Résumé : Questions qui méritent réflexion : Ce que disent les mères : l'Enquête canadienne sur l'expérience de la maternité

Résumé - Questions qui méritent réflexion

En général, les Canadiennes ayant répondu au questionnaire considéraient comme positive leur expérience du travail et de l’accouchement. Elles ont également fait état d’un haut degré de satisfaction à l’égard des soins dispensés par les professionnels de la santé qui les avaient assistées au cours de la grossesse, du travail et de l’accouchement. Mais elles ont souligné des questions importantes, à savoir :

Interventions au cours de la grossesse, du travail et de l’accouchement

Nombre d’interventions qui en l’état de la science sont recommandées « sur indication » mais non de façon systématique sont mentionnées avec une fréquence considérable au Canada. Par exemple, la plupart des femmes ont eu plus d’une échographie prénatale et nombre d’entre elles ont fait état d’un monitorage fœtal électronique continu malgré des données probantes qui préconisent l’auscultation intermittente au cours d’un travail normal. Des épisiotomies, de même que le déclenchement et l’accélération du travail, ont aussi été fréquemment mentionnées. Par ailleurs, certaines pratiques non appuyées par des preuves cliniques ont été signalées, entre autres le décubitus dorsal pour l’accouchement et l’utilisation d’étriers, les lavements, le rasage et la poussée sur l’abdomen pour pousser le bébé vers le bas pendant l’accouchement par voie vaginale. Il y a lieu de mettre en œuvre à plus grande échelle des pratiques cliniques reposant sur des données probantes pour faire face à l’utilisation abusive de ces procédures.

Allaitement

Les taux d’allaitement exclusif pendant les six premiers mois suivant la naissance, conformément aux recommandations canadiennes en matière de santé publique, sont de loin inférieurs aux taux souhaitables. Les taux de préparation des mères à l’allaitement et de commencement de l’allaitement sont relativement élevés. Toutefois, on observe parallèlement des pratiques non conformes à l’Initiative Hôpitaux amis des bébés, entre autres la remise à la mère d’échantillons gratuits de lait maternisé et de sucettes pour les bébés, l’allaitement du bébé selon un horaire déterminé, le non-respect des recommandations qui préconisent que le bébé reste avec sa mère 24 heures par jour et la mise au sein trop tôt après l’accouchement. Il faut déployer plus d’efforts pour encourager l’allaitement, entre autres promouvoir le respect des étapes de l’IHAB, qui s’avère accroître la durée de l’allaitement et l’allaitement exclusif.

Variations régionales

Les résultats de l’EEM révèlent des différences marquées entre les provinces et les territoires concernant plusieurs aspects de l’expérience des femmes au cours de la grossesse, de l’accouchement et de la période postnatale. Par exemple, certaines interventions médicales et l’utilisation de technologies comme le monitorage fœtalélectronique, le déclenchement du travail et le recours à la gestion de la douleur avec médicaments pendant le travail et l’accouchement sont plus élevées dans les provinces que dans les territoires. D’autres recherches s’imposent pour déterminer si ces différences sont attribuables à la politique de la santé dans ces régions ou aux pratiques ou façons de faire locales qui privilégient ou récusent l’accouchement selon des méthodes traditionnelles moins interventionnistes, aux écarts dans la disponibilité et la répartition des ressources en soins de santé, aux caractéristiques socio-démographiques ou à d’autres raisons.

Mères du Nunavut

Les femmes du Nunavut ne constituaient qu’une petite proportion de la population visée par l’EEM. Plusieurs constatations n’en sont pas moins préoccupantes. Selon leurs déclarations, les femmes du Nunavut sont moins bien informées sur les questions relatives à la grossesse, elles sont proportionnellement plus nombreuses à fumer et à avoir subi de la violence, et l’on constate chez elles davantage de symptômes de dépression post-partum que chez les autres femmes. Leur niveau de satisfaction à l’égard de l’expérience de la maternité est moindre et elles sont proportionnellement moins nombreuses à prendre des suppléments d’acide folique au cours de la période périconceptionnelle et à coucher leur bébé sur le dos. Les femmes du Nunavut étaient également moins susceptibles d’avoir à leurs côtés leur mari ou leur conjoint pendant le travail et l’accouchement ou à signaler que leur bébé était en excellente santé. On ne peut pas encore établir dans quelle mesure des facteurs comme le jeune âge de la mère, le faible statut socio-économique et l’isolement géographique contribuent à ces constatations. Par ailleurs, certaines expériences de la maternité rapportées par les femmes du Nunavut sont encourageantes. Par exemple, elles ont fait état de taux relativement élevés de contact entre la mère et le nourrisson et de contacts peau contre peau dans les cinq minutes qui ont suivi la naissance ainsi que d’un allaitement exclusif six mois après la naissance. Compte tenu du taux de réponse à l’EEM plus faible que prévu au Nunavut, d’autres études sur les expériences des femmes dans ce territoire doivent être réalisées afin de valider et d’analyser ces constatations.

Mères les plus jeunes (15-19 ans) et mères ayant un faible statut socio-économique

Les mères les plus jeunes, les mères ayant un niveau de scolarité moins élevé et celles vivant dans un ménage dont le revenu se situait au niveau ou au-dessous du seuil de faible revenu constituent également une source de préoccupation. Par exemple, comparativement aux autres femmes, ces femmes ont fréquemment fait état d’expériences moins favorables de la maternité, notamment de violence, de stress pendant la grossesse et de symptômes de dépression post-partum. Les femmes de ces groupes étaient aussi plus susceptibles d’indiquer qu’elles n’avaient pas eu suffisamment d’information sur les questions relatives à la maternité. Il y a lieu d’accorder une attention particulière aux mères les plus jeunes et aux mères ayant un faible statut socio-économique au moment d’élaborer des politiques et des programmes de santé maternelle.

Sensibilisation à des pratiques saines

Les femmes ont fait état de moindres pourcentages d’usage du tabac, de consommation d’alcool et de drogue au cours de leur grossesse qu’avant celle-ci, ce qui indique qu’elles n’ignoraient pas de façon générale que ces comportements sont nocifs pour le développement du bébé. Elles étaient également informées du syndrome de la mort subite du nourrisson et de la nécessité de coucher leur bébé sur le dos pour dormir. En revanche, plus du tiers d’entre elles avaient un indice de masse corporelle élevé avant d’être enceintes et certaines semblaient moins bien informées des bienfaits des suppléments d’acide folique avant la conception pour réduire certaines malformations congénitales. Il y a lieu de continuer d’informer les femmes et de leur donner de l’aide dans ces domaines.

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