ARCHIVÉ : Section II : Création d'un cadre mondial visant à tenir compte des besoins et des apports des aînés dans les situations d'urgence – Le logement

 

3. Le logement

Les discussions de groupes portant sur le logement rappellent l’importance de permettre aux personnes âgées de demeurer indépendantes aussi longtemps que possible. La capacité à vivre en autonomie dans sa propre maison dépend de plusieurs facteurs, dont la santé, les finances et la présence de services de soutien (soins médicaux et personnels). De nombreuses personnes âgées estiment qu’elles pourraient continuer à vivre chez elles, comme elles l’ont fait pendant des années voire des décennies, si certaines conditions sont satisfaites. Par exemple, l’existence de services d’aide pour l’entretien ménager, le jardinage ou les travaux d’entretien, permettrait aux aînés de demeurer chez eux.

« Les taxes sont élevées et les factures de chauffage leur font très peur. Souvent, ils ont tellement peur de chauffer qu’ils ne montent le chauffage que lorsqu’ils ont de la visite. Ils ont un chandail et un manteau sur le dos, et un châle sur les épaules. Ils mettent une courtepointe roulée au bas de la porte pour empêcher l’air froid d’entrer. »

« Dans le cas d’un couple qui vit dans une vieille maison, si les deux reçoivent une pension de vieillesse, le couple n’a pas droit à une subvention. Je tente continuellement de dénicher des subventions pour les personnes dans cette situation, et c’est réellement frustrant. Parce que les deux époux perçoivent une pension de retraite, leurs revenus s’élèvent probablement à 21 000 $ ou 22 000 $, et comme ils dépassent le plafond de 1 000 $, ils n’ont droit à rien. »


Nombreuses sont les personnes âgées qui sont propriétaires de leur maison. Les maisons des aînés sont souvent plus anciennes que celles des Canadiens plus jeunes. Divers coûts sont plus élevés pour les maisons plus anciennes – notamment l’entretien et les services publics. Bien que certains aînés reconnaissent que leur vieille maison n’est pas très fonctionnelle pour une personne âgée, ils n’ont bien souvent pas les moyens de financer les améliorations et les adaptations qui amélioreraient leurs conditions de vie. La plomberie intérieure était l’objet de préoccupations dans une collectivité. Dans une autre, la dépendance aux poêles à bois a été abordée, ainsi que les problèmes qui en résultaient lorsque les personnes âgées n’étaient plus en mesure de couper le bois et de le transporter à l’intérieur. Certains participants aux discussions ont fait remarquer que des bénévoles aidaient les personnes âgées dans l’exécution de ces tâches, soit de manière informelle (de bons voisins) ou dans le cadre d’un service de bénévolat communautaire organisé. Les plus gros obstacles financiers auxquels font face les aînés qui souhaitent demeurer chez eux semblent être associés au chauffage et aux coûts d’entretien de la maison.

Les problèmes de conception constituaient un autre obstacle fréquemment mentionné. Bien qu’un certain nombre de participants savaient que des subventions gouvernementales existent s’ils ont besoin de rénover des parties de leur maison à des fins d’accessibilité ou de mobilité, l’information relative à ces programmes administrés par les gouvernements fédéraux ou provinciaux est moins connue. Dans d’autres cas, les participants ont exprimé leurs frustrations par rapport au processus d’obtention d’une telle aide. Comme le mentionnait un fournisseur de services, les critères d’admissibilité excluent parfois des personnes qui pourraient clairement bénéficier de subventions pour améliorer leur domicile.

Lorsque viendra le moment de quitter leur maison, les participants aux groupes de discussion souhaitent avoir accès à diverses options qui leur assurent une continuité des soins. Ceux qui ont les moyens d’acheter une nouvelle maison ont mentionné la nécessité de construire des maisons plus petites ou des condominiums. D’autres sont moins intéressées ou sont incapables d’acheter une nouvelle maison et cherchent un appartement.

« Tout ce qui se construit ici comme dans les autres collectivités sont les condominiums pour des personnes très aisées. »

« Mais pour ce qui est d’obtenir un prêt hypothécaire… C’est une autre paire de manches – pouvez-vous emprunter quand vous êtes une personne âgée? »

« Je pense que tout le monde cherche cette étape intermédiaire, vous savez, entre quitter la maison et aller en résidence. Vous savez, où vous pouvez vivre seul, mais bénéficier d’une certaine forme d’assistance. Vous n’avez pas à vous occuper de votre propre maison, mais vous n’êtes pas totalement pris en charge par un établissement non plus. »


Les logements à louer sont généralement des maisons isolées, des maisons de ville, des duplex, des appartements accessoires ou des petits immeubles résidentiels. Les nouveaux logements à louer ne sont pas toujours économiquement viables dans la plupart des collectivités rurales, en raison notamment de l’étroitesse du marché local, des conditions économiques risquées et d’une industrie de la construction limitée.

En plus de vouloir un logement « entre les deux », c’est-à-dire entre la grande maison familiale et l’appartement, les personnes âgées des groupes de discussion ont signalé qu’elles recherchaient également des choix de vie avec davantage d’assistance, décrits par un participant comme une étape « intermédiaire ».

La disponibilité, le choix et le coût du logement sont autant de facteurs importants pour les personnes vieillissantes. Les résultats des groupes de discussion révèlent que même dans les collectivités offrant une série de possibilités de logement indépendant et assisté, la plupart observent des pénuries à certains égards.

L’absence ou le manque de choix de soins de longue durée a également été mentionné comme un obstacle important pour les personnes âgées dans les collectivités rurales et éloignées. Bien que la séparation involontaire des époux ait été mentionnée comme une conséquence très malheureuse de la pénurie de certains types de logement, avoir à quitter la collectivité pour accéder aux soins de longue durée s’est révélé être une situation nettement plus courante.

Résumé des principales constatations

Les discussions de groupes révèlent un certain nombre d’enjeux et de possibilités en matière de logement que les collectivités rurales et éloignées du Canada pourraient prendre en considération.

Caractéristiques d’une collectivité amie des aînés

  • La disponibilité d’appartements et de possibilités de vie indépendante abordables.
  • La disponibilité de logements abordables (notamment subventionnés).
  • La disponibilité d’aides pour le maintien à domicile.
  • La disponibilité de possibilités de vie avec assistance.
  • La disponibilité de condominiums et de maisons plus petites.
  • La disponibilité de choix de soins de longue durée.
  • La proximité des services.

Obstacles

  • La capacité financière, en particulier en ce qui concerne l’entretien général des maisons – factures de chauffage, de services, réparations et rénovations.
  • L’absence d’aides permettant aux aînés de demeurer autonomes.
  • Les maisons mal conçues, notamment les obstacles à la mobilité.
  • L’absence ou le manque de choix de logements pour les personnes âgées – notamment les unités résidentielles autonomes, les logements avec assistance, et ceux offrant des soins de longue durée.

Suggestions des participants pour accroître la convivialité des collectivités à l’égard des aînés

  • Assurer la continuité des soins dans la collectivité – coordination des soins à domicile, de l’aide à la vie autonome et des soins en établissement.
  • Développer un niveau « intermédiaire » de logement, entre l’autonomie et la prise en charge complète.
  • Mettre à la disposition des aînés des appartements de dimensions différentes visant à accommoder les époux qui veulent rester ensemble et les personnes qui souhaitent davantage (ou moins) d’espace.
  • Veiller à ce que les nouveaux logements puissent s’adapter aux personnes âgées présentant des déficiences.

4. Le respect et l’inclusion sociale

Les personnes âgées veulent faire bien davantage que simplement continuer à résider dans leur collectivité – elles veulent pouvoir contribuer à la vie communautaire et bénéficier de celle-ci. Les aînés actifs et impliqués sont moins à risque de vivre de l’isolement social et plus susceptible de ressentir un sentiment d’appartenance à l’égard de leur collectivité. Ceci est particulièrement important, compte tenu des liens étroits qui existent entre l’isolement social et la santé. Bien que l’isolement social tende à augmenter avec l’âge, les collectivités qui encouragent la participation sociale et l’inclusion sont davantage en mesure de protéger la santé de leurs citoyens, y compris de ceux qui sont isolés socialement10. Les études révèlent par ailleurs qu’un des facteurs associés au sentiment de solitude est le sentiment d’un manque de respect. Tout comme l’isolement social, la solitude peut avoir un impact négatif sur la santé11.

« Ils (les aînés) ont besoin de sentir qu’ils sont toujours une partie essentielle de la communauté. »

« Je pense que nous sommes tous profondément conscients que nos aînés constituent la membrane de base, le tissu fondamental qui nous aide à être la collectivité que nous sommes. Et il n’y a pas une personne qui ne comprenne pas cela ou qui l’apprécie. »

« Je pense que c’est une sorte de philosophie de vie silencieuse dans une région rurale, ici, que d’être invité, sollicité ou consulté. »


Les discussions de groupes révèlent que les personnes âgées des collectivités rurales et éloignées sont généralement traitées avec grand respect, gentillesse et courtoisie par toutes les générations – un point de vue que partagent les participants âgés et qui est confirmé par les fournisseurs de services. Bien que plusieurs fournisseurs de services aient observé que les commerçants et les clients tendent à s’impatienter avec les aînés dont le rythme est plus lent, rares sont les participants qui ont exprimé leur insatisfaction par rapport à la façon dont les personnes âgées étaient traitées et intégrées dans la vie communautaire. En fait, la plupart ont dit que les personnes âgées étaient intégrées à la collectivité, consultées et sentaient qu’elles faisaient partie de la communauté et ont attribué cette caractéristique à la philosophie « rurale » des collectivités éloignées.

Les résultats des discussions signalent quelques différences culturelles quant à la manière dont le respect des personnes âgées se manifeste. Un participant a mentionné, par exemple, que le fait d’appeler les personnes âgées « Monsieur » ou « Madame » était chose courante dans la communauté. Un participant d’une autre collectivité (constituée d’une population autochtone importante) a fait remarquer que le fait d’appeler une femme plus âgée « Ma tante » était une grande marque de respect. Dans une autre collectivité ayant fait l’objet de l’étude, les personnes âgées se sont autodésignées, de sorte que les autres les appellent les « anciens » plutôt que les aînés. Ce phénomène a été attribué au fait que la collectivité en question était constituée d’une population « mixte » (autochtone/non autochtone). Bien qu’il ait été suggéré par au moins un participant que les jeunes gens étaient parfois perçus comme quelque peu irrespectueux en raison de la manière « sans façon » dont ils abordent les aînés (c.-à-d., sans dire « Monsieur » ou « Madame ») – d’autres ont supposé qu’il s’agissait davantage d’un manque d’éducation que d’un manque de respect.

« Je pense que c’est quelque chose qui vient de ce que nous avons appris de nos voisins les Premières nations, parce que dans cette culture les aînés sont vraiment respectés. En fait, ce sont eux qui gardent la culture vivante; c’est ce que vivre dans une communauté près de la leur nous a, en quelque sorte, permis d’apprendre. »

« Si une personne est absente, il y a toujours quelqu’un qui cherche à découvrir pourquoi. Si on remarque que quelqu’un manque à l’appel, il y a forcément quelqu’un qui ira vérifier immédiatement. Il y a une entraide incroyable entre voisins ici, et les gens font réellement attention les uns aux autres. »


Les participants de toutes les régions du Canada ont apporté de nombreux exemples de respect et d’interactions entre les générations, la plupart se rapportant aux écoles. Les activités intergénérationnelles sont autant d’occasions pour les personnes âgées d’interagir avec les jeunes – ce qui leur permet de transmettre leur savoir, leurs traditions et leurs compétences. Les résultats des groupes de discussion révèlent que les collectivités font preuve de respect et d’appréciation envers leurs aînés, par l’entremise d’une vaste gamme d’activités et de récompenses qui reconnaissent et célèbrent les personnes âgées. Des activités telles que le « Souper des aînés » ont été fréquemment mentionnées comme des manifestations de reconnaissance. D’autres ont mentionné l’inclusion d’aide-mémoire communautaire qui raconte l’histoire des aînés.

Certains participants ont suggéré qu’un moyen de faire preuve de respect serait d’admettre et d’accepter que toutes les personnes âgées ne souhaitent pas nécessairement être actives dans la communauté.

Les questions graves de violence et de négligence à l’égard des aînés ont été abordées pendant les discussions sur les défis auxquels font face les membres de la famille et les autres aidants. Les fournisseurs de services ont rappelé l’importance et la nécessité que les fournisseurs soient informés et sachent comment soutenir les familles qui se trouvent dans des situations difficiles.

En dépit des efforts des personnes et des communautés, l’isolement des personnes âgées existe et demeure une réalité dans les collectivités rurales et éloignées. Cet isolement est souvent, mais pas toujours, le fruit de problèmes de santé ou de mobilité. Les personnes âgées et les fournisseurs de services ont avancé que la raison pour laquelle certains aînés sont seuls tient de notre époque – caractérisée par des voisins qui ne « voisinent » pas comme avant. Quoi qu’il en soit, il apparaît clairement que dans certaines collectivités, de véritables efforts sont consentis pour tendre la main aux personnes âgées qui vivent l’isolement – en les invitant et en les incluant dans les activités communautaires, ou en prenant simplement note du fait qu’une personne âgée n’était pas présente à une activité à laquelle elle devait participer.

Résumé des principales constatations

Les discussions portant sur le respect des aînés et l’importance de prévenir l’isolement social ont fait ressortir certaines idées propres à une collectivité amie des aînés, ainsi que les obstacles et des suggestions d’améliorations.

Caractéristiques d’une collectivité amie des aînés

  • Le respect, la gentillesse et la courtoisie – y compris entre les générations.
  • L’adaptation, y compris l’action sociale.
  • Le sentiment d’être inclus, consulté et de faire partie de la communauté.
  • Les activités ou les prix de reconnaissance des aînés.

Obstacles

  • Les problèmes de santé et de mobilité qui entraînent l’isolement des personnes âgées.
  • L’irrespect, l’âgisme ou la violence à l’égard des personnes âgées.
  • On n’entend pas ou ne voit pas toujours les personnes âgées.

Suggestions des participants pour accroître la convivialité des collectivités à l’égard des aînés

  • Créer des possibilités d’activités intergénérationnelles – ne pas isoler les personnes âgées.
  • Assurer un soutien aux familles qui vivent dans des conditions difficiles afin de prévenir les risques de violence et de négligence à l’égard des aînés.
  • Sensibiliser les jeunes aux problèmes entourant le vieillissement et à l’importance de traiter les personnes âgées avec respect – penser à offrir des ateliers sur ce que c’est que de vieillir.
  • Démarrer un programme de grands-parents honoraires – cela peut constituer un point de départ pour des contacts et activités intergénérationnelles dans la collectivité.
  • Promouvoir les qualités du vieillissement et des personnes âgées (au lieu de se concentrer sur le négatif).
  • Mettre en place un programme de « mémoires communautaires » dans un musée local (ou promouvoir ceux qui existent déjà). La période du troisième âge est importante, et peut être saisie et conservée à l’aide des histoires des personnes âgées.
  • Envisager la mise sur pied de programmes d’action sociale, tels que le programme de « contacts téléphoniques » utilisé dans certaines collectivités.
  • Élaborer et soutenir des mesures clés d’action sociale – les réseaux bénévoles et informels de transport qui sont essentiels pour faire en sorte que les personnes âgées qui manquent d’options de transport ne soient pas isolées.

 

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