ARCHIVÉ - SURVEILLANCE ACCRUE DES MÉNINGOCOCCIES INVASIVES AU CANADA : DU 1ER JANVIER 1999 AU 31 DÉCEMBRE 2001

 

La méningococcie invasive (MI) est une maladie à déclaration obligatoire à l'échelle nationale au Canada depuis 1924(1). La Division de l'immunisation et des infections respiratoires, Centre de prévention et de contrôle des maladies infectieuses, publie des rapports de surveillance accrue des MI depuis 1995(2-4). Le présent rapport de surveillance fournit des renseignements sur les MI pour la période s'étendant du 1er janvier 1999 au 31 décembre 2001.

Méthodologie

La définition de cas de la MI a été révisée tout au long de la période visée par le présent rapport. En 1999, les définitions de cas utilisées pour la surveillance des MI à l'échelle nationale étaient les suivantes(5) :

Cas confirmé : symptômes cliniques compatibles avec ce diagnostic et détection de Neisseria meningitidis (méningocoque) ou de son antigène dans n'importe quel site habituellement stérile ou dans des lésions cutanées.

Cas clinique : symptômes cliniques compatibles avec une méningococcie fulminante, même si on ne démontre pas le germe dans le sang ou le LCR ni par isolement, ni par détection des antigènes.

À compter du 1er janvier 2000, les cas cliniques de MI ne sont plus déclarés à l'échelle nationale. À partir de cette date, la définition de cas a été la suivante(6) :

Cas confirmé : maladie invasivea avec confirmation en laboratoire de l'infection :

  • isolement de N. meningitidis dans un prélèvement normalement stérile (sang, LCR, liquide articulaire, pleural ou péricardique) OU
  • mise en évidence de l'antigène de N. meningitidis dans le LCR.

Les ministères provinciaux et territoriaux de la Santé fournissent à Santé Canada des données épidémiologiques non nominatives sur toutes les MI répondant à la définition nationale de cas. Les laboratoires provinciaux et territoriaux de santé publique et/ou des hôpitaux font parvenir la plupart des isolats de N. meningitidis au Laboratoire national de microbiologie (LNM) à Winnipeg pour une confirmation du sérogroupe et des études bactériologiques plus poussées (sérotypage et sous-typage pour tous les isolats et électrophorèse enzymatique multilocus pour toutes les souches appartenant au sérogroupe C). Un appariement probabiliste est effectué pour coupler les données épidémiologiques et de laboratoire. L'appariement se fait à l'aide des variables suivantes : province, date de naissance (ou âge), sexe, date d'apparition de la maladie et sérogroupe (si les données sont disponibles). En 2001, trois provinces (Colombie-Britannique, Alberta et Québec) ont transmis pour chaque cas des données qui avaient été couplées au préalable à des données de laboratoire. Les données sont entrées dans des feuilles de calcul et analysées à l'aide du logiciel Epi Info, version 6.04c.

Statistique Canada fournit les données sur les dénominateurs(7). Tous les taux d'incidence sont exprimés pour 100 000 habitants par année. Nous avons utilisé des tests du chi carré, des tests t ou le test H non paramétrique de Kruskal-Wallis pour vérifier les associations entre les variables.

Santé Canada ne dispose pas d'une méthode systématique d'enquête sur les éclosions de MI au Canada. Afin de décrire le nombre d'éclosions de MI durant la période de surveillance visée, une enquête par courrier électronique a été menée en juillet 2002. Le questionnaire a été envoyé à des représentants pour les MI dans toutes les provinces et tous les territoires.

Résultats

Nombre de cas

En 1999, les provinces et les territoires ont signalé 205 cas de MI à Santé Canada; 196 (95,6 %) répondaient à la définition de cas confirmé et neuf (4,4 %) à celle de cas clinique. Sur les 196 cas confirmés, 159 (81,1 %) ont pu être appariés à des données de laboratoire. Le LNM a fait état de neuf autres cas qui ne pouvaient être couplés à ceux enregistrés par les provinces et les territoires (trois du Québec, deux de l'Ontario et un du Manitoba, de la Saskatchewan, de l'Alberta et de la Colombie-Britannique). Ainsi, le nombre total des cas examinés en 1999 s'élevait à 214.

En 2000 et 2001, 232 et 333 cas de MI ont été signalés, respectivement, par les provinces et les territoires. Les cas cliniques n'ont pas été déclarés. En 2000, 187 cas (80,6 %) ont pu être appariés aux données de laboratoire, contre 269 (80,8 %) en 2001. Le LNM a fait état de neuf autres cas en 2000 et de 17 cas en 2001 qui ne pouvaient être appariés à ceux signalés par les provinces et les territoires (en 2000, deux cas en Alberta, un au Nouveau-Brunswick, quatre en Ontario et deux au Québec; en 2001, un cas en Alberta, deux en Colombie-Britannique, un au Manitoba, un au Nouveau-Brunswick, quatre en Ontario et huit au Québec). Le nombre total des cas examinés en 2000 et 2001 s'établit donc à 241 et 350, respectivement.

Les tableaux 1 à 3 fournissent des données détaillées sur l'incidence, la létalité et le sérogroupe selon le groupe d'âge.

Tableau 1. Données sur l'incidence, la létalité et le sérogroupe pour la MI selon le groupe d'âge, Canada, 1999

Groupe d'âge, ans

< 1

1-4

5-9

10-14

15-19

20-24

25-64

65+

Âge inconnu

Total

Nbre de cas

38

36

13

10

31

16

52

16

2

214

Taux d'incidence pour 100 000 habitants

11.26

2.42

0.63

0.49

1.50

0.78

0.31

0.42

N/A

0.70

Nbre de décès

1

3

2

2

2

2

8

3

0

23

Rapports de létalité

2.60 %

8.30 %

15.40 %

20.00 %

6.50 %

12.50 %

15.40 %

18.70 %

N/A

10.70 %

Taux de mortalité pour 100 000 habitants

0.30

0.20

0.10

0.10

0.10

0.10

0.05

0.08

N/A

0.08

Nbre de cas dus au sérogroupe B

31

16

2

3

8

8

21

1

2

92

Nbre de cas dus au sérogroupe C

1

11

8

6

15

3

16

3

0

63

Nbre de cas dus au sérogroupe Y

2

0

0

1

2

0

6

7

0

18

Nbre de cas dus à d'autres sérogroupes (p. ex., 29E, W135)

2

1

1

0

2

2

3

1

0

12

Nbre de cas dus à un sérogroupe inconnu

2

7

3

0

4

3

6

4

0

29


Tableau 2. Données sur l'incidence, la létalité et le sérogroupe pour la MI selon le groupe d'âge, Canada, 2000

Groupe d'âge, ans

< 1

1-4

5-9

10-14

15-19

20-24

25-64

65+

Âge inconnu

Total

Nbre de cas

38

25

17

10

50

26

57

18

0

241

Taux d'incidence pour 100 000 habitants

11.30

1.73

0.83

0.49

2.41

1.25

0.34

0.47

N/A

0.78

Nbre de décès

4

1

2

1

3

1

7

2

0

21

Rapports de létalité

10.50 %

4.00 %

11.80 %

10.00 %

6.00 %

3.80 %

12.30 %

11.10 %

N/A

8.70 %

Taux de mortalité pour 100 000 habitants

1.19

0.07

0.10

0.05

0.14

0.05

0.04

0.05

N/A

0.07

Nbre de cas dus au sérogroupe B

26

7

5

2

7

4

12

4

0

67

Nbre de cas dus au sérogroupe C

5

12

9

5

31

15

24

5

0

106

Nbre de cas dus au sérogroupe Y

2

1

1

1

3

1

9

7

0

25

Nbre de cas dus à d'autres sérogroupes (p. ex., 29E, W135)

1

0

0

0

2

2

2

1

0

8

Nbre de cas dus à un sérogroupe inconnu

4

5

2

2

7

4

10

1

0

35


Tableau 3. Données sur l'incidence, la létalité et le sérogroupe pour la MI selon le groupe d'âge, Canada, 2001

Groupe d'âge, ans

< 1

1-4

5-9

10-14

15-19

20-24

25-64

65+

Âge inconnu

Total

Nbre de cas

30

33

22

32

77

31

92

33

0

350

Taux d'incidence pour 100 000 habitants

9.21

2.35

1.08

1.54

3.69

1.46

0.54

0.84

N/A

1.13

Nbre de décès

3

3

2

2

2

2

14

5

0

33

Rapports de létalité

10.00 %

9.10 %

9.10 %

6.20 %

2.60 %

6.50 %

15.20 %

15.20 %

N/A

9.40 %

Taux de mortalité pour 100 000 habitants

0.92

0.21

0.10

0.10

0.10

0.09

0.08

0.13

N/A

0.11

Nbre de cas dus au sérogroupe B

19

12

3

3

20

8

12

8

0

85

Nbre de cas dus au sérogroupe C

8

14

14

22

40

18

52

14

0

182

Nbre de cas dus au sérogroupe Y

1

0

3

5

8

1

8

4

0

30

Nbre de cas dus à d'autres sérogroupes (p. ex., 29E, W135)

1

3

0

0

0

0

3

2

0

9

Nbre de cas dus à un sérogroupe inconnu

1

4

2

2

9

4

17

5

0

44


Incidence

Les taux d'incidence de la MI en 1999, 2000 et 2001 étaient de 0,70, 0,78 et 1,13 pour 100 000 habitants, respectivement. La figure 1 présente le nombre annuel de cas et les taux d'incidence depuis 1986.



Figure 1. Nombre de cas de MI et taux d'incidence au Canada

Figure 1. Nombre de cas de MI et taux d'incidence au Canada


Les figures 2 et 3 donnent le nombre annuel de cas et les taux selon la province et le territoire pour la période 1999-2001. Ces taux peuvent être instables en raison des petits nombres.



Figure 2. Nombre de cas de MI par province/territoire selon l'année

Figure 2. Nombre de cas de
          MI par province/territoire selon l'année


Figure 3. Taux d’incidence de la MI par province/territoire selon l'année

Figure 3. Taux d’incidence de la MI par
          province/territoire selon l'année


Sexe

Les femmes représentaient 50,9 % des cas de MI en 1999, 54,5 % en 2000 et 47,9 % en 2001.

Distribution selon l'âge

En 1999, l'âge médian des cas de MI était de 16 ans (intervalle 0-93), 25 % des cas étant âgés de <= 2 ans. Les taux étaient les plus élevés chez les enfants : les nourrissons <= 1 an et les enfants de 1 à 4 ans affichaient des taux de 11,26 et 2,42 cas pour 100 000 habitants, respectivement. Les jeunes de 15 à 19 ans venaient au troisième rang (1,50 cas pour 100 000 ). Il est intéressant de noter que la distribution par âge variait selon le sexe : l'âge médian des femmes était de 19 ans et celui des hommes, de 9 ans (p = 0,002).

En 2000, l'âge médian des cas de MI était de 18 ans (intervalle 0-86), 25 % des cas étant âgés de <= 4 ans. Les nourrissons et les adolescents présentaient les taux d'incidence les plus élevés : chez les nourrissons de <= 1 an, le taux s'élevait à 11,3 et chez les jeunes de 15 à 19 ans, il s'établissait à 2,41 cas pour 100 000 habitants. Les enfants de 1 à 4 ans occupaient la troisième place (1,73 cas pour 100 000).

En 2001, l'âge médian des cas de MI était de 18 ans (intervalle 0-94), 25 % des cas étant âgés de <= 10 ans. Les taux d'incidence étaient les plus élevés chez les enfants : les nourrissons de <= 1 an affichaient un taux de 9,21 et les jeunes de 15 à 19 ans, un taux de 3,69 cas pour 100 000. Les enfants de 1 à 4 ans étaient le troisième groupe le plus touché, avec un taux de 2,35 cas pour 100 000 habitants. La distribution par âge ne variait pas selon le sexe en 2000 ni en 2001.

Distribution saisonnière

Tel que prévu, l'incidence des cas de MI a atteint un point culminant dans les mois d'hiver, entre décembre et avril. L'incidence était à son plus bas niveau durant les mois d'été. La figure 4 illustre la distribution saisonnière des cas de MI.



Figure 4. Distribution des cas de MI selon le mois, 1999-2001

Figure 4. Distribution des cas de MI selon le mois, 1999-2001


Létalité et mortalité

La MI est associée à un taux de létalité relativement élevé. Les rapports de létalité s'élevaient à 10,7 %, 8,7 % et 9,4 % en 1999, 2000 et 2001, respectivement. L'âge médian des cas mortels était de 22, 19 et 35 ans en 1999, 2000 et 2001, respectivement. En 1999, la létalité était la plus forte dans le groupe des >= 65 ans (18,7 %), alors qu'en 2000, ce sont les adultes de 25 à 64 ans qui enregistraient le plus grand rapport de létalité (12,3 %). En 2001, les deux groupes d'âge - les adultes de 25 à 64 ans et ceux de >= 65 ans - présentaient les rapports de létalité les plus élevés (15,2 %).

Les taux de mortalité associés à la MI s'établissaient à 0,08, 0,07 et 0,11 pour 100 000 habitants en 1999, 2000 et 2001, respectivement. Durant toutes ces années, cependant, les nourrissons de <= 1 an affichaient le plus haut taux de mortalité, qui variait de 0,30 à 1,2 décès pour 100 000. Le plus bas taux de mortalité durant les 3 années a été relevé chez les adultes de 25 à 64 ans (de 0,04 à 0,08 décès pour 100 000 habitants). Les taux de létalité et de mortalité sont instables en raison des petits nombres.

Sérogroupes

En 1999, de l'information sur les sérogroupes était disponible pour 90,2 % (185/205) des cas confirmés. La distribution des sérogroupes était la suivante : 92 cas étaient dus au sérogroupe B, 63 au sérogroupe C, 18 au sérogroupe Y, 11 au sérogroupe W135 et 1 au sérogroupe 29E. Les âges médians différaient du point de vue statistique de celui des cas de MI attribuables aux sérogroupes B, C et Y : les âges étaient de 4, 17 et 56 ans, respectivement (p < 0,0001). Le sérogroupe C était associé au rapport le plus élevé de létalité (15,9 %); les rapports de létalité étaient les plus faibles pour les sérogroupes B et Y (7,6 % et 5,6 %, respectivement).

En 2000, on disposait de données sur le sérogroupe pour 85,5 % (206/241) des cas. Les sérogroupes se répartissaient de la façon suivante : 67 cas étaient imputables au sérogroupe B, 106 au sérogroupe C, 25 au sérogroupe Y et 8 au sérogroupe W135. Les âges médians différaient statistiquement des cas attribués aux sérogroupes B, C et Y : les âges étaient de 5, 18 et 52 ans, respectivement (p < 0,0001). Le rapport de létalité était le plus élevé pour le sérogroupe C (9,3 %) et le plus faible pour le sérogroupe W135 (0 décès).

En 2001, dans 87,4 % (306/350) des cas, on avait accès à de l'information sur le sérogroupe. La distribution des sérogroupes était la suivante : 85 cas étaient attribuables au sérogroupe B, 182 au sérogroupe C, 30 au sérogroupe Y et 9 au sérogroupe W135. Les âges médians ne différaient pas statistiquement de ceux des cas de MI causés par les sérogroupes B, C et Y; ils étaient de 17, 19 et 17 ans, respectivement (p = 0,20). Les rapports de létalité étaient les plus élevés pour les sérogroupes C et Y (11,0 % et 10,0 %, respectivement) et les plus faibles pour le sérogroupe B (2,4 %).

Les figures 5 à 7 donnent un aperçu comparatif de la distribution des sérogroupes selon l'année.



Figure 5. Distribution des cas de MI selon le sérogroupe, 1999 (n = 185)*

Figure 5. Distribution des
          cas de MI selon le sérogroupe, 1999 (n = 185)*

* n'inclut pas les cas dont le sérogroupe est inconnu



Figure 6. Distribution des cas de MI selon le sérogroupe, 2000 (n = 206)*

Figure 6. Distribution des cas de MI selon le
          sérogroupe, 2000 (n = 206)*

* n'inclut pas les cas dont le sérogroupe est inconnu



Figure 7. Distribution des cas de MI selon le sérogroupe, 2001 (n = 306)*

Figure 7. Distribution des cas de MI selon le
          sérogroupe, 2001 (n = 306)*

* n'inclut pas les cas dont le sérogroupe est inconnu



Sérotypes et sous-types

En 1999, 39 % (32/83) des isolats du sérogroupe B n'étaient pas sérotypables; 24 % (20/83) appartenaient au sérotype 4 et 20 % (17/83) au sérotype 15. Les combinaisons de sérotype et de sous-type les plus courantes pour les cas du sérogroupe B étaient B:NT:P1. (19/83) et B:4:P1. (8/83). Parmi les isolats du sérogroupe C, 68 % (41/60) appartenaient au sérotype 2a, et 27 % (16/60) n'étaient pas sérotypables. Les combinaisons les plus fréquentes pour les cas dus au sérogroupe C étaient C:2a:P1.2 (15/60) et C:2a:P1. (9/60). Parmi les isolats du sérogroupe Y, 59 % (10/17) n'étaient pas sérotypables, et 41 % (7/17) appartenaient au sérotype 14. Les combinaisons les plus courantes pour le sérogroupe Y étaient Y:NT:P1.2,5 (5/17) et Y:14:P1. (4/17).

En 2000, 45 % (29/64) des isolats du sérogroupe B n'étaient pas sérotypables; 31 % (20/64) appartenaient au sérotype 4. Les combinaisons les plus fréquentes étaient B:NT:P1.15 (7/64) et B:4.P1.14 (6/64). Parmi les isolats du sérogroupe C, 88 % (86/98) appartenaient au sérotype 2a; les 12 % restants (12/98) n'étaient pas sérotypables. Les combinaisons les plus fréquentes étaient C:2a:P1.2,5 (33/98) et C:2a:P1.2 (32/98). Parmi les isolats du sérogroupe Y, 70 % (16/23) n'étaient pas sérotypables, 26 % appartenaient au sérotype 14 et 4 % au sérotype 1. Les combinaisons les plus fréquentes pour le sérogroupe Y étaient Y:NT:P1.5 (9/23), Y:NT:P1.2,5 (5/23) et Y:14:P1.2,5 (4/23).

En 2001, 45 % (35/78) des isolats du sérogroupe B n'étaient pas sérotypables; 23 % (18/78) appartenaient au sérotype 4, 13 % (10/78) au sérotype 14 et 12 % (9/78) au sérotype 15. Les combinaisons les plus fréquentes pour le sérogroupe B étaient B:NT:P1. (11/78) et B:15:P1.7,16 (6/78). Parmi les isolats du sérogroupe C, 87 % (150/173) appartenaient au sérotype 2a, et 13 % (22/173) n'étaient pas sérotypables. Les combinaisons les plus fréquentes étaient C:2a:P1.2,(5) (73/182) et C:2a:P1.1,7 (42/182). Parmi les cas du sérogroupe Y, 31 % (9/29) appartenaient au sérotype 14. La combinaison la plus fréquente pour le sérogroupe Y était Y:14:P1. (5/29).

Typage par électrophorèse enzymatique multilocus

Le LNM effectue un typage par électrophorèse enzymatique multilocus des isolats du sérogroupe C transmis par les provinces et les territoires. En 1999, 91,7 % (55/60) des souches du sérogroupe C provenant de cas de MI appartenaient au clone hypervirulent ET-37, et 94,5 % (52/55) de ces souches ont été associées au variant ET-15. Seules trois souches (5 %) n'appartenaient ni à ET-15 ni à d'autres membres du complexe clonal ET-37; pour deux souches (3,3 %), on ne possédait pas de données sur le profil ET. En 2000, 97,0 % (96/99) des souches du sérogroupe C faisaient partie du complexe ET-37, 97,9 % (94/96) d'entre elles étant apparentées au variant ET-15. Trois souches (3,0 %) n'appartenaient ni à ET-15 ni à ET-37. En 2001, 98,3 % (170/173) des isolats du sérogroupe C appartenaient à ET-37, 96 % (166/170) au variant ET-15. Seules trois souches (1,7 %) n'étaient apparentées ni à ET-15 ni à ET-37.

Éclosions

Douze des 13 provinces et territoires (92 %) ont répondu à l'enquête par courrier électronique. Les résultats obtenus montrent que huit éclosions de MI sont survenues au Canada entre 1999 et 2001 : une en Alberta, trois en Ontario, deux au Québec, une en Colombie-Britannique et une au Manitoba. Il s'agissait dans tous les cas d'éclosions communautaires d'infection à méningocoque du sérogroupe C.

L'éclosion à Edmonton (Alberta) était la plus importante, ayant touché des enfants et des jeunes adultes et s'étant soldée par 61 cas de MI, dont deux décès. Elle s'est produite entre décembre 1999 et avril 2001. Trois campagnes de vaccination de masse à l'aide du vaccin polysaccharidique quadrivalent contre le méningocoque ont été lancées, et 87 % des sujets cibles ont été vaccinés (plus de 200 000 personnes immunisées). La souche la plus courante identifiée lors de cette éclosion était C:2a:P1.2,(5)(8).

L'Ontario a connu trois éclosions de MI entre 1999 et 2001. La première a été enregistrée en février et mars 1999 chez des élèves du primaire et du secondaire dans le comté de Windsor-Essex; trois cas ont été dénombrés, dont un décès. Une campagne d'immunisation de masse a été amorcée à l'aide du vaccin quadrivalent contre le méningocoque et visait principalement les garderies et les écoles primaires et secondaires dans une zone géographique limitée. Environ 5 000 doses du vaccin ont été distribuées, et quelque 80 % des sujets ciblés ont été immunisés. La souche associée à cette éclosion était C:2a:P1.2,5. Une deuxième éclosion est survenue dans le comté de London-Middlesex entre février et mai 2001 chez des personnes de 2 à 24 ans. En tout, six cas ont été recensés, mais aucun n'est décédé. Une campagne d'immunisation de masse à l'aide du vaccin polysaccharidique quadrivalent et bivalent contre le méningocoque a été lancée auprès des personnes de 2 à 24 ans (100 000 doses distribuées) alors que le vaccin conjugué MenC a été administré aux enfants de <= 2 ans (10 000 doses distribuées); environ 93 % des sujets ciblés ont été immunisés. La souche mise en cause dans l'éclosion de London-Middlesex était C:2a:P1.1,7. La troisième éclosion de MI est survenue à Toronto entre mai et août 2001 chez des hommes qui avaient des relations sexuelles avec des hommes (HRSH) et étaient âgés de 20 à 44 ans. Six cas ont été recensés, dont deux décès. Une campagne d'immunisation de masse qui ciblait tous les HRSH à Toronto a été mise en route; 3 850 doses du vaccin polysaccharidique ont été distribuées. La souche associée à l'éclosion de MI était C:NT:P1.2(9).

Au Québec, deux grappes de cas ont été signalées entre 1999 et 2001. La première a été enregistrée dans une école secondaire de la Montérégie (trois cas) et la seconde dans la population générale de la ville de Québec (10 cas) en février et mars 2001. Des programmes d'immunisation de masse ciblant les personnes de 12 à 17 ans dans les régions où l'incidence était élevée et faisant appel au vaccin polysaccharidique quadrivalent ont été mis en oeuvre de mars à mai 2001; 50 000 doses ont été distribuées. D'autres cas de MI ont été observés chez des jeunes enfants de Québec; on a donc amorcé une deuxième campagne d'immunisation à l'aide du vaccin conjugué MenC, ciblant les enfants de 2 mois à 11 ans; 95 000 doses ont ainsi été distribuées. Une troisième campagne d'immunisation de masse a débuté en septembre 2001, vu que des cas de MI continuaient d'être déclarés dans d'autres régions; on n'a utilisé durant cette campagne que le vaccin conjugué MenC et on a ciblé toutes les personnes âgées de 2 mois à 20 ans dans la province. Environ 81 % de la population ciblée a été complètement immunisée (Dr Philippe DeWals : communication personnelle, novembre 2003). La souche associée à ces grappes de cas était C:2a:P1.1,7.

À Abbotsford, Colombie-Britannique, une éclosion de MI s'est déclarée chez des personnes de 15 à 29 ans entre décembre 2000 et juillet 2001; huit cas ont été dénombrés, dont deux décès. Une campagne d'immunisation de masse (40 000 doses) faisant appel au vaccin polysaccharidique quadrivalent (15 000 doses) et au vaccin conjugué MenC (25 000 doses) a été lancée; environ 90 % des élèves du secondaire ciblés et 70 % des autres groupes ciblés ont été vaccinés. La souche incriminée dans l'éclosion d'Abbotsford était C:2a:P1.5(10).

À Winnipeg, Manitoba, des adolescents de 13 à 19 ans ont été touchés par une éclosion de MI entre janvier 2001 et juin 2002; 12 cas ont été recensés, mais on ne dénombre aucun décès. Une campagne d'immunisation de masse a ciblé toutes les personnes de 13 à 19 ans qui vivaient à Winnipeg. Environ 44 000 doses du vaccin polysaccharidique quadrivalent ont été distribuées et quelque 83 % des personnes ciblées ont été immunisées.

Analyse

Amplification par la polymérase

On a recours de plus en plus à l'amplification par la polymérase (PCR) comme méthode de rechange pour détecter N. meningitidis en cas d'échec de la culture bactérienne et de la détection d'antigènes. La détection par PCR n'entre pas actuellement dans la définition nationale de cas de MI. En 2001, 16 autres cas de MI ont été détectés par PCR (non inclus dans le présent rapport), dont trois (19 %) se sont soldés par un décès. Santé Canada envisage de réviser la définition nationale de cas de MI afin d'inclure les cas détectés par PCR.

Sérogroupes

On a observé un phénomène intéressant en 2001 : l'âge médian des cas d'infection dus au sérogroupe B et au sérogroupe Y (17 ans pour les deux sérogroupes) différait du point de vue statistique et épidémiologique de celui observé en 1999 (âge médian de 4 ans pour le sérogroupe B et de 56 ans pour le sérogroupe Y) et en 2000 (âge médian de 5 ans pour le sérogroupe B et de 52 ans pour le sérogroupe Y). Les données futures de surveillance détermineront s'il s'agit d'une anomalie ou d'un changement véritable dans la distribution par âge des sérogroupes B et Y.

Une caractérisation antigénique plus poussée des méningocoques du sérogroupe Y a révélé que bon nombre des souches non sérotypables appartenaient au sérotype 2c (qui n'est pas un sérotype courant dans d'autres sérogroupes de méningocoques)(11). Selon ces résultats, les deux sérotypes les plus courants pour les souches du sérogroupe Y entre 1999 et 2001 étaient 2c et 14, et ces sérotypes étaient fréquemment associés aux antigènes de sous-types P1.5 ou P1.2,5.

Sous-déclaration

On ignore l'ampleur de la sous-déclaration. Toutefois, en 1999, 2000 et 2001, 4,2 %, 3,7 % et 4,9 %, respectivement, des cas de maladie invasive ont été signalés par le LNM et ne pouvaient être appariés aux données épidémiologiques communiquées par les provinces/territoires. L'information épidémiologique sur ces cas était soit tirée des demandes d'analyses ou était absente.

Limites

À cause de l'instabilité des résultats découlant de la petitesse des nombres, il faut user de prudence dans l'interprétation des résultats. En outre, comme la définition de cas a évolué au cours de la période visée par le présent rapport, il faut redoubler de prudence lorsqu'on compare les deux périodes.

Remerciements

Nous aimerions remercier nos collègues des ministères provinciaux et territoriaux de la Santé qui nous ont fourni des données épidémiologiques, ainsi que les laboratoires de santé publique et les laboratoires hospitaliers de tout le Canada qui ont soumis des isolats au Laboratoire national de microbiologie pour la réalisation d'études plus approfondies. Nous tenons également à souligner la contribution de François Collins et de Jan Stoltz, deux experts dans l'analyse en laboratoire des isolats soumis au Laboratoire national de microbiologie.

Références

  1. Santé Canada. Maladies à déclaration obligatoire en direct. URL: ttp://dsol-smed.phac-aspc.gc.ca/dsol-smed/ndis/index_e.html.

  2. Whalen CM, Hockin JC, Ryan A et coll. The changing epidemiology of invasive meningococcal disease in Canada, 1985 through 1992. Emergence of a virulent clone of Neisseria meningitidis. JAMA 1995;273(5):390-94.

  3. Deeks S, Kertesz D, Ryan A et coll. Surveillance de la méningococcie invasive au Canada, 1995-1996. RMTC 1997;23(16):121-25.

  4. Squires SG, Pelletier L, Mungai M et coll. Les méningococcies invasives au Canada, du 1er janvier au 31 décembre 1998. RMTC 2000;26(21):177-82.

  5. Santé et Bien-être social Canada. Programme canadien de surveillance des maladies transmissibles. Définitions de cas et méthodes de surveillance particulières à chaque maladie. RMTC 1991;17(S3):24.

  6. Santé Canada. Définitions de cas des maladies faisant l'objet d'une surveillance nationale. RMTC 2000;26S3:49.

  7. Statistique Canada. Population estimates, 1999 final post-censal, 2000-2001 revised post-censal. Ottawa : Division de la démographie, Statistique Canada.

  8. Tyrrell GJ, Chui L, Johnson M et coll. et le Edmonton Meningococcal Study Group. Outbreak of Neisseria meningitidis in Edmonton, Alberta, Canada. Emerg Infect Dis 2002;8(5):519-21.

  9. Tsang RSW, Kiefer L, Law DKS et coll. Outbreak of sérogroupe C meningococcal disease caused by a variant of Neisseria meningitidis sérotype 2a ET-15 in a community of men who have sex with men. J Clin Microbiol 2003;41(9):4411-14.

  10. Patrick DM, Champagne S, Goh SH et coll. Neisseria meningitidis carriage during an outbreak of sérogroupe C disease. Clin Infect Dis 2003;37:1183-88.

  11. Tsang RSW, Squires SG, Zollinger WD et coll. Distribution of sérogroupes of Neisseria meningitidis and antigenic characterization of sérogroupe Y meningococci in Canada, January 1, 1999 to June 30, 2001. Can J Infect Dis 2002;13:391-39

Source : SG Squires, MSc, SL Deeks, MD, MScS, Division de l'immunisation et des infections respiratoires, Centre de prévention et de contrôle des maladies infectieuses, Santé Canada, Ottawa (Ontario). RSW Tsang, MMedSc, PhD, Division des infections du SNC, Laboratoire national de microbiologie, Winnipeg (Manitoba).


a La méningococcie invasive se manifeste habituellement sous forme de méningite et/ou de septicémie, bien que d'autres manifestations puissent être observées. La maladie invasive peut évoluer rapidement jusqu'au purpura fulminans, à l'état de choc et au décès.


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