ARCHIVÉ - Recommandations Relatives au Programme de Vaccination Contre le Virus du Papillome

 

3. Caractéristiques des vaccins contre le VPH

Deux vaccins contre le VPH ont été testés dans le cadre d'études cliniques : GardasilMC de Merck Frosst et CervarixMC de GlaxoSmithKline. Le vaccin quadrivalent GardasilMC, qui contient les types 6, 11, 16 et 18 du VPH, a été approuvé pour la vente au Canada en 2006 pour les femmes de 9 à 26 ans. Le vaccin bivalent CervarixMC, qui renferme les types 16 et 18 du VPH, a fait l'objet d'une demande d'homologation. CervarixMC utilise un nouvel adjuvant, l'AS04, qui contient le lipide monophosphoryle A, dérivé des parois cellulaires bactériennes, ainsi que de l'alun.

GardasilMC et CervarixMC sont des vaccins sous unitaires qui renferment des particules viroïdes produites par recombinaison génétique. Les vaccins ne peuvent causer de maladies parce qu'ils ne contiennent pas de produits biologiques vivants ni d'ADN et ne sont pas infectieux. Des études ont montré qu'ils étaient sûrs et généralement bien tolérés(11-14); dans des essais cliniques, des effets indésirables généraux tels que des céphalées ou de la fatigue ont été signalés par une proportion similaire de vaccinés et de sujets placebo(2).

Dans des essais cliniques, les vaccins ont présenté un taux d'efficacité remarquable de 90 à 100 % contre le développement de lésions cervicales de haut grade associées aux VPH 16 et 18 pendant des périodes atteignant 5,5 années.

On dispose de données sur l'immunogénicité chez les femmes de 9 à 26 ans et chez les hommes de 9 à 15 ans qui ont reçu GardasilMC ainsi que chez les femmes de 10 à 45 ans auxquelles on a administré CervarixMC(15-18). Un mois après l'administration de la troisième dose, presque tous les participants (= 99 %) ont développé des anticorps contre les types de VPH contenus dans les vaccins. Les titres d'anticorps après la vaccination étaient 10 à 100 fois plus élevés que les titres produits par l'infection naturelle. Des études comparatives ont révélé que la moyenne des titres moyens géométriques (TMG) des anticorps anti VPH chez les préadolescents et les adolescents de 9 à 14 ans était deux fois plus élevée que chez les femmes de 15 à 25 ans(16). Un mois après la deuxième dose de GardasilMC, les TMG chez les jeunes de 10 à 15 ans étaient supérieurs à ceux enregistrés un mois après la troisième dose chez les femmes de 16 à 23 ans(16). Le vaccin fut bien toléré chez les deux groupes d'âge.

Le taux de séroconversion contre tous les types de VPH inclus dans le vaccin dépassait 97,5 % un mois après l'administration de la deuxième dose(16). Des TMG robustes d'anticorps anti VPH ont été observés un mois après la deuxième dose

Aucune donnée sur l'efficacité n'est disponible pour le groupe des 9 à 13 ans, vu que la plupart d'entre eux ne sont pas sexuellement actifs, que des examens pelviens ne sont pas effectués dans ce groupe d'âge et que le CIN ne se développe pas chez les jeunes de cet âge. Toutefois, les résultats des études d'immunogénicité révèlent une bonne réponse immunitaire chez les jeunes filles, ce qui devrait indiquer que la protection conférée par la vaccination n'est pas plus faible dans ce groupe que dans les groupes plus âgés.

Une étude récente à double insu contrôlée par placebo a examiné l'importance de la mémoire immunologique en réponse à la série primaire d'un vaccin quadrivalent contre le VPH. Les titres sériques d'anticorps anti VPH ont diminué après la vaccination, mais ont atteint un plateau après le 24e mois et sont demeurés stables jusqu'au 60e mois. L'administration d'une dose de provocation du vaccin a induit une réponse anamnestique classique, les titres d'anticorps anti VPH après 1 semaine atteignant les titres observés 1 mois après la fin de la série primaire de 3 doses. Un mois après la provocation, les titres d'anticorps étaient supérieurs à ceux relevés 1 mois après la 3e dose. Les auteurs ont conclu que le vaccin contre le VPH provoque une réponse immunitaire très efficace et stable pendant au moins 5 ans(19).

Les principaux critères utilisés dans des essais cliniques pour établir l'efficacité des vaccins étaient les suivants:

  • réduction du nombre d'anomalies modérées et graves (CIN 2/3) et d'adénocarcinomes in situ;
  • réduction de l'incidence d'infections persistantes par les types de virus inclus dans le vaccin(20).

La présence d'un cancer du col utérin n'a pas été utilisée comme critère primaire pour mesurer l'efficacité des vaccins contre le VPH dans les essais cliniques à cause du temps qu'il faut à la maladie pour se développer et du fait qu'une bonne prise en charge clinique requiert le traitement immédiat des lésions précancéreuses(21).

En plus de prévenir les lésions causées par les VPH 16 et 18, CervarixMC a affiché un taux d'efficacité de 35 à 60 % contre les infections causées par les types 31 et 45, qui sont responsables de 8 à 10 % des cancers du col utérin(15, 22). Des données sur la protection croisée conférée par GardasilMC commencent à circuler. Ce dernier offre un taux de protection de 99 % contre les condylomes anogénitaux chez les femmes.

Rien ne montre que les femmes qui ont déjà été infectées par l'un des types contenus dans un vaccin seront protégées contre ce même type si elles se font vacciner. C'est la raison pour laquelle il est préférable de vacciner les jeunes filles avant qu'elles ne deviennent sexuellement actives. On ne dispose pour le moment d'aucune donnée sur l'efficacité des vaccins chez les hommes ni sur l'interchangeabilité des deux vaccins contre le VPH.

Les fabricants recommandent actuellement un calendrier à 3 doses, administrées aux mois 0, 2 et 6 dans le cas de GardasilMC ou aux mois 0, 1 et 6 dans le cas de CervarixMC. Un essai clinique a été entrepris en 2007 en vue de déterminer l'immunogénicité d'un calendrier comportant 2 doses de GardasilMC administrées à 6 mois d'intervalle chez les filles de 9 à 13 ans comparativement à 3 doses chez les jeunes femmes de 16 à 26 ans. L'étude, qui a porté sur 825 sujets de sexe féminin, est financée par les ministères de la Santé de la Colombie Britannique, du Québec et de la Nouvelle Écosse(23). Un essai clinique débutera également en 2007 et vise à déterminer l'immunogénicité d'un calendrier comportant 2 doses de CervarixMC.

Les vaccins contre le VPH sont sûrs et bien tolérés. Les essais cliniques n'ont relevé aucune augmentation du nombre d'événements indésirables graves chez les filles/femmes qui ont reçu le vaccin contre le VPH comparativement à celles qui ont reçu un placebo, et les types d'événements indésirables graves signalés étaient similaires dans le groupe vacciné et dans le groupe placebo. Rien n'indiquait que la vaccination causait des réactions allergiques ou d'autres maladies à médiation immunitaire(2). En date du 30 juin 2007, 13 cas de syndrome de Guillain Barré (SGB) après l'administration de GardasilMC ont été signalés aux États-Unis, sur un total de plus de 7 millions de doses distribuées. Après un examen des cas par des experts, seulement deux cas sur 13 répondaient à la définition de cas de SGB. Ces deux cas sont survenus dans les 6 semaines suivant l'administration exclusive du vaccin GardasilMC. Comme le taux de SGB est de 1 à 2/100 000 personnes années durant la deuxième décennie de vie, ce nombre de cas de SGB, soit 13, se situe dans les moyennes prévisibles(2)].

Des données additionnelles sur les vaccins contre le VPH sont présentées dans la Déclaration sur le vaccin contre le virus du papillome humain du Comité consultatif national de l'immunisation (CCNI)(2).

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