territoire d'origine.

Figure 1. Isolats du complexe Mycobacterium tuberculosis déclarés au Canada par province/territoire : 2012
Figure 1

Équivalent textuel pour figure 1Isolats du complexe Mycobacterium tuberculosis déclarés au Canada par province/territoire : 2012
Figure 1. Isolats du complexe Mycobacterium tuberculosis déclarés au Canada par province/territoire : 2012
Province/territoire Nombre d'isolats testes
Ont. 493
C.-B. 254
Qc 209
Alb. 163
Man. 123
Sask. 72
Nt 65
N.-É. 9
T.N.-O. 6
T. -N.-L. 5
N.-B. 4
Î. P. É. 0
Yn 1

Ce graphique montre la répartition du nombre total d'isolats pour lesquels des données sur la sensibilité aux antituberculeux ont été déclarées par les provinces et les territoires. L'axe horizontal montre les provinces et les territoires, et l'axe vertical montre les nombres de 0 à 600, par intervalles de 100. Le nombre d'isolats déclarés par les provinces et les territoires en 2012 se répartit comme suit (en ordre décroissant) : Ontario (493), Colombie-Britannique (254), Québec (209), Alberta (163), Manitoba (123), Saskatchewan (72), Nunavut (65), Nouvelle-Écosse (9), Territoires du Nord-Ouest (6), Terre-Neuve-et-Labrador (5), Nouveau-Brunswick (4), Yukon (1) et Île-du-Prince-Édouard (0).


Résistance aux antituberculeux majeurs

En 2012, les 1 404 isolats ont tous fait l'objet d'une épreuve de sensibilité à l'INH, à la RMP et à l'EMB, et 1 175 isolats ont été soumis à une épreuve de sensibilité au PZA. Dans l'ensemble, 138 (9,8 %) des isolats testés étaient résistants à un moins un des antituberculeux majeurs. Cent onze (7,9 %) des isolats testés étaient résistants à l'INH, 33 (2,8 %) isolats étaient résistants au PZA, neuf (0,6 %) à la RMP et quatre (0,3 %) à l'EMB. La figure 2 présente le pourcentage des isolats résistants à chacun des antituberculeux majeurs.

Figure 2 : Résistance aux antituberculeux majeurs déclarée au Canada par type de médicaments : 2012
Figure 2

Équivalent textuel pour figure 2 Résistance aux antituberculeux majeurs déclarée au Canada par type de médicaments : 2012
Figure 2. Résistance aux antituberculeux majeurs déclarée au Canada par type de méedicaments : 2012
Type de pharmacorésistance Pharmacorésistance (%)
Toute résistance à l'INH 7,9
Toute résistance à la RMP 0,6
Toute résistance à l'EMB 0,3
Toute résistance au PZA 2,8

Ce graphique montre le pourcentage, par rapport à l'ensemble des résultats déclarés, des isolats s'étant avérés résistants à l'un ou l'autre des quatre antituberculeux majeurs. Les barres représentent les médicaments testés (de gauche à droite : isoniazide [INH], rifampicine [RMP], éthambutol [EMB] et pyrazinamide [PZA]); l'axe vertical montre les pourcentages, de 0 % à 9 %, par intervalles de 1 %. Pour chacun des quatre antituberculeux majeurs, le pourcentage des isolats résistants se répartit comme suit en 2012 : INH, 7,9 %; RMP, 0,6 %; EMB, 0,3 %; PZA, 2,8 %.


Entre 2002 et 2012, les tendances dans la prévalence déclarée de la pharmacorésistance sont demeurées relativement stables. La résistance à l'INH a été détectée dans 8 % des isolats testés (intervalle : 7,3 à 9,4 %). La proportion d'isolats qui présentaient une résistance à l'EMB ou à la RMP est elle aussi demeurée stable entre 2002 et 2011, à moins de 2 % pour chaque médicament. Entre 2011 et 2012, une diminution modeste de la proportion d'isolats présentant une résistance à la RMP et à l'EMB a été observée.

Entre 2002 et 2012, 2,3 % des isolats testés étaient résistants au PZA (intervalle : 1,5 à 2,8 %). Relativement à ces isolats, 15 % étaient des isolats de M. bovis, une souche qui est par nature résistante au PZA. Depuis 2009, il y a eu une augmentation modeste mais faible de la proportion d'isolats déclarés comme étant résistants au PZA (annexe 3, tableau 2).

La figure 3 présente la tendance au fil du temps de la proportion d'isolats pour lesquels une résistance à des antituberculeux majeurs a été détectée pour les années 2002 à 2012.

Figure 3 : Résistance par type d'antituberculeux majeur sous forme de pourcentage des isolats testés au Canada : 2002-2012
Figure 3

Équivalent textuel pour figure 3Résistance par type d'antituberculeux majeur sous forme de pourcentage des isolats testés au Canada : 2002-2012
Figure 3. Résistance par type d'antituberculeux majeur sous forme de pourcentage des isolats testés au Canada : 2002-2012
Type de pharmacorésistance 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012
INH 8,1 9,4 7,3 8,2 7,3 8,7 7,5 8,5 7,9 9,2 7,9
RMP 1,7 1,6 1,0 1,8 1,7 1,0 1,4 1,6 1,4 1,6 0,6
EMB 1,8 1,2 0,8 1,5 0,9 1,8 1,0 1,3 0,8 0,7 0,3
PZA 2,6 2,6 2,4 2,1 1,5 2,7 2,1 1,7 2,4 2,6 2,8

Ce graphique illustre, pour chacun des quatre antituberculeux majeurs, le pourcentage des isolats montrant une résistance pendant la période de 11 ans s'échelonnant de 2002 à 2012. L'axe horizontal montre les années de déclaration, de 2002, à gauche, à 2012, à droite. L'axe vertical montre les pourcentages, de 0 % à 10 %, par intervalles de 1 %. Entre 2011 et 2012, on observe une diminution notable du pourcentage des isolats résistant à l'EMB et résistant à la RMP. On observe par ailleurs une tendance à la hausse du pourcentage des isolats résistant au PZA au cours des quatre dernières années de déclaration (de 2009 à 2012). Toutefois, bien que l'on observe de légères variations d'année en année pour chacun des médicaments, le pourcentage des isolats résistant à l'un ou à l'autre de ces quatre antituberculeux est demeuré relativement stable pendant la période ciblée. Le graphique montre les tendances suivantes : le taux de résistance des isolats à l'INH était à son plus bas en 2006, à 7,3 %, et à son plus haut en 2003, à 9,4 %. Le taux de résistance des isolats à la RMP était à son plus bas en 2012, à 0,6 %, et à son plus haut en 2005, à 1,8 %. Pour ce qui est de la résistance des isolats à l'EMB, elle était à son plus bas en 2012, à 0,3 %, et à son plus haut en 2002 et en 2007, à 1,8 %. Enfin, le pourcentage des isolats qui présentaient une résistance au PZA était à son plus bas en 2006, à 1,5 %, et à son plus haut en 2012, à 2,8 %.


Sur les 138 isolats de bacilles tuberculeux déclarés résistants à au moins un des quatre antituberculeux majeurs, la majorité, soit 127 (92 %) isolats, étaient monorésistants. De ce nombre, 100 (78 %) étaient résistants à l'INH, 26 (20 %) au PZA et un (2 %) était résistant à l'EMB. Ultérieurement, 71 des isolats monorésistants à l'INH ont été soumis à une épreuve de sensibilité aux antituberculeux mineurs. Une résistance à la MOX a été détectée dans deux des 71 isolats testés et une résistance à l'OFL a été détectée dans un troisième isolat.

Tuberculose multirésistante et tuberculose ultrarésistante aux antituberculeux

Pour l'année 2012, un total de neuf isolats étaient résistants à la fois à l'INH et à la RMP, ce qui en fait des souches au moins multirésistantes. De ce nombre, quatre étaient résistants à l'INH ou à la RMP seulement, deux étaient également résistants au PZA, et trois étaient résistants aux quatre antituberculeux majeurs (INH, RMP, EMB et PZA).

Pour éliminer la possibilité d'une ultrarésistance, les neuf isolats résistants à la fois à l'INH et à la RMP ont tous été soumis ultérieurement à une épreuve de sensibilité aux antituberculeux mineurs. L'intérêt portait particulièrement sur la résistance aux trois médicaments injectables (amikacine [AK], capréomycine [CM] et kanamycine [KM]) ainsi qu'à la moxifloxacine et à l'ofloxacine, les fluoroquinolones habituellement testées. Sept des isolats multirésistants ont fait l'objet d'une épreuve de sensibilité à l'AK, à la KM, à la CM, à la MOX et à l'OFL; la sensibilité à l'AK n'a pas été évaluée chez deux des isolats multirésistants.

D'après les résultats des isolats multirésistants soumis à des épreuves de sensibilité supplémentaires aux antituberculeux mineurs, deux des neufs isolats étaient également résistants à la KM, un isolat était résistant à la fois à l'OFL et à la MOX, et un quatrième isolat était résistant à la CM. Des tests supplémentaires effectués sur les neufs isolats résistants à l'INH et à la RMP ont révélé que l'un deux était résistant à la KM, à la MOX et à l'OFL, ce qui en fait un isolat ultrarésistant. Les résultats finaux des épreuves de sensibilité aux antituberculeux mineurs ont permis de confirmer huit isolats multirésistants et d'identifier un isolat ultrarésistant (annexe 3; tableau 3).

La figure 4 présente les proportions générales en 2012 de chacun des profils de résistance.

Figure 4. Profil général de résistance aux antituberculeux déclarée au Canada : 2012

Figure 4

Équivalent textuel pour figure 4Profil général de résistance aux antituberculeux déclarée au Canada : 2012
Figure 4. Profil général de résistance aux antituberculeux déclarée au Canada : 2012
Type de pharmacorésistance pharmacorésistance (%)
Résistance à un ou plusieurs médicaments 9,8
Monorésistance 9,0
TB-MR* 0,6
TB-UR† 0,1
Autres profils 0,1

Ce graphique montre le pourcentage, par rapport à l'ensemble des résultats déclarés, des isolats analysés en 2012 qui se sont révélés résistants, par type de résistance. L'axe horizontal montre le type de résistance évalué, à savoir : les isolats résistant à un ou à plusieurs antituberculeux majeurs (INH, RMP, EMB ou PZA); les isolats monorésistants (qui sont résistants à seulement un antituberculeux majeur); les isolats multirésistants (TB-MR) (qui sont résistants, à tout le moins, à l'isoniazide et à la rifampicine, mais qui ne répondent pas à la définition de tuberculose ultrarésistante [TB-UR]); les isolats ultrarésistants (TB-UR) (qui sont résistants, à tout le moins, aux deux meilleurs antituberculeux majeurs, soit l'isoniazide et la rifampicine, en plus d'être résistants à des antituberculeux mineurs, y compris à une fluoroquinolone et à au moins un des trois antituberculeux mineurs injectables [amikacine, capréomycine et kanamycine]); et les isolats présentant un autre profil de résistance. L'axe vertical montre les pourcentages, de 0 % à 12 %, par intervalles de 2 %. Une résistance à un ou à plusieurs médicaments a été observée dans 9,8 % des isolats analysés; une monorésistance a été observée dans 9,0 % des isolats analysés; une multirésistance (TB-MR) a été observée dans 0,6 % des isolats analysés; une ultrarésistance (TB-UR) a été observée dans 0,1 % des isolats; et 0,1 % des isolats analysés présentaient un autre profil de résistance.


Entre 2002 et 2012, 176 isolats ont été classés comme des souches de TB-MR, ce qui représente 1,2 % de tous les isolats testés pendant cette période.

Les fluoroquinolones, notamment l'ofloxacine et la moxifloxacine, constituent la classe de bactéricides mineurs la plus puissante pour le traitement de la TB-MR. Les patients présentant une TB-MR et une résistance supplémentaire aux fluoroquinolones sont atteints d'une forme plus grave de la maladie comparativement à ceux présentant seulement une TB-MR. Leur maladie est plus difficile à traiter et elle risque de se transformer en une TB-UR et d'acquérir une résistance à l'un des antituberculeux mineurs injectables. Entre 2002 et 2012, sur le nombre d'isolats qui se sont avérés résistants à la fois à l'INH et à la RMP, 14 % étaient également résistants à une fluoroquinolone.

Entre 2002 et 2012, les résultats d'un deuxième test ont permis d'identifier sept isolats (0,05 % de tous ceux testés) classés comme ultrarésistants.

La figure 5 présente ces proportions au fil du temps. Le tableau B présente la répartition du nombre d'isolats de TB-MR et de TB-UR déclarés entre 2002 and 2012.

Figure 5. Profil général de résistance aux antituberculeux déclarée au Canada – pourcentage de résistance parmi les isolats testés : 2002-2012

Figure 5

Équivalent textuel pour figure 5Profil général de résistance aux antituberculeux déclarée au Canada – pourcentage de résistance parmi les isolats testés : 2002-2012
Figure 5 : Profil général de résistance aux antituberculeux déclarée au Canada - pourcentage de résistance parmi les isolats testés : 2002-2012
Type de pharmacorésistance 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012
Résistance à un ou plusieurs médicaments 9,8 10,5 8,6 9,6 9,1 10,5 8,6 9,5 8,8 10,5 9,8
Monorésistance 7,7 8,3 6,8 7,7 7,7 8,8 6,9 7,4 6,9 9,0 9,0
TB-MR* 1,4 1,4 0,9 1,6 1,1 0,9 1,1 1,4 1,3 1,4 0,6
Autres profils 0,6 0,7 0,9 0,2 0,2 0,9 0,4 0,8 0,5 0,1 0,1
TB-UR† 0,1 0,1 - - 0,1 - 0,1 - 0,1 0,1 0,1
* La tuberculose multirésistante (TB-MR) est une tuberculose qui est résistante, à tout le moins, à l'isoniazide et à la rifampicine, mais qui ne répond pas à la définition detuberculose ultrarésistante (TB-UR).
† La tuberculose ultrarésistante (TB-UR) est une tuberculose qui est résistante, à tout le moins, aux deux meilleurs antituberculeux majeurs, soit l'isoniazide et la rifampicine, en plus d'être résistante à des antituberculeux mineurs, y compris toute fluoroquinolone, et à au moins un des trois antituberculeux mineurs injectables (amikacine, capréomycine et kanamycine).

Ce graphique montre la tendance sur 11 ans, soit de 2002 à 2012, du pourcentage des isolats présentant une résistance en fonction du profil de résistance aux antituberculeux. Les types de résistance évalués étaient les suivants : les isolats résistant à un ou à plusieurs antituberculeux majeurs (INH, RMP, EMB ou PZA); les isolats monorésistants (qui sont résistants à seulement un antituberculeux majeur); les isolats multirésistants (TB-MR) (qui sont résistants, à tout le moins, à l'isoniazide et à la rifampicine, mais qui ne répondent pas à la définition de tuberculose ultrarésistante [TB-UR]); les isolats ultrarésistants (TB-UR) (qui sont résistants, à tout le moins, aux deux meilleurs antituberculeux majeurs, soit l'isoniazide et la rifampicine, en plus d'être résistants à des antituberculeux mineurs, y compris à une fluoroquinolone et à au moins un des trois antituberculeux mineurs injectables [amikacine, capréomycine et kanamycine]); et les isolats présentant un autre profil de résistance. Le pourcentage des isolats qui présentaient une résistance était à son plus bas en 2001, à 8,0 %, et à son plus haut en 2003 et en 2007, à 10,5 %. Le pourcentage des isolats résistant à un seul médicament, c'est-à-dire qui étaient monorésistants, était à son plus bas en 2001, à 6,5 %, et à son plus haut en 2007, à 8,8 %. Le pourcentage des isolats multirésistants était à son plus bas en 2004 et en 2007, à 0,9 %, et à son plus haut en 2005, à 1,6 %. Le pourcentage des isolats qui présentaient un autre profil de résistance, c'est-à-dire qui n'étaient ni monorésistants ni multirésistants, était à son plus bas en 2005 et en 2006, à 0,2 %, et à son plus haut en 2004, à 0,9 %. En mars 2012, le SCSLT avait signalé sept cas de TB-UR, soit un cas en 2002, en 2003, en 2006, en 2008, en 2010, en 2011 et en 2012.


Tableau B : Nombre total d'isolats testés et nombre et pourcentage identifiés comme des isolats de TB-MR et de TB-UR : Canada, 2002-2012

* Exclut la TB-UR

Année Nombre total d'isolats TB-MR* (%) TB-UR (%)
2002 1 419 20 (1,4) 1 (0,1)
2003 1 405 20 (1,4) 1 (0,1)
2004 1 376 12 (0,9) 0
2005 1 335 22 (1,6) 0
2006 1 389 15 (1,1) 1 (0,1)
2007 1 267 11 (0,9) 0
2008 1 356 15 (1,1) 1 (0,1)
2009 1 331 18 (1,4) 0
2010 1 279 17 (1,3) 1 (0,1)
2011 1 319 18 (1,4) 1 (0,1)
2012 1 404 8 (0,6) 1 (0,1)
Total 14 880 176 (1,2) 7 (0,05)

Données Démographiques

En 2012, l'âge était connu pour l'ensemble des 1 404 isolats testés. Soixante et un pour cent des isolats avaient été prélevés chez des personnes de 15 à 54 ans. Vingt et un pour cent des isolats provenaient de personnes de 55 à 74 ans et 15 % des cas déclarés étaient âgés de 75 ans et plus. Trois pour cent des isolats déclarés avaient été prélevés chez des personnes de moins de 15 ans.

Le sexe était connu pour 1 390 des isolats déclarés. Au total, 59 % des isolats pour lesquels le sexe était indiqué et 64 % des 138 isolats affichant une résistance avaient été prélevés chez des hommes. Toutefois, la totalité des isolats de TB-MR provenaient de femmes; cinq d'entre elles avaient moins de 35 ans. Le seul isolat de TB-UR avait été prélevé chez un homme du groupe des 15 à 24 ans (annexe 3; tableau 4).

Après avoir stratifié les résultats de laboratoire selon le sexe et le groupe d'âge, on a observé que chez les femmes, les personnes de 25 à 44 ans affichaient le plus fort pourcentage de résistance (57 %). Chez les hommes, toutefois, les isolats pour lesquels on avait détecté une pharmacorésistance étaient répartis de façon plus uniforme dans tous les groupes d'âge.

Répartition géographique

La figure 6 présente la répartition géographique de la résistance aux antituberculeux au Canada en 2012. Quatre-vingt pour cent des résultats de laboratoire concernaient des isolats en provenance de l'Alberta, de la Colombie-Britannique, de l'Ontario et du Québec. Sept provinces ont signalé au moins un isolat résistant à au moins un des antituberculeux. Dans le cas des Territoires du Nord-Ouest, du Nunavut, du Yukon et de trois provinces de l'Atlantique, tous les isolats testés étaient totalement sensibles à tous les antituberculeux majeurs testés. Les neuf isolats résistants à la fois à l'INH et à la RMP provenaient de l'Alberta, de la Colombie-Britannique et de l'Ontario.

Figure 6. Résistance aux antituberculeux déclarée au Canada par province/territoire : 2012

Figure 6

Équivalent textuel pour figure 6Résistance aux antituberculeux déclarée au Canada par province/territoire : 2012

Cette carte du Canada, où les provinces et les territoires sont représentés en diverses couleurs, montre le niveau le plus élevé de résistance aux antituberculeux déclaré en 2012. Terre-Neuve-et-Labrador, les Territoires du Nord-Ouest, la Nouvelle-Écosse, le Nunavut, l'Île-du-Prince-Édouard et le Yukon sont en blanc, car tous les isolats analysés étaient sensibles à l'ensemble des antituberculeux majeurs. Le Manitoba, le Nouveau-Brunswick, le Québec et la Saskatchewan sont en bleu clair, car au moins un des isolats analysés présentait une résistance à un ou à plusieurs antituberculeux, mais non à la fois à l'isoniazide et à la rifampicine. L'Alberta, la Colombie-Britannique et l'Ontario sont en bleu foncé, car au moins un isolat de ces provinces était multirésistant (TB-MR) ou ultrarésistant (TB-UR).


Entre 2002 et 2012, 82 % de l'ensemble des déclarations faites par les laboratoires provenaient de l'Alberta, de la Colombie-Britannique, de l'Ontario et du Québec. Ensemble, ces quatre provinces ont signalé 92 % de tous les isolats présentant une résistance et 95 % des isolats de TB-MR. L'Ontario a déclaré 47 % des isolats présentant une résistance et 59 % de tous les cas de TB-MR. Entre 2002 et 2012, seuls le Manitoba et l'Ontario ont déclaré des isolats de TB-UR. Le tableau C présente la répartition provinciale/territoriale des isolats testés et la proportion d'isolats présentant une résistance pour les années 2002 à 2012.

Tableau C : Répartition provinciale/territoriale du nombre d'isolats par type de résistance, 2002-2012
Province/territoire* Nombre total d'isolats Résistance de tout type TB-MR* TB-UR

* Exclut la TB-UR

Ontario 5896 664 (11.3%) 104 (1.8%) 5 (0.1%)
British Columbia 2668 251 (9.4%) 25 (0.9%) 0 (0.0%)
Quebec 2292 246 (10.7%) 18 (0.8%) 0 (0.0%)
Alberta 1344 137 (10.2%) 21 (1.6%) 0 (0.0%)
Manitoba 1 209 73 (6.0%) 6 (0.5%) 2 (0.2%)
Saskatchewan 678 30 (4.4%) 2 (0.3) 0 (0.0%)
Nunavut 433 5 (1.2%) 0 (0.0%) 0 (0.0%)
Northwest Territories 89 3 (3.4%) 0 (0.0%) 0 (0.0%)
Nova Scotia 80 5 (6.3%) 0 (0.0%) 0 (0.0%)
New Brunswick 79 7 (8.9%) 0 (0.0%) 0 (0.0%)
Newfoundland and Labrador 74 3 (4.1%) 0 (0.0%) 0 (0.0%)
Yukon 28 0 (0.0%) 0 (0.0%) 0 (0.0%)
Prince Edward Island 10 1 (10.0%) 0 (0.0%) 0 (0.0%)
Total 14880 1425 (9.6%) 176 (1.2%) 7 (0.05%)

Pour une revue complète des profils de résistance par province et territoire, se reporter aux tableaux 5 à 17 (annexe 3; tableaux 5 à 17).

Analyse

Dans de nombreuses régions du monde, l'augmentation de la pharmacorésistance rend les efforts de contrôle et de prise en charge de la tuberculose particulièrement difficiles. Parmi les cas de tuberculose, les données disponibles confirment que l'Europe de l'Est et l'Asie centrale continuent d'afficher la proportion la plus élevée de cas de TB-MR dans le monde3.

Entre 2002 et 2012, le nombre de cas de pharmacorésistance déclarés au Canada est toujours demeuré inférieur aux niveaux internationaux. Dans l'ensemble, la proportion d'isolats présentant une résistance à des antituberculeux majeurs au cours des 11 années d'analyse présentées dans le rapport n'a presque pas changé. Au cours de chacune des trois dernières années (2010 à 2012), un cas de TB-UR a été déclaré et entre 2002 et 2012, le SCSLT a signalé sept isolats de TB-UR.

Les résultats des épreuves de sensibilité de 1 404 isolats ont été communiqués en 2012. La proportion du nombre total d'isolats ayant présenté une pharmacorésistance de tout type était de 9,8 %, une légère baisse par rapport à l'année précédente. Même s'il y a eu un cas de TB-UR déclaré en 2012, la proportion d'isolats classés comme TB‑MR est passé de 1,4 % en 2011 à 0,6 % en 2012.

Les microorganismes résistants à la fois à l'INH et à la RMP compliquent énormément les efforts de traitement et de prévention en limitant l'accessibilité à des antituberculeux efficaces. À l'échelle mondiale, on estime que 3,7 % (2,1 à 5,2 %) des nouveaux cas et 20 % (13 à 26 %) des cas déjà traités sont des cas de TB-MR. Par rapport aux cas déclarés dans le monde, les résultats observés à ce jour dans le SCSLT révèlent que la prévalence de la TB-MR au Canada demeure faible3.

La tuberculose ultrarésistante aux médicaments est de plus en plus préoccupante à l'échelle internationale. Comme les isolats de TB-UR sont résistants aux antituberculeux majeurs et à certains antituberculeux mineurs les plus efficaces, les options thérapeutiques sont très limitées. Pour que la surveillance de la TB-UR se poursuive au Canada, tous les isolats résistants à la fois à l'INH et à la RMP ou monorésistants à la RMP devraient faire systématiquement l'objet d'une épreuve de sensibilité aux antibiotiques mineurs. Les résultats présentés dans le présent rapport indiquent que ces recommandations sont généralement suivies.

Limites

Habituellement, seuls les isolats de TB-MR ou de TB-UR feront l'objet d'une épreuve de sensibilité à certains antituberculeux mineurs. Bien que le CLSI recommande de vérifier la résistance aux antituberculeux mineurs des isolats monorésistants à l'INH, ainsi que des isolats polyrésistants mais non multirésistants, de tels résultats ne sont pas systématiquement signalés au Canada.  D'autres isolats peuvent être résistants à une fluoroquinolone, car cette famille d'antibactériens est largement utilisée dans le traitement des infections respiratoires, mais ce ne sont pas nécessairement des souches de TB-MR. Notre compréhension de l'émergence de la résistance aux antituberculeux mineurs au Canada est donc limitée.

Une plus grande quantité de données démographiques et de données cliniques sur les personnes d'où proviennent les isolats de bacilles tuberculeux permettrait de réaliser une meilleure évaluation épidémiologique des profils de pharmacorésistance au Canada. Par exemple, avec les renseignements dont on dispose actuellement (année de naissance et sexe des cas), il est impossible de distinguer une résistance primaire d'une résistance secondaire/acquise de même que les profils de résistance divergents des nouveaux cas versus les cas traités de nouveau. Cependant, les rapports annuels intitulés La tuberculose au Canada fournissent de l'information plus détaillée sur la résistance aux antituberculeux, y compris de l'information sur la résistance primaire et la résistance acquise.

Conclusions

Les données de surveillance sur la pharmacorésistance permettent de suivre l'efficacité des activités de prévention et de contrôle de la TB, de prévoir avec précision les besoins des patients en matière de traitement et de planifier en conséquence, de concevoir des schémas thérapeutiques normalisés pour le traitement de la TB pharmacorésistante, d'évaluer les tendances épidémiologiques et d'identifier rapidement les éclosions de TB pharmacorésistante et d'intervenir sans tarder. Les données recueillies à ce jour indiquent que la présence de TB pharmacorésistante au Canada est plus faible que ce qui s'observe en moyenne dans le monde et que les chiffres restent stables depuis le début de la déclaration. Cependant, l'inquiétude croissante suscitée dans le monde par la résistance aux antituberculeux et par l'émergence de souches ultrarésistantes fait ressortir le rôle vital que joue le SCSLT en fournissant d'importants renseignements sur lesquels peuvent s'appuyer les stratégies de prévention et de contrôle de la tuberculose.

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Références

Footnote 1
Clinical and Laboratory Standards Institute. (CLSI)  Susceptibility Testing of Mycobacteria, Nocardiae, and Other Aerobic Actinomycetes; Approved Standard, M24-A. Clinical and Laboratory Standards Institute, 2011.
Footnote 2
Sharma et al.  A Canadian Multicentre Laboratory Study for Standardized Second-line Antimicrobial Susceptiblity Testing of Mycobacterium tuberculosis.  Journal of Clinical Microbiology, 2011, 49 (12), 4112-4116.
Footnote 3
Organisation mondiale de la Santé. Rapport 2012 sur la lutte contre la tuberculose dans le monde. Genève: Organisation mondiale de la Santé, 2006 (WHO/HTM/TB/2012.6).

a Le Réseau technique canadien des laboratoires de tuberculose est un réseau national composé d'un responsable technique de chaque laboratoire provincial ou territorial qui effectue des épreuves de sensibilité aux mycobactéries, d'un représentant du Centre national de référence en mycobactériologie de l'Agence de la santé publique du Canada (ASPC) et d'un délégué du CLMTI-ASPC.