Chapitre 1 : La santé des jeunes Canadiens: un accent sur la santé mentale – Introduction

Introduction

par William Pickett, Matthew King, et John Freeman

L'Enquête HBSC

L'Enquête sur les comportements liés à la santé chez les enfants d'âge scolaire (Enquête HBSC) est une enquête multinationale menée en collaboration avec le Bureau régional de l'Europe de l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Elle vise à acquérir de nouvelles connaissances sur la santé mentale et physique des jeunes ainsi que sur les déterminants qui entrent en jeu pour les populations étudiées. L'Enquête sur la santé a été menée dans les salles de classes auprès d'élèves pour la plupart au début de l'adolescence (de 11 à 15 ans). Elle est menée tous les quatre ans en suivant un protocole de recherche commun.

L'Enquête HBSC a été initialement élaborée en 1982 par des chercheurs de trois pays d'Europe. Le projet a par la suite pris de l'ampleur, pour s'étendre à 43 pays et régions. L'enquête est maintenant coordonnée par un réseau pluridisciplinaire de chercheurs d'Europe, d'Amérique du Nord et d'Israël. Dans chaque pays participant, ce réseau est composé d'un ou de plusieurs chercheurs principaux et d'une équipe de recherche affiliée. L'enquête la plus récente, la huitième de la série multinationale, a été menée en 2010. Il s'agissait du sixième cycle de l'Enquête HBSC au Canada. Au pays, un total de 26 078 jeunes provenant de 436 écoles ont participé à l'Enquête de 2010.

Le réseau international HBSC est une structure de collaboration forte et bien organisée. Les chercheurs de tous les pays contribuent à l'élaboration de l'étude et offrent leur expertise dans des domaines précis de la santé. La recherche qui favorise la mise en commun de la théorie et des compétences entre les disciplines est encouragée au sein du réseau. Un certain nombre d'équipes des pays associés à l'Enquête HBSC participent en outre à des initiatives comme l'initiative « School for Health in Europe ». À l'échelle internationale, les constats de l'Enquête HBSC sont maintenant fréquemment utilisés par des organismes comme l'Union européenne et la Commission européenne (2009), le Fonds des Nations Unies pour l'enfance (UNICEF, 2010) et l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE, 2009) pour démontrer, preuves à l'appui, la pertinence d'initiatives internationales de promotion de la santé.

La coordination de l'Enquête HBSC à l'échelle internationale est assurée par la Child and Adolescent Health Research Unit de l'université d'Édimbourg, en Écosse. L'unité est responsable de la coordination de toutes les activités internationales du réseau de recherche HBSC ainsi que de l'établissement des protocoles d'enquête et des rapports internationaux HBSC, de la planification et de l'organisation d'une réunion semestrielle des chercheurs du réseau; elle est aussi chargée de faciliter les communications du réseau et elle agit à titre de centre de ressources. Le Centre international de données installé à l'université de Bergen, en Norvège, assure la direction de la collecte des données internationales. Le Centre coordonne toutes les activités de gestion des données relatives aux fichiers de données internationaux, pour le cycle actuel et les cycles précédents de l'Enquête HBSC. La collaboration avec le principal partenaire de l'Enquête HBSC, le Bureau régional de l'Europe de l'OMS, crée des occasions de transfert des connaissances acquises dans le cadre de l'étude aux participants du réseau de l'OMS.

Objet et objectifs de l'Enquête HBSC

L'objet principal de l'Enquête HBSC est d'inspirer et d'influencer les programmes et les politiques de promotion de la santé et d'éducation à la santé à l'échelle nationale et internationale ainsi que d'acquérir de nouvelles connaissances concernant la santé et le bien-être des jeunes.

Les principaux objectifs du volet canadien de l'Enquête HBSC sont les suivants :

  1. Étudier à l'échelle nationale et internationale les comportements liés à la santé ainsi que la santé et le bien-être des jeunes d'âge scolaire ainsi que les contextes sociaux dans lesquels ils évoluent.
  2. Contribuer à l'enrichissement des connaissances théoriques, conceptuelles et méthodologiques dans les domaines de la recherche.
  3. Comparer les expériences relatives à la santé vécues par les jeunes au Canada à celles vécues par les jeunes des autres pays participant à l'Enquête HBSC.
  4. Diffuser les résultats de l'Enquête aux publics intéressés, notamment les chercheurs, les législateurs œuvrant dans les domaines de la santé et l'éducation, les promoteurs de la santé, les enseignants, les parents et les jeunes.
  5. Établir des partenariats avec d'autres organismes qui s'intéressent à la santé des adolescents, afin d'appuyer les efforts de promotion de la santé auprès des populations de jeunes d'âge scolaire.
  6. Orienter l'élaboration de politiques et de programmes.
  7. Contribuer à l'établissement d'un savoir-faire national en matière de comportements liés à la santé et de déterminants sociaux de la santé chez les jeunes d'âge scolaire.

Fondements théoriques de l'Enquête HBSC

Les chercheurs de l'Enquête HBSC estiment qu'il faut étudier la santé des jeunes comme un état complet, à savoir qu'il faut tenir compte du bien-être physique, social et affectif. Suivant les définitions habituelles et largement reconnues, la santé est considérée comme une ressource de la vie quotidienne et ne se limite donc pas à l'absence de maladie.

Les chercheurs de l'Enquête HBSC veulent prendre en considération aussi bien les aspects positifs de la santé que les facteurs de risque susceptibles de provoquer une dégradation de leur santé et de les exposer à la maladie dans le futur. Cette démarche théorique s'appuie sur des théories modernes comme les « démarches axées sur les atouts » en matière de recherche sur la santé des adolescents (Scales, 1999), en application desquelles les facteurs qui influent positivement et négativement sur la santé des populations de jeunes sont systématiquement examinés.

Par ailleurs, la recherche HBSC est presque toujours fondée sur une conception de la santé de la population axée sur les déterminants de la santé, définis de façon très générale (Santé Canada, 1996). Chez les jeunes, ces déterminants englobent les caractéristiques de la famille, de l'école, du groupe de camarades et du quartier ainsi que les caractéristiques socio-économiques et les facteurs qui influencent le comportement. Selon cette démarche théorique, l'interaction entre les comportements individuels et les facteurs environnementaux dans ces contextes influerait sur la santé.

HBSC Canada

Au Canada, l'équipe de recherche associée à l'Enquête HBSC est composée de six chercheurs indépendants, du chargé de projet pour le Canada, du personnel de projet et d'étudiants diplômés qui travaillent avec les chercheurs. Deux chercheurs principaux (J. Freeman et W. Pickett) coordonnent le travail de l'équipe au Canada, laquelle réunit des spécialistes dans les domaines de l'éducation, de la psychologie clinique, de la kinésiologie et de l'épidémiologie. D'autres membres de l'équipe qui font partie du personnel de l'Agence de la santé publique du Canada (le principal bailleur de fonds national de la recherche) ont contribué de leur savoir-faire en matière de politiques sur la santé des jeunes. HBSC Canada et ses membres contribuent activement à l'élaboration du protocole pour l'Enquête HBSC ainsi que des rapports nationaux et internationaux; chaque chercheur a ses propres programmes de recherche fondés sur les données HBSC.

HBSC Canada participe à des activités de sensibilisation du public et contribue à l'exécution de projets de recherche internationaux et nationaux ainsi qu'à l'échelle des provinces et des territoires. En 2009, un nouveau partenariat a été établi avec le Consortium conjoint pour les écoles en santé (CCES) en vue d'accroître la pertinence et l'incidence de la recherche HBSC au Canada. Un autre partenariat a été établi avec Santé Canada afin d'obtenir de l'aide pour augmenter la taille des échantillons pour l'Enquête dans six provinces (Colombie-Britannique, Alberta, Saskatchewan, Ontario, Québec, Terre-Neuve et Labrador) et de procéder à un recensement des jeunes remplissant les conditions pour participer à l'Enquête dans les trois territoires (Yukon, Territoires du Nord-Ouest et Nunavut).

Les chercheurs qui participent à l'Enquête HBSC au Canada reçoivent aussi des subventions de fonctionnement des Instituts de recherche en santé du Canada, de la Fondation des maladies du cœur et d'autres organismes qui contribuent au financement de leurs activités de recherche pluridisciplinaires.

Les rapports canadiens

À l'issue de chaque cycle de l'Enquête HBSC au Canada, l'équipe HBSC Canada a produit un important rapport faisant état des conclusions de l'Enquête à l'échelle nationale. Les thèmes principaux des plus récents de ces rapports étaient les suivants : 1) des cadres sains pour les jeunes du Canada (2005-2006) (Boyce et coll., 2008); 2) un profil général de la santé des jeunes Canadiens et les facteurs qui influent sur la santé (2001-2002) (Boyce, 2004); 3) la santé des jeunes : tendance au Canada (1997-1998) (King et coll., 1999). Le rapport du cycle actuel (2010) est axé sur la santé mentale des jeunes au Canada, s'inscrivant ainsi dans les priorités de l'Agence de la santé publique du Canada et du pays dans son ensemble.

Méthodes

Le questionnaire des élèves

Le questionnaire des élèves constitue la principale source d'information pour l'Enquête HBSC. Ce questionnaire a été rempli par les élèves pendant une même période de classe de 45 à 70 minutes, généralement suivant les instructions d'un enseignant. Les questions portaient sur une gamme variée de sujets relatifs à la santé et à ses déterminants chez les populations de jeunes. Pour répondre à la plupart des questions, il suffisait de cocher un choix de réponses, tandis que d'autres questions étaient plus ouvertes, exigeant des réponses plus élaborées.

À l'échelle internationale, le questionnaire des élèves a été élaboré en collaboration par les chercheurs HBSC. Le contenu du questionnaire et le protocole pour le faire remplir ont été approuvés à l'occasion des réunions semestrielles du réseau de recherche. Le questionnaire pour le Canada comprend trois catégories de questions : 1) les « questions obligatoires », qui doivent être posées dans tous les pays; 2) les « blocs de questions facultatives », qui portent sur des aspects particuliers de la santé des adolescents, chacun n'étant utilisé que par certains des pays participants; 3) des questions supplémentaires élaborées spécialement pour être posées au Canada. Les questions des blocs facultatifs et les questions pour le Canada seulement utilisées dans le questionnaire de 2010 ont été choisies dans le cadre d'un processus de concertation, en tenant compte des champs d'intérêt de l'équipe de recherche HBSC au Canada, de l'avis du personnel de l'Agence de la santé publique du Canada et de Santé Canada concerné au premier chef ainsi que des priorités indiquées par le Consortium conjoint pour les écoles en santé. Par principe, nous nous sommes aussi efforcés de conserver un ensemble de questions de base dans chaque cycle de l'Enquête, afin de faciliter le suivi des tendances au fil du temps. Il y avait deux versions du questionnaire utilisé au Canada : une pour les élèves de 6e, 7e et 8e année et une pour ceux de 9e et de 10e année. Les deux versions étaient disponibles en anglais, en français et en inuktitut. L'étude avait reçu l'aval des comités d'éthique de la recherche de l'université Queen's ainsi que de l'Agence de la santé publique du Canada/Santé Canada.

Des consentements à trois échelons étaient requis pour qu'un élève puisse participer à l'Enquête HBSC. Premièrement, il fallait obtenir des administrations responsables des écoles retenues dans l'échantillon la permission d'inviter ces écoles et leurs élèves à participer à l'Enquête. Dans un deuxième temps, il fallait solliciter la participation des directeurs des écoles concernées. Enfin, il fallait obtenir le consentement actif (les élèves devaient rapporter à l'école le formulaire de consentement signé par un de leurs parents pour participer) ou passif (les élèves qui n'avaient pas rapporté un formulaire de consentement dans lequel les parents indiquaient qu'ils ne permettaient pas à leur enfant de participer à l'Enquête pouvaient quand même y prendre part). Suivant les ententes sur l'éthique à l'université Queen's et avec Santé Canada, il incombait aux administrations scolaires et aux écoles participantes de choisir le type de consentement compatible avec les normes locales.

Dans la plupart des classes, les élèves ont été invités à répondre aux questionnaires en début de période de classe. Ils devaient le faire seul, à leur propre rythme. Les enseignants pouvaient lire les questions une à une et laisser les élèves y répondre au même rythme. Cette méthode ne devait être utilisée que dans les classes où le faible niveau d'alphabétisation des élèves le justifiait. Les élèves devaient placer leur questionnaire rempli, non signé, dans une enveloppe qu'ils devaient coller par la suite, leur anonymat étant ainsi garanti.

Cette façon de procéder pour faire remplir le questionnaire a été appliquée partout, sauf au Yukon, où le Bureau des statistiques du Yukon s'est chargé du travail. Deux chercheurs expérimentés du Bureau sont allés faire remplir le questionnaire dans les écoles de chaque collectivité concernée en appliquant une méthode normalisée. En 6e et 7e année, les questions ont été lues à haute voix pour que tous les élèves, quel que soit leur niveau de compréhension, puissent y répondre. Dans les classes des niveaux plus élevés, les élèves ont rempli le questionnaire à leur propre rythme, sous la surveillance des chercheurs. Ces méthodes étaient complémentaires à celles utilisées dans les provinces et les autres territoires, afin de s'assurer que la méthodologie générale de l'Enquête n'était pas compromise.

L'échantillon d'élèves

Le réseau HBSC international avait besoin d'échantillons de jeunes de 11, 13 et 15 ans; ces échantillons devaient avoir la taille requise pour les trois périodes de développement visées. Au Canada, l'équipe de recherche HBSC a prélevé un échantillon d'élèves de la 6e à la 10e année. On a fait passer l'échantillon à 26 000 élèves en 2010. Il variait entre 7 000 et 10 000 élèves en moyenne pour les cycles précédents de l'Enquête. Cette augmentation était nécessaire pour obtenir des échantillons représentatifs dans 9 des 13 provinces et territoires du Canada.

Échantillons provinciaux. Dans chaque province, on a utilisé un procédé d'échantillonnage en grappes en deux étapes pour choisir des classes complètes d'élèves pour participer à l'Enquête. On avait initialement établi une liste d'écoles dans les administrations scolaires admissibles et disposées à participer au projet, liste qu'on a utilisée pour sélectionner les écoles de l'échantillon. Le nombre de classes de chaque école intégrée dans l'échantillon a été établi en fonction des années d'études enseignées à l'école, du nombre d'enseignants, du nombre total d'élèves inscrits et du nombre d'élèves inscrits par année d'études, en tenant compte des différences connues dans la structure des classes entre les provinces. Les classes avaient à peu près la même chance d'être choisies. Dans les listes d'échantillons, elles avaient été classées selon l'administration scolaire, la langue d'enseignement, la désignation publique/catholique romaine ainsi que la taille de la collectivité et son emplacement dans une province. Les classes avaient été ainsi réparties proportionnellement en fonction de ces caractéristiques. Dans la plupart des provinces, une ou deux classes par année d'études avaient été ciblées dans chaque école choisie pour participer à l'Enquête. Des indications avaient été fournies aux administrateurs scolaires pour qu'ils choisissent au hasard les classes qui allaient participer à l'Enquête dans leurs écoles. Il n'y a pas d'élèves de l'Île-du-Prince-Édouard et du Nouveau-Brunswick dans l'échantillon de 2010. Il est dommage que ces deux provinces soient exclues de l'Enquête, mais leur absence n'a qu'une faible incidence sur les estimations nationales. De plus, afin d'assurer l'uniformité avec les cycles précédents de l'Enquête, les écoles privées et les écoles spéciales, notamment les écoles situées dans les réserves, ont été écartées.

Échantillons dans les territoires. Pour chacun des trois territoires, l'échantillon était constitué de tous les élèves de la 6e à la 10e année. Tous les élèves admissibles ont été invités à participer. Ce cadre d'échantillonnage avait pour but de recenser la totalité de la population étudiante des années d'études visées, à l'exclusion de celles des écoles privées et spéciales.

Taux de réponse. Environ 77 % du nombre estimatif d'élèves de l'échantillon ont participé à l'Enquête. Moins de 10 % des élèves ont refusé d'y participer ou ont détérioré intentionnellement leur questionnaire. Les principales raisons pour lesquelles le reste des élèves n'ont pas participé à l'Enquête sont les suivantes : l'élève n'a pas rapporté le formulaire de consentement; l'élève n'a pas été autorisé par ses parents à y participer; l'élève était absent le jour où on administrait le questionnaire.

L'Enquête HBSC de 2010 a été menée dans 436 écoles du Canada. La ventilation de l'échantillon national de 26 078 élèves est présentée dans le tableau 1.1. Comme certaines classes sélectionnées peuvent être des classes intermédiaires, certains élèves de 5e et de 10e année ont participé à l'Enquête. Le nombre d'écoles et d'élèves qui ont participé à l'Enquête est indiqué dans le tableau 1.2, selon les provinces et les territoires.

Tableau 1.1 : Ventilation de l'échantillon national, selon l'année d'études et le sexe
  5e année 6e année 7e année 8e année 9e année 10e année 11e année
Garçons 23
(41,8 %)
2 552
(50,0 %)
2 571
(49,5 %)
2 595
(49,4 %)
2 584
(47,9 %)
2 448
(50,3 %)
105
(59,7 %)
Filles 32
(58,2 %)
2 551
(50,0 %)
2 624
(50,5 %)
2 662
(50,6 %)
2 809
(52,1 %)
2 420
(49,7 %)
71
(40,3 %)
Total 55 5 103 5 195 5 257 5 393 4 868 176
Tableau 1.2 : Composition de l'échantillon national (écoles et élèves), selon la province et le territoire
  Écoles Élèves
Colombie-Britannique 55 (12,6 %) 3 269 (12,5 %)
Alberta 58 (13,3 %) 3 573 (13,7 %)
Saskatchewan 64 (14,7 %) 3 307 (12,7 %)
Manitoba 13 (3,0 %) 735 (2,8 %)
Ontario 69 (15,8 %) 3 692 (14,2 %)
Québec 57 (13,1 %) 3 476 (13,3 %)
Nouvelle-Écosse 11 (2,5 %) 611 (2,3 %)
Terre-Neuve-et-Labrador 29 (7,7 %) 3 473 (13,3 %)
Yukon 28 (6,4 %) 1 422 (5,5 %)
Territoires du Nord-Ouest 31 (7,1 %) 1 688 (6,5 %)
Nunavut 21 (4,8 %) 832 (3,2 %)
TOTAL 436 (100 %) 26 078 (100 %)

Le questionnaire des administrateurs scolaires

Une deuxième source de données pour l'Enquête HBSC 2010, le questionnaire des administrateurs scolaires, est un questionnaire de huit pages qui devait être rempli par les directeurs de chacune des 436 écoles prenant part à l'Enquête ou leurs remplaçants désignés. Le questionnaire contient un volet qui vise à obtenir des renseignements généraux sur l'école et sa population étudiante ainsi que des volets individuels portant sur des sujets particuliers correspondant à des priorités désignées expressément par HBSC Canada, l'Agence de la santé publique du Canada, Santé Canada et le Consortium conjoint pour les écoles en santé. Ce dernier volet comprenait des questions sur l'activité physique, les équipements scolaires, les bonnes habitudes alimentaires, le climat (social) à l'école et les facteurs liés au quartier. Le questionnaire a été rempli par 407 des 436 (93 %) représentants des écoles participantes.

Autres sources de données

HBSC Canada a eu accès à des données provenant de deux autres sources pour le cycle 2010 de l'Enquête. Les membres de l'équipe de recherche canadienne ont obtenu des Instituts de recherche en santé du Canada des subventions de fonctionnement pour élaborer des descriptions détaillées des quartiers aux alentours des écoles canadiennes participantes. L'emplacement de chaque école a été porté sur une carte en utilisant l'adresse et le code postal et on y a associé les caractéristiques du voisinage (correspondant à un rayon d'un à cinq kilomètres autour de l'école), obtenues au moyen des renseignements provenant de systèmes d'information géographique, des données du Recensement de la population du Canada (Statistique Canada, 2006) et de bases de données commerciales accessibles. On trouvera plus de renseignements au sujet de cette information au chapitre 6 (Quartiers).

Information fournie par les jeunes

Enfin, une partie de l'information utilisée dans le présent rapport provient des jeunes eux-mêmes. En mars 2011, avec le soutien de l'Agence de la santé publique du Canada, on a recouru aux services de la Commission des étudiants, qui dirige le Centre d'excellence pour l'engagement des jeunes , pour tenir un atelier de deux jours misant sur la participation des jeunes. Une vingtaine de jeunes du groupe d'âge visé par l'Enquête HBSC de partout au Canada, des adultes de l'administration fédérale et du Consortium conjoint pour les écoles en santé ainsi que des chercheurs de HBSC Canada avaient été invités à prendre part à cet atelier. Les jeunes choisis constituaient un échantillon représentatif de garçons et de filles du groupe d'âge approprié. Ils « représentaient » une diversité de provinces, de tailles de collectivités, d'origines ethniques et de langues.

L'atelier avait pour objet de recueillir les réflexions et les idées des jeunes sur les principaux constats du rapport national, notamment en ce qui concerne la santé mentale. Elle a fourni aux chercheurs HBSC l'occasion d'examiner les interprétations des jeunes au moment de rédiger les conclusions de chaque chapitre. Les jeunes ont aussi été invités à faire part de leurs opinions concernant l'influence des différents contextes sociaux (famille, école, groupe de camarades et quartier) sur les résultats sur le plan de la santé mentale ainsi que l'importance relative des autres principales questions liées à la santé présentées dans le présent rapport. Les résultats de ces consultations ont été intégrés dans les différentes parties du rapport.

Méthode d'analyse

Analyses descriptives

La très grande majorité des estimations fondées sur l'Enquête présentées dans le présent rapport sont des pourcentages exprimés sous forme de diagrammes à barres, ventilés selon l'âge et le sexe. En règle générale, les données présentées correspondent à une catégorie de réponses (ou une combinaison de catégories de réponses). En principe, il faudrait préciser les intervalles de confiance pour chaque estimation, indiquant la plage des valeurs probables qu'on devrait obtenir pour la population étudiée. Cela n'est toutefois pas commode pour un rapport aussi volumineux. De plus, en raison de la grande taille de l'échantillon utilisé, les intervalles de confiance pour presque toutes les estimations générales (réparties selon le sexe) se situeraient dans une marge de plus ou moins 3 points de pourcentage; ces mêmes estimations se situeraient dans une marge de plus ou moins 4 points de pourcentage pour les strates définies selon l'année d'études et le sexe. Ces estimations tiennent compte du plan d'échantillonnage par grappes utilisé. L'analyse descriptive vise essentiellement à faire apparaître des schémas généraux. En raison de la grande taille de l'échantillon (26 000 élèves) quand on utilise l'ensemble des données, la signification statistique de chaque association n'est pas présentée. Lorsqu'on travaille avec un échantillon d'une aussi grande taille, on peut supposer que la grande majorité des coefficients, même les plus petits, sont significatifs, et la présentation des valeurs de probabilité ne mènerait pas vraiment à une analyse plus approfondie. Le même raisonnement s'applique à la description des tendances dans les pourcentages observés au fil du temps, qui sont présentés pour quelques éléments dans chaque chapitre.

Pondération de l'Enquête

Les résultats fondés sur les données relatives aux élèves présentés dans le présent rapport sont pondérés. L'ensemble de données de chaque province et territoire est pondéré dans le fichier national, de telle manière que la pondération des réponses des élèves d'une province ou d'un territoire donné dans les résultats nationaux soit proportionnée à la population réelle d'élèves au sein de la population d'élèves des années d'études visées à l'échelle nationale. Les facteurs de pondération sont calculés séparément pour chaque année (de la 6e à la 10e année). Plus précisément, un facteur de pondération de moins de 1 est attribué aux provinces et territoires surreprésentés dans le fichier de données des élèves, tandis qu'un facteur supérieur à 1 est attribué aux provinces et territoires qui y sont sous-représentés.

Mesures composites

Plusieurs mesures composites ont été établies aux fins d'examen des relations dans le présent rapport. Lorsque ces mesures sont utilisées plus loin dans le présent rapport, les éléments qui les composent sont clairement indiqués.

Un certain nombre de nouveaux éléments ont été intégrés au questionnaire HBSC utilisé pour le cycle 2010 de collecte des données dans le but précis d'obtenir des paramètres de mesure utiles et valables de la santé mentale. Aux fins du présent rapport, quatre indicateurs normalisés de la santé ont été établis, fondés sur la base théorique ainsi que sur des analyses factorielles et de fiabilité : deux indicateurs négatifs (problèmes affectifs et problèmes de comportement) et deux indicateurs positifs (équilibre affectif et comportements prosociaux).

Trois mesures composites sont présentées dans le chapitre sur l'école : le climat scolaire, le soutien des enseignants et le soutien des élèves. Un paramètre de mesure de la relation avec les parents est aussi présenté dans le chapitre sur la famille. Pour obtenir ces mesures composites, on a établi des mesures semi continues en regroupant les réponses à plusieurs questions ou en utilisant la moyenne pour plusieurs questions. Les résultats ont été groupés en trois catégories (faible, moyen et élevé, par exemple), afin d'en faciliter la présentation. Il faut bien comprendre que ces trois catégories sont des mesures relatives et non absolues. Par exemple, les élèves de la catégorie « faible » pour la mesure de la relation avec les parents sont considérés comme ayant de moins bonnes relations avec leurs parents que ceux des catégories « moyen » ou « élevé », mais ils ne sont pas nécessairement considérés comme ayant de mauvaises relations avec leurs parents dans un sens absolu.

Relations avec les indicateurs de la santé mentale

Le thème principal du présent rapport est la santé mentale des jeunes au Canada. Dans chaque chapitre, les auteurs non seulement présentent et analysent les données récentes concernant ce thème, mais ils examinent aussi les relations entre les différents facteurs contextuels, les comportements liés à la santé ainsi que les résultats sur le plan de la santé et les quatre indicateurs de la santé mentale.

La méthode utilisée pour ces analyses exige l'élaboration de modèles au moyen d'une forme particulière de régression appelée régression logistique. Chaque modèle sert à analyser la relation possible entre certaines variables, les variables prédictives indépendantes, et certains indicateurs de la santé mentale, les variables dépendantes; l'information est répartie selon le sexe et fait l'objet d'un contrôle statistique pour l'année d'études et un seul paramètre de mesure du statut socio-économique (la richesse matérielle subjective, c'est-à-dire l'appréciation par les jeunes de la situation financière de leur famille). Les coefficients de chaque modèle servent à établir les estimations de la prévalence pour les indicateurs de la santé mentale en relation avec chaque variable explicative pertinente, les autres facteurs faisant l'objet d'un contrôle statistique. Par souci de simplicité, la probabilité de se trouver dans le « tiers supérieur » est modélisée et présentée graphiquement. Comme pour les analyses descriptives, les tests de signification statistique ne sont pas présentés, mais en raison de la robustesse de l'échantillon, la quasi totalité des associations signalées sont significatives selon les normes statistiques conventionnelles.

Un exemple des résultats obtenus au moyen d'un modèle de régression de ce type est présenté à la figure 1.1. On y présente la relation entre le poids corporel et l'équilibre affectif, séparément pour les garçons et pour les filles, en tenant compte mathématiquement des différences entre les groupes sur le plan de l'année d'études et du statut socio-économique. Pour les garçons, ce modèle indique que la probabilité de faire partie du groupe de la catégorie supérieure (le « premier tiers ») des jeunes classés selon leur équilibre affectif est de 43 % pour les garçons qui ont un poids corporel normal, de 39 % pour ceux qui font de l'embonpoint et de 34 % pour ceux qui sont obèses. Il y a donc une relation claire entre le fait de considérer avoir un poids corporel trop élevé et un niveau moins élevé d'équilibre affectif. La même relation s'observe chez les filles, mais dans leur cas, toutes catégories de poids confondues, les pourcentages globaux de répondantes qui, selon leurs réponses, affichent un excellent équilibre affectif sont beaucoup moindres que pour les garçons. Chacune de ces relations est statistiquement significative, même si les fourchettes statistiques et les intervalles de confiance précis ne sont pas présentés par souci de simplifier.

1.1 Exemple de résultats d'une analyse de régression multivariable : relation entre l'équilibre affectif et le poids corporel, chez les garçons et les filles (%)

Figure 1.1 - Exemple de résultats d'une analyse de régression multivariable : relation entre l'équilibre affectif et le poids corporel, chez les garçons et les filles (%)
[Texte équivalent, Figure 1.1]

1.1 Exemple de résultats d'une analyse de régression multivariable : relation entre l'équilibre affectif et le poids corporel, chez les garçons et les filles (%)

La Figure 1.1 indique les résultats d'une analyse de régression multivariable : le rapport entre le bien-être émotionnel et le poids corporel pour les garçons et les filles est exprimé en pourcentage. Le graphique indique que 43 % des garçons qui ont un poids normal affichent un niveau élevé de bien-être émotionnel par rapport à 39 % des garçons qui ont un excès de poids et à 34 % des garçons qui sont obèses. À propos de la même question, 33 % des filles qui ont un poids normal affichent un niveau élevé de bien-être émotionnel par rapport à 24 % des filles qui ont un excès de poids et à 18 % des filles qui sont obèses.

Une difficulté manifeste qui se pose lorsqu'on cherche à interpréter ces relations est le lien de causalité. Il s'avère souvent difficile de déterminer si c'est le comportement lié à la santé qui aboutit au résultat sur le plan de la santé ou si c'est ce résultat qui aboutit au comportement. Il existe plus probablement un lien de causalité réciproque entre ces comportements et la santé mentale. L'existence d'un tel lien tend à indiquer que la question doit être examinée au moyen d'une démarche multidimensionnelle, afin de ne laisser de côté ni les comportements liés à la santé ni les résultats sur le plan de la santé mentale, étant sous l'impression, probablement fausse, que l'amélioration de l'un de ces facteurs aura des effets positifs directs sur l'autre.

Organisation du rapport

Le présent rapport s'articule comme suit. On y présente au chapitre 2 un profil national des indicateurs de la santé mentale pour les jeunes ainsi que des résultats sélectifs concernant les principaux thèmes abordés. On trouve dans les chapitres 3 à 6 une description générale des contextes qui influent sur la santé des jeunes, soit la famille, l'école, les camarades et le quartier. Les chapitres qui suivent traitent des questions prioritaires au sein du système de santé publique au Canada, notamment des blessures (chapitre 7), des modes de vie sains (chapitre 8), du poids santé (chapitre 9), des comportements à risque (chapitre 10) et de l'intimidation (chapitre 11). On présente dans chacun des chapitres 3 à 11 un examen statistique des paramètres de mesure de la santé, un bref résumé de la relation entre certains indicateurs et les quatre résultats pour la santé mentale, certains points de vue des jeunes ainsi qu'une section « résumé et implications ». Le dernier chapitre contient un résumé qui se dégage des analyses nationales.

Bibliographie

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