ARCHIVÉ - Lignes directrices pour la prévention et la lutte contre les atteintes méningococciques

 

4.0 Définitions

4.1 Définition de cas nationale

Tableau 1

Cas confirmé

Maladie invasive1 confirmée par analyse de laboratoire :

  • isolement de Neisseria meningitidis dans un prélèvement normalement stérile (sang, liquide céphalorachidien [LCR], liquide articulaire, pleural ou péricardique); OU
  • mise en évidence de l'ADN de N. meningitidis par des tests d'amplification des acides nucléiques (TAN)2 dûment validés portant sur un prélèvement normalement stérile.

Cas probable

Maladie invasive1 avec purpura fulminans ou pétéchies en l'absence d'une autre cause apparente :

  • avec mise en évidence de l'antigène de N. meningitidis dans le LCR; OU
  • en l'absence d'isolement de N. meningitidis et de mise en évidence de l'ADN par des TAN2 dûment validés portant sur un prélèvement normalement stérile.
1 La méningococcie invasive se manifeste habituellement sous forme de méningite et/ou de septicémie, bien que d'autres manifestations puissent être observées (p. ex., cellulite orbitaire, arthrite septique). La maladie invasive peut évoluer rapidement jusqu'au purpura fulminans, à l'état de choc et au décès.
2 Chaque province et territoire établira un processus de validation pour son TAN.

Les cas confirmés et probables de MI doivent être déclarés à l'échelle nationale. En 2005, on a modifié la définition de cas nationale. La nouvelle définition de cas sera disponible le 1er janvier 2006 et présentement inclut la mise en évidence de l'ADN de N. meningitidis par des tests d'amplification des acides nucléiques (TAN) dûment validés portant sur un prélèvement normalement stérile. L'ADN méningococcique peut être présent dans le LCR jusqu'à 96 heures après le début de l'antibiothérapie(8).

4.2 Définitions aux fins des mesures de santé publique

Les définitions ci-dessous ont été élaborées pour les besoins des mesures de santé publique visant les cas sporadiques, les éclosions et les taux élevés persistants d'infection.

4.2.1 Cas et contacts

Les tableaux 2 et 3 contiennent les définitions des cas et des contacts étroits.

Tableau 2 : Description des cas

Cas sporadique

Cas isolé survenant dans une collectivité, sans lien épidémiologique apparent (personne, lieu ou temps) avec un autre cas.

Cas index

Premier cas à survenir dans une collectivité.

Cas subséquent

Installation de la maladie chez un sujet à la suite d'un autre cas avec lequel un lien épidémiologique peut être établi. Cette catégorie comprend les cas coprimaires (c.-à-d., qui surviennent dans les 24 heures qui suivent l'installation de la maladie chez le cas index) et les cas secondaires (c.-à-d., qui surviennent > 24 heures après l'installation de la maladie chez le cas index).

Un lien épidémiologique peut être établi si le sujet a l'un des éléments suivants, ou les deux, en commun avec un cas confirmé :

  • contact avec la même personne (y compris tout cas confirmé et probable);
  • présence dans le même lieu (p. ex., travail, école, bar ou fête) à peu près au même moment.
Tableau 3 : Définition des contacts étroits
  • Contacts familiaux d'un sujet atteint
  • Personnes qui partagent la même chambre que le sujet atteint
  • Personnes dont le nez et la bouche peuvent être directement contaminés par les sécrétions nasales ou buccales d'un sujet atteint (p. ex., baiser sur la bouche, partage de cigarettes ou de bouteilles)
  • Travailleurs de la santé qui ont eu des contacts intensifs non protégés (sans masque) avec des patients infectés (p. ex., lors d'une intubation, d'une réanimation ou d'un examen de près de l'oropharynx)
  • Enfants et personnel dans les garderies et les prématernelles
  • Passagers aériens assis à côté du sujet atteint (non séparés par une allée) si le temps passé à bord de l'avion est d'au moins 8 heures (voir la section 7.1.4)

Pour les mesures de santé publique, les cas qui se déclarent après le cas index et qui présentent un lien épidémiologique avec celui-ci peuvent avoir été contaminés par le cas index ou par une autre source commune. Les cas subséquents peuvent survenir rapidement ou après un délai. Les cas subséquents qui se manifestent rapidement (en moins de 24 heures), appelés cas coprimaires, ont probablement contracté la maladie de la même source. Inversement, les cas subséquents qui se déclenchent après plus de 24 heures, appelés cas secondaires, peuvent avoir contracté la maladie du cas index ou d'une source commune.

Le risque de transmission interhumaine de l'infection à méningocoque est fonction à la fois de la nature et de la durée du contact avec un cas confirmé. Selon des études menées avant le recours systématique à la chimioprophylaxie, les personnes qui habitent sous le même toit qu'un cas de MI courent un risque de 500 à 1 200 fois plus élevé de contracter la maladie que l'ensemble de la population(9,10). Le risque est à son niveau le plus élevé durant la première semaine qui suit l'installation de la maladie chez un sujet; il diminue par la suite(9,11). Les études sur la transmission des MI dans les garderies et les prématernelles sont contradictoires, mais elles portent à croire qu'il existe dans ces milieux un risque accru de cas secondaires. Ce risque est néanmoins inférieur à celui que posent les contacts familiaux(9,12). On n'a pas non plus observé de risque accru de MI chez des contacts occasionnels de cas sporadiques(13-16). Par conséquent, les contacts à l'école/en classe, dans les moyens de transport et au travail, ou les contacts sociaux, ne sont pas considérés comme des contacts étroits, à moins que leur relation avec le sujet atteint corresponde à l'un des critères décrits au tableau 3.

La transmission nosocomiale des MI est très peu courante, particulièrement lorsque les pratiques de base et les précautions contre les gouttelettes et les contacts sont mises en œuvre pour prévenir la transmission de la maladie. On a signalé de rares cas où un travailleur de la santé avait été infecté à la suite d'un contact direct avec les sécrétions respiratoires d'une personne infectée (p. ex., réanimation bouche-à-bouche). Un pédiatre français a déjà contracté une MI une semaine après avoir intubé un enfant atteint d'une infection à méningocoque(17,18). Par conséquent, les travailleurs de la santé sont considérés comme des contacts étroits s'ils ont eu des contacts intensifs non protégés (sans masque) avec des patients infectés (p. ex., lors d'une intubation, d'une réanimation ou d'un examen de près de l'oropharynx)(19).

Dans certains pays tels que le Canada, où une chimioprophylaxie est systématiquement administrée aux contacts étroits des cas sporadiques, de 0,3 % à 3 % des cas d'infection à méningocoque surviennent chez les contacts du cas index(10,11,20,21). Une étude a relevé un intervalle médian de 7 semaines entre le cas index et le cas secondaire(11). Certains de ces cas secondaires sont attribuables à l'échec de la chimioprophylaxie (p. ex., non-administration, non-observance, antibiorésistance)(20,22-24). Les cas secondaires « tardifs » parmi les contacts étroits peuvent survenir plusieurs mois après l'apparition des symptômes chez le cas index(11,12).

4.2.2 Éclosions

On dit qu'il y a éclosion lorsque la transmission de N. meningitidis dans une population s'accroît, ce qui se traduit par une augmentation du nombre de cas dus au même sérogroupe.

Les éclosions se divisent en deux grandes catégories : organisations et collectivités. Les critères de classification des éclosions sont présentés dans le tableau 4.

Tableau 4 : Types d'éclosion

Organisations

Transmission accrue de N. meningitidis dans une organisation ou un établissement, c'est-à-dire déclaration de deux cas ou plus du même sérogroupe dans un intervalle de 4 semaines. Cette catégorie englobe les populations restreintes, par exemple les écoles, les garderies, les groupes sportifs, les groupes sociaux, les centres de soins infirmiers et les établissements de soins prolongés.

Collectivités

Transmission accrue de N. meningitidis dans une collectivité, c'est-à-dire déclaration de trois cas ou plus dus au même sérogroupe dans un intervalle de 3 mois ET occurrence dans un groupe d'âge précis OU taux d'incidence dans la population de la collectivité atteignant environ 10 pour 100 000 en l'absence de lien épidémiologique entre les cas. Toutefois, ce seuil n'est pas absolu; il devrait être pesé en fonction d'autres facteurs (voir la section 7.2).

Le calcul des taux d'incidence visant à déterminer si l'on a affaire à une transmission persistante de N. meningitidis dans une collectivité doit correspondre à la situation précise. Si les cas ne touchent que des personnes d'un groupe d'âge donné, le calcul devrait viser à établir l'incidence selon l'âge. Cependant, si la population touchée correspond à une région géographique déterminée, le calcul devrait porter sur la population totale à l'intérieur de cette région. Pour les calculs, le numérateur ne devrait pas comprendre les cas subséquents parmi les contacts étroits. L'incidence selon l'âge devrait être calculée par tranches de 5 ans (c.-à-d., 0 à 4 ans, 5 à 9 ans, 10 à 14 ans, etc.). Par exemple, dans une collectivité comptant 10 cas, dont deux habitent sous le même toit, seuls neuf cas seraient pris en compte au moment de calculer les taux d'incidence selon l'âge, de manière à déterminer s'il y a éclosion ou transmission persistante de l'infection.

4.2.3 Taux élevés persistants

On parle de « taux élevés persistants » lorsque le nombre de cas d'infection dus au même sérogroupe se maintient à un taux anormalement élevé dans une population donnée. Ces cas, qui peuvent être sporadiques ou liés à une éclosion, persistent en dépit des mesures de santé publique locales.

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