ARCHIVÉ - Maladies chroniques au Canada

 

Volume 30, no 2, mars 2010

Fardeau de la comorbidité chez les patients asthmatiques traités en Colombie Britannique

R. Prosser, Ph. D. (1); B. Carleton, Pharm. D. (1); A. Smith, M. Sc. (1)

https://doi.org/10.24095/hpcdp.30.2.03f

Rattachement des auteurs

  1. Université de la Colombie-Britannique, Faculté des sciences pharmaceutiques

Correspondance : Robert Prosser, Bureau E-418A, Children’s and Women’s Health Centre of BC, 4480 Oak Street, Vancouver (C.-B.)  V6H 3V4; tél. : 604-875-2000 poste 5360; téléc. : 604 875-2494; courriel : bprosser@popi.ubc.ca

Résumé

Jusqu’à maintenant, la prévalence des affections comorbides chez les patients asthmatiques a peu été étudiée. En utilisant des données administratives transversales de 1996-1997 fournies par les services de santé de la Colombie-Britannique , nous avons comparé cette prévalence avec celle de la population adulte en général, grâce à l’aide d’une méthode d’identification des affections comorbides normalisée, le système de classement des maladies Adjusted Clinical Group (ACG). Nous avons également dressé le portrait du fardeau de la comorbidité chez les enfants asthmatiques.

Les adultes asthmatiques sont significativement plus à risque de présenter diverses affections comorbides, notamment des infections respiratoires, une rhinite allergique et huit affections chroniques ayant des répercussions importantes et une prévalence élevée (ACRIPE). Un adulte asthmatique sur quatre souffre de dépression, l’ACRIPE la plus fréquente.

Le fardeau de la comorbidité est plus faible chez les enfants asthmatiques, mais 12,6 % sont atteints d’une affection chronique, stable ou non, l’ACRIPE la plus fréquente étant aussi la dépression. Le fardeau de la comorbidité chez les adultes asthmatiques est lourd et complexe, en particulier en ce qui a trait aux affections chroniques multiples. Nous traitons des conséquences de ce fardeau sur la planification et la prestation de services de santé.

Mots clés : asthme, comorbidité , morbidités multiples, fardeau de la maladie, santé de la population, maladies chroniques, Colombie-Britannique, Canada

Introduction

L’asthme est une maladie chronique inflammatoire du système respiratoire. Il s’agit d’une des maladies chroniques les plus fréquentes; on estime que 300 millions de personnes en sont atteintes à travers le monde. L’asthme entraîne annuellement un fardeau de près de 15 millions d’années de vie perdues (ajustées pour l’invalidité), soit un fardeau similaire à celui du diabète ou de la schizophrénie. Sa prévalence semble augmenter1.

Depuis quelques années, on tient de plus en plus compte de l’importance de la comorbidité chez les patients atteints d’affections chroniques, pour plusieurs raisons : présence courante de multiples affections chroniques coexistantes2a,3a; conséquences négatives de la comorbidité sur la qualité de vie des patients2b,3b; utilisation accrue des services de santé pour la prise en charge des maladies chroniques par les patients présentant une comorbidité importante par rapport à ceux pour lesquels la comorbidité est moins marquée4.

Jusqu’à maintenant, peu d’études portant sur la comorbidité chez les patients asthmatiques ont été publiées et les recherches présentaient des limites quant a) au nombre d’affections comorbides chroniques étudiées, b) à la cohérence et au degré de précision des définitions des affections en question et c) à la représentativité ou la taille des échantillons examinés. Ce manque d’uniformité et de représentativité nuit à l’obtention d’estimations non biaisées et précises de la prévalence des affections – en particulier des affections moins courantes – et de la coexistence de deux affections données.

Van Manen et coll.5a ont obtenu, à l’aide d’un questionnaire, des données sur 23 affections comorbides chez 290 patients de plus de 40 ans atteints d’asthme ou de maladie pulmonaire obstructive chronique (MPOC) venus consulter un omnipraticien et chez 421 témoins. Les affections de l’appareil locomoteur, l’insomnie, les ulcères gastriques et duodénaux, les migraines, les sinusites, la dépression, le cancer et l’athérosclérose étaient significativement plus fréquents chez les sujets du premier groupe.

D’après les données recueillies lors d’une enquête sur la santé de la population générale menée en Australie auprès de 834 adultes asthmatiques et 6 609 non asthmatiques, Adams et coll.6a ont constaté, après ajustement pour l’âge et le sexe, que l’arthrite, les cardiopathies, les ACV, le cancer et l’ostéoporose étaient plus fréquents chez les asthmatiques.

En Grande-Bretagne, Soriano et coll.7 ont estimé la prévalence des affections comorbides (classées selon le principal système ou appareil touché, p. ex. le gastro-intestinal) et d’autres types de maladies (p. ex. les infections) dans une étude fondée sur des données administratives concernant 7 933 patients asthmatiques et le même nombre de témoins appariés non asthmatiques.

On peut difficilement comparer les résultats de ces études. De plus, à l’exception d’une recherche menée par Diette et coll.8, portant sur quelques affections données chez des patients asthmatiques âgés, et de l’étude de van Manen et coll.5b, peu d’analyses systématiques décrivent la prévalence des affections comorbides chez les patients asthmatiques en fonction de l’âge, du sexe et de la gravité de l’asthme.

En vue d’améliorer les interventions et la distribution des ressources en santé, les planificateurs des programmes de prise en charge des affections chroniques doivent être en mesure de bien cerner les besoins de la population cible. Zhao et coll.9a ont récemment proposé une méthode de profilage du fardeau de la maladie visant à déterminer et à décrire les populations atteintes d’affections chroniques. Il s’agit de calculer la prévalence de nombreuses catégories d’affections comorbides dans une population atteinte d’une affection donnée, ainsi que les taux de morbidité excédentaire pour ces catégories, afin de les comparer aux valeurs observées chez les patients non atteints de l’affection à l’étude. Une des clés du succès de cette approche est la catégorisation des affections comorbides de manière normalisée à l’aide d’un logiciel de classement des maladies.

Starfield et coll.10 ont utilisé le système de classement Adjusted Clinical Group (ACG) de l’Université Johns Hopkins11a pour catégoriser de manière normalisée les affections comorbides dans le cadre d’une étude sur l’utilisation, par les patients atteints d’affections chroniques, des ressources des organismes de gestion des soins. Le profil des consultations médicales et des consultations aux urgences pour les affections à l’étude – hypertension, asthme, diabète et huit autres – était très fortement lié au degré de comorbidité.

Ce système a également servi à Broemeling et coll.12a pour catégoriser la comorbidité lors d’une enquête auprès de la population et portant sur les affections chroniques en Colombie Britannique (C.-B.). En 2000-2001, 36 % des adultes étaient atteints d’au moins une affection chronique et 30 % parmi eux souffraient de six affections comorbides ou plus. Comparativement, 33 % des adultes ne souffraient que d’affections aiguës et seulement 2,5 % d’entre eux présentaient 6 affections comorbides ou plus. L’utilisation des ressources en santé était, là aussi, étroitement liée aux affections à l’étude et au degré de comorbidité des patients.

Notre étude vise à comparer la prévalence d’affections courantes, chroniques et aiguës, chez les adultes asthmatiques et dans la population adulte en général à l’aide d’un ensemble normalisé d’algorithmes d’identification des affections comorbides – le système de classement ACG.

Méthodes

Plan de l’étude et sources des données

Nous avons effectué une comparaison transversale de la prévalence de la comorbidité dans deux populations traitées en C.-B. : les adultes (18 ans et plus) asthmatiques et les adultes utilisateurs de services médicaux en général. Les estimations de la prévalence dans le second groupe ont été tirées d’un rapport de Reid et coll.13a sur les utilisateurs de services médicaux coûteux (incluant les adultes asthmatiques) en C.-B. en 1996-199713b. Nous avons aussi examiné la prévalence de la comorbidité chez les jeunes asthmatiques de 5 à 17 ans et nous avons comparé les profils de comorbidité de ces sous-groupes aux profils généraux des adultes et des jeunes.

Les principales sources de données utilisées dans cette étude sont trois bases de données couplées du ministère de la Santé de la C.-B. : la base de données sur le régime de soins médicaux comprenant les dossiers de facturation des omnipraticiens et des médecins spécialistes pour le paiement à l’acte, la base de données sur les congés des patients incluant les dossiers de départ des hôpitaux et la base de données PharmaNet recensant tous les médicaments sur ordonnance distribués par les pharmacies communautaires en C.-B.

Asthmatiques traités en C.-B.

La population des asthmatiques traités en 1996-1997 (période étudiée par Reid et coll.13c) comptait 112 000 patients faisant l’objet d’une inscription continue dans le système de santé et âgés de 5 ans ou plus entre le 1er avril 1996 et le 31 mars 1997. Ces patients répondaient à au moins l’un des critères suivants : a) au moins trois épisodes nécessitant la prise d’un médicament contre l’asthme (pour obtenir la liste des médicaments admissibles, communiquer avec l’auteur ressource); b) au moins un congé d’hôpital dont le diagnostic principal correspondait au code 493 de la Classification internationale des maladies, version 9 (CIM-9) ou c) au moins 2 consultations médicales auxquelles a été attribué le code 493. Dans une étude de validation antérieure14, nous avons estimé la finesse et la spécificité de notre définition de cas à respectivement 0,632 et 0,997 par rapport à un algorithme de sélection de cas mis au point à l’aide d’une modélisation à structure latente.

Composantes des données

À l’instar de Reid et coll.13d , nous avons utilisé le système de classement ACG de l’Université Johns Hopkins (version 5) comme ensemble normalisé et validé d’algorithmes pour générer une série de variables binaires indiquant la présence ou l’absence d’affections comorbides données. Ce système est décrit en détail dans le manuel de référence du logiciel servant à produire les variables à partir des rapports de consultation médicale et des dossiers d’hôpital des patients11b. Des études de validation récentes menées à plusieurs endroits – Suède15, Espagne16,17 et deux provinces canadiennes18 – ont montré que le système est efficace pour caractériser le fardeau de la morbidité dans les populations.

En résumé, ce système de 32 regroupements de diagnostics (ADG pour Aggregated Diagnosis Group) mutuellement exclusifs forme une classification sophistiquée des catégories d’affections. Chaque code de diagnostic de la CIM est associé à un ADG en fonction de cinq dimensions cliniques de l’affection : durée, gravité, étiologie, certitude diagnostique et besoin de soins spécialisés. Toutes les affections associées à un même ADG sont censées posséder un degré semblable d’utilisation des ressources en santé par les patients. La présence de l’un des huit ADG majeurs ou plus, par exemple Affection chronique : instable (ADG11) ou Malignité (ADG32), est prédictive, toutes choses étant égales par ailleurs, d’une utilisation des ressources plus importante que dans le cadre des ADG mineurs, par exemple Durée : mineure (ADG1) ou Modalité de récidive : discrète (ADG7).

Table 1
Noms et codes d’identification des regroupements de diagnostics (ADG pour Aggregated Diagnosis Group) et des groupes de diagnostics développés (EDC pour Expanded Diagnosis Cluster)
ADG Expanded Diagnosis Cluster (EDC)
1 Durée : mineure ALL01 Réactions allergiques
2 Durée : mineure – infection primaire ALL03 Rhinite allergique
3 Durée : majeure CAR02* Hypertension
4 Durée : majeure – infection primaire CAR03* Cardiopathie ischémique
5 Allergies CAR05* Insuffisance cardiaque congestive
7 Modalité de récidive : discrète CAR09* Arythmie cardiaque
8 Modalité de récidive : discrète – infections CAR10 Athérosclérose généralisée
9 Modalité de récidive : progressive EAR01 Otite moyenne
10 Affection chronique : stable EAR09 Pharyngite et amygdalite chroniques
11 Affection chronique : instable EAR11* Infection aiguë des voies respiratoires supérieures
12 Affection chronique, spécialité : stable – orthopédie END01* Diabète sucré
13 Affection chronique, spécialité : stable – otorhinolaryngologie END02 Ostéoporose
14 Affection chronique, spécialité : stable – ophtalmologie END04 Maladie de la glande thyroïde
16 Affection chronique, spécialité : instable – orthopédie GAS02 Maladie intestinale inflammatoire
17 Affection chronique, spécialité : instable – otorhinolaryngologie GAS05 Hépatopathie chronique
18 Affection chronique, spécialité : instable – ophtalmologie GAS06* Ulcère gastroduodénal
20 Dermatologie GAS08 Reflux gastro-œsophagien
21 Blessures/effets indésirables : mineurs GAS09 Syndrome du côlon irritable
22 Blessures/effets indésirables : majeurs GSU11 Maladie vasculaire périphérique
23 Psychosociale : durée limitée, mineure GUR08* Infection des voies urinaires
24 Psychosociale : récurrente ou persistante, stable HEM02* Carence en fer, autres anémies dues à une carence
25 Psychosociale : récurrente ou persistante, instable INF01 Infection tuberculeuse
26 Signes/symptômes : mineurs MAL01 Tumeurs cutanées malignes
27 Signes/symptômes : indéterminés MAL02*† Tumeurs malignes à faibles répercussions
28 Signes/symptômes : majeurs MAL03*† Tumeurs malignes à fortes répercussions
29 Indéfini MUS03* Arthrose
30 Consultation et réconfort MUS14* Douleur au bas du dos
32 Malignité NUR01 Signes et symptômes neurologiques
    NUR05* Affection cérébrovasculaire
    NUR06 Maladie de Parkinson
    NUR08 Sclérose en plaques
    PSY01* Dépression, anxiété, névrose
    PSY07* Schizophrénie et psychoses affectives
    REN01 Insuffisance rénale chronique
    RES02* Infection aiguë des voies respiratoires inférieures
    RES03 Fibrose kystique
    RES04* Emphysème, bronchite chronique, MPOC
    RES07 Sinusite
    RHU01* Maladies auto-immunes et maladies du tissu conjonctif
    SKN02* Dermatite et eczéma

Le grisé indique les ADG majeurs et les EDC ayant des répercussions importantes et une prévalence élevée.

* EDC ayant fait l’objet de comparaisons avec la population adulte en général. L’asthme, qui est l’affection à l’étude, a également des répercussions importantes et une prévalence élevée.

Les codes MAL02 et MAL03 sont regroupés sous l’appellation Cancer lorsqu’il est question des affections ayant des répercussions importantes et une prévalence élevée

Les 264 variables associées aux groupes de diagnostics développés (EDC pour Expanded Diagnosis Cluster) sont organisées en regroupements de codes de diagnostic de la CIM en fonction de la similarité clinique des affections codées. Contrairement aux ADG, ces catégories ne tiennent pas compte des différences possibles sur le plan de la gravité de l’affection, de son caractère chronique ou des besoins prévisibles en ressources. Les EDC comme Rhinite allergique (ALL03) ou Cardiopathie ischémique (CAR03) sont plus efficaces que les ADG pour détecter les patients atteints d’affections comorbides données.

Le tableau 1 fournit la liste des noms et abréviations des ADG et des EDC étudiés ici – il s’agit de 40 des 46 EDC examinés par Reid et coll.13e. Les ADG majeurs sont indiqués en grisé. Notez que plusieurs ADG sont omis : ADG6 (Asthme), ADG31 (Prévention et administration), ADG33 (Grossesse) et ADG34 (Dentaire). Les ADG 15 et 19 ne sont plus utilisés.

Analyses statistiques

Pour chacun des 28 ADG, nous avons calculé la proportion d’adultes asthma­tiques qui en étaient atteints et nous avons comparé les risques associés à ces cas avec les risques correspondants dans la population adulte en général. De même, nous avons comparé les profils pour 21 EDC principaux et 19 EDC supplémentaires (voir tableau 1). Nous avons calculé les intervalles de confiance (IC) à 95 % selon la méthode bootstrap19 pour chaque rapport de cotes (RC) sur 1 000 adultes asthmatiques (n = 93 512). Dans le calcul des RC, nous avons considéré comme exactes les valeurs des risques pour la population en général (tirées des proportions de Reid et coll.13f) en raison de la grande taille de cette population (n = 2 521 248). Comme les affections comorbides sont interdépendantes et que les multiples comparaisons de leur prévalence ne sont pas indépendantes, nous avons adapté la méthode de comparaisons multiples de Westfall20, ce qui nous a permis de tenir compte du taux d’erreur de type 1 lors de l’examen des hypothèses composites portant sur les différences des profils d’ADG (d’EDC) entre les groupes. À l’aide de la distribution par âge présentée par Reid et coll.13gde la population d’adultes utilisateurs de services (AUS) et de la distribution par âge de la cohorte d’adultes asthmatiques, nous avons établi un ensemble de facteurs de pondération pouvant être appliqués aux données relatives à ce dernier groupe afin d’effectuer un ajustement brut selon l’âge permettant une comparaison des RC des patients asthmatiques et des AUS. Nous avons présenté ces comparaisons pondérées et non pondérées.

Nous avons également élaboré des profils de prévalence des ADG et des EDC chez les adultes et les enfants en fonction du sexe et nous avons comparé les prévalences correspondantes par le biais des RC (auxquels on a appliqué la méthode bootstrap) pour obtenir des intervalles de confiance pour les échantillons de chaque sous-groupe. Nous avons utilisé le logiciel SPSS version 15 pour toutes nos analyses21.

Résultats

Le tableau 2 présente la distribution selon l’âge et le sexe des adultes asthmatiques et des AUS en C.-B. Ces derniers représentent 84 % de la population adulte totale de la province. La proportion de sujets de 60 à 74 ans et de 75 ans et plus est plus élevée chez les asthmatiques que chez les AUS; la proportion d’hommes est similaire.

Le tableau 3 présente la prévalence de chaque ADG chez les adultes asthmatiques et chez les AUS. Il synthétise le fardeau de la comorbidité dans ces deux populations. Les patients asthmatiques adultes sont significativement plus susceptibles de souffrir d’une catégorie (ADG) quelconque d’affection comorbide.

Le tableau 3 compare également les populations par le biais des RC calculés pour les 28 ADG. Tous les ADG sauf deux ont un RC pondéré significativement supérieur à 1, ce qui révèle un fardeau de morbidité plus important chez les asthmatiques. Les adultes asthmatiques ont aussi davantage tendance à souffrir de multiples morbidités que les AUS; ils souffrent d’un éventail plus étendu d’ADG et particulièrement des huit majeurs (3, 4, 9, 11, 16, 22, 25 et 32) associés à une utilisation prévisible très importante des ressources9b . Quant au nombre d’ADG, 36 % des adultes asthmatiques affichaient 6 ADG ou plus, contre 20 % des AUS; 18,9 % des adultes asthmatiques présentaient 2 ADG majeurs ou plus, contre 9,3 % des AUS.

Table 2
Profils selon l’âge et le sexe des asthmatiques et de l’ensemble des adultes utilisateurs de services (AUS)
  Asthmatiques Adultes
  Tous Adultes utilisateurs de services
  (n = 111 780) (n = 93 512) (n = 2 521 248)
Âge (ans) % % %
5–11 10,3    
12–17 6,0    
18–29 9,8 11,7 20,0
30–44 17,4 20,8 32,0
45–59 17,4 20,8 23,4
60–74 23,2 27,7 15,8
75+ 15,9 19,0 8,8
Total 100 100 100
   Patients de 5 à 17 ans  Patients de 18 ans et + Adultes utilisateurs de services
Sexe % % %
M 57,7 43,5 45,6
F 42,3 56,5 54,4
Table 3
Profils selon l’âge et le sexe des asthmatiques et de l’ensemble des adultes utilisateurs de services (AUS)
ADG Prévalence pour 1 000 sujets Sans pondération Avec pondération
Adultes asthmatiques Utilisateurs en général RC IC à 95 % RC IC à 95 %
27

Signes/symptômes : indéterminés

486 400 1,42 (1,40 à 1,44) 1.29 (1,27 à 1,31)
28

Signes/symptômes : majeurs

488 398 1,44 (1,42 à 1,46) 1,36 (1,34 à 1,38)
2

Durée : mineure – infections primaires

561 359 2,29 (2,26 à 2,31) 2,32 (2,28 à 2,35)
26

Signes et symptômes : mineurs

497 309 2,21 (2,18 à 2,24) 2,05 (2,02 à 2,08)
10

Affection chronique : stable

437 282 1,98 (1,96 à 2,01) 1,46 (1,44 à 1,48)
1

Durée : mineure

324 276 1,26 (1,24 à 1,28) 1,30 (1,28 à 1,32)
7

Modalité de récidive : discrète

261 186 1,55 (1,52 à 1,57) 1,48 (1,46 à 1,51)
24

Psychosociale: récurrente ou
persistante, stable

231 170 1,46 (1,44 à 1,49) 1,58 (1,56 à 1,61)
21

Blessures/effets indésirables : mineurs

174 150 1,19 (1,17 à 1,21) 1,30 (1,28 à 1,33)
11

Affection chronique : instable

376 141 3,68 (3,63 à 3,73) 2,44 (2,41 à 2,48)
20

Dermatologie

140 125 1,14 (1,12 à 1,16) 1,15 (1,12 à 1,17)
8

Modalité de récidive :
discrète – infections

170 121 1,49 (1,47 à 1,52) 1,60 (1,57 à 1,63)
29

Indéfini

164 118 1,46 (1,44 à 1,49) 1,39 (1,37 à 1,42)
22

Blessures/effets indésirables : majeurs

166 113 1,56 (1,53 à 1,59) 1,56 (1,53 à 1,59)
14

Affection chronique, spécialité :
stable – ophtalmologie

82 73 1,14 (1,12 à 1,17) 0,73 (0,71 à 0,75)
4

Durée : majeure – infections primaires

109 59 1,93 (1,89 à 1,97) 1,74 (1,70 à 1,78)
18

Affection chronique, spécialité : instable – ophtalmologie

68 59 1,17 (1,14 à 1,20) 0,82 (0,80 à 0,85)
3

Durée : majeure

96 53 1,92 (1,88 à 1,96) 1,50 (1,46 à 1,53)
23

Psychosociale : durée limitée, mineure

71 49 1,49 (1,45 à 1,53) 1,60 (1,56 à 1,65)
5

Allergies

102 47 2,29 (2,24 à 2,34) 2,71 (2,65 à 2,77)
32

Malignité

71 34 2,18 (2,13 à 2,24) 1,45 (1,41 à 1,49)
25

Psychosociale : récurrente ou
persistante, instable

50 31 1,66 (1,61 à 1,71) 1,68 (1,62 à 1,73)
9

Modalité de récidive : progressive

51 23 2,28 (2,22 à 2,35) 1,44 (1,40 à 1,49)
12

Affection chronique, spécialité :
stable – orthopédie

27 21 1,29 (1,24 à 1,35) 1,28 (1,22 à 1,33)
13

Affection chronique, spécialité :
stable – otorhinolaryngologie

24 14 1,70 (1,63 à 1,77) 1,43 (1,36 à 1,50)
16

Affection chronique, spécialité : instable – orthopédie

20 14 1,40 (1,34 à 1,47) 1,36 (1,30 à 1,44)
30

Consultation et réconfort

20 14 1,45 (1,39 à 1,51) 1,25 (1,19 à 1,32)
17

Affection chronique, spécialité : instable – otorhinolaryngologie

13 8 1,61 (1,52 à 1,71) 1,38 (1,30 à 1,48)

Remarques :

Abréviations : RC, rapport de cotes; IC, intervale de confiance.

* Les ADG sont classés en ordre décroissant de prévalence chez les adultes utilisateurs de services

Dans les calculs non pondérés, la distribution des asthmatiques en fonction de l’âge est inchangée. Les calculs pondérés visaient à obtenir une distribution selon l’âge semblable à celle de l’ensemble des adultes utilisateurs de services. Les taux de prévalence chez les adultes asthmatiques sont non pondérés.

Table 4
Profils selon l’âge et le sexe des asthmatiques et de l’ensemble des adultes utilisateurs de services (AUS)
EDC* Prévalence pour 1 000 sujets Sans pondération Avec pondération
  Asthme Général RC IC à 95 % Odds Ratio IC à 95 %
EAR11 Infection aiguë des voies respiratoires supérieures 262 205 1,38 (1,36 à 1,40) 1,60 (1,57, à 1,62)
PSY01 Dépression, anxiété, névrose 249 187 1,44 (1,42 à 1,46) 1,56 (1,54 à 1,59)
NUR01 Signes et symptômes neurologiques 225 175 1,37 (1,35 à 1,39) 1,34 (1,32 à 1,37)
RES02 Infection aiguë des voies respiratoires inférieures 354 115 4,23 (4,17 à 4,29) 3,87 (3,81 à 3,93)
CAR02 Hypertension 179 112 1,73 (1,70 à 1,75) 1,16 (1,14 à 1,18)
MUS14 Douleur au bas du dos 137 106 1,34 (1,32 à 1,37) 1,39 (1,37 à 1,42)
SKN02 Dermatite et eczéma 77 58 1,35 (1,32 à 1,38) 1,45 (1,41 à 1,49)
GUR08 Infection des voies urinaires 82 56 1,51 (1,48 à 1,55) 1,43 (1,38 à 1,46)
CAR03 Cardiopathie ischémique 93 49 2,00 (1,95 à 2,04) 1,22 (1,19 à 1,25)
END01 Diabète sucré 67 41 1,68 (1,63 à 1,72) 1,23 (1,19 à 1,26)
MUS03 Arthrose 80 40 2,12 (2,07 à 2,17) 1,49 (1,45 à 1,52)
GAS06 Ulcère gastroduodénal 64 37 1,79 (1,75 à 1,84) 1,66 (1,61 à 1,71)
CAR09 Arythmie cardiaque 58 27 2,24 (2,18 à 2.30) 1,38 (1,34 à 1,42)
MAL02 Tumeurs malignes à faibles répercussions 49 24 2,08 (2,01 à 2,14) 1,43 (1,38 à 1,48)
HEM02 Carence en fer, autres anémies dues à une carence 38 19 2,07 (2,00 à 2,14) 1,56 (1,50 à 1,62)
RHU01 Maladies auto-immunes et maladies du tissu conjonctif 66 19 3,75 (3,65 à 3,85) 3,13 (3,04 à 3,22)
RES04 Emphysème, bronchite chronique, MPOC 197 16 14,75 (14,5 à 15,0) 9,13 (8,96 à 9,30)
CAR05 Insuffisance cardiaque congestive 61 14 4,62 (4,49 à 4,74) 2,46 (2,39 à 2,54)
PSY07 Schizophrénie et psychoses affectives 20 13 1,50 (1,44 à 1,57) 1,52 (1,45 à 1,60)
NUR05 Affection cérébrovasculaire 25 12 2,23 (2,14 à 2,33) 1,35 (1,29 à 1,40)
MAL03 Tumeurs malignes à fortes répercussions 27 9 3,10 (2,97 à 3,23) 2,21 (2,12 à 2,31)

Remarques :

*Les EDC sont classés en ordre décroissant de prévalence chez les adultes utilisateurs de services

Dans les calculs non pondérés, la distribution des asthmatiques en fonction de l’âge est inchangée. Les calculs pondérés visaient à obtenir une distribution selon l’âge semblable à celle de l’ensemble des adultes utilisateurs de services. Les taux de prévalence chez les adultes asthmatiques sont non pondérés.

Les enfants asthmatiques présentent en général un plus faible fardeau de comorbidité que les adultes asthmatiques. Néanmoins, 12,1 % affichaient 6 ADG ou plus (14,8 % des filles et 10,2 % des garçons); 12,6 % souffraient d’une affection chronique stable ou non et 4,3 % de 2 ADG majeurs ou plus. L’ADG le plus fréquent (65 %) chez ces enfants était l’infection mineure de durée limitée. Près d’un enfant asthmatique sur six (15 %) souffrait d’allergie (ADG5), et un enfant sur douze – 9,2 % des filles et 6,9 % des garçons – souffrait de dépression (PSY01). Notez que l’ADG5 inclut la rhinite allergique associée à divers facteurs (p. ex. les poils d’animaux) mais non les affections comme la dermatite atopique.

L’affection comorbide la plus fréquente chez les adultes asthmatiques était l’infection mineure de durée limitée (ADG2) : 56 % présentaient cet ADG, qui comprend diverses maladies, notamment la bronchite aiguë et les infections aiguës des voies respiratoires supérieures. La majorité des adultes asthmatiques (59 %) souffraient soit d’une affection coexistante chronique stable (ADG10), soit d’une affection coexistante chronique instable (ADG11), soit des deux. L’ADG10 comprend des affections comme l’hypertension essentielle, le diabète de l’adulte de type 1 et l’ostéoarthrite; l’ADG11 comprend les hépatopathies chroniques, la MPOC et la sclérose en plaques. La prévalence chez lespatients asthmatiques adultes des ADG10 et 11 était respectivement de 44 % et de 38 %. Un adulte asthmatique sur 10 souffrait d’allergie.

Figure 1
Prévalence des affections comorbides (EDC) chez les patientsa asthmatiques en fonction de quatre groupes établis selon l’âge et le sexe (1996-1997)

Remarques :

Les codes d’identification des EDC sont présentés dans le tableau 1.

aFilles et garçons âgés de 5 à 17 ans; hommes et femmes âgés de 18 ans et plus.

Figure 2

Prévalence des affections comorbides (ADG) chez les patients asthmatiques en fonction de quatre groupes établis selon l’âge et le sexe (1996-1997)

Remarques :

Les codes d’identification des EDC sont présentés dans le tableau 1.

aFilles et garçons âgés de 5 à 17 ans; hommes et femmes âgés de 18 ans et plus.

Les ADG 2, 5 et 11 présentent les trois plus importants RC : respectivement 2,29 (IC à 95 % = 2,26 à 2,31), 2,29 (IC à 95 % = 2,24 à 2,34) et 3,68 (IC à 95 % = 3,63 à 3,73). Les 28 RC ont été recalculés après pondération des données concernant les patients asthmatiques adultes afin de reproduire la distribution par âge de la population des AUS. Les RC ont changé, généralement dans la direction prévue, mais ces trois ADG présentent toujours les RC les plus élevés.

Le tableau 4 décrit la prévalence de 21 affections comorbides – définies par leurs codes EDC – chez les adultes asthmatiques et chez les AUS, ainsi que les RC permettant une comparaison entre ces populations relativement à chaque EDC. La prévalence de tous les EDC est plus élevée chez les adultes asthmatiques que chez les AUS. Les 21 RC sont tous significativement supérieurs à 1.

Parmi ces 21 affections comorbides, 10 sont désignées par Broemeling et coll.12b comme des affections chroniques ayant des répercussions importantes et une prévalence élevée (ACRIPE), dont l’asthme, objet de notre étude. Les répercussions de chaque affection ont été évaluées en fonction des prévisions quant à l’utilisation à court terme des ressources et aux résultats. Les ACRIPE sont la dépression, l’hypertension, le diabète, les cardiopathies ischémiques, l’arthrose, l’arythmie cardiaque, le cancer, l’insuffisance cardiaque congestive, les affections cérébrovasculaires et la MPOC (incluant la bronchite chronique et l’emphysème). Pour des raisons de concision, nous utilisons le terme « MPOC » pour ces trois affections; il est aussi à noter que la MPOC touche généralement les patients de 55 ans et plus.

Chez les adultes souffrant d’asthme, 60 % présentaient un autre ACRIPE ou plus et 12 %, trois ou plus. Un patient sur quatre souffrait de dépression et un sur six d’hypertension. La prévalence de trois ACRIPE – Tumeurs malignes à fortes répercussions, Insuffisance cardiaque congestive et MPOC – était considérablement plus élevée (RC ≥ 2,0) chez les adultes asthmatiques que chez les AUS. Le risque de souffrir de dépression était de plus de 50 % supérieur chez les adultes asthmatiques.

Les affections respiratoires chroniques comorbides chez les patients asthmatiques sont particulièrement intéressantes. Un adulte asthmatique sur cinq était atteint de MPOC, comparativement à 1,6 % des AUS. Chez les patients asthmatiques de 56 ans ou plus, cette proportion passait à 38 % des hommes et à 28 % des femmes. Un adulte asthmatique est 9,1 fois plus susceptible de souffrir de MPOC qu’un AUS. Les RC correspondent aux infections aiguës des voies respiratoires inférieures et supérieures étaient respectivement de 3,9 et de 1,6.

Les figures 1 et 2 présentent les profils d’EDC et d’ADG selon le sexe et l’âge (de 5 à 17 ans et de 18 ans et plus). Les quatre profils d’EDC comme les quatre profils d’ADG diffèrent significativement. Les infections aiguës des voies respiratoires inférieures étaient l’affection coemorbide la plus fréquente chez les adultes (hommes et femmes) et au deuxième rang chez les jeunes (garçons et les filles) derrière les infections aiguës des voies respiratoires supérieures. L’otite moyenne était l’affection au troisième rang en fréquence chez les garçons et les filles, alors que la rhinite allergique était en quatrième place chez les garçons et en cinquième chez les filles. La MPOC était plus courante chez les hommes que chez les femmes : au deuxième rang chez les premiers et au sixième chez les secondes. La dépression, l’anxiété et les névroses étaient toutefois plus fréquentes chez les femmes : en deuxième place chez les femmes et en cinquième place chez les hommes.

Analyse

Le fardeau global de la maladie est plus important chez les adultes britanno-colombiens asthmatiques que dans l’ensemble de la population adulte utilisant le système de santé de la province. Chaque catégorie de comorbidité ADG est significativement plus fréquente chez les asthmatiques. La proportion d’asthmatiques souffrant de deux ADG majeurs ou plus est le double de celle des adultes en général. La prévalence des 10 ACRIPE et de 11 autres affections comorbides est plus élevée chez les adultes asthmatiques, même après ajustement de la différence d’âge entre les deux populations.

La plus grande prévalence d’allergies, d’affections respiratoires aiguës et de MPOC chez les asthmatiques était prévisible, mais nous avons également constaté une prévalence accrue d’affections chroniques non respiratoires. En particulier, nous avons observé que les adultes asthmatiques étaient plus nombreux à être atteints de cancer, de cardiopathies, d’ACV et d’arthrite. D’autres chercheurs6b ont fait les mêmes constatations. En revanche, nous avons relevé, contrairement à Ben-Noun22 et à Adams et coll.6c, que le diabète était significativement plus fréquent chez les adultes asthmatiques que chez les adultes en général.

La présence de multiples affections chroniques est courante chez les adultes en C.-B.12c, en particulier chez les adultes asthmatiques : un sur huit est atteint de trois ACRIPE ou plus, proportion qui passe à un sur cinq chez les 55 ans et plus. Les ACRIPE les plus fréquentes dans ce sous-groupe de sujets atteints de morbidités multiples sont la dépression, l’hypertension, les cardiopathies ischémiques et la MPOC.

Comme le soulignent Broemeling et coll.12d, il est important de tenir compte à la fois des répercussions et de la prévalence des affections comorbides chroniques dans l’analyse des besoins en soins de santé des patients asthmatiques. En effet, il peut être tentant d’axer l’amélioration de ces soins sur la dépression parce qu’elle est fréquente. Pourtant, une affection chronique comme la MPOC a des répercussions plus importantes sur l’utilisation des services de santé, bien qu’elle touche un plus petit nombre de patients asthmatiques.

Comme prévu, les enfants asthmatiques sont relativement exempts d’affections comorbides majeures. Moins d’un enfant sur quatre affiche un ADG majeur, et seulement 12 % présentent un ACRIPE ou plus. La catégorie d’affections comorbides majeures la plus fréquente est Blessures/effets indésirables : majeurs; l’ACRIPE la plus fréquente est la dépression.

La population de patients asthmatiques en C.-B. est très hétérogène et de nombreux patients ont des besoins complexes en matière de traitement et d’auto-prise en charge. Comme Adams et coll.6d le mentionnent, l’âge doit être pris en considération dans la planification des soins pour les sous-groupes de patients. En effet, les profils de comorbidité des enfants, des adultes et des personnes âgées diffèrent considérablement. Nous avons aussi noté que les patients asthmatiques peuvent présenter des profils de comorbidité très divers selon l’âge et le sexe.

À en juger par la littérature et les lignes directrices en pratique clinique, les patients asthmatiques souffriraient uniquement d’asthme. La connaissance de la prévalence des affections comorbides dans cette population (ou n’importe quelle autre population atteinte d’une affection donnée) ainsi que des similitudes et des différences en matière de besoins en services de divers sous-groupes de patients peut aider les planificateurs du système de santé à distribuer les ressources plus judicieusement23 et peut permettre aux cliniciens (particulièrement ceux du domaine des soins primaires) de concevoir des approches holistiques de traitement. Les stratégies de prise en charge des maladies chroniques conçues pour les patients atteints d’une seule affection chronique doivent être adaptées aux patients atteints de multiples affections chroniques, affections pas nécessairement dépendantes. Des approches plus générales d’auto-prise en charge, notamment celles élaborées par Lorig et coll.24, peuvent servir de modèle.

Les patients atteints de morbidités multiples font face à de nombreux obstacles quand il s’agit de suivre un plan de traitement, car leur état est complexe25. Certaines combinaisons d’affections sont particulièrement problématiques. Par exemple, augmenter l’activité physique peut être approprié chez un patient diabétique obèse, mais difficile à accomplir chez un patient également atteint d’asthme et d’arthrite26. La dépression, dont souffrent 25 % des adultes asthmatiques en C.-B., nuit au maintien de la motivation nécessaire au respect d’un plan de traitement27.

Nous avons comparé la prévalence d’affections courantes, aiguës et chroniques, dans deux populations – les adultes asthmatiques traités et les adultes utilisateurs de services de la province – à l’aide d’un ensemble normalisé d’algorithmes d’identification des affections comorbides. Nous avons décrit la nature du lourd fardeau de la comorbidité chez les patients asthmatiques. Diverses associations entre l’asthme et d’autres affections respiratoires et atopiques – associations bien connues des cliniciens et des physiologistes – ont été étayées et assorties d’estimations précises à l’échelle de la population.

De plus, nous avons comparé les profils de prévalence des affections comorbides chez les adultes et les enfants en fonction du sexe. Ces comparaisons ont été possibles en raison de la représentativité des données sur l’utilisation des services dans un système de santé public universel de grande taille. Contrairement à plusieurs autres études utilisant de petits échantillons et des méthodes non normalisées pour qualifier les affections comorbides, notre méthodologie permet de comparer avec précision les profils de comorbidité des patients asthmatiques de divers États ou provinces ayant des données administratives portant sur leur population.

Certaines limites inhérentes à notre étude sont imputables au manque d’accès aux données. Nous n’avons pas eu accès aux données individuelles de l’ensemble de la population adulte : nous avons dû nous fier aux données cumulatives de 1996-1997 présentées par Reid et coll.13h. Nous avons donc effectué une pondération simple selon l’âge des données sur les adultes asthmatiques pour calculer les RC, mais nous n’avons pu apparier les asthmatiques à des non-asthmatiques en fonction de l’âge et du sexe – une approche qui aurait été préférable car elle aurait permis de réduire la sous-estimation des associations. De plus, nous n’avions pas accès aux données d’ensemble sur les enfants, ce qui nous a empêchés d’effectuer le même genre de comparaison que chez les adultes. Comparer les populations en fonction de données plus récentes est susceptible de donner des résultats différents. La comparaison des profils de comorbidité des patients asthmatiques adultes cinq ans plus tard (résultats non présentés) laisse penser que, pour la majorité des affections examinées, la prévalence a augmenté.

Nous sommes conscients de n’estimer que la prévalence des affections comorbides traitées. Les patients atteints d’affections légères pour lesquelles ils ne font que rarement, ou jamais, appel aux services d’un médecin ou d’un hôpital ne sont pas comptabilisés. Par contre, comme la planification des soins de santé est axée en général sur les usagers du système de santé, en particulier les utilisateurs fréquents ou coûteux, nos résultats actuels sont très pertinents.

La définition de cas utilisée pour détecter les patients asthmatiques est similaire à celle utilisée par le ministère de la Santé de la Colombie-Britannique à des fins de surveillance28. Une définition plus fine pourrait abaisser les rapports de cotes observés – une définition plus large produirait probablement une cohorte plus hétérogène. Chez les patients âgés, il est souvent difficile de distinguer la MPOC de l’asthme parce que ces deux affections partagent plusieurs caractéristiques cliniques, soit des symptômes comme la dyspnée, la toux, la respiration sifflante et la production d’expectoration. Si certains patients asthmatiques atteints de MPOC selon l’algorithme d’ACG étaient des faux positifs, la prévalence apparente de MPOC chez ces patients s’en trouverait abaissée.

En résumé, notre recherche actuelle laisse à penser que les adultes traités pour l’asthme ont un fardeau de comorbidité significativement supérieur à celui des adultes en général, en ce concerne aussi bien le nombre d’affections comorbides que la prévalence d’affections en particulier. Alors que la prévalence accrue d’autres affections respiratoires et d’affections atopiques était un résultat attendu, la prévalence accrue d’affections comme le cancer était moins prévisible. Ce dernier phénomène pourrait inspirer de nouvelles recherches cliniques.

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