Guide sur les Syndromes associés aux ITS : Atteinte inflammatoire pelvienne

Le présent guide fournit un aperçu de la prise en charge et du traitement empirique l'atteinte inflammatoire pelvienne (AIP) associée aux infections transmissibles sexuellement (ITS). L'AIP est une infection des voies génitales supérieures touchant l'endomètre, les trompes de Fallope, le péritoine pelvien ou les structures contiguës. Le traitement parentéral et la prise en charge de l'AIP nécessitant une hospitalisation ne sont pas abordés dans ce guide.

Sur cette page :

Importance en santé publique

L'AIP est la cause infectieuse la plus fréquente de douleurs abdominales basses chez les femmesNote de bas de page 1. Jusqu'à deux tiers des cas peuvent ne pas être décelés.

Au Canada, environ 100 000 de cas d'AIP symptomatique sont diagnostiqués chaque année. De plus, on estime que 10 à 15 % des femmes en âge de procréer ont déjà présenté un épisode d'AIPNote de bas de page 2.

Les séquelles à long terme de l'AIP comprennent l'infertilité, la grossesse ectopique et la douleur pelvienne chronique. Le risque de ces séquelles à long terme dépend du nombre d'épisodes d'AIP survenusNote de bas de page 3.

Étiologie courante associée aux ITS

L'AIP peut être une infection polymicrobienne compliquée. Les agents étiologiques associés à l'AIP peuvent inclure les infections transmissibles sexuellement (ITS) et les bactéries anaérobies endogènes et aérobies facultatives.

Dans la plupart des cas, l'étiologie microbienne précise de l'AIP est inconnue et aucun organisme spécifique n'est identifié. Les infections à Chlamydia trachomatis (CT) et à Neisseria gonorrhoeae (GC) sont les ITS les plus souvent détectées dans les cas d'AIP. Il est estimé que GC, CT et Mycoplasma genitalium comptent pour 30 à 40 % de tous les casNote de bas de page 4.

Environ 15 % des personnes ayant une infection endocervicale à GC ou à CT développent une AIPNote de bas de page 5Note de bas de page 6Note de bas de page 7.

Autres causes infectieuses possibles: Trichomonas vaginalis, Gardnerella vaginalis, Mycoplasma hominis, Ureaplasma urealyticum, Bacteroides spp., Peptostreptococcus spp., Prevotella spp., Streptococcus spp., Escherichia coli et Haemophilus influenzaNote de bas de page 8.

Manifestations cliniques

Les symptômes et les signes de l'AIP comprennent :

L'AIP associée à GC est généralement plus grave sur le plan clinique que celle associée à la CTNote de bas de page 4Note de bas de page 9.

Tests diagnostiques

Un examen abdominal et pelvien est indiqué chez toute personne présentant des symptômes d'AIP, notamment :

Envisager et exclure une grossesse ectopique.

Tests recommandés :

Autres tests pouvant être utiles pour le diagnostic d'AIP aiguë : hémogramme complet, vitesse de sédimentation globulaire, taux de protéine C-réactive, biopsie de l'endomètre, échographie transvaginale et laparoscopie.

Critères diagnostiques minimaux :

Critères diagnostiques supplémentaires :

Critères diagnostiques définitifs :

Traitement empirique et prise en charge

Le diagnostic et le traitement précoces sont essentiels pour que la fertilité ne soit pas compromise. En raison de la nature polymicrobienne de l'infection, les schémas thérapeutiques empiriques doivent couvrir un large spectre des agents étiologiques les plus probables, tels que les ITS, les bactéries facultatives et les streptocoquesNote de bas de page 12.

Traitement ambulatoire pour l'AIP

Traitement ANote de bas de page 13

Traitement B

Ceftriaxone 250 mg IM en dose unique plus Doxycycline 100 mg PO BID pendant 14 jours [A-II]

plus ou moins

Métronidazole 500 mg PO BID pendant 14 jours [B-III]

Lévofloxacine 500 mg PO 1 fois par jour pendant 14 jours

plus ou moins
Métronidazole 500 mg PO BID pendant 14 jours [B-II]

Remarques :

La prise en charge des personnes atteintes d'AIP n'est pas adéquate à moins que leurs partenaires sexuels soient également évalués et traités.

L'hospitalisation est indiquée dans les cas suivants :

L'AIP n'est pas une indication pour le retrait d'un dispositif intra-utérin (DIU)Note de bas de page 19. Si le retrait d'un DIU est prévu, attendre qu'au moins deux doses d'antibiotiques aient été prises.

Suivi

Évaluer la réponse au traitement deux à trois jours après le début de l'antibiothérapieNote de bas de page 18. En l'absence d'amélioration clinique, envisager de consulter un collègue expérimenté. Une hospitalisation peut être nécessaire pour effectuer des examens plus approfondis, administrer un traitement par voie parentérale et mettre la personne en observation. Envisager d'autres diagnostics différentiels ou mixtes et une laparoscopie.

Le test de contrôle dépend de l'agent pathogène confirmé par les analyses de laboratoire. Consulter le guide propre à l'étiologie.

En cas d'AIP persistante ou récurrente, envisager un TAAN pour détecter M. genitalium et déterminer la sensibilité aux antibiotiques (si disponible). Si le test de détection n'est pas disponible, envisager un traitement empirique de l'infection à M. genitalium. Consulter le guide sur l'infection à Mycoplasma genitalium.

Déclaration et notification aux partenaires

Lorsqu'un traitement pour une ITS est indiqué, il convient de notifier, d'évaluer, de dépister et de traiter (le cas échéant) les partenaires sexuels. Consulter les guides propres à l'étiologie pour connaître les recommandations sur la déclaration obligatoire et la notification aux partenaires.

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