ARCHIVÉ - Conseil pour considération du vaccin conjugué quadrivalent contre le méningocoque (A, C, Y, W135) pour utilisation par les provinces et territoires

 

Résumé

En 2006, le Canada autorisait l'utilisation du premier vaccin conjugué quadrivalent contre le méningocoque (MenactraMC). La présente déclaration fournit une analyse reposant sur des données probantes; celle-ci est nécessaire à la prise en considération de ce vaccin dans la planification des programmes de vaccination provinciaux et territoriaux. Les provinces et territoires sont responsables de la prestation des programmes de vaccination et prendront en compte leurs propres circonstances dans la prise de décisions au sujet du vaccin à partir de l'analyse critique présentée dans ce rapport.

Historiquement, l'épidémiologie des atteintes méningococciques au Canada a été caractérisée par un contexte endémique et l'occurrence de grandes épidémies et d'éclosions plus modestes à intervalles irréguliers. On relève des différences marquées entre les sérogroupes, les souches du sérogroupe B causant la majorité des cas sporadiques et les clones virulents du sérogroupe C ayant causé la plupart des éclosions observées au cours des deux dernières décennies. Jusqu'à maintenant, il n'a pas été possible de prédire de façon fiable l'épidémiologie des atteintes méningococciques, de sorte que la possibilité de l'occurrence de nouvelles épidémies ou éclosions causées par les clones virulents de tout sérotype ne peut être exclue au Canada.

Dans tous les essais existants auprès de personnes de deux ans ou plus, la réponse immunologique à court terme à MenactraMC n'était pas inférieure à la réponse au vaccin polysaccharidique quadrivalent. MenactraMC a généré des anticorps ayant de meilleures caractéristiques fonctionnelles et une plus longue persistance, tout en induisant une forte réponse anamnestique par suite d'une injection de rappel sans hyporéactivité. Par conséquent, on devrait accorder la préférence à MenactraMC plutôt qu'au vaccin polysaccharidique quadrivalent pour toutes les indications d'un vaccin méningococcique quadrivalent ou d'un sérogroupe A, Y ou W135 chez les 2 ans et plus. L'efficacité sur le terrain des vaccins conjugués monovalents du sérogroupe C a été évaluée dans de grandes études épidémiologiques faisant suite à leur mise en marché. Présentement, on ne dispose d'aucunes données sur l'efficacité clinique de MenactraMC. On n'a fait aucune étude immunologique présentant une comparaison point par point entre MenactraMC et les vaccins conjugués du sérogroupe C mis à l'essai sur le terrain contenant le dérivé de protéine comme porteur CRM197 à l'anatoxine diphtérique (MeningitecMC et MenjugateMC) ou à l'anatoxine tétanique (Neis Vac-CMC). Bien que la réponse immunitaire de MenactraMC ait été comparée à la réponse au vaccin polysaccharidique et ait été jugée non inférieure pour le sérogroupe C, on a établi que le vaccin polysaccharidique fournit un faible niveau de protection de courte durée contre ce sérogroupe chez les enfants. Pour ces raisons, tant que de nouvelles études ne seront disponibles, les vaccins conjugués monovalents contre le sérogroupe C devraient être préférés pour toutes les indications d'immunisation contre les atteintes méningococciques du sérogroupe C, surtout chez les enfants. Alors que l'efficacité des vaccins polysaccharidiques dans la prévention des méningococcies invasives (MI) de sérogroupe A et C a été clairement démontrée dans les études expérimentales et par observation chez les adolescents et les adultes, les études immunologiques ont démontré que MenactraMC (Men4-DT) est un vaccin plus puissant. Pour cette raison, Men4-DT pourrait être considéré pour l'immunisation systématique des adolescents, y compris de ceux déjà immunisés en bas âge au moyen d'un vaccin conjugué monovalent contre le sérogroupe C.

L'expérience de l'administration de MenactraMC dans neuf études cliniques comptant plus de 10 000 sujets participants est très rassurante puisque les effets secondaires observés n'étaient pas différents de ceux signalés dans les groupes de contrôle auxquels on a administré un vaccin polysaccharidique quadrivalent. Aux États-Unis, MenactraMC est utilisé pour vacciner les adolescents et les collégiens. En date du 25 février 2008, plus de 15 millions de doses de MenactraMC avaient été distribuées et le système VAERS (Vaccine Adverse Event Reporting Systems) avait reçu 26 rapports de cas confirmés de streptocoque du groupe B (SGB) dans les 6 semaines suivant la réception du vaccin méningococcique MenactraMC. Une relation causale n'a pas été établie, mais l'existence d'un risque de très petite magnitude ne peut être exclue.

Au Canada, l'indication préférée du MenactraMC est pour la vaccination des adolescents à l'âge de 12 ans, soit juste avant l'augmentation de l'incidence de la méningococcie qui survient à l'âge de 13 ans. Pour les adolescents non vaccinés auparavant, il s'agirait d'une vaccination primaire et, pour les sujets déjà vacciné d'un vaccin conjugué monovalent contre le sérogroupe C en bas âge, il s'agirait d'une injection de rappel contre le sérogroupe C et d'une vaccination primaire contre les sérogroupes A, Y et W135. La vaccination d'une importante proportion d'adolescents pourrait réduire considérablement la transmission des souches pathogènes dans toute la population, puisque la prévalence des porteurs de N. meningitidis est maximale dans ce groupe d'âge.

En calculant le prix d'achat du vaccin à 70 $ la dose de MenactraMC, les coûts d'un programme annuel pour les adolescents se situeraient entre 19 et 29 millions de dollars au Canada. Un modèle de simulation a été élaboré afin d'évaluer les effets directs et indirects d'une injection de rappel à l'âge de 12 ans avec, soit un vaccin monovalent C, soit un vaccin conjugué quadrivalent contre le méningocoque ACYW135 dans une cohorte de Canadiens immunisés à 12 mois avec un vaccin conjugué monovalent C (23 $/dose). La revaccination à 12 ans au moyen d'un vaccin contre le sérogroupe C réduirait le fardeau de la maladie de 55 % sans coût marginal (on prévoit plutôt une légère économie). L'utilisation de MenactraMC comme injection de rappel entraînerait une réduction de la maladie de 78 % à un coût marginal de 31 000 $ par AVAQ gagnée comparativement à une dose de vaccin contre le sérogroupe C à 12 mois. Quand on compare MenactraMC avec le vaccin contre le sérogroupe C comme injection de rappel, le ratio de coût-efficacité serait de 113 000 $ par AVAQ .

La méningococcie compte parmi les maladies les plus craintes, de sorte que l'inclusion d'un nouveau vaccin dans le calendrier de vaccination régulier des adolescents serait bien reçue par la majorité de la population et des professionnels de la santé.

Idéalement, la vaccination contre la méningococcie durant l'adolescence devrait être administrée à 12 ans, dans le cadre d'un programme dans les écoles (7e année), et combinée à d'autres vaccinations. La décision d'utiliser MenactraMC ou un produit monovalent contre le sérogroupe C, est du ressort des provinces/territoires dans l'allocation des ressources.

Liste des abréviations

MI : méningococcie invasive

Men4-DT : vaccin quadrivalent contre le méningocoque (sérogroupes A, C, W135 et Y) à polysaccharide conjugué à une anatoxine diphtérique comme vecteur protéique (MenactraMC)

MenC-C : vaccin conjugué monovalent contre le sérogroupe C du méningocoque.

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