Gestion de la santé publique à l’égard de la maladie humaine associée au virus de la grippe aviaire A(H7N9) : Directives provisoires concernant le confinement en présence de cas importés au Canada

Table des matières

L'Agence de la santé publique du Canada (ASPC), en collaboration avec les autorités de santé publique des provinces et des territoires et d'autres ministères fédéraux pertinents, a élaboré ce document afin de guider les responsables de la santé publique fédéraux, provinciaux et territoriaux (FPT) s'il advenait qu'un cas de maladie humaine causé par le virus de la grippe aviaire A(H7N9) soit déclaré au sein du territoire relevant de leur compétence.

L'élaboration des présentes directives a été motivée par la déclaration dans le monde de cas humains d'infection à un nouveau virus de la grippe se transmettant de façon limitée de personne en personne. Les présentes directives doivent être utilisées lorsqu'un cas d'infection au virus de la grippe aviaire A(H7N9) est soupçonné ou confirmé au Canada.

La stratégie décrite dans les présentes directives porte sur les mesures de confinement visant à minimiser les risques de transmission aux personnes entretenant des contacts avec des cas confirmés et ainsi à ralentir la progression vers une transmission soutenue de personne à personne au sein de l'administration. Les présentes directives continueront de s'appliquer pendant toute la période où la priorité de gestion de l'éclosion demeure le confinement.

Ce document d'orientation est fondé sur les données scientifiques et l'opinion d'experts actuellement disponibles. Il pourrait être modifié au fur et à mesure que de nouveaux renseignements sur la transmissibilité et l'épidémiologie de la maladie deviendront disponibles. Il devrait être lu en conjonction avec les lois, les politiques et les règlements locaux et provinciaux ou territoriaux pertinents. Ce document a été élaboré en fonction de la situation prévalant au Canada, c'est pourquoi il peut différer de ceux d'autres pays.

Contexte
La maladie humaine causée par le virus de la grippe aviaire A(H7N9) a été signalée pour la première fois à l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) par la Commission de la santé et de la planification de la République populaire de Chine le 31 mars 2013. À ce jour, la maladie a été contenue sur le plan géographique et aucune transmission interhumaine soutenue n'a été démontrée. Pour obtenir de l'information sur le risque actuel pour la santé publique associé à cette maladie tel qu'évalué par l'ASPC, veuillez consulter le Résumé de l'évaluation du risque pour la santé publique au Canada associé aux cas humains d'infection par le virus de la grippe aviaire A(H7N9) en Chine(Note de bas de page 1)

Méthodologie
Le Groupe de travail sur les mesures de santé publique (GTMSP), un groupe de travail FPT relevant du Comité de coordination d'enquête en cas d'éclosion de maladies respiratoires infectieuses, a été convoqué pour élaborer des recommandations sur la prise en charge par la santé publique des cas et des contacts d'infection par le virus de la grippe aviaire A(H7N9) chez l'homme. Ce document d'orientation est le fruit d'une étroite collaboration entre le GTMSP, le groupe de travail FPT de la Section de l'influenza et autres maladies respiratoires infectieuses (questions liées à la surveillance) et le groupe de travail d'experts en prévention et en contrôle des infections, et de la consultation d'autres documents d'orientation pertinents (c.-à-d. évaluation du risque par l'ASPC (Note de bas de page 1), Association pour la microbiologie médicale et l'infectiologie [AMMI] Canada (Note de bas de page 2) et OMS (Note de bas de page 3)). Les documents d'orientation élaborés pour des éclosions antérieures (p. ex. éclosion du syndrome respiratoire aigu sévère [SRAS] de 2003 et la pandémie de grippe H1N1 de 2009) ont été revus, de même que la littérature pertinente disponible.

Prise en charge des cas
Les définitions de cas de maladie humaine causée par le virus de la grippe aviaire A(H7N9), particulièrement celles des cas confirmés, des cas probables et des personnes faisant l'objet d'une enquête (POE), ainsi que les exigences de déclaration connexes sont disponibles en ligne. La prise en charge par la santé publique des cas confirmés, des cas probables et des POE est présentée ci-dessous.

RECOMMANDATIONS : PRISE EN CHARGE DES CAS
(cas confirmés et probables et POE)

Prise en charge des cas

  • La prise en charge clinique des patients devrait être guidée par la maladie présente chez le patient et d'autres facteurs liés au patient (p. ex. âge, poids corporel et affections concomitantes). Pour obtenir de l'information sur l'utilisation des antiviraux dans le contexte d'infections par le virus de la grippe aviaire A(H7N9), veuillez consulter le document intitulé Interim Guidance for Antiviral Prophylaxis and Treatment of Influenza Illness due to Avian Influenza A(H7N9) Virus [Directives provisoires concernant la prophylaxie et le traitement antiviral de la maladie grippale causée par le virus de la grippe aviaire A(H7N9)] (Note de bas de page 2) de l'AMMI Canada.
  • Effectuer une surveillance quotidienne active (p. ex. par communication téléphonique) de l'état de santé des personnes atteintes pendant toute la durée de la maladie ou jusqu'à ce que les analyses de laboratoire aient écarté la possibilité d'une infection par le virus de la grippe aviaire A(H7N9).
  • Offrir des renseignements sur :
    • le traitement de la maladie à la maison;
    • l'endroit où se rendre pour obtenir une évaluation médicale (ainsi que le moment), et ce qui doit être mentionné immédiatement à l'arrivée dans un établissement de soins de santé (antécédents de voyage ou de contact);
    • la prévention de la transmission de la maladie (voir la section sur la prévention et le contrôle des infections ci-dessous).

Des directives ont été développées par le Canadian Critical Care Society (anglais seulement) concernant la prise en charge clinique lorsqu'une infection par le virus de la grippe aviaire A(H7N9) est soupçonnée.

Guidance for the Management of Severe Acute Respiratory Infection in the Intenseive Care Unit


Analyses de laboratoire

  • Faciliter les analyses de laboratoire en consultation avec le laboratoire provincial de santé publique (LPSP).
  • Conformément aux directives de laboratoire pertinentes ainsi qu'aux protocoles désignés, s'assurer que les échantillons appropriés provenant des POE et des cas probables soient envoyés aux LPSP concernés. Le LPSP coordonnera ensuite la soumission des échantillons au Laboratoire national de microbiologie pour la réalisation des tests de confirmation. Inclure les antécédents d'exposition ou de voyage avec les échantillons envoyés. Consulter le document intitulé Protocole d'enquête microbiologique concernant les infections respiratoires aiguës sévères (IRAS) (Note de bas de page 4) pour plus de détails.

Prévention et contrôle des infections

  • Pour les établissements de soins actifs : Consulter le document intitulé Directives provisoires sur le virus de la grippe aviaire A(H7N9) : Lignes directrices sur la prévention et le contrôle des infections dans les établissements de soins actifs (Note de bas de page 5).
  • Pour les soins à domicile : En plus des pratiques de base, les travailleurs de la santé visitant le domicile des patients devraient prendre les précautions appropriées contre la transmission par contact et par gouttelettes, y compris le port d'un masque chirurgical/opératoire et de protection oculaire, lorsqu'ils se trouvent à moins de deux mètres de la personne malade. Les interventions médicales pouvant générer des aérosols ne devraient pas être réalisées à domicile.
  • Pour les patients, leurs soignants et les autres personnes vivant dans le même environnement :
    • La personne malade doit limiter dans la mesure du possible ses contacts avec les autres personnes; par exemple, elle devrait rester dans une pièce différente, et si ce n'est pas possible, essayer de maintenir une distance minimale de deux mètres.
    • Si la personne malade ne peut être séparée des autres personnes, elle devrait alors porter un masque chirurgical/opératoire ou couvrir, si possible, son nez et sa bouche avec un papier mouchoir lorsque d'autres personnes se trouvent dans le même endroit.
    • Tous les membres du foyer devraient maintenir une bonne étiquette respiratoire 1 et de bonnes pratiques d'hygiène des mains
    • Le lavage des mains avec du savon ordinaire et de l'eau est la méthode privilégiée pour l'hygiène des mains en communauté, puisque l'action mécanique retire efficacement la saleté et les microbes visibles. Si le lavage des mains n'est pas possible, l'utilisation d'un désinfectant pour les mains à base d'alcool (concentration minimale de 60 %) est recommandée; toutefois, il est possible qu'à lui seul, le désinfectant pour les mains à base d'alcool ne soit pas assez efficace pour éliminer le virus de la grippe de mains visiblement souillées.
    • Les espaces communs (p. ex. cuisines et salles de bain) devraient rester bien ventilés (p. ex. fenêtres ouvertes).
    • Si des soins nécessitant un contact direct doivent être fournis à la personne malade, demander au patient de couvrir sa bouche et son nez avec un mouchoir en papier ou un masque chirurgical/opératoire (si disponible). Jeter les mouchoirs en papier ainsi que le matériel jetable utilisés pour couvrir le nez ou la bouche, préférablement dans une poubelle avec couvercle et doublée de plastique. Nettoyer adéquatement les vêtements souillés.
    • Le soignant fournissant des soins par contact direct avec la personne malade devrait porter un masque opératoire/chirurgical ou la meilleure protection disponible contre les gouttelettes respiratoires et se laver les mains après être entré en contact avec le patient.
    • Le contact direct avec les liquides corporels, en particulier les sécrétions buccales ou respiratoires, ainsi que les selles, doit être évité. Utiliser des gants jetables lors des soins buccaux ou respiratoires, si possible. Se laver les mains après tout contact.
    • Toute personne présentant un risque élevé de complications liées à la grippe ne devrait pas fournir des soins ou entrer en contact étroit avec la personne malade. Consulter le Guide canadien d'immunization et la Déclaration sur la vaccination antigrippale de la saison courante émise par le Comité consultatif national de l'immunisation (Note de bas de page 6) pour les personnes typiquement considérées comme ayant un risque élevé de complications grippales.
    • Les personnes soignant un membre de la famille malade devraient limiter dans la mesure du possible leur contact avec les autres personnes et vérifier leur état de santé concernant  tout autre signe de la maladie.
    • Les autres types d'exposition possible avec la personne malade ou des objets contaminés devraient être évités. Par exemple, éviter de partager les brosses à dents, les cigarettes, les ustensiles, les boissons, les serviettes, les débarbouillettes ou la literie. La vaisselle et les ustensiles devraient être lavés avec du savon et de l'eau après utilisation.
    • Les objets fréquemment touchés, telles les toilettes et les tables de chevet, devraient être lavés quotidiennement avec des nettoyants domestiques réguliers ou un agent de blanchiment dilué (une part d'eau de Javel pour neuf parts d'eau); les vêtements et la literie des personnes malades peuvent être lavés avec du savon à lessive régulier et de l'eau.

1 Étiquette respiratoire : mesure à prendre en cas de toux ou d'éternuements pour réduire la propagation des microbes. C’est-à-dire, se couvrir la bouche et le nez avec le bras (coude) pour tousser ou éternuer. Si un papier-mouchoir est utilisé, jetez-le immédiatement après l'utilisation et effectuez ensuite l'hygiène des mains.


Voyages

  • Le Bureau des services de santé à la frontière de l'ASPC participera au signalement et à la prise en charge des cas parmi les passagers internationaux (à l'arrivée et au départ) qui pourraient s'avérer des POE, de pair avec l'agent de quarantaine, lequel sera responsable d'aviser les autorités locales en matière de santé publique advenant une telle situation. Les agents de quarantaine ne détiennent aucune autorité au niveau des vols intérieurs. Les agents en hygiène environnementale de l'ASPC fourniront des renseignements au transporteur concernant le nettoyage des moyens de transport.

Investigation et prise en charge des contacts
Étant donné l'élément ayant déclenché l'élaboration de ce document d'orientation et les objectifs associés à ce dernier, il est attendu que des efforts raisonnables seront mis de l'avant pour identifier les contacts étroits des cas confirmés et probables survenant au Canada. Le but de la recherche des contacts étroits de cas confirmés et probables est :

  • de mieux comprendre l'épidémiologie de ce nouveau virus grippal;
  • d'identifier tous les contacts symptomatiques;
  • de réduire le délai entre l'apparition de la maladie et l'isolement des cas afin de réduire les possibilités de transmission à d'autres personnes.

Remarque : Si des symptômes apparaissent chez le contact dans les 10 jours suivant le dernier contact étroit avec le cas, il faut considérer la personne comme une POE dans sa prise en charge.

Un contact étroit est défini comme une personne :

  • qui a prodigué des soins au patient, notamment les travailleurs de la santé, les membres de la famille ou autres soignants, ou qui a eu avec le patient un contact physique étroit ;

OU

  • qui a séjourné au même endroit (p. ex. qui a vécu sous le même toit ou qui a eu autrement un contact étroit prolongé à une distance de moins de deux mètres) qu'un cas probable ou confirmé alors que ce dernier était malade à partir de la journée précédant la date d'apparition de la maladie et jusqu'àce que la maladie soit guérie.

RECOMMANDATIONS : PRISE EN CHARGE DES CONTACTS
(des cas probables et confirmés)

Prise en charge des contacts

  • Surveillance active par le personnel de la santé publique qui s'assure que les personnes sont contactées quotidiennement pendant toute la durée de la période de surveillance, laquelle est définie comme les 10 jours suivant le dernier contact étroit.

Conseils de santé publique

  • Aviser les contacts étroits d'un cas au sujet des mesures à respecter (ci-dessous), en vigueur pour les 10 jours suivant le dernier contact étroit avec le cas ou jusqu'à ce que le cas probable ne réponde plus à la définition de cas [p. ex. les analyses de laboratoire ont écarté la possibilité d'une infection par le virus de la grippe aviaire A(H7N9)] :
  • Auto-surveiller l'apparition de fièvre et de symptômes pseudogrippaux, lesquels comprennent les symptômes respiratoires (apparition soudaine), le mal de gorge, les arthralgies, les myalgies et la prostration. Les jeunes enfants, les personnes âgées et les personnes immunodéprimées peuvent ne pas présenter de fièvre.
  • Envisager de rester à un endroit où les soins de santé sont facilement accessibles, si possible.
  • Maintenir une bonne étiquette respiratoire et de bonnes pratiques d'hygiène des mains.
  • S'il y a partage du même logement avec un cas non hospitalisé, éviter les contacts étroits si possible et suivre les conseils pertinents fournis dans la section « Prise en charge des cas » ci-dessus.
  • Pour obtenir de l'information sur l'utilisation prophylactique des antiviraux chez les contacts étroits dans le contexte d'une infection par le virus de la grippe aviaire A(H7N9), consulter le document intitulé Interim Guidance for Antiviral Prophylaxis and Treatment of Influenza Illness due to Avian Influenza A(H7N9) Virus [Directives provisoires concernant la prophylaxie et le traitement antiviral de la maladie grippale causée par le virus de la grippe aviaire A(H7N9)] de l'AMMI Canada(Note de bas de page 2).
  • S'il y a apparition de symptômes, limiter le plus possible les contacts avec d'autres personnes (p. ex. demeurer ou retourner à la maison) et aviser les autorités locales en matière de santé publique.

Voyages

  • En l'absence de transmission interhumaine soutenue et de preuves qu'une transmission est survenue durant un voyage, la recherche des contacts qui étaient à proximité des cas qui étaient symptomatiques durant un vol ou à bord d'autres moyens de transport (p. ex. train et autobus) n'est pas recommandée pour le moment.

Références et ressources supplémentaires

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