Fiche Technique Santé-Sécurité : Agents Pathogènes – Murray Valley encephalitis

FICHE TECHNIQUE SANTÉ-SÉCURITÉ: AGENTS PATHOGÈNES

SECTION I – AGENT INFECTIEUX

NOM: Encéphalite de Murray Valley

SYNONYME OU RENVOI: EMV, encéphalite d'Australie, encéphalite australienne, encéphalite transmise par les moustiques, encéphalite virale, arbovirus

CARACTÉRISTIQUES: Le virus appartient au genre Flavivirus. Il s'agit d'un virus enveloppé, sphérique, à ARN monocaténaire de sens positif(1,2,3). Il est constitué d'une nucléocapside icosaédrique et son diamètre varie entre 40 et 70 nm(3,4).

SECTION II – DÉTERMINATION DU RISQUE

PATHOGÉNICITÉ ET TOXICITÉ: La maladie dure habituellement 2 semaines et se caractérise par l'apparition soudaine de fièvre, de céphalées, de myalgies, de malaises, d'anorexie et de nausées qui perdurent de deux à cinq jours, avant que des complications neurologiques ne surviennent(1,5,6). Les complications au niveau du système nerveux central affectent le cerveau, le tronc cérébral et la moelle épinière, et se manifestent notamment par une photophobie, des engourdissements, une raideur de la nuque, une encéphalite, la paralysie (y compris des muscles respiratoires), un syndrome méningé, une quadriplégie spasmodique, un coma et des convulsions(1,3,5,6,7). La maladie peut mettre la vie en danger et est plus grave et courante chez les enfants et les populations aborigènes(4). Le taux de létalité atteint 20 %, et 50 % des sujets infectés conservent des séquelles neurologiques et psychologiques permanentes, par exemple des troubles du mouvement (syndromes cérébelleux et extrapyramidal) et des paralysies crâniennes(1,3,6).

ÉPIDÉMIOLOGIE: Le virus de l'EMV est présent en Australie et en Nouvelle-Guinée. La dernière éclosion d'importance s'est produite en Australie en 1974 (58 cas et 13 décès)(1). De 2001 à 2006, deux cas cliniques ont été rapportés chaque année en Australie; toutefois, la plupart des cas sont asymptomatiques, le taux de cas cliniques étant de 1 pour 500 à 1 000 infections(1). Les infections se produisent habituellement entre février et avril(6).

GAMME D'HÔTES: On a décelé la présence de l'agent infectieux chez des humains, des moustiques, des hérons, des pélicans, des bovins, des chevaux, certains marsupiaux, des singes, des moutons, des cochons sauvages, des souris et des hamsters(1,4,5,6,8).

DOSE INFECTIEUSE: Inconnue.

MODE DE TRANSMISSION: La maladie se transmet par la piqûre d'un moustique infectieux(2,6). La transmission par des aérosols peut être possible, puisque c'est un mode de transmission connu dans le cas des flavivirus.

PÉRIODE D'INCUBATION: La période d'incubation varie de 5 à 28 jours(1).

TRANSMISSIBILITÉ: Le virus ne se transmet pas directement d'une personne à l'autre et la plupart des arbovirus produisent des niveaux de virémie faibles, qui sont très difficiles à déceler(3,9,10). Chez le poulet, la virémie dure de 12 à 48 heures(9).

SECTION III - DISSÉMINATION

RÉSERVOIR: Les oiseaux aquatiques, par exemple les hérons et les pélicans (plus particulièrement le bihoreau canelle, ou Nycticorax caledonicus), sont les principaux réservoirs du virus; toutefois, les bovins, les chevaux et les cochons sauvages peuvent aussi servir de réservoirs(1,4,5,6,8).

ZOONOSE: Oui, par l'intermédiaire d'animaux infectés par des moustiques. Les animaux infectés peuvent être porteurs de la maladie et ne présenter aucun symptôme. Ils transmettent la maladie aux moustiques lors d'un repas de sang(6).

VECTEURS: Les moustiques appartenant aux genres Culex (plus particulièrement Culex annulirostris) et Aedes sont des vecteurs de la maladie(1,6).

SECTION IV - VIABILITÉ ET STABILITÉ

SENSIBILITÉ AUX MÉDICAMENTS Aucune connue.

SENSIBILITÉ AUX DÉSINFECTANTS: Sensible à l'hypochlorite de sodium à 1 %, au glutaraldéhyde à 2 %, au formaldéhyde à 4 %, au propanol ou à l'éthanol à 70 %, aux composés phénolés à 2 à 5 %, à l'acide peracétique à 2 %, à l'iode à 0,16 % et au peroxyde d'hydrogène à 3 à 6 %(11).

INACTIVATION PHYSIQUE: Inactivé par la chaleur : réduction de l'activité de 50 % après 10 minutes à 50 oC et inactivation complète après 30 min à 56 oC(5). L'agent infectieux peut aussi être inactivé par le rayonnement UV et l'irradiation gamma(5,12).

SURVIE À L'EXTÉRIEUR DE L'HÔTE: Inconnue.

SECTION V - PREMIERS SOINS ET ASPECTS MÉDICAUX

SURVEILLANCE: Surveiller la présence de symptômes. Confirmer la présence de l'agent infectieux par PCR, sérologie ou test ELISA(3,5,6).

Remarque: Les méthodes de diagnostic ne sont pas nécessairement toutes disponibles dans tous les pays.

PREMIERS SOINS ET TRAITEMENT: Aucun traitement spécifique n'est disponible; toutefois, un traitement de soutien intensif peut être requis pour traiter les symptômes(4,6).

IMMUNISATION: Aucune(4,6)

PROPHYLAXIE: Se protéger contre les piqûres de moustiques et utiliser un insectifuge(7).

SECTION VI - DANGERS POUR LE PERSONNEL DE LABORATOIRE

INFECTIONS CONTRACTÉES AU LABORATOIRE: Trois cas d'infections acquises en laboratoire ont été rapportés par le SALS(10).

SOURCES ET ÉCHANTILLONS: Le sang, l'urine, les exsudats et le LCR peuvent contenir l'agent infectieux(10).

DANGERS PRIMAIRES: L'exposition à des aérosols de solutions infectieuses, l'inoculation parentérale accidentelle et le contact avec une lésion cutanée sont les principaux dangers lorsqu'on manipule l'agent(2,10).

DANGERS PARTICULIERS: Aucun.

SECTION VII - CONTRÔLE DE L'EXPOSITION ET PROTECTION PERSONNELLE

CLASSIFICATION PAR GROUPE DE RISQUE: Groupe de risque 3(13).

EXIGENCES DE CONFINEMENT: Installations, équipement et pratiques opérationnelles de niveau de confinement 3 pour le travail avec des matières, cultures ou animaux infectieux ou potentiellement infectieux.

VÊTEMENTS DE PROTECTION: Avant d'entrer dans le laboratoire, le personnel doit enlever sa tenue de ville et ses bijoux pour ensuite mettre des vêtements et des chaussures réservés aux travaux en laboratoire, ou mettre un vêtement protecteur complet (c'est-à-dire qui couvre entièrement la tenue de ville). Une protection supplémentaire peut être portée par-dessus les vêtements de laboratoire lors de la manipulation directe de matériel infectieux, comme une blouse ne s'ouvrant pas à l'avant avec poignets serrés, des gants et une protection respiratoire. Une protection pour les yeux doit être utilisée lorsqu'il y a un risque connu ou potentiel d'éclaboussure(14).

AUTRES PRÉCAUTIONS: Toutes les activités avec du matériel infectieux doivent s'effectuer dans une enceinte de sécurité biologique (ESB) ou dans un autre dispositif de confinement primaire adéquat, avec un équipement de protection individuelle. La centrifugation des matières infectées doit s'effectuer dans des enceintes scellées placées dans des réservoirs hermétiques ou des rotors qui sont remplis et vidés dans une ESB.

L'utilisation d'aiguilles, de seringues et d'autres objets tranchants doit être strictement restreinte. Les plaies ouvertes, les coupures et les éraflures doivent être couvertes avec des pansements imperméables. Des précautions supplémentaires doivent être envisagées pour les activités avec des animaux ou à grande échelle(14).

SECTION VIII - MANUTENTION ET ENTREPOSAGE

DÉVERSEMENTS: Laisser les aérosols se poser et, tout en portant des vêtements de protection, couvrir délicatement le déversement avec des essuie-tout et appliquer un désinfectant approprié, en commençant par le périmètre et en se rapprochant du centre. Laisser agir suffisamment longtemps avant de nettoyer (30 minutes)(12,13).

ÉLIMINATION: Décontaminer les déchets par stérilisation à la vapeur, incinération ou désinfection chimique(12).

ENTREPOSAGE: Dans des contenants étanches et scellés, étiquetés de façon appropriée et placés en lieu sûr(12).

SECTION IX – RENSEIGNEMENTS SUR LA RÉGLEMENTATION ET AUTRES

INFORMATION SUR LA RÉGLEMENTATION: L'importation, le transport et l'utilisation de pathogènes au Canada sont régis par de nombreux organismes de réglementation, dont l'Agence de la santé publique du Canada, Santé Canada, l'Agence canadienne d'inspection des aliments, Environnement Canada et Transports Canada. Il incombe aux utilisateurs de veiller à respecter tous les règlements et toutes les lois, directives et normes applicables.

DERNIÈRE MISE À JOUR: Septembre 2010

PRÉPARÉE PAR: Direction de la règlementation des agents pathogènes, agence de la santé publique du Canada.

Bien que les renseignements, opinions et recommandations présentés dans cette Fiche de renseignements proviennent de sources que nous jugeons fiables, nous ne nous rendons pas responsables de leur justesse, de leur caractère exhaustif ou de leur fiabilité, ni des pertes ou blessures pouvant résulter de l'utilisation de ces renseignements. Comme on découvre fréquemment de nouveaux dangers, il est possible que ces renseignements ne soient pas tout à fait à jour.

Tous droits réservés
© Agence de la santé publique du Canada, 2010
Canada

RÉFÉRENCES

  1. Barboza, P., Tarantola, A., Lassel, L., Mollet, T., Quatresous, I., & Paquet, C. (2008). Emerging viral infections in South East Asia and the Pacific region. [Viroses emergentes en Asie du Sud-Est et dans le Pacifique] Medecine Et Maladies Infectieuses, 38 (10), 513-523. doi:10.1016/j.medmal.2008.06.011
     
  2. Fleming D & Hunt D (Ed.). (2006). Biological Safety Principles and Practices (4th ed.). Washington: ASM Press.
     
  3. Murray, P. R., Baron, E. J., Jorgensen, J. H., Landry, M. L., & Pfaller, M. A. (Eds.). (2007). Manual of Clinical Microbiology (9th ed.). Washington: ASM Press.
     
  4. Russell, R. C., & Dwyer, D. E. (2000). Arboviruses associated with human disease in Australia. Microbes and Infection / Institut Pasteur, 2 (14), 1693-1704.
     
  5. Knipe, D. M., & Howley, P. M. (Eds.). (2001). Fields Virology (4th ed.). Philidelphia: Lippincot Williams & Wilkins.
     
  6. Krauss, H., Weber, A., Appel, M., Enders, B., Isenberg, H. D., Schiefer, H. G., Slenczka, W., von Graevenitz, A., & Zahner, H. (Eds.). (2003). Zoonoses Infectious Diseases Transmissible from Animals to Humans (3rd ed.). Washington: ASM press.
     
  7. McCormack, J. G., & Allworth, A. M. (2002). Emerging viral infections in Australia. The Medical Journal of Australia, 177 (1), 45-49.
     
  8. Solomon, T., & Mallewa, M. (2001). Dengue and other emerging flaviviruses. The Journal of Infection, 42 (2), 104-115. doi:10.1053/jinf.2001.0802
     
  9. Kay, B. H., Young, P. L., Hall, R. A., & Fanning, I. D. (1985). Experimental Infection with Murray Valley Encephalitis Virus. Pigs, Cattle, Sheep, Dogs, Rabbits, Macropods and Chickens. Australian Journal of Experimental Biology and Medical Science, 63
     
  10. Fleming, D. O., Richardson, J. H., Tulis, J. J., & Vesley, D. (Eds.). (1995). Laboratory Safety Principles and Practices (2nd ed.). Washington: American Society for Microbiology.
     
  11. Collins, C. H., & Kennedy, D. A. (Eds.). (1983). Laboratory-acquired Infections (4th ed.). Oxford: Butterworth-Heinermann.
     
  12. Block, S. S. (Ed.). (2001). Disinfection, Sterilization, and Preservation (5th ed.). Philidelphia: Lippincott Williams & Wilkins.
     
  13. Human pathogens and toxins act. S.C. 2009, c. 24, Second Session, Fortieth Parliament, 57-58 Elizabeth II, 2009. (2009).
     
  14. Public Health Agency of Canada. (2004). In Best M., Graham M. L., Leitner R., Ouellette M. and Ugwu K. (Eds.), Laboratory Biosafety Guidelines (3rd ed.). Canada: Public Health Agency of Canada.
     

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