Fiche Technique Santé-Sécurité : Agents Pathogènes – Mycoplasma spp.

FICHE TECHNIQUE SANTÉ-SÉCURITÉ: AGENTS PATHOGÈNES

SECTION I - AGENT INFECTIEUX

NOM : Mycoplasma spp. (à l'exclusion de M. hominis, M. genitalium et M. pneumoniae).

SYNONYME OU RENVOI : Mycoplasme, Mycoplasma, PPLO, forme LNote de bas de page 1.

CARACTÉRISTIQUES : Les mycoplasmes sont des bactéries Gram négatif intracellulaires ubiquitaires pléomorphes qui appartiennent à la famille des Mycoplasmataceae et à la classe des Mollicutes Note de bas de page 2 Note de bas de page 3 . La plupart des mycoplasmes sont mobiles et se déplacent par glissement plutôt que par un mouvement ondulatoire des poils ou des flagellesNote de bas de page 4 Note de bas de page 5 . Les mycoplasmes sont les plus petits organismes capables d'autoreproduction (de 0,2 à 2 µm de diamètre); ils n'ont pas le gène codant la paroi cellulaire, ce qui conditionne leur vie parasitaire et saprophytiqueNote de bas de page 6 . Au lieu d'une paroi cellulaire, les mycoplasmes possèdent une triple membrane qui contient du stérol provenant de l'environnement. La plupart des mycoplasmes sont des bactéries anaérobies facultatives, bien que certains soient des bactéries anaérobies strictes. Les mycoplasmes utilisent le codon UGA pour coder le tryptophane au lieu d'un codon d'arrêtNote de bas de page 7 . Les mycoplasmes peuvent métaboliser le glucose et l'arginine, mais pas l'urée.

SECTION II - DÉTERMINATION DU RISQUE

PATHOGÉNICITÉ ET TOXICITÉ : Les mycoplasmes (à l'exception de M. pneumoniae) présents dans les voies respiratoires et l'appareil génito-urinaire sont généralement à l'état commensal, mais certains peuvent devenir pathogènesNote de bas de page 4. M. orale et M. salivarium, généralement à l'état commensal dans l'oropharynx, peuvent être présents dans les voies respiratoires inférieures des patients atteints de bronchite chronique, bien que l'on ne sache avec certitude s'ils ont une incidence sur la gravité de la bronchiteNote de bas de page 2. La présence de M. salivarium a été confirmée dans le biofilm d'une endoprothèse biliaire obstruée et cette bactérie est en cause dans les maladies parodontalesNote de bas de page 8,Note de bas de page 9. Ce pathogène peut aussi causer de l'arthrite chez les sujets atteints d'hypogammaglobulinémieNote de bas de page 4. M. fermentans est un cofacteur du VIH et peut causer une infection pulmonaire et cérébrale chez les patients atteints du sidaNote de bas de page 10. La présence de M. fermentans s'observe aussi chez les patients qui souffrent de troubles arthritiques inflammatoires et du syndrome de la guerre du Golfe. Cet agent pourrait également être en jeu dans le syndrome de fatigue chronique, mais cette hypothèse reste à démontrer, certaines études l'ayant infirmée. M. fermentans a été détecté chez des adultes souffrant d'un syndrome grippal aigu, qui progresse parfois rapidement vers un syndrome de détresse respiratoire, se soldant souvent par le décès, ce qui prouve que ce pathogène n'est pas toujours opportunisteNote de bas de page 2. La prévalence de l'infection à mycoplasme est probablement sous-estimée car, étant donné que les cultures cellulaires sont souvent contaminées par les mycoplasmes, on a tendance à les ignorerNote de bas de page 10.

ÉPIDÉMIOLOGIE : Ces pathogènes sont répandus dans le monde entierNote de bas de page 3. Les patients immunodéprimés, les patients souffrant d'agammaglobulinémie et les patients prenant des médicaments immunodépresseurs sont particulièrement à risque.

GAMME D'HÔTES : Seize espèces sont réputées coloniser les humainsNote de bas de page 3. M. orale et M. salivarium peuvent aussi coloniser des primates non humains. M. fermentans a été observé chez des ovins atteints d'infections génitales. D'autres animaux peuvent également être des hôtes, dépendamment des espèces.

DOSE INFECTIEUSE : Inconnue.

MODE DE TRANSMISSION : Ces bactéries sont transmises lors de contacts étroits et d'échanges entre les surfaces muqueusesNote de bas de page 3. M. fermentans peut être transmis par les tiques du cerf (Ixodes scapularis)Note de bas de page 11.

PÉRIODE D'INCUBATION : De quelques jours à plusieurs mois, selon la bactérieNote de bas de page 2.

TRANSMISSIBILITÉ : Étant donné que la plupart des mycoplasmes humains sont considérés comme faisant partie de la flore humaine normale, leur transmissibilité n'est pas connueNote de bas de page 2.

SECTION III - DISSÉMINATION

RÉSERVOIR : Les mycoplasmes peuvent être présents chez pratiquement tous les animauxNote de bas de page 3.

ZOONOSE : Pratiquement tous les animaux peuvent transmettre ces agents aux humains, ce phénomène est rareNote de bas de page 3. Un organisme inconnu du genre Mycoplasma provoque des éclosions de zoonoses en Chine depuis 1994Note de bas de page 12.

VECTEURS : On a rapporté que les tiques du cerf (Ixodes scapularis) pouvaient servir de vecteur de M. fermentansNote de bas de page 11.

SECTION IV - VIABILITÉ ET STABILITÉ

SENSIBILITÉ AUX MÉDICAMENTS : Les mycoplasmes sont sensibles à la tétracycline, aux macrolides et aux lincosamides, mais sont tous résistants à la pénicilline et à la rifampicineNote de bas de page 4.

SENSIBILITÉ AUX DÉSINFECTANTS : Les désinfectants phénoliques, l'hypochlorite de sodium à 1 %, l'éthanol à 70 %, le formaldéhyde, le glutaraldéhyde, l'iodophore et l'acide peracétique sont efficaces contre Mycoplasma spp.Note de bas de page 13.

INACTIVATION PHYSIQUE : Mycoplasma spp. est inactivé par le rayonnement UV, les micro-ondes, l'irradiation gamma, la chaleur humide (121 °C pendant au moins 20 minutes) et la chaleur sèche (165 à 170 °C pendant 2 heures)Note de bas de page 14,Note de bas de page 15,Note de bas de page 16,Note de bas de page 17.

SURVIE À L'EXTÉRIEUR DE L'HÔTE : S'il est protégé de l'évaporation, Mycoplasma spp. peut survivre une heure dans un échantillon liquideNote de bas de page 18.

SECTION V - PREMIERS SOINS ET ASPECTS MÉDICAUX

SURVEILLANCE : Surveiller la présence de symptômes. Le diagnostic peut être confirmé par culture microbienne et PCRNote de bas de page 18.

Remarque : Les méthodes de diagnostic ne sont pas nécessairement toutes disponibles dans tous les pays.

PREMIERS SOINS ET TRAITEMENT : Administrer la pharmacothérapie appropriéeNote de bas de page 4.

IMMUNISATION : Des vaccins sont offerts pour les animaux (p. ex., bovins, caprins, ovins, porcs et volaille), mais il n'en existe actuellement aucun pour l'humainNote de bas de page 19.

PROPHYLAXIE : Aucune.

SECTION VI - DANGERS POUR LE PERSONNEL DE LABORATOIRE

INFECTIONS CONTRACTÉES AU LABORATOIRE : Treize cas signalés jusqu'en 1971, l'un causé par M. caviae et douze par M. pulmonisNote de bas de page 20,Note de bas de page 21.

SOURCES ET ÉCHANTILLONS : On peut observer la présence de mycoplasmes dans le sang, le liquide synovial, l'urine, l'oropharynx, les voies respiratoires inférieures, le liquide de lavage broncho-alvéolaire, le liquide amniotique, le liquide céphalorachidien, les sécrétions de la prostate, le sperme, les échantillons prélevés par aspiration des plaies, les expectorations, le liquide pleural, les échantillons nasopharyngés prélevés par écouvillonnage, le col de l'utérus, le vagin, les plaies, l'urètre, le placenta, l'endomètre, les fragments osseux et les calculs urinaires, selon les espèces et les conditions cliniquesNote de bas de page 18.

DANGERS PRIMAIRES : Les personnes qui travaillent en laboratoire doivent faire attention à l'exposition des muqueuses à des gouttelettes infectieuses, aux aérosols infectieux et à l'inoculation parentérale ou à l'ingestion accidentelles de l'agentNote de bas de page 18. Les infections peuvent aussi être transmises par les animaux de laboratoireNote de bas de page 20,Note de bas de page 21.

DANGERS PARTICULIERS : Aucun.

SECTION VII - CONTRÔLE DE L'EXPOSITION ET PROTECTION PERSONNELLE

CLASSIFICATION PAR GROUPE DE RISQUE : Groupe de risque 2Note de bas de page 22. Le groupe de risque correspond au genre dans son ensemble et peut ne pas s'appliquer à toutes les espèces du genre.

EXIGENCES DE CONFINEMENT : Installations, équipement et pratiques opérationnelles de niveau de confinement 2 pour le travail avec des matières, cultures ou animaux infectieux ou potentiellement infectieux. Ces exigences de confinement s'appliquent au genre dans son ensemble et peuvent ne pas s'appliquer à chaque espèce du genre.

VÊTEMENTS DE PROTECTION : Sarrau. Gants, lorsqu'un contact direct de la peau avec des matières infectées ou des animaux est inévitable. Une protection pour les yeux doit être utilisée lorsqu'il y a un risque connu ou potentiel d'éclaboussureNote de bas de page 12.

AUTRES PRÉCAUTIONS : Toutes les procédures pouvant produire des aérosols ou mettant en cause des concentrations ou des quantités élevées doivent s'effectuer dans une enceinte de sécurité biologique (ESB)Note de bas de page 12. L'utilisation d'aiguilles, de seringues et d'autres objets tranchants doit être strictement restreinte. Des précautions supplémentaires doivent être envisagées pour les activités avec des animaux ou à grande échelleNote de bas de page 12.

SECTION VIII - MANUTENTION ET ENTREPOSAGE

DÉVERSEMENTS : Laisser les aérosols se poser et, tout en portant des vêtements de protection, couvrir délicatement le déversement avec des essuie-tout et appliquer un désinfectant approprié, en commençant par le périmètre et en se rapprochant du centre. Laisser agir suffisamment longtemps avant de nettoyer (30 minutes)Note de bas de page 12,Note de bas de page 13.

ÉLIMINATION : Décontaminer les déchets par stérilisation à la vapeur, incinération ou désinfection chimiqueNote de bas de page 12.

ENTREPOSAGE : Dans des contenants étanches et scellés, étiquetés de façon appropriée et placés en lieu sûrNote de bas de page 12.

SECTION IX - RENSEIGNEMENTS SUR LA RÉGLEMENTATION ET AUTRES

INFORMATION SUR LA RÉGLEMENTATION : L'importation, le transport et l'utilisation de pathogènes au Canada sont régis par de nombreux organismes de réglementation, dont l'Agence de la santé publique du Canada, Santé Canada, l'Agence canadienne d'inspection des aliments, Environnement Canada et Transports Canada. Il incombe aux utilisateurs de veiller à respecter tous les règlements et toutes les lois, directives et normes applicables.

DERNIÈRE MISE À JOUR : Septembre 2010

PRÉPARÉE PAR : Direction de la règlementation des agents pathogènes, agence de la santé publique du Canada.

Bien que les renseignements, opinions et recommandations présentés dans cette Fiche de renseignements proviennent de sources que nous jugeons fiables, nous ne nous rendons pas responsables de leur justesse, de leur caractère exhaustif ou de leur fiabilité, ni des pertes ou blessures pouvant résulter de l'utilisation de ces renseignements. Comme on découvre fréquemment de nouveaux dangers, il est possible que ces renseignements ne soient pas tout à fait à jour.

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