ARCHIVÉ - Lignes directrices pour la prévention et la lutte contre les atteintes méningococciques

 

10.0 Recommandations relatives à la chimioprophylaxie

La chimioprophylaxie vise à éradiquer la colonisation du rhinopharynx par N. meningitidis et, du même coup, prévenir la maladie chez les contacts et la transmission aux personnes vulnérables(30,31,41). De plus, les agents chimiothérapeutiques présents dans les sécrétions nasales peuvent retarder de quelques jours l'invasion de l'organisme par la bactérie(31). Toutefois, la chimioprophylaxie ne prévient plus efficacement l'infection après l'invasion des tissus. Il n'existe encore aucune recommandation uniforme à l'échelle internationale concernant la chimioprophylaxie. La plupart des pays recommandent d'administrer une chimioprophylaxie aux contacts familiaux, mais ils divergent en ce qui a trait aux autres types de contacts étroits et au cas index(29). Un examen systématique des données à l'appui des politiques de lutte contre les MI a récemment révélé que ces données penchent en faveur de la chimioprophylaxie pour les contacts familiaux et les cas index. Cependant, on manque de données pour évaluer l'efficacité de la chimioprophylaxie dans les garderies(29); d'autres études sont nécessaires.

Selon les données existantes et les avis d'experts, tous les sujets atteints et leurs contacts étroits (voir le tableau 3) devraient recevoir une chimioprophylaxie. Le cas index devrait recevoir des antibiotiques qui éradiquent le portage rhinopharyngé avant son congé de l'hôpital, à moins qu'il ne soit traité par un agent qui lui aussi élimine efficacement N. meningitidis du rhinopharynx (p. ex., la ceftriaxone), puisque le traitement n'éradique pas toujours à lui seul le portage de l'organisme(29,42).

La chimioprophylaxie n'est pas systématiquement recommandée pour les professionnels de la santé, y compris le personnel des services d'urgence. Seuls les travailleurs de la santé qui ont eu des contacts intensifs non protégés (c.-à-d. sans masque) avec des patients infectés (p. ex., lors d'une intubation, d'une réanimation ou d'un examen de près de l'oropharynx) doivent recevoir une prophylaxie.

Il est peu probable que la chimioprophylaxie ait des effets bénéfiques si elle est administrée plus de 10 jours après la dernière exposition à un cas contagieux. Les agents chimioprophylactiques devraient seulement être administrés aux contacts étroits dont la dernière exposition au sujet atteint a eu lieu durant la période de contagion (voir la section 7.1). Les autorités provinciales et territoriales de la santé publique devraient veiller à ce que la chimioprophylaxie soit offerte gratuitement à tous les contacts étroits correspondant aux critères du tableau 3. La chimioprophylaxie devrait être assurée par les autorités locales de la santé publique ou, avec leur accord, par les pharmacies d'hôpital.

Les agents chimioprophylactiques recommandés pour éradiquer la colonisation du rhinopharynx par N. meningitidis sont la rifampicine, la ciprofloxacine et la ceftriaxone (voir le tableau 5)(41,43). Il est important de s'assurer que les contacts nécessitant une chimioprophylaxie suivent le traitement jusqu'au bout. La ciprofloxacine, qui peut être administrée en une seule dose par voie orale, est un traitement de deuxième intention pour les adultes, mais elle est contre-indiquée pour les femmes enceintes. Elle n'est pas non plus recommandée pour les enfants prépubertaires. La ceftriaxone est l'agent chimio- prophylactique recommandé pour les femmes enceintes. Selon une étude cas-témoins menée auprès de jeunes adultes au Caire, en Égypte, une seule dose d'azithromycine (500 mg par voie orale) était aussi efficace que la rifampicine (600 mg 2 fois par jour par voie orale durant 2 jours) pour éradiquer à court terme N. meningitidis du rhinopharynx des porteurs. De plus, on a signalé qu'une éclosion d'infections à méningocoque B chez des enfants d'âge préscolaire avait été freinée par l'azithromycine après l'échec de la chimioprophylaxie par la rifampicine(44,45). À l'heure actuelle, il n'est pas recommandé d'utiliser systématiquement l'azithromycine dans le cadre des chimioprophylaxies au Canada, mais il conviendrait de mener d'autres études.

Tableau 5 : Chimioprophylaxie des contacts étroits de cas de MI

Médicament

Posologie

Commentaires

Ciprofloxacine

Adultes (>= 18 ans) :
500 mg x 1 dose PO

Contre-indiquée durant la grossesse et l'allaitement.

Seulement approuvée pour les sujets de > 18 ans. Non recommandée pour les enfants prépubertaires.

Rifampicine

Adultes :
600 mg PO toutes les 12 h, 4 doses au total

Enfants >= 1 mois :
10 mg/kg (maximum 600 mg) PO toutes les 12 heures, 4 doses au total

Enfants de moins de 1 mois :
5 mg/kg PO toutes les 12 heures, 4 doses au total

Ce médicament est contre-indiqué pour les femmes enceintes.

Possibilité de coloration rougeâtre de l'urine et des larmes. Recommandez d'éviter de porter de lentilles cornéennes souples, car elles peuvent devenir tachées.

Peut réduire l'efficacité des contraceptifs oraux. Recommandez d'utiliser d'autres mesures contraceptives.

Ceftriaxone

Adultes :
250 mg IM, 1 dose au total

Enfants de < 12 ans :
125 mg IM, 1 dose au total

Médicament recommandé pour les femmes enceintes.

Traitement de deuxième intention pour les personnes qui ne tolèrent pas le médicament oral.

Diluez dans de la lidocaïne à 1 % pour réduire la douleur au point d'injection.

Détails de la page

Date de modification :