Sommaire : Rapport sur les infections transmissibles sexuellement au Canada : 2011

Les infections transmissibles sexuellement (ITS) demeurent un problème de santé publique important au Canada. Les taux signalés d’infection à Chlamydia trachomatis, d’infection gonococcique et de syphilis infectieuse ne cessent d’augmenter depuis la fin des années 1990. Le présent rapport décrit les tendances et les profils en ce qui concerne ces trois infections transmissibles sexuellement à déclaration obligatoire au Canada, en mettant l'accent sur la dernière décennie (de 2002 à 2011). Les tendances séculaires à long terme et les comparaisons internationales sont présentées aux fins de mise en contexte.

Infection à Chlamydia trachomatis

L’infection à Chlamydia trachomatis continue d'être l'infection transmissible sexuellement la plus couramment signalée au Canada. Depuis 2002, les taux d'infection à C. trachomatis signalés ont augmenté de 61,8 %. Les taux signalés connaissent une augmentation constante pour les deux sexes et dans tous les groupes d'âge, l'augmentation relative étant plus élevée chez les hommes. En 2011, comme dans les précédents rapports, le taux signalé chez les femmes (378,7 par 100 000) était près de deux fois supérieur à celui des hommes (200,1 par 100 000). Les plus hauts taux d'incidence de l’infection à C. trachomatis étaient signalés dans la tranche d'âge de 20 à 24 ans, autant chez les hommes que chez les femmes. On note des écarts géographiques dans la répartition des cas d’infection à C. trachomatis déclarés dans l'ensemble du Canada, les taux les plus élevés étant ceux des Territoires du Nord-Ouest, du Yukon, du Manitoba et de la Saskatchewan.

Infection gonococcique

Entre 2002 et 2011, on a constaté une augmentation du taux global de cas d’infection gonococcique signalés de 40,8 %. En 2011, comme dans les années précédentes, le taux signalé chez les hommes était supérieur à celui des femmes (38,4 et 27,8 par 100,000 respectivement). C'est chez les femmes âgées de 15 à 24 ans et les hommes âgés de 20 à 24 ans que les taux d’infection gonococcique les plus élevés sont signalés. Le plus haut taux d’infection gonococcique était observé aux Territoires du Nord-Ouest.

Syphilis infectieuse

Le taux global de cas de syphilis infectieuse signalés a augmenté de 231,8 % depuis 2002. En 2011, comme dans les années précédentes, le taux signalé chez les hommes était supérieur à celui des femmes (9,6 et 0,7 par 100 000 respectivement). Chez les hommes, le taux signalé d'infection est le plus élevé dans le groupe des 25 à 29 ans; chez les femmes, ce taux est le plus élevé dans le groupe des 20 à 24 ans. En 2011, on note des écarts géographiques dans la répartition des cas de syphilis infectieuse déclarés, les taux les plus élevés étant ceux du Québec et du Nouveau-Brunswick.

Taux et cas signalés d’infection à Chlamydia trachomatis, d’infection gonococcique et de syphilis infectieuse (pour 100 000 habitants) 2002, 2010 et 2011, Canada
Année Infection à Chlamydia trachomatis Infection gonococcique Syphilis infectieuse
Cas Taux Cas Taux Cas Taux
2002 56 266 179,5 7 365 23,5 482 1,5
2010 93 329 273,7 10 743 31,5 1 698 5,0
2011 100 044 290,4 11 397 33,1 1 757 5,1

Des augmentations similaires des taux d'infections transmissibles sexuellement à déclaration obligatoire étaient observées en Australie, en Angleterre et aux États-Unis. En 2011, le profil pour les infections transmissibles sexuellement à déclaration obligatoire dans ces trois pays de comparaison était similaire au profil canadien. Dans ces quatre pays, l’infection à C. trachomatis était l'infection transmissible sexuellement à déclaration obligatoire la plus fréquemment signalée, et les taux signalés d’infection à C. trachomatis étaient plus élevés chez les femmes que chez les hommes. Comme au Canada, les taux signalés de syphilis infectieuse en 2011 dans les trois pays de comparaison étaient plus élevés chez les hommes que chez les femmes. Les taux d’infection gonococcique signalés en 2011 étaient plus de deux fois plus élevés chez les hommes que chez les femmes en Australie et en Angleterre, alors qu'au Canada et aux États-Unis, l'écart s'amoindrissait entre les deux sexes. Dans l'ensemble, et comparativement aux trois autres pays, les taux d’infection à C. trachomatis et d’infection gonococcique étaient plus bas au Canada, mais les taux de syphilis infectieuse étaient sensiblement similaires.

Les taux rapportés d'infections transmissibles sexuellement ont continué d'augmenter en dépit de nombreuses interventions de santé publique conçues pour prévenir, diagnostiquer et traiter hâtivement ces infections. Divers facteurs peuvent expliquer ces observations. Par exemple, le recours à des tests de laboratoire plus sensibles pour détecter les cas d’infection à C. trachomatis et d’infection gonococcique peut avoir contribué à l'augmentation du nombre d'infections diagnostiquées. Des méthodes plus efficaces de dépistage et de traçabilité des contacts sexuels des cas déclarés peuvent également avoir contribué à l'augmentation du nombre de cas. La résistance antimicrobienne, particulièrement dans le cas de l’infection gonococcique, peut avoir conduit à l'échec de traitement et à une transmission continue de l'infection. Enfin, des changements de pratiques sexuelles peuvent augmenter le nombre de personnes contractant des infections transmissibles sexuellement, comme cela était observé dans des épisodes d'éclosion de syphilis à l'échelle du Canada.

Les statistiques et les tendances nationales en ce qui concerne les infections transmissibles sexuellement servent à documenter les programmes, les lignes directrices et les recommandations en matière de santé publique. Pour faire face à ce problème de santé publique croissant, l'Agence de la santé publique du Canada produit des lignes directrices à l'intention des professionnels de la santé et des éducateurs sur la prévention, le diagnostic et le traitement de ces infections. Il est possible de les consulter à partir du site Santé sexuelle et les infections transmises sexuellement page ou Centre de distribution fde CATIE.

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