ARCHIVÉ : Chapitre 2 : Les jeunes au Canada : leur santé et leur bien-être – Les inégalités socio-économiques

 

Les jeunes

Les inégalités sociales sont associées à divers indicateurs, dont la perception de sa santé, la mortalité, la morbidité et la maladie psychosomatique (Machenbach, Kunst et Cavelaars, 1997; Kennedy, Kawachi et Prothrow-Stith, 1998). Certaines inégalités comme celles liées au sexe, à la race et aux incapacités déterminent les conditions de vie de base et les chances d'épanouissement des personnes.

Les inégalités socio-économiques s'accentuent partout dans le monde (Atkinson, Rainwater et Smeeding, 1995), s'étendant à des facteurs tels que le revenu, la richesse, l'éducation et le prestige (Currie, Samdal, Boyce et Smith, 2001). Bien que ces facteurs socio-économiques aient été associés au bien-être des enfants et des adultes, leur incidence sur les adolescents prête à controverse (Bergman et Scott, 2001). Ainsi, l'examen du lien entre les variables socio-économiques et le fonctionnement de la famille a abouti à des résultats différents (Baer, 1999), comme on le voit au chapitre 3 (Le foyer) du présent rapport.

Dans le cadre de l'étude HBSC, les éléments d'évaluation du statut socio-économique étaient le travail des parents et le revenu familial tels qu'ils sont établis par la richesse matérielle, la perception du degré d'aisance de la famille sur le plan financier et la pauvreté (sous forme de la faim). L'échelle d'aisance de la famille a été utilisée pour rendre compte des réponses des élèves concernant les biens et la richesse matérielle de leurs familles (Currie, Todd et Platt, 1997; Mullan et Currie, 2000).

Dans le présent chapitre, nous examinons divers aspects des inégalités sociales évaluées sous l'angle de l'aisance de la famille et d'autres éléments d'évaluation du statut socio-économique, puis nous décrivons les liens entre le degré d'aisance de la famille et les observations relatives à la santé des jeunes.

Le statut socio-économique - L'emploi des parents

Comme beaucoup de jeunes ne peuvent pas fournir de renseignements précis sur les revenus de leur famille (Duncan et Brooks-Gunn, 2000), on évalue souvent plutôt le statut socio-économique des jeunes d'après le type d'emploi de leurs parents. Pour la présente étude, on a donc demandé aux élèves quel travail faisaient leurs parents. Les élèves dont les parents ne travaillaient pas étaient invités à en indiquer la raison.

Environ 90 p. 100 des élèves de la 6e à la 10e année ont indiqué que leur père travaillait. Près du tiers des pères qui travaillaient exerçaient une profession et un peu plus du tiers d'entre eux étaient des travailleurs qualifiés, par exemple des plombiers, des électriciens ou des agents de la paix (figure 2.1). Seulement le tiers des élèves dont le père était sans emploi ont indiqué que ce dernier se cherchait du travail; 41 p. 100 d'entre eux ont répondu que leur père ne travaillait pas parce qu'il était malade, à la retraite ou aux études, et seulement 12 p. 100 parce qu'il s'occupait d'autres personnes à temps plein à la maison (figure 2.2).


Figure 2.1 Pères ayant un emploi : genre de travail, tous les élèves (%)

Figure 2.1 Pères ayant un emploi : genre de travail, tous les élèves (%)

Figure 2.2 Pères sans emploi : raison de l'inactivité économique, tous les élèves (%)

Figure 2.2 Pères sans emploi : raison de l'inactivité économique, tous les élèves (%)

Les élèves devaient aussi répondre à des questions sur la situation d'emploi de leur mère. Environ 80 p. 100 des élèves ont indiqué que leur mère avait un emploi. Comme on le voit à la figure 2.3, une proportion importante (28 p. 100) des mères occupaient des emplois spécialisés et 21 p. 100 d'entre elles exerçaient une profession de niveau intermédiaire; 8 p. 100 des mères, soit une proportion moindre que les pères, étaient des ouvrières qualifiées. Parmi celles qui n'avaient pas d'emploi, la raison de loin la plus souvent invoquée était qu'elles devaient s'occuper d'autres personnes à la maison (figure 2.4).


Figure 2.3 Mères ayant un emploi : genre de travail, tous les élèves (%)

Figure 2.3 Mères ayant un emploi : genre de travail, tous les élèves (%)

Figure 2.4 Mères sans emploi : raison de l'inactivité économique, tous les élèves (%)

Figure 2.4 Mères sans emploi : raison de l'inactivité économique, tous les élèves (%)

Le statut socio-économique - Le revenu

Les jeunes

L'examen qu'ont fait Abernathy, Webster et Vermeulen des données de l'enquête nationale sur la santé de la population des États-Unis en 2002 révèle qu'il existe un lien marqué entre le revenu et la santé des jeunes. Bien que les enfants et les adolescents soient conscients de l'inégalité socio-économique (Jensen et Jensen, 2002), rares sont les études dans lesquelles on examine les liens entre l'inégalité socio-économique et la santé des adolescents (Currie, Todd et Platt 1997; Abernathy, Webster et Vermeulen, 2002).

Le revenu familial est un indicateur important du statut socio-économique. L'enquête HBSC contenait des questions concernant la perception des élèves à l'égard du degré d'aisance de leur famille. Comme on le voit à la figure 2.5, un peu plus de la moitié des élèves canadiens interrogés percevaient que leur famille était très à l'aise ou assez à l'aise sur le plan financier; le pourcentage diminue toutefois chez les élèves plus âgés, peut-être parce qu'en vieillissant, les jeunes sont plus à même de se rendre compte des limites financières de leur famille. Par ailleurs, les garçons étaient un peu plus nombreux que les filles à dire que leur famille était très à l'aise ou assez à l'aise sur le plan financier.


Figure 2.5 Élèves qui ont répondu que leur famille est très à l'aise ou assez à l'aise (%)

Figure 2.5 Élèves qui ont répondu que leur famille est très à l'aise ou assez à l'aise (%)

L'enquête a aussi permis de recueillir de l'information sur la pauvreté, en demandant aux élèves s'il leur arrive souvent d'aller au lit sans avoir mangé à leur faim parce qu'il n'y a pas assez de nourriture à la maison. Comme on le voit à la figure 2.6, un pourcentage important d'élèves, surtout parmi les plus jeunes, ont répondu qu'ils allaient parfois au lit sans avoir mangé à leur faim. Ainsi, 17 p. 100 des élèves de 6e année, par rapport à 10 p. 100 des élèves de 10e année, ont donné cette réponse. Un pourcentage beaucoup moindre d'élèves ont indiqué qu'ils allaient toujours ou souvent au lit sans avoir mangé à leur faim.


Figure 2.6 Élèves qui vont au lit sans avoir mangé à leur faim parce qu'il n'y a pas assez de nourriture à la maison (%)

Figure 2.6 Élèves qui vont au lit sans avoir mangé à leur faim parce qu'il n'y a pas assez de nourriture à la maison (%)

Afin de recueillir plus de renseignements sur le revenu des familles, on a posé aux élèves des questions concernant les biens matériels et la richesse disponible des familles. Comme on le voit à la figure 2.7, seulement 10 p. 100 des élèves ont indiqué qu'ils n'avaient pas leur propre chambre, le pourcentage global des élèves ayant leur propre chambre augmentant entre la 6e et la 10e année. Par ailleurs, près des trois quarts des élèves ont indiqué que leur famille possédait deux véhicules ou plus (figure 2.8). Environ 4 p. 100 des élèves interrogés ont dit que leur famille ne possédait aucun véhicule. Afin de déterminer si les familles avaient les moyens de partir en vacances, on a demandé aux élèves combien de fois ils étaient allés en vacances avec leur famille au cours de la dernière année (figure 2.9). Les adolescents plus jeunes ont été plus nombreux à répondre qu'ils avaient fait plus de deux voyages avec leurs parents durant l'année précédente. Il est toutefois possible qu'un certain nombre d'élèves plus âgés aient préféré rester à la maison et, par conséquent, n'aient pas tenu compte de certains voyages effectués par la famille dans leur réponse.


Figure 2.7 Élèves qui ont leur propre chambre à coucher (%)

Figure 2.7 Élèves qui ont leur propre chambre à coucher (%)

Figure 2.8 Élèves dont la famille possède au moins une voiture, une wagonnette ou une camionnette (%)

Figure 2.8 Élèves dont la famille possède au moins une voiture, une wagonnette ou une camionnette (%)

Figure 2.9 Élèves qui ont fait un voyage d'agrément (vacances) avec leur famille au cours des 12 derniers mois (%)

Figure 2.9 Élèves qui ont fait un voyage d'agrément (vacances) avec leur famille au cours des 12 derniers mois (%)

La possession d'un ou de plusieurs ordinateurs a aussi été retenue comme indicateur du degré d'aisance de la famille. Comme on le voit à la figure 2.10, environ la moitié des élèves ont répondu que leur famille possédait un ordinateur; 41 p. 100 des élèves ont indiqué que leur famille en possédait deux ou plus. Par ailleurs, environ 85 p. 100 des élèves de toutes les classes ont indiqué qu'ils avaient accès à Internet à la maison (données non présentées).


Figure 2.10 Élèves dont la famille possède un ou des ordinateurs, tous les élèves (%)

Figure 2.10 Élèves dont la famille possède un ou des ordinateurs, tous les élèves (%)

Les quatre indicateurs de la richesse - a) avoir sa propre chambre; b) possession d'une voiture, d'une camionnette ou d'une wagon-nette; c) aller en vacances/en voyage; d) possession d'un ordinateur - ont été intégrés dans une échelle de l'aisance de la famille (Currie, Samdal, Boyce et Smith, 2001; Mullan et Currie, 2000). Les adolescents ont été répartis selon quatre catégories d'aisance (figure 2.11). Le degré d'aisance des familles varie peu d'un niveau scolaire à l'autre : plus de 60 p. 100 des élèves se situent dans la moyenne ou dans la partie supérieure de l'échelle d'aisance de la famille, tandis que très peu d' élèves se situent dans la partie inférieure de l'échelle.


Figure 2.11 Indice d'aisance de la famille (IAF) (%)

Figure 2.11 Indice d'aisance de la famille (IAF) (%)

Selon Abernathy, Webster et Vermeulen (2002), les variables en rapport avec le statut socio-économique telles que les mesures de l'aisance de la famille présent ent une bonne corrélation avec les observations relatives à la santé des adolescents, par exemple la satisfaction à l'égard de sa vie et la perception qu'on ade sa santé. Les liens entre l'aisance de la famille et ces observations relatives à la santé sont illustrés aux figures 2.12 et 2.13.


Figure 2.12 Élèves qui sont très satisfaits de leur vie, selon l'IAF (%)

Figure 2.12 Élèves qui sont très satisfaits de leur vie, selon l'IAF (%)

Figure 2.13 Élèves qui se considèrent en excellente santé, selon l'IAF (%)

Figure 2.13 Élèves qui se considèrent en
          excellente santé, selon l'IAF (%)

Il existe une corrélation positive claire entre le de gré d'aisance de la famille et les résultats importants dans les classes de tous les niveaux. Ainsi, plus l'aisance familiale grandit, plus grande est la proportion d'étudiants qui rapport ent être très satisfaits de leur vie. De même, il existe une corrélation claire entre l'aisance de la famille et le fait de rapporter soimême être en excellente santé.

Principales constatations

  • Environ 10 p. 100 des pères et 20 p. 100 des mères des élèves interrogés étaient sans emploi.
  • Entre 50 et 60 p. 100 des élèves ont indiqué que leur famille était à l'aise, bien que la proportion d'élèves qui ont donné cette réponse diminue avec l'âge des répondants.
  • Entre 9 et 17 p. 100 des élèves ont indiqué qu'ils allaient (au moins parfois) au lit sans avoir mangé à leur faim parce qu'il n'y a pas assez de nourriture à la maison.
  • Près de 95 p. 100 des élèves vivaient dans des familles possédant au moins un ordinateur.
  • Il existe une corrélation positive entre le degré d'aisance de la famille sur le plan financier et le fait d'être satisfait de sa vie et de se considérer en bonne santé.

Détails de la page

Date de modification :