Fiche Technique Santé-Sécurité : Agents Pathogènes – Actinobacillus spp. et Aggregatibacter spp.

FICHE TECHNIQUE SANTÉ-SÉCURITÉ: AGENTS PATHOGÈNES

SECTION I – AGENT INFECTIEUX

NOM : Actinobacillus spp. et Aggregatibacter spp.

SYNONYME OU RENVOI: Actinobacillus spp : Actinobacillus lignieresii, Actinobacillus ureae (anciennement Pasteurella ureae), Actinobacillus hominis, actinobacillose à Actinobacillus suis(1-4); Aggregatibacter spp. (anciennement espèces du genre Actinobacillus et du genre Haemophilus), Aggregatibacter actinomycetemcomitans (anciennement Actinobacillus actinomycetcomitans), Aggregatibacter aphrophilus (anciennement Haemophilus aphophilus) et Aggregatibacter segnis (anciennement Haemophilus segnis)(4, 5).

CARACTÉRISTIQUES: Actinobacillus et Aggregatibacter spp. appartiennent tous deux à la famille des Pasteurellaceae(1). Petits bacilles cocciformes à Gram négatif, anaérobies facultatifs, non mobiles et non sporulés (taille moyenne : 0,1 à 1,0 µm)(1, 3). Ils ont une apparence que l’on décrit comme étant semblable au code Morse et présentent une coloration irrégulière(3). Les colonies sont translucides et ont un diamètre de 1 à 2 mm sur la gélose au sang(3). Leur croissance requiert un milieu enrichi et est favorisée par une atmosphère contenant de 5 % à 10 % de CO2(1). Aggregatibacter est semblable à Actinobacillus, exception faite de certaines souches qui ont besoin du facteur V (c.‑à‑d. le NAD ou le NADP) pour croître, mais aucune souche de l’un ou l’autre de ces genres n’a besoin du facteur X (hème).

SECTION II – DÉTERMINATION DU RISQUE

PATHOGÉNICITÉ ET TOXICITÉ: Aggregatibacter actinomycetemcomitans, Actinobacillus. ureae et A. hominis colonisent uniquement l’humain(1). Les autres espèces du genre Actinobacillus colonisent les animaux, qui peuvent alors devenir des sources d’infections opportunistes pour l’humain. A. actinomycetemcomitans fait partie de la flore de la cavité buccale chez l’humain et est l’une des principales causes d’endocardite, d’infection des tissus mous, d’abcès et de parodontite chez les adultes et les enfants(1, 3). On a noté la présence d’A. ureae et d’A. hominis principalement dans les expectorations et les sécrétions trachéales de patients atteints de maladies chroniques des voies respiratoires ou d’une pneumonie, mais on a également décelé leur présence chez des patients atteints d’une infection générale(1). On suppose qu’ils colonisent également les voies respiratoires des personnes en bonne santé. A. lignieresii cause l’actinobacillose, une maladie granulomateuse chez les bovins et les moutons. On a signalé quelques cas d’infection des tissus mous chez l’humain, qui étaient attribuables à un contact avec des bovins ou des moutons ou à une morsure infligée par l’un de ces animaux. A. equuli et A. suis causent diverses maladies chez les chevaux et les porcs, et l’infection chez l’humain est principalement attribuable à une morsure de cheval ou de porc. Les deux espèces ont également été isolées des voies respiratoires supérieures chez l’humain. A. pleuropneumoniae cause la pleuropneumonie à hémophilus du porc, une maladie respiratoire très contagieuse et souvent mortelle, qui a une importance économique majeure dans l’industrie porcine(2). La maladie, qui touche les porcs de tous âges, est caractérisée par une bronchopneumonie hémorragique nécrosante et une pleurésie sérofibrineuse.

ÉPIDÉMIOLOGIE: Répandus dans le monde entier. On trouve fréquemment Aggregatibacter actinomycetemcomitans chez les populations asiatiques. Plusieurs études ont montré une prédominance évidente du sérotype c chez les Japonais, les Chinois, les Vietnamiens et les Coréens(6). En revanche, le clone JP2 d’A. actinomycetemcomitans est plus virulent et est à l’origine de la prévalence nettement plus marquée de la parodontite agressive chez les adolescents de descendance méditerranéenne ou ouest-africaine(6).

GAMME D’HÔTES: Actinobacillus et Aggregatibacter infectent l’humain et les animaux, notamment les moutons, les porcs, les chevaux, les bovins, les lièvres et les cygnes(7)(1, 2, 6, 8).

DOSE INFECTIEUSE: Inconnue.

MODE DE TRANSMISSION: Aggregatibacter actinomycetecmcomitans peut être transmis à l’humain par des morsures d’animaux (moutons, porcs, chevaux et bovins)(1, 2, 6) ou de personne à personne par contact direct avec la salive(9, 10).

PÉRIODE D’INCUBATION: Inconnue.

TRANSMISSIBILITÉ: Transmission possible de personne à personne. Les études révèlent que les membres d’une même famille sont souvent porteurs de la même souche d’A. actinomycetemcomitans(10).

SECTION III – DISSÉMINATION

RÉSERVOIR: Humains et animaux (1, 2, 6).

ZOONOSE: Zoonose possible. Actinobacillus et Aggregatibacter peuvent être transmis à l’humain par des morsures d’animaux(1).

VECTEURS: Aucun.

SECTION IV- VIABILITÉ ET STABILITÉ

SENSIBILITÉ AUX MÉDICAMENTS: Les souches d’Actinobacillus et d’Aggregatibacter sont généralement sensibles à divers antibiotiques, notamment les céphalosporines, le céfotaxime, la céfazoline, la doxycycline et les aminoglucosides(1, 3). Aggregatibacte actinomycetemcomitans est résistant à la pénicilline et aux macrolides(1, 3). A. lignieresii est sensible au chloramphénicol, à la chlortétracycline, à l’oxytétracycline et à la streptomycine, mais il est résistant à la néomycine, à la novobiocine et à l’oléandomycine(3).

SENSIBILITÉ AUX DÉSINFECTANTS: Généralement sensible au glutaraldéhyde, à l’hypochlorite de sodium, au peroxyde d’hydrogène et au sulfathiazol(11, 12). On a montré qu’A. pleuropneumoniae était également sensible au mercurochrome, à des concentrations élevées d’iode et à une formulation de composé d’ammonium quaternaire contenant du chlorure de benzalkonium, du glutaraldéhyde, de l’éthanedial et du formaldéhyde(12).

INACTIVATION PHYSIQUE: Exposition sous pression à une température de 121 °C pendant 15 minutes. Certaines espèces peuvent être inactivées à des températures inférieures(3).

SURVIE À L’EXTÉRIEUR DE L’HÔTE: Moins de 24 heures lorsque séchés sur du papier(3).

SECTION V – PREMIERS SOINS ET ASPECTS MÉDICAUX

SURVEILLANCE: Confirmation du diagnostic par isolement bactérien sur milieu de culture enrichi, telle la gélose au sang, avec les suppléments appropriés et à l’aide d’une évaluation morphologique et d’épreuves biochimiques (c.‑à‑d. réaction en chaîne de la polymérase [PCR] pour les polysaccharides de surface et immunofluorescence)(1, 3).

Remarque : Les méthodes de diagnostic ne sont pas nécessairement toutes disponibles dans tous les pays.

PREMIERS SOINS ET TRAITEMENT: Administrer la pharmacothérapie appropriée(1, 3).

IMMUNISATION: Aucune.

PROPHYLAXIE: Aucune.

SECTION VI - DANGERS POUR LE PERSONNEL DE LABORATOIRE

INFECTIONS CONTRACTÉES AU LABORATOIRE: Aucun cas signalé.

SOURCES ET ÉCHANTILLONS: Échantillons à prélever chez l’humain et chez les animaux : sécrétions trachéales, liquide de lavage bronchique, échantillons de la cavité buccale (échantillons de la plaque sous-gingivale et de la plaque dentaire), pus et exsudat des lésions, sang, liquide céphalorachidien et échantillons des voies respiratoires(1, 3).

DANGERS PRIMAIRES: Inoculation parentérale accidentelle ou exposition des muqueuses.

DANGERS PARTICULIERS: Aucun.

SECTION VII - CONTRÔLE DE L’EXPOSITION ET PROTECTION PERSONNELLE

CLASSIFICATION PAR GROUPE DE RISQUE: Groupe de risque 2 (13). Ce groupe de risque s’applique au genre de façon globale et peut ne pas s’appliquer à chacune des espèces du genre.

EXIGENCES DE CONFINEMENT: Installations, équipement et pratiques opérationnelles de niveau de confinement 2 pour le travail avec des matières, cultures ou animaux infectieux ou potentiellement infectieux. Ces exigences de confinement s’appliquent aux espèces du genre Actinobacillus de façon globale et peuvent ne pas s’appliquer à chacune des espèces du genre.

VÊTEMENTS DE PROTECTION: Sarrau. Gants, lorsqu’un contact direct de la peau avec des matières infectées ou des animaux est inévitable. Une protection pour les yeux doit être utilisée lorsqu’il y a un risque connu ou potentiel d’éclaboussure(14).

AUTRES PRÉCAUTIONS: Toutes les procédures pouvant produire des aérosols ou mettant en cause des concentrations ou des quantités élevées doivent s’effectuer dans une enceinte de sécurité biologique (ESB) (14). L’utilisation d’aiguilles, de seringues et d’autres objets tranchants doit être strictement restreinte. Des précautions supplémentaires doivent être envisagées pour les activités avec des animaux ou à grande échelle (14).

SECTION VIII - RENSEIGNEMENTS SUR LA RÉGLEMENTATION ET AUTRES

DÉVERSEMENTS : Laisser les aérosols se poser et, tout en portant des vêtements de protection, couvrir délicatement le déversement avec des essuie‑tout et appliquer un désinfectant approprié, en commençant par le périmètre et en se rapprochant du centre. Laisser agir suffisamment longtemps avant de nettoyer (14, 15).

ÉLIMINATION: Décontaminer les déchets par stérilisation à la vapeur, incinération ou désinfection chimique(14).

ENTREPOSAGE: Dans des contenants étanches et scellés, étiquetés de façon appropriée et placés en lieu sûr(14).

SECTION IX – RENSEIGNEMENTS SUR LA RÉGLEMENTATION ET AUTRES

INFORMATION SUR LA RÉGLEMENTATION : L’importation, le transport et l’utilisation de pathogènes au Canada sont régis par de nombreux organismes de réglementation, dont l’Agence de la santé publique du Canada, Santé Canada, l’Agence canadienne d’inspection des aliments, Environnement Canada et Transports Canada. Il incombe aux utilisateurs de veiller à respecter tous les règlements et toutes les lois, directives et normes applicables.

DERNIÈRE MISE À JOUR: Août 2010

PRÉPARÉE PAR: Direction de la règlementation des agents pathogènes, agence de la santé publique du Canada.

Bien que les renseignements, opinions et recommandations présentés dans cette Fiche de renseignements proviennent de sources que nous jugeons fiables, nous ne nous rendons pas responsables de leur justesse, de leur caractère exhaustif ou de leur fiabilité, ni des pertes ou blessures pouvant résulter de l’utilisation de ces renseignements. Comme on découvre fréquemment de nouveaux dangers, il est possible que ces renseignements ne soient pas tout à fait à jour.

Tous droits réservés

© Agence de la santé publique du Canada, 2010

Canada

RÉFÉRENCES:

  1. Graevenitz, A. V., Zbinden, R., & Mutters, R. (2007). Actinobacillus, Capnocytophagam, Eikenella, Kingella, Pasteurella and Other Fastidious or Rarely Encountered Gram-Negative rods. In P. R. Murray, E. J. Baron, J. H. Jorgensen, M. H. Pfaller, R. H. Yolken & M. L. Landry (Eds.), Manual of Clinical Microbiology (9th ed., pp. 621-635). Washington, DC: ASM press.
     
  2. Ohba, T., Shibahara, T., Kobayashi, H., Takashima, A., Nagoshi, M., Osanai, R., & Kubo, M. (2008). Multifocal Granulomatous Hepatitis Caused by Actinobacillus pleuropneumoniae Serotype 2 in Slaughter Pigs. J. Comp. Path., 139, 61-66.
     
  3. Holmes, B. (1998). Actinobacillus, Pasteurella and Eikenella . In L. Collier, A. Balows, M. Sussman & B. I. Duerden (Eds.), Micriobiology and Microbioal infections: Systematic Bacteriology. (9th ed., pp. 1191-1215). NY, USA.: Aronold press.
     
  4. Olsen, I., & Moller, K. (2005). Actinobacillus. In G. M. Garrity (Ed.), Bergey’s Manual of Systematic Bacteriology (2nd ed., pp. 866-883). USA: Springer.
     
  5. Norskov-Lauritsen, N., & Kilian, M. (2006). Reclassification of Actinobacillus actinomycetemcomitans, Haemophilus aphrophilus, Haemophilus paraphrophilus and Haemophilus segnis as Aggregatibacter actinomycetemcomitans gen. nov., comb. nov., Aggregatibacter aphrophilus comb. nov. and Aggregatibacter segnis comb. nov., and emended description of Aggregatibacter aphrophilus to include V factor-dependent and V factor-independent isolates. International Journal of Systematic and Evolutionary Microbiology, 56(Pt 9), 2135-2146. doi:10.1099/ijs.0.64207-0
     
  6. Rylev M, K. M. (2008). Prevalence and distribution of principal periodontal pathogens worldwide. J Clin Periodontol., 35(Suppl. 8), 346-361.
     
  7. Al-Katib, W. A., & Dennis, S. M. (2009). Ovine genital actinobacillosis: a review. New Zealand Veterinary Journal, 57(6), 352-358.
     
  8. Onderka, D. K., & Kierstead, M. (1979). Actinobacillus septicemia in a black swan (Cygnus atratus). Journal of Wildlife Diseases, 15(3), 363-366.
     
  9. Groenink, J., Veerman, E. C. I., Zandvoort, M. S., Van der Mei, H. C., Busscher, H. J., & Amerongen, A. V. N. (1998). The interaction between saliva and Actinobacillus actinomycetemcomitans influenced by the Zeta potential. Antonie Van Leeuwenhoek, 73, 279-288.
     
  10. Asikainen, S., & Chen, C. (1999). Oral ecology and person-to-person transmission of Actinobacillus actinomycetemcomitans and Porphyromonas gingivalis.Periodontol 2000, Jun; 20, 65-81.
     
  11. Shakeri, S., Kermanshahi, R. K., Moghaddam, M. M., & Emtiazi, G. (2007). Assessment of biofilm cell removal and killing and biocide efficacy using the microtiter plate test. Biofouling, 23(1-2), 79-86. doi:10.1080/08927010701190011
     
  12. Gutierrez, C. B., Rodriguez Barbosa, J. I., Suarez, J., Gonzalez, O. R., Tascon, R. I., & Rodriguez Ferri, E. F. (1995). Efficacy of a variety of disinfectants against Actinobacillus pleuropneumoniae serotype 1. American Journal of Veterinary Research, 56(8), 1025-1029.
     
  13. Human Pathogens and Toxins Act. S.C. 2009, c. 24. Government of Canada, Second Session, Fortieth Parliament, 57-58 Elizabeth II, 2009, (2009).
     
  14. Public Health Agency of Canada. (2004). In Best M., Graham M. L., Leitner R., Ouellette M. and Ugwu K. (Eds.), Laboratory Biosafety Guidelines (3rd ed.). Canada: Public Health Agency of Canada.
     
  15. Burnett, L. A. C., Lunn, G., & Coico, R. (2009). Biosafety: Guidelines for working with pathogenic and infectious microorganisms. Current Protocols in Microbiology, (SUPPL. 13), 1A.1.1-1A.1.14.
     

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