Chapitre 5 : Le Rapport de l'administrateur en chef de la santé publique sur l'état de la santé publique au Canada 2011 – Aller de l'avant – mesures prioritaires


Chapitre 5 : Aller de l'avant – Mesures prioritaires

Au cours des 100 dernières années, le Canada a amélioré la santé et la qualité de vie de sa population au point qu'il figure aujourd'hui parmi les pays les plus en santé du mondeNote de bas de page 830. Par son travail de planification, ses recherches et ses interventions, le Canada a établi les fondements essentiels pour assurer la santé de tous ses citoyens. Par conséquent, la plupart des jeunes et des jeunes adultes d'aujourd'hui peuvent s'attendre à vivre longtemps et à mener une vie saine et dynamique.

La santé des jeunes et des jeunes adultes au Canada reste toutefois compromise par des problèmes inquiétants qui persistent ou qui commencent à se manifester. On a aussi constaté que certains segments de la population sont prédisposés à des problèmes de santéNote de bas de page 10, Note de bas de page 23, Note de bas de page 319, Note de bas de page 831-833. Le Canada peut mettre en œuvre des programmes, des interventions et des politiques plus efficaces afin de s'attaquer aux graves problèmes de santé auxquels se heurtent les jeunes et les jeunes adultes d'aujourd'hui.

La plupart des problèmes soulevés dans le présent rapport ne sont pas insurmontables. Certaines mesures ont, en effet, donné de bons résultats et pourraient être reproduites et appliquées à plus grande échelle. D'après les données dont nous disposons, la santé des jeunes et des jeunes adultes au Canada pourrait être améliorée grâce à des interventions dans quatre domaines prioritaires mis en lumière dans le présent chapitre. La solution n'est pas simple, puisque ce qui fonctionne pour une personne ou une collectivité peut être inefficace pour une autre. Comprendre qu'il n'existe pas de solution universelle et faire le point sur ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas constitue les premières étapes à franchir afin de prendre les meilleures décisions possible.

« L'expérience est un professeur cruel, car elle vous fait passer l'examen avant de vous expliquer la leçon. »
— Vernon Saunders Law

Mesures prioritaires

Si le Canada veut aider au mieux les jeunes et les jeunes adultes dans leur transition vers l'âge adulte, la solution passe sans doute par un meilleur accès à de nouvelles données et connaissances, par une plus grande sensibilisation, par l'établissement de milieux stimulants ainsi que par une prise en main collective de la question. Il devrait tout particulièrement faire porter ses efforts sur les actions prioritaires suivantes :

  • améliorer et mieux utiliser les données sur les populations et les programmes;
  • miser sur l'éducation et la sensibilisation;
  • créer et maintenir un environnement sain et stimulant;
  • aborder les problèmes sous tous les angles selon une approche coordonnée, intersectorielle et multidisciplinaire.

Si ces quatre aspects sont indispensables pour obtenir de meilleurs résultats, il est néanmoins essentiel que les jeunes et les jeunes adultes s'investissent davantage. Le Canada, en tant que société, doit reconnaître l'importance de faire participer les jeunes et les jeunes adultes à la détermination des problèmes et à la recherche de solutions réalistes susceptibles de les aider à améliorer leur santé. Tous les Canadiens ont droit au respect et doivent avoir la possibilité de participer à la société, et ce, à toutes les étapes de leur vie.

Améliorer et mieux utiliser les données sur les populations et les programmes

Le présent rapport a révélé plusieurs lacunes dans les données sur les jeunes et les jeunes adultes. De nouvelles données permettraient de cerner avec plus de précision les tendances à long terme et de déterminer dans quels domaines il y aurait lieu d'intervenir. Elles permettraient également de concentrer les efforts là où les programmes sont inefficaces et où de nouvelles façons de faire devraient être envisagées dans le but de continuer à répondre aux besoins des jeunes et des jeunes adultes au Canada.

Même si certaines données sur la santé sont accessibles, il subsiste néanmoins plusieurs problèmes ou lacunes : par exemple, les études locales pourraient sans doute être généralisées ou transposées à plus grande échelle, mais il y a un risque qu'elles ne soient pas applicables à l'ensemble de la population ou qu'elles produisent des données impossibles à comparerNote de bas de page 834. À l'opposé, certaines études nationales ne rendent pas compte des problèmes locaux. Les décideurs, les spécialistes de la santé publique et les collectivités qui planifient des interventions et des programmes de santé ont besoin d'avoir accès à des données et des connaissances appropriées et complexes sur la santé publique. Le principal défisera donc d'obtenir une vue d'ensemble et de produire des résultats d'études pertinentsNote de bas de page 834, Note de bas de page 835.

Le Canada a fait des progrès au point de vue de la collecte de données. Par exemple, les Enquêtes sur les comportements de santé des jeunes d'âge scolaire (Health Behaviour in School-aged Children [HBSC]) donnent accès à des données utiles sur la santé, le bien-être ainsi que sur les comportements sociaux et les résultats qu'ils entraînent sur la santéNote de bas de page 836. Ces enquêtes ont également inspiré des politiques efficaces d'éducation et de promotion de la santé à l'intention des jeunes et des jeunes adultes. Par contre, les données qu'elles renferment concernent uniquement les jeunes de 11, 13 et 15 ans qui fréquentent l'écoleNote de bas de page 836. Les autres renseignements sur les jeunes et les jeunes adultes canadiens proviennent essentiellement de l'Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes (ESCC), de l'Enquête de surveillance canadienne de la consommation d'alcool et de drogues (ESCCAD), de l'Enquête nationale sur la santé de la population (ENSP), de l'Enquête auprès des jeunes en transition (EJET) et de l'Enquête longitudinale nationale sur les enfants et les jeunes (ELNEJ)Note de bas de page 837-842.

Par ailleurs, il existe peu d'information sur la situation socioéconomique et la santé physique et mentale des 12 à 29 ans. Et cette lacune est encore plus flagrante pour certains segments de la population, notamment les Inuit, les Métis, les membres des Premières nations, les immigrants et les jeunes de la rue. L'ESCC de 2012 devrait toutefois fournir de nouvelles données socioéconomiques sur certaines de ces populations et combler plusieurs lacunes en santé mentale, puisqu'elle portera justement sur cette questionNote de bas de page 843. Il reste que les chercheurs, les décideurs, les dirigeants communautaires et les éducateurs ont besoin d'information additionnelle pour mieux comprendre pourquoi certains jeunes et jeunes adultes adoptent, ou non, des comportements à risque et les guider dans la conception de futurs programmes.

Il serait également utile de mener des études longitudinales à partir d'une cohorte d'enfants que l'on suivrait de la naissance jusqu'au début de l'âge adulte. Ces études permettraient d'examiner les déterminants de la santé qui ont une incidence sur le parcours de vie, de dégager certaines tendances et de connaître les limites des interventions menées auprès des jeunes. Elles pourraient, en outre, fournir des renseignements sur toutes les régions du Canada et, en particulier, sur certains segments de la population. Les données transversales ainsi recueillies serviraient à dresser un portrait de la santé de la population à un moment ou à une période donnée.

De même, la façon dont sont compilées les données sur la santé des populations autochtones rend les comparaisons difficiles. En effet, les données sur les Autochtones sont souvent généralisées à l'ensemble de la population et, par conséquent, ne révèlent pas nécessairement l'état de santé d'un groupe en particulierNote de bas de page 844. Il serait donc essentiel de pouvoir comparer la santé de la population en général et celle de différents groupes autochtones, notamment les Inuit, les Métis et les membres des Premières nations vivant dans les réserves ou hors réserve.

Depuis 1991, l'Enquête auprès des peuples autochtones (EAPA) est menée tous les cinq ans dans le but de recueillir de l'information utile sur la santé et la situation socioéconomique des jeunes et des jeunes adultes inuits, métis et des Premières nations. Cependant, cette enquête ne révèle aucune donnée sur les Autochtones vivant dans les réserves, et seules certaines données permettent d'établir des comparaisons avec d'autres enquêtes nationales portant sur l'ensemble de la population, comme l'ESCC.

S'il est important d'améliorer les données sur la santé et les conditions sociales, il est tout aussi nécessaire de rassembler de l'information sur les programmes et les interventions qui fonctionnent bien et ceux qui doivent être améliorés. Au Canada, il existe une multitude de programmes destinés à améliorer la santé des jeunes et des jeunes adultes, mais les évaluations de l'efficacité sont limitées. De façon générale, les évaluations soulèvent des difficultés, notamment au point de vue de la gestion, de la collaboration et des ressourcesNote de bas de page 845. Toutefois, des évaluations rigoureuses permettraient de consolider les connaissances générales et ainsi de déterminer si les programmes répondent aux besoins des populations, s'ils atteignent les objectifs établis et s'ils peuvent être appliqués à d'autres populations ou dans d'autres administrations. Par ailleurs, les évaluations ne devraient pas être réalisées uniquement à la fin du programme, mais également en cours d'exécution, de manière à pouvoir apporter des correctifs au fur et à mesure. Recueillir le point de vue des jeunes et des jeunes adultes qui participent aux programmes serait une autre façon d'en mesurer l'efficacité. Si les programmes courants sont soumis à des pratiques d'évaluation normalisées, il faudrait pouvoir connaître de façon claire et cohérente l'efficacité des nouveaux programmes offerts par l'entremise d'outils modernes, tels que les réseaux sociaux (par exemple, Facebook, YouTube et Twitter).

Dans le cas des programmes et des interventions ayant fait l'objet d'une évaluation, il y aurait intérêt à définir avec plus de précision les populations visées. En effet, dans bien des cas, les résultats ne sont pas accessibles pour un groupe en particulier ou ne sont pas répartis en fonction du genre, de l'origine ethnique, de la culture ou de l'orientation sexuelle. Cette information est pourtant essentielle pour favoriser des comportements sains. Grâce à un profil démographique plus détaillé, les programmes pourraient être mieux adaptés aux besoins des populations ciblées.

Les données et les connaissances tirées des évaluations aideront à dégager les tendances actuelles et à long terme en matière de santé et à déterminer les mesures qui s'imposent en vue d'améliorer la santé et le bien-être des jeunes et des jeunes adultes au Canada.

Miser sur l'éducation et la sensibilisation

La formation ainsi que les programmes d'éducation et de sensibilisation jouent un rôle important dans l'apprentissage des comportements sains. Le fait de limiter les comportements malsains et les mauvais choix de vie à l'adolescence et au début de l'âge adulte peut avoir des effets à long terme sur la santé. Cependant, pour être efficaces, les activités de sensibilisation doivent se poursuivre tout au long de la vie. L'idéal serait de combiner l'éducation et le marketing social. Par ailleurs, les programmes d'éducation et de formation devraient s'adresser non seulement aux jeunes et aux jeunes adultes, mais à tous les Canadiens qui assurent un rôle de soutien, que ce soit les parents, les enseignants, les conseillers, les citoyens, les spécialistes de la santé et les travailleurs sociaux.

L'éducation favorise l'adoption de saines habitudes de vie, puisqu'elle permet d'acquérir des connaissances avant que le besoin se fasse sentirNote de bas de page 507, Note de bas de page 656. C'est pourquoi les enfants devraient être renseignés, par exemple, sur la santé mentale, l'alimentation équilibrée et l'activité physique dès qu'ils commencent à faire des choix par eux-mêmes et à adopter de saines habitudesNote de bas de page 452, Note de bas de page 507, Note de bas de page 751. De même, les jeunes devraient faire l'apprentissage des comportements sexuels sains avant de devenir sexuellement actifsNote de bas de page 655, Note de bas de page 656. Cependant, l'éducation et la sensibilisation doivent se faire de façon continue et se poursuivre tout au long de la vie.

Le Canada a fait preuve d'initiative en assurant l'élaboration et la promotion de lignes directrices, de recommandations et de déclarations sur certaines questions importantes, comme la prévention des blessures et l'éducation sur la santé sexuelle. La Commission de la santé mentale du Canada (CSMC) travaille actuellement à une stratégie globale en santé mentale qui aurait notamment pour objectif d'améliorer le sort des personnes aux prises avec une maladie mentale ou un trouble mental, de créer des programmes multidisciplinaires et de poursuivre la lutte contre la stigmatisation. L'éducation et la sensibilisation pourraient être l'élément central d'une telle stratégie, car elles peuvent contribuer à éliminer la stigmatisation et les obstacles associés aux troubles mentaux et aux problèmes de santé mentaleNote de bas de page 507.

Les jeunes et les jeunes adultes canadiens d'aujourd'hui sont de plus en plus à l'aise avec les nouvelles technologies et, grâce à Internet et aux réseaux sociaux, ils ont un accès rapide à tous les types d'informationNote de bas de page 846. Les médias sociaux pourraient donc être une bonne façon de joindre les jeunes afin d'influencer les comportements, de provoquer des changements culturels et d'établir des réseaux de soutien. Par exemple, ce type de média pourrait être utilisé pour aider les jeunes et les jeunes adultes lesbiennes, gais, bisexuels, transgenres et en questionnement (LGBTQ) et les informer sur la façon d'obtenir du soutien. Par contre, les médias sociaux peuvent également entraîner des conséquences négatives en renforçant l'isolement, en accentuant la marginalisation et en devenant un outil d'intimidation. D'autres travaux de recherche appliquée seraient nécessaires pour apprendre comment utiliser les médias sociaux de manière à favoriser l'éducation et la sensibilisation et à mieux cerner les défis et les risques que présentent certaines questions de santé, notamment celles qui concernent les jeunes au Canada.

Par ailleurs, il faudrait inviter les jeunes et les jeunes adultes à participer aux consultations, à la diffusion de l'information ainsi qu'à l'élaboration et à la mise en œuvre des programmes qui leur sont destinésNote de bas de page 847. On pourrait ainsi obtenir des commentaires utiles sur les questions qui les intéressent et, en particulier, sur les interventions et les programmes les plus susceptibles de réussirNote de bas de page 847, Note de bas de page 848. Il faut toutefois garder à l'esprit que les jeunes et les jeunes adultes forment un groupe diversifié et que, par conséquent, les programmes d'éducation et de sensibilisation devront probablement être adaptés pour répondre à une variété de besoins. La participation active et continue des jeunes et des jeunes adultes permettrait de joindre une population diversifiée.

Créer et maintenir un environnement sain et stimulant

Le milieu de vie est déterminant pour la santé et le bien-être des jeunes et des jeunes adultes. C'est d'ailleurs le rôle de tout gouvernement d'établir et de maintenir des milieux sains et stimulants. Toutefois, comme c'est généralement le cas en santé publique, la collaboration de tous les secteurs, administrations et ordres de gouvernement est essentielle. Le succès repose en outre sur le travail collectif des gouvernements, des collectivités, des familles et des citoyens, le but étant d'offrir à tous les Canadiens la possibilité de s'adonner à des loisirs et des activités physiques, d'occuper un emploi, de recevoir des soins et de participer à la société.

Généralement, les jeunes et les jeunes adultes qui évoluent dans un milieu stimulant et dynamique établissent des relations harmonieuses avec les autres (c'est-à-dire avecs leurs parents, leurs pairs, et leurs conseillers), ce qui leur permet d'acquérir les compétences et la force morale nécessaires pour surmonter les défis et les difficultésNote de bas de page 456, Note de bas de page 849. Il faudrait miser sur les programmes qui encouragent l'entraide et les relations harmonieuses entre les adolescents et leurs parents (ou d'autres adultes), puisque de tels programmes sont propices aux rapprochementsNote de bas de page 456.

Les interventions doivent permettre de créer des milieux qui tiennent compte des besoins particuliers de tous les jeunes et jeunes adultes. Chez les Autochtones par exemple, on a constaté un faible taux de suicide et de toxicomanie dans les collectivités qui misent sur la continuité culturelle (notamment par l'enseignement des pratiques et des langues traditionnelles)Note de bas de page 58, Note de bas de page 850, Note de bas de page 851. Les interventions devraient donc inclure des services personnalisés, c'est-à-dire des services adaptés en fonction du sexe, de la culture ou des besoins des LGBTQ. Un milieu favorable fournit, en outre, les outils et les ressources nécessaires pour surmonter les difficultés et, en particulier, celles auxquelles se heurtent, bien souvent, les personnes marginalisées (par exemple, la discrimination et l'intimidation).

Le milieu scolaire peut également jouer un rôle essentiel dans la création d'un environnement sain et stimulant. En effet, en plus de guider les jeunes dans le choix de leurs carrières, les écoles et les établissements d'enseignement postsecondaire offrent un milieu propice à la promotion de la santé et à l'acquisition d'aptitudes sociales. Le chapitre 4 a d'ailleurs mis en lumière les effets positifs qu'ont eus, sur les comportements et la santé, divers programmes d'information sur les infections transmissibles sexuellement (ITS), sur la santé mentale et sur les relations sociales qui ont été implantés en milieu scolaire. Il serait donc important de resserrer les liens entre le secteur de la santé et le secteur de l'éducation, car il s'agit d'un partenariat solide et prometteur qui peut favoriser de saines transitions de vie.

Établir un environnement sain et stimulant exige la participation active et continue des jeunes et des jeunes adultes. En effet, c'est par ce genre d'engagement que les jeunes font l'apprentissage de l'autonomie, stimulent leur esprit d'initiative, échappent aux comportements négatifs et établissent des relations saines avec les autres et leur collectivité. Mais surtout, leur participation apporte des solutions réalistes et plausibles aux problèmes qui les touchent directement et leur permet de prendre leur avenir en mainNote de bas de page 10, Note de bas de page 848, Note de bas de page 852, Note de bas de page 853.

La société dans son ensemble peut améliorer les chances de succès des jeunes et des jeunes adultes et ainsi influer sur leur santé et leur bien-être en établissant des règles et des limites claires, en présentant des exemples de bonne conduite et en ayant la certitude que les jeunes utiliseront les connaissances et les outils fournis pour faire des choix judicieux. Créer un environnement sain et stimulant constitue, en réalité, un projet de « société entière ». Le présent rapport a donné un aperçu des retombées que pourraient générer certains programmes communautaires. L'idéal serait de s'inspirer de ces réussites dans le but de favoriser et de promouvoir des milieux stimulants pour les jeunes et les jeunes adultes au Canada.

Aborder les problèmes sous tous les angles selon une approche coordonnée, intersectorielle et multidisciplinaire

Il n'existe généralement pas de méthode simple ni de solution universelle pour régler les problèmes de santé publique, et aucune administration ni aucune collectivité ne peut y parvenir seule. C'est pourquoi le secteur de la santé publique joue de plus en plus le rôle de passeur de connaissances et sollicite la collaboration de tous les secteurs de la société. S'attaquer aux problèmes de santé qui touchent les jeunes et les jeunes adultes nécessite aussi bien des stratégies générales que des mesures ciblées. Les actions communautaires, les campagnes d'information et de sensibilisation et les mesures législatives sont des exemples de stratégies auxquelles devraient contribuer tous les secteurs de la société dans le but de prévenir ou d'atténuer les problèmes de santé. Il a en effet été établi que les stratégies à volets multiples donnent de bons résultats, surtout si elles durent un certain temps. Par exemple, le Canada a réussi à réduire son taux de tabagisme et à dissuader les jeunes de commencer à fumer, que ce soit par l'adoption d'une loi interdisant la vente de produits du tabac aux jeunes et toute forme de publicité leur étant destinée ou par la mise en vigueur d'une interdiction de fumer dans les lieux publicsNote de bas de page 154, Note de bas de page 854, Note de bas de page 855. Les programmes d'information et de sensibilisation en milieu scolaire, les coûts associés au tabac, les taxes sur les cigarettes et les campagnes de marketing social ont aussi grandement contribué à réduire la prévalence du tabagisme chez les jeunes et les jeunes adultesNote de bas de page 818, Note de bas de page 823, Note de bas de page 855, Note de bas de page 856.

Les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux utilisent sensiblement les mêmes stratégies pour lutter contre les problèmes de poids chez les jeunes et les jeunes adultes qui présentent des taux élevés d'embonpoint et d'obésité ou qui sont largement susceptibles de développer un problème de poids. D'ailleurs, ils ont lancé récemment Notre santé, notre avenir : Dialogue national sur le poids santé, qui sollicite la participation des intervenants, des jeunes et jeunes adultes canadiens et du reste de la population canadienne à une discussion ouverte sur le poids santé par l'entremise d'une campagne de marketing et des réseaux sociauxNote de bas de page 857.

Les jeunes et les jeunes adultes au Canada forment une population diversifiée et, par conséquent, les programmes et les interventions qui leur sont destinés doivent être adaptés à leurs besoins et à leurs réalités. Les stratégies multidisciplinaires offrent un avantage intéressant, car elles abordent les problèmes sous plusieurs angles et peuvent ainsi trouver un écho chez différents groupes de jeunes et de jeunes adultes. Même si certains programmes et certaines mesures se révèlent efficaces, nous devons faire mieux. Mais pour cela, il faut trouver un juste équilibre entre les interventions ciblées et celles qui s'adressent à l'ensemble de la population, tenir compte de la diversité et de la situation géographique de la population et répondre aux besoins des personnes qui sont prédisposées à des problèmes de santé.

Vers un Canada en santé

Le Canada a réussi à créer, au fil des années, les conditions essentielles pour assurer la santé de sa population. Toutefois, certains problèmes inquiétants, qui subsistent ou commencent à se manifester, rappellent l'urgence d'en faire davantage pour garantir un meilleur avenir aux jeunes et aux jeunes adultes au Canada. Le présent rapport a mis en lumière des mesures d'intervention prioritaires qui permettraient d'améliorer la santé et le bien-être des jeunes et des jeunes adultes au Canada.

Prendre des mesures nécessite du temps, des efforts et des ressources. Cependant, si ces investissements sont faits aujourd'hui, ils auront des répercussions positives sur la santé des jeunes et des jeunes adultes, maintenant et pour le reste de leur vie. La collecte de nouvelles données et la création de milieux favorables sont essentielles à une saine transition. Le Canada peut tirer des leçons et s'inspirer des succès passés pour s'assurer que personne n'est laissé à l'écart. L'adolescence et le début de l'âge adulte sont, bien sûr, des périodes de développement, d'expérimentation et de prise de risques. Cependant, les jeunes et les jeunes adultes qui grandissent dans un milieu stimulant ont tendance à mieux surmonter les difficultés. C'est pourquoi il est important de créer un milieu qui favorise la santé et le bien-être de tous les jeunes et jeunes adultes.

Les stratégies intersectorielles et multidisciplinaires à long terme restent des solutions efficaces pour le Canada, car elles permettent de s'attaquer aux principaux problèmes de santé publique qui, bien souvent, se manifestent à l'adolescence et au début de l'âge adulte, et peuvent avoir une influence importante sur le cours de la vie. Les recherches menées au Canada ou ailleurs montrent qu'il est possible de réduire ou d'atténuer les problèmes de santé chez les jeunes et les jeunes adultes. Les stratégies qui favorisent leur épanouissement représentent donc un investissement sensé, car il en résultera une société plus heureuse, plus productive et en meilleure santé.

- De la parole aux actes -

Nous avons tous une responsabilité à l'égard de la prochaine génération. Dans le présent rapport, j'ai dressé le portrait de l'état de santé des jeunes et des jeunes adultes au Canada et j'ai tenté de montrer qu'il était important de créer des milieux positifs et stimulants pour bien préparer les jeunes à leurs responsabilités d'adulte.

Nous avons fait d'énormes progrès afin d'aider les jeunes et les jeunes adultes à vivre une saine transition, mais il reste des problèmes inquiétants, qui persistent ou commencent à se manifester. Par le présent rapport, je souhaitais faire la preuve qu'il n'est jamais trop tard pour apporter des changements positifs et que, en investissant dans des programmes qui favorisent la santé et le bien-être des jeunes et des jeunes adultes, nous pouvons générer des bienfaits qui leur seront profitables toute leur vie.

L'adolescence et le début de l'âge adulte sont généralement synonymes de santé, mais ce sont aussi des périodes d'expérimentation et de prise de risques. Au Canada, nous avons mis en place les conditions idéales pour permettre aux jeunes et aux jeunes adultes de s'épanouir. Nous devons nous inspirer de nos succès passés et garder à l'esprit que les jeunes forment une population diversifiée et que leurs besoins varient en fonction de leur genre, de leur culture et de leur origine ethnique. Il faudra également intensifier nos efforts dans les domaines où nous risquons de perdre du terrain pour nous assurer que personne n'est laissé à l'écart.

Le présent rapport a mis en lumière des mesures prioritaires qui nécessiteront un important travail de collaboration. En tant qu'administrateur en chef de la santé publique du Canada, je m'engage à assumer les responsabilités suivantes afin d'améliorer la santé et le bien-être des jeunes et des jeunes adultes au Canada :

  • collaborer avec d'autres administrateurs de la santé afin de promouvoir des milieux stimulants pour les jeunes et les jeunes adultes;
  • collaborer avec mes collègues du gouvernement fédéral et d'autres intervenants afin de promouvoir et d'élaborer des politiques qui favorisent la santé physique et le développement affectif des jeunes et des jeunes adultes;
  • suivre de près la santé et le développement des jeunes et des jeunes adultes au Canada et améliorer l'échange de données et de connaissances;
  • travailler avec d'autres administrateurs de la santé afin d'améliorer la santé mentale des jeunes et des jeunes adultes;
  • continuer d'appuyer les mesures de santé publique susceptibles de faciliter le passage à l'âge adulte;
  • faire participer les jeunes aux mesures qui contribuent à leur santé et leur bien-être.

- Dr David Butler-Jones


Unis pour Agir : une conférence sur l'engagement des jeunes

L'Agence de la santé publique du Canada a eu l'occasion de faire participer des jeunes et des jeunes adultes à la conférence Unis pour Agir de 2011, qui a eu lieu à Ottawa. Il était très agréable de voir des jeunes et des jeunes adultes participer aux discussions et échanger sur des questions qui, de leur avis, correspondaient parfaitement à leurs réalités.

En fait, ils ont exprimé le désir de prendre part à d'autres discussions du genre afin de jeter un pont entre les jeunes et les adultes. Ils ont affirmé vouloir créer, avec les adultes, une relation basée sur la communication, le respect et la valorisation. Au lieu de se faire dicter leur conduite, ils aimeraient participer à la création d'un changement culturel et à l'élimination des comportements malsains. Les jeunes qui étaient présents à la conférence ont également cherché des façons de solliciter la participation d'autres jeunes.

Les participants à la conférence ont dénoncé le manque de soutien à l'échelle communautaire pour les survivants du suicide (personnes ayant tenté de se suicider ou ayant perdu un proche par suicide). Ils ont suggéré de créer de nouveaux groupes de soutien et d'offrir aux survivants du suicide un endroit sécurisant où ils pourraient traverser les étapes du deuil et trouver la guérison. Ils ont aussi indiqué que la sensibilisation et le développement de l'intelligence émotionnelle pourraient aider à prévenir le suicide chez les jeunes et ont proposé la mise en place de mesures de soutien aux programmes communautaires qui seraient dirigées par des jeunes adultes.

Par ailleurs, un grand nombre de participants ont mentionné que les activités d'éducation et de sensibilisation à l'abus de substances nocives devaient être objectives, pragmatiques et exemptes de toute forme de stigmatisation et qu'elles devaient être menées « honnêtement » par des personnes qui ont elles-mêmes vécu l'expérience. Selon eux, l'aide que le gouvernement pourrait accorder aux programmes dirigés par les jeunes permettrait de réduire la toxicomanie et de mettre en place des stratégies efficaces de mobilisation. Ils croient en outre que le fait d'offrir des solutions positives aiderait à réduire les comportements à risque et serait bénéfique pour la santé physique et mentale des jeunes et des jeunes adultes.

Les participants ont ajouté qu'il serait utile d'en connaître davantage sur les facteurs menant à l'itinérance. Selon eux, la question de l'itinérance et des jeunes de la rue devrait intéresser tous les Canadiens. Pour s'attaquer au problème, ils ont notamment proposé de bâtir de nouveaux centres d'hébergement et d'améliorer les installations existantes afin de répondre aux besoins essentiels des sans-abri et d'offrir des services de réadaptation à ceux qui en ont besoin. Ils ont également soulevé la nécessité d'avoir un personnel qualifié et dévoué pour encadrer et appuyer les jeunes.

Afin d'apaiser les préoccupations croissantes que suscite l'intimidation, les jeunes ont suggéré que les collectivités urbaines et rurales du Canada aient accès à un soutien professionnel médical et communautaire pour promouvoir la santé mentale et fournir des soins appropriés. Et pour freiner la montée de la cyberintimidation, ils considèrent que les fournisseurs et les utilisateurs de médias sociaux devraient encourager une formation sur l'utilisation responsable des réseaux sociaux.

De plus, les participants, y compris les jeunes autochtones, ont exprimé le désir d'en apprendre davantage sur la culture autochtone et non autochtone. Pour se sensibiliser à la culture autochtone, ils ont suggéré que les écoles publiques aussi bien que les écoles autochtones intègrent à leur programme d'enseignement la fabrication de tambours ainsi que l'histoire et les langues autochtones.

Bon nombre de participants ont précisé qu'il existait visiblement de nombreuses occasions de collaborer avec les jeunes et les jeunes adultes dans le but d'améliorer les résultats en santé. Les décideurs auraient donc intérêt à établir des liens étroits avec les jeunes et les jeunes adultes afin d'obtenir de précieux conseils sur la façon d'améliorer leur santé et leur bien-êtreNote de bas de page 29.

« Je crois que les enfants restent des enfants. Laissez-les vivre leur vie et prendre leurs propres décisions, comme vous l'avez fait à leur âge… Ils ne sont pas bien différents de ce que vous étiez. Laissez-les vivre une vie dont ils se souviendront. »

— Jeune participant à la conférence des jeunes (2011)


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