Fiche Technique Santé-Sécurité : Agents Pathogènes – Ascaris spp.

SECTION I – AGENT INFECTIEUX

NOM : Ascaris spp.

SYNONYME OU RENVOI : Ascaris lumbricoides, Ascaris suum, ascaridiase, ascaridiose, ascaridiose pulmonaireNote de bas de page 1.

CARACTÉRISTIQUES : A. lumbricoides et A. suum appartiennent à la famille des Ascarididae. A. lumbricoides est considéré comme le plus grand et le plus courant nématode intestinal parasite de l’humain. Les mâles adultes mesurent de 15 à 31 cm de long par 2 à 4 mm de large et les femelles adultes, de 20 à 40 cm de long par 3 à 6 mm de large. A. suum est quant à lui un parasite courant du porcNote de bas de page 2Note de bas de page 3. Les mâles et les femelles adultes sont généralement de couleur blanc‑jaune ou gris rosé. Les deux espèces diffèrent légèrement sur le plan de la morphologie, par exemple en ce qui concerne la présence de lèvres denticulées chez les deux sexes et de spicules chez les mâlesNote de bas de page 1. Les vers femelles peuvent pondre jusqu’à 200 000 œufs fécondés ou non fécondés par jour, les œufs fécondés étant habituellement plus courts et plus larges que les œufs non fécondés. Les œufs fécondés, ovales ou ronds, mesurent entre 45 et 75 µm de long par 35 à 50 µm de large et sont recouverts d’une coque chitineuse, elle‑même recouverte d’une couche rugueuse albumineuse d’aspect mamelonné. Les œufs non fécondés sont habituellement plus allongés; mesurant entre 85 et 95 µm de long par 43 à 47 µm de large, ils peuvent présenter des mammillations irrégulières. Les vers adultes colonisent habituellement le jéjunum, mais peuvent être observés ailleurs dans l’intestinNote de bas de page 3-5.

SECTION II – DÉTERMINATION DU RISQUE

PATOGÉNICITÉ ET TOXICITÉ : De manière générale, la gravité de l’atteinte est déterminée par la charge parasitaireNote de bas de page 1. La plupart des infections par A. lumbricoides sont légères et asymptomatiques; cependant, la présence de symptômes abdominaux non spécifiques est aussi possible. L’ascaridiose est associée à un risque d’obstruction intestinale proportionnel à la charge parasitaire, et ses manifestations cliniques englobent une vaste gamme de symptômes abdominaux et pulmonaires. Les grands vers adultes peuvent causer une distension et une douleur abdominale de même que des nausées, une dyspepsie, des modifications de l’appétit et une diarrhée. Ils peuvent occasionnellement migrer vers l’appendice, les conduits biliaires ou les conduits pancréatiques, causant alors une obstruction et une inflammation de l’organe concerné, ce qui peut entraîner l’apparition d’une colique biliaire, d’une cholécystite, d’une cholangite aiguë, d’une pancréatite aiguë, d’une appendicite ou d’un abcès du foie. Le passage des larves en migration dans les poumons peut quant à lui causer une pneumopathie éosinophile associée à de la fièvre, une dyspnée et un bronchospasme; cette ascaridiose pulmonaire peut apparaître jusqu’à 2 semaines après l’infection initiale, et elle dure environ 3 semainesNote de bas de page 4Note de bas de page 5. Quoique très rares, les décès attribuables à l’obstruction d’un organe ou à la gangrène sont possiblesNote de bas de page 6. L’infection par A. suum est quant à elle associée à des lésions hépatiques chez le porcNote de bas de page 7.

ÉPIDÉMIOLOGIE : Les nématodes du genre Ascaris sont présents partout dans le monde; ils sont fréquemment observés dans les régions tropicales et subtropicales, et ce, autant dans les pays développés que dans les pays sous‑développés. Leur présence est particulièrement associée au surpeuplement et aux mauvaises mesures d’hygiène, les enfants alimentant généralement le cycle. L’infection par A. lumbricoides est l’une des infections humaines les plus courantes et touche environ 1,2 milliard de personnes dans le mondeNote de bas de page 1Note de bas de page 5Note de bas de page 8.

GAMME D’HÔTES : Humain, chien (A. lumbricoides)Note de bas de page 9, porc (A. suum)Note de bas de page 10.

DOSE INFECTIEUSE : Inconnue.

MODE DE TRANSMISSION : L’infection se transmet principalement par voie fécale‑orale (des mains à la bouche), c’est‑à‑dire à la suite de l’ingestion d’œufs matures présents dans de la terre contaminée par des matières fécales humaines ou porcines, de la consommation d’eau, d’aliments ou de produits de l’agriculture contaminés ou d’un contact avec des véhicules, des doigts ou d’autres sources contaminésNote de bas de page 2Note de bas de page 5Note de bas de page 7Note de bas de page 11. Dans les climats secs et venteux, les œufs peuvent se retrouver en suspension dans l’air et être respirés ou avalésNote de bas de page 4. Les matières fécales fraîches ne contiennent pas d’œufs infectieux; il faut jusqu’à deux semaines de maturation avant que les œufs puissent infecter l’humainNote de bas de page 5.

PÉRIODE D’INCUBATION : La période d’incubation de l’infection (temps écoulé entre l’ingestion des œufs et l’apparition de vers adultes pondeurs) est d’environ 6 à 8 semainesNote de bas de page 3Note de bas de page 5Note de bas de page 12. A. lumbricoides peut vivre aussi longtemps que 2 ans; cependant, bien qu’il soit expulsé de l’intestin après sa mort, les sujets infectés acquièrent constamment de nouveaux vers, et se trouvent donc chroniquement infectés par un nombre relativement constant de parasitesNote de bas de page 11.

TRANSMISSIBILITÉ : Les nématodes du genre Ascaris ne peuvent pas être transmis directement entre hôtes. De plus, bien que les œufs soient excrétés dans les selles des sujets infectésNote de bas de page 4Note de bas de page 11Note de bas de page 13, ils ne sont pas immédiatement infectieux, une incubation dans le sol et dans des conditions précises étant nécessaire pour qu’ils acquièrent leur infectiosité.

SECTION III – DISSÉMINATION

RÉSERVOIR : Humain (A. lumbricoides et A. suum), porc (A. suum)Note de bas de page 10. Dans certaines régions, les chiens (A. lumbricoides) jouent un rôle important dans la contamination environnementaleNote de bas de page 9Note de bas de page 14. Les œufs peuvent survivre dans le solNote de bas de page 8.

ZOONOSE : A. suum peut se transmettre du porc à l’humain par l’ingestion d’aliments et d’eau contaminés par ses œufsNote de bas de page 2Note de bas de page 10Note de bas de page 15.

VECTEURS : Aucun.

SECTION IV – VIABILITÉ ET STABILITÉ

SENSIBILITÉ AUX MÉDICAMENTS : Les nématodes du genre Ascaris sont sensibles à l’albendazole (médicament de choix)Note de bas de page 1Note de bas de page 4Note de bas de page 16, au mébendazoleNote de bas de page 1Note de bas de page 4Note de bas de page 16, au pamoate de pyrantelNote de bas de page 1Note de bas de page 4Note de bas de page 16, au lévamisoleNote de bas de page 8, à l’ivermectineNote de bas de page 1Note de bas de page 8 Note de bas de page 12 et au nitazoxanideNote de bas de page 12Note de bas de page 17.

SENSIBILITÉ AUX DÉSINFECTANTS : Bien que la sensibilité des nématodes du genre Ascaris à des désinfectants spécifiques n’ait été mise en évidence, les œufs semblent résistants à un certain nombre d’acides forts, de bases fortes, d’oxydants et de détergents synthétiquesNote de bas de page 18. Les œufs réussissent à s’embryonner dans des solutions d’acide chlorhydrique, d’acide sulfurique, d’acide nitrique et d’acide acétique à 50 % de même que dans des solutions de formaldéhyde à 2 % et des solutions de dichromate de potassium, mais aucune croissance ou survie n’a été observée à la suite d’une exposition prolongée à une solution de formaldéhyde à 10 %Note de bas de page 19.

INACTIVATION PHYSIQUE : Ascaris spp. sont sensibles aux micro‑ondes (700 W, 2 450 MHz, 60s)Note de bas de page 18, mais les œufs résistent souvent au rayonnement UV et à l’ozonisationNote de bas de page 18. Ascaris suum est sensible à la chaleur humide (121°C pendant au moins 15 minutes) et à la chaleur sèche (160°C pendant 1 à 2 heures)Note de bas de page 20Note de bas de page 21.

SURVIE À L’EXTÉRIEUR DE L’HÔTE : Les œufs sont très résistants aux conditions environnementales et peuvent demeurer viables pendant 6 ans dans les climats tempérésNote de bas de page 4Note de bas de page 7Note de bas de page 8Note de bas de page 22. Les œufs d’Ascaris suum peuvent demeurer viables pendant un maximum de 40 jours lorsqu’ils sont exposés à des températures de ‑18°C à ‑27°CNote de bas de page 19.

SECTION V – PREMIERS SOINS ET ASPECTS MÉDICAUX

SURVEILLANCE : Surveiller l’apparition de symptômes. Le diagnostic est généralement fondé sur la mise en évidence d’œufs dans les selles. L’ascaridiose pulmonaire est quant à elle diagnostiquée sur la base de l’observation de larves et d’éosinophiles dans les expectorations. Les radiographies thoraciques montrent habituellement des infiltrats pulmonaires labiles, et l’examen des expectorations peut révéler des cristaux de Charcot‑LeydenNote de bas de page 23. Un A. lumbricoides adulte peut à l’occasion être excrété dans les selles ou migrer spontanément hors de l’anus, de la bouche ou des narines, particulièrement chez l’enfantNote de bas de page 4Note de bas de page 5. La présence de vers adultes est parfois détectée par la tomodensitométrie de l’abdomen ou par l’échographie des voies biliairesNote de bas de page 12Note de bas de page 22.

REMARQUE :  Les méthodes de diagnostic ne sont pas nécessairement toutes disponibles dans tous les pays.

PREMIERS SOINS ET TRAITEMENT : L’albendazole constitue le traitement de premier choixNote de bas de page 1Note de bas de page 4Note de bas de page 16, mais le mébendazole et le pamoate de pyrantel présentent aussi une très grande efficacitéNote de bas de page 1Note de bas de page 4Note de bas de page 16. L’ivermectine et le nitazoxanide sont aussi efficaces contre le parasiteNote de bas de page 12Note de bas de page 17.

IMMUNISATION : Aucune.

PROPHYLAXIE : Aucune.

SECTION VI – DANGERS POUR LE PERSONNEL DE LABORATOIRE

INFECTIONS CONTRACTÉES EN LABORATOIRE : Huit cas d’infection par Ascaris spp. ont jusqu’à présent été signalésNote de bas de page 24.

SOURCES ET ÉCHANTILLONS : Échantillons de sellesNote de bas de page 12, sol contaminéNote de bas de page 4Note de bas de page 5 ou échantillons fixésNote de bas de page 25.

DANGERS PRIMAIRES : L’ingestion d’œufs infectieux, l’inoculation parentérale accidentelle, le contact direct des œufs avec les muqueuses et la pénétration de la barrière cutanée par la larve constituent les principaux risques associés à cet agent infectieuxNote de bas de page 26.

DANGERS PARTICULIERS : Éviter l’exposition aux antigènes aérosolisés d’Ascaris spp., qui peuvent causer des réactions d’hypersensibilité associées à des symptômes respiratoires, dermatologiques et gastro‑intestinauxNote de bas de page 13Note de bas de page 26.

SECTION VII – CONTRÔLE DE L’EXPOSITION ET PROTECTION PERSONNELLE

CLASSIFICATION PAR GROUPE DE RISQUE : Groupe de risque 2. Le groupe de risque correspond au genre dans son ensemble et peut ne pas s’appliquer à toutes les espèces du genre.

EXIGENCES DE CONFINEMENT : Installations, équipement et pratiques opérationnelles de niveau de confinement 2 pour le travail avec des matières, cultures ou animaux infectieux ou potentiellement infectieuxNote de bas de page 28. Ces exigences de confinement s’appliquent au genre dans son ensemble et peuvent ne pas s’appliquer à toutes les espèces du genre.

VÊTEMENTS DE PROTECTION : Sarrau. Gants, lorsqu’un contact direct de la peau avec des matières infectées ou des animaux est inévitableNote de bas de page 28. Une protection pour les yeux doit être utilisée lorsqu’il y a un risque connu ou potentiel d’éclaboussure.

AUTRES PRÉCAUTIONS : Toutes les procédures pouvant produire des aérosols ou mettant en cause des concentrations ou des quantités élevées doivent s’effectuer dans une enceinte de sécurité biologique (ESB) Note de bas de page 28. Même si une période de maturation associée à des facteurs extrinsèques est nécessaire pour que les œufs d’Ascaris spp. deviennent infectieux, les échantillons fixés doivent être manipulés avec soin. De plus, comme les œufs d’Ascaris spp. adhèrent aux surfaces, les surfaces et l’équipement de laboratoire contaminés doivent être nettoyés soigneusementNote de bas de page 13.

SECTION VIII – MANUTENTION ET ENTREPOSAGE

DÉVERSEMENTS : Laisser les aérosols se déposer et, tout en portant des vêtements de protection, couvrir délicatement le déversement avec des essuie‑tout et appliquer un désinfectant approprié, en commençant par le périmètre et en se rapprochant du centre. Laisser agir suffisamment longtemps avant de nettoyer Note de bas de page 28.

ÉLIMINATION : Décontaminer toutes les matières à éliminer contenant l’agent infectieux ou ayant été en contact avec celui‑ci par stérilisation à la vapeur, désinfection chimique, rayonnement gamma ou incinérationNote de bas de page 28Note de bas de page 29.

ENTREPOSAGE : L’agent infectieux doit être entreposé dans des contenants étanches étiquetés de façon appropriée Note de bas de page 28.

SECTION IX – RENSEIGNEMENTS SUR LA RÉGLEMENTATION ET AUTRES

INFORMATION SUR LA RÉGLEMENTATION : L’importation, le transport et l’utilisation de pathogènes au Canada sont régis par de nombreux organismes de réglementation, dont l’Agence de la santé publique du Canada, Santé Canada, l’Agence canadienne d’inspection des aliments, Environnement Canada et Transports Canada. Il incombe aux utilisateurs de veiller à respecter tous les règlements et toutes les lois, directives et normes applicables.

DERNIÈRE MISE À JOUR : décembre 2011

PRÉPARÉE PAR : Direction de la règlementation des agents pathogènes, Agence de la santé publique du Canada.

Bien que les renseignements, opinions et recommandations présentés dans cette Fiche de renseignements proviennent de sources que nous jugeons fiables, nous ne nous rendons pas responsables de leur justesse, de leur caractère exhaustif ou de leur fiabilité, ni des pertes ou blessures pouvant résulter de l’utilisation de ces renseignements. Comme on découvre fréquemment de nouveaux dangers, il est possible que ces renseignements ne soient pas tout à fait à jour.

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