Résumé : Le Rapport de l'administrateur en chef de la santé publique sur l'état de la santé publique au Canada 2011


Résumé

Le présent rapport annuel sur l'état de la santé publique au Canada est le quatrième que produit l'administrateur en chef de la santé publique. Le rapport de cette année dresse un portrait de l'état de santé et de bien-être des jeunes (de 12 à 19 ans) et des jeunes adultes (de 20 à 29 ans) au Canada et fait le point sur de nombreuses questions de santé qui les concernent, notamment la santé physique et mentale, les blessures, la santé sexuelle et reproductive ainsi que la consommation et l'abus de substances nocives. En examinant ces questions et les mesures mises de l'avant pour les résoudre, le rapport dresse une liste des actions à mener en priorité afin de continuer d'aider les jeunes et les jeunes adultes au Canada à vivre une saine transition vers l'âge adulte.

Préparation pour une saine transition

Au fil du temps et grâce, en partie, aux fonds qu'il a investis dans la santé publique et dans l'amélioration des conditions socioéconomiques, le Canada a contribué à aider les jeunes canadiens à vivre une transition saine et mature vers l'âge adulte. Les efforts déployés pour promouvoir et favoriser de saines transitions de vie doivent toutefois faire partie d'un processus continu, puisque, tout au long de leur vie, les Canadiens doivent avoir la possibilité de maintenir une bonne santé et de préserver leur bien-être. Et ce constat est d'autant plus évident que les jeunes d'aujourd'hui franchissent les différentes étapes vers l'âge adulte à des moments, dans un ordre et avec une facilité qui varient considérablement. Puisque les jeunes et les jeunes adultes au Canada forment un segment de la population de plus en plus diversifié, les tendances dans les transitions de vie ont aussi largement évolué depuis le dernier siècle. Dans l'ensemble, cette période de défis et d'expériences de vie positives leur donne l'occasion de progresser, d'acquérir des apprentissages et de se préparer à leur rôle et à leurs responsabilités d'adulte. Certains groupes sont toutefois prédisposés à des problèmes de santé et peuvent, de ce fait, se heurter à des défis et des obstacles susceptibles de nuire à leur passage à l'âge adulte.

Tout au long de la vie, la santé est influencée directement ou indirectement par les déterminants de la santé, tels que le niveau de scolarité et l'alphabétisme, le niveau de revenu et le statut social, l'emploi et les conditions de travail ainsi que l'environnement social. L'interaction complexe de ces déterminants peut avoir des répercussions positives ou négatives sur la santé. Ainsi, dans un groupe donné, les transitions de vie ne se déroulent pas nécessairement au même moment ni au même rythme. Les jeunes et les jeunes adultes vivent donc, chacun à leur façon, les différentes étapes de la vie, et la frontière entre l'enfance et l'adolescence ou entre l'adolescence et l'âge adulte varie d'une personne à une autre. En santé publique, les déterminants de la santé et le modèle basé sur la trajectoire de vie aident à comprendre comment certains facteurs ou certaines expériences peuvent avoir une incidence sur la santé et sur la capacité à faire des transitions saines d'une étape de vie à une autre.

En examinant brièvement l'histoire de la santé publique et les démarches entreprises au Canada pour favoriser de saines transitions de vie, on constate que les efforts investis ont eu une incidence positive sur la santé des jeunes et des jeunes adultes. Grâce à ses programmes, ses lois et ses politiques, le Canada a en effet créé les conditions essentielles pour assurer à ses citoyens un niveau de santé et de bien-être optimal tout au long de leur vie, y compris à l'adolescence et au début de l'âge adulte.

Cependant, il reste encore d'importants défis à relever. En fait, il existe des domaines dans lesquels le Canada, en tant que société, peut intervenir afin d'améliorer la santé et le bien-être actuels et futurs des jeunes et des jeunes adultes. L'éducation, l'emploi, la santé sexuelle et reproductive, la prévention des blessures, la réduction des comportements à risque et la promotion d'une vie saine en sont quelques exemples. Pour que tous les jeunes et les jeunes adultes canadiens puissent se dévélopper sainement, il faut qu'ils soient en mesure de cerner et d'éliminer les difficultés auxquelles ils se heurtent afin de promouvoir de saines transitions de vie.

La santé et le bien-être des jeunes et des jeunes adultes au Canada

Selon le Recensement de 2006, le Canada compte 7,5 millions de jeunes et de jeunes adultes. De ce nombre, 46 % sont des jeunes âgés de 12 à 19 ans et 54 %, des jeunes adultes âgés de 20 à 29 ans. Ensemble, ils représentent 24 % de la population totale, une diminution par rapport aux 33 % enregistrés il y a 35 ans. Bien que la plupart des jeunes habitent avec leur famille, certains vivent seuls, habitent avec un conjoint ou un conjoint de fait ou ont même fondé leur propre famille. Toutefois, comparativement à 2001 (39 %), une plus grande proportion (42 %) habitent toujours chez leurs parents.

L'éducation est, pour tous les Canadiens, un important déterminant de la santé. En 2009, neuf jeunes adultes sur dix avaient terminé leurs études secondaires, et le taux de décrochage s'établissait à 8,5 %. Le taux de décrochage est généralement plus élevé chez les hommes que chez les femmes, et il est bien plus élevé chez les jeunes autochtones vivant hors réserve (23 %). Les jeunes adultes sont, par ailleurs, de plus en plus nombreux à poursuivre des études postsecondaires, et leur taux de réussite a aussi augmenté au fil des années. En 2008, plus de la moitié des Canadiens âgés de 25 à 34 ans avaient terminé des études postsecondaires et de nombreux jeunes et jeunes adultes étaient actifs sur le marché du travail. En effet, plus des deux tiers des Canadiens âgés de 15 à 29 ans occupaient un emploi, soit le quart de la population active au Canada. La majorité des jeunes de 15 à 19 ans occupaient un emploi à temps partiel, alors que les jeunes adultes travaillaient généralement à temps plein.

La santé mentale représente un aspect important de la santé et du bien-être général des jeunes et des jeunes adultes au Canada. D'ailleurs, ceux-ci sont particulièrement touchés par certaines maladies mentales ou certains troubles de santé mentale, comme la dépression, le trouble panique, les troubles de l'alimentation, les lésions auto-infligées, les comportements suicidaires ainsi que les comportements agressifs ou antisociaux, tels que l'intimidation. Cela dit, plus des trois quarts des jeunes et des jeunes adultes au Canada considèrent leur santé mentale comme étant excellente ou très bonne et la plupart se disent très satisfaits ou satisfaits de leur vie. Par contre, 14 % des jeunes et 24 % des jeunes adultes indiquent avoir une vie assez stressante. Comparativement aux autres Canadiens, les jeunes et les jeunes adultes vivant dans des ménages à faible revenu, groupe dans lequel sont surreprésentés les Autochtones, les nouveaux immigrants et les sans-abri, sont davantage exposés à des facteurs de stress, tels que le stress professionnel, les difficultés relationnelles et les problèmes financiers. Ces jeunes ainsi que ceux des minorités sexuelles peuvent également être victimes de discrimination, ce qui peut augmenter leur niveau de stress et leur risque de développer des troubles de santé mentale. La stigmatisation et le harcèlement dont sont victimes les jeunes et les jeunes adultes des minorités sexuelles les rendent également plus vulnérables aux troubles de santé mentale.

L'intimidation prend de nombreuses formes et peut avoir de graves répercussions sur la santé émotionnelle des personnes qui en sont victimes. En 2006, 36 % des élèves de la 6e à la 10e année ont déclaré être victimes d'intimidation, 39 % ont admis être des intimidateurs et 20 % ont indiqué être à la fois victimes et intimidateurs. Les formes d'intimidation les plus communes sont les moqueries et l'intimidation indirecte (par exemple, colporter des mensonges au sujet d'une autre personne). L'intimidation physique, la cyberintimidation et le harcèlement sexuel constituent d'autres formes d'intimidation courantes. Selon les données, la violence dans les relations amoureuses est plus fréquente chez les jeunes de 15 à 24 ans, et les risques de harcèlement, de victimisation et de violence physique et sexuelle, tant à l'école que dans la collectivité, sont beaucoup plus grands chez les jeunes des minorités sexuelles.

Les lésions auto-infligées constituent un autre problème préoccupant chez les jeunes et les jeunes adultes. Ce comportement, souvent caché, est fréquent à l'adolescence et au début de l'âge adulte. Chez les femmes, les blessures volontaires (y compris les lésions auto-infligées) sont responsables de 36 % des hospitalisations pour blessures, alors que, chez les hommes, ce pourcentage est de 22 %. Le suicide est, après les blessures accidentelles, la principale cause de décès chez les jeunes et les jeunes adultes au Canada. En effet, près de 800 jeunes et jeunes adultes se sont suicidés au Canada en 2007 et, de ce nombre, 76 % étaient des jeunes hommes. Bien qu'il n'existe aucune information récente sur le sujet, les travaux de recherche et les données historiques indiquent que le taux de suicide dans certaines populations autochtones est beaucoup plus élevé que dans le reste de la population. Le suicide serait également plus fréquent chez les jeunes et les jeunes adultes lesbiennes, gais, bisexuels, transgenres et en questionnement (LGBTQ).

Comparativement aux populations plus âgées, les jeunes et les jeunes adultes sont moins prédisposés aux maladies chroniques et présentent un taux de mortalité plus faible. D'ailleurs, la majorité d'entre eux (68 % des jeunes et 70 % des jeunes adultes) se considèrent en excellente ou en très bonne santé. Cependant, les jeunes et les jeunes adultes sont plus susceptibles de subir des blessures ou de mourir à la suite de blessures, et cette situation est d'autant plus préoccupante que la plupart des blessures pourraient être évitées. Les lésions traumatiques et les intoxications constituent la principale cause de mortalité chez les jeunes et les jeunes adultes et sont responsables de 75 % des décès chez les adolescents et les jeunes hommes, comparativement à seulement 56 % chez les adolescentes et les jeunes femmes. La majorité des hospitalisations pour blessures surviennent également chez les hommes (66 % chez les adolescents et 68 % chez les jeunes hommes). Par ailleurs, la plupart des décès par blessures sont causés par les accidents de transport, y compris les collisions automobiles, qui, une fois encore, impliquent plus souvent les jeunes conducteurs que les jeunes conductrices. En 2005-2006, plus de 35 000 jeunes et jeunes adultes ont été hospitalisés pour des blessures. Un peu plus des deux tiers (70 %) de ces hospitalisations étaient attribuables à des blessures accidentelles, dont le tiers était lié aux accidents de transport.

Les jeunes et les jeunes adultes au Canada affichent des taux d'obésité plus élevés que par le passé. Entre 1978/1979 et 2007-2009, les taux d'obésité réels sont passés de 3 % à 11 % chez les jeunes et de 6 % à 15 % chez les jeunes adultes. Selon les données d'enquête, on trouve les plus hauts taux d'obésité chez les Autochtones et les taux les plus faibles chez les immigrants. On sait qu'une situation socioéconomique précaire peut être un facteur d'obésité. En effet, les jeunes de familles plus fortunées sont davantage portés à pratiquer des activités physiques et à consommer des aliments sains. Les jeunes qui sont atteints d'embonpoint ou d'obésité courent davantage de risques de développer des maladies chroniques à l'âge adulte, notamment le diabète de type 2 et les maladies cardiovasculaires.

Entre 1994 et 2009, les taux déclarés d'infections transmissibles sexuellement (ITS) ont connu une augmentation au Canada. Les jeunes de moins de 30 ans continuent d'afficher les plus hauts taux déclarés de chlamydia, de gonorrhée et de syphilis infectieuse. Les données d'enquête montrent, en outre, que le taux de chlamydia chez les adolescentes et les jeunes femmes des Premières nations est supérieur à celui observé dans le reste de la population et que les jeunes de la rue présentent eux aussi des taux de chlamydia et de gonorrhée particulièrement élevés. En 2009, plus d'un cinquième (22 %) des tests positifs du virus de l'immunodéficience humaine (VIH) étaient chez les jeunes adultes âgés de 20 à 29 ans.

Même s'il est normal pour les jeunes et les jeunes adultes de prendre des risques, certains d'entre eux adoptent des comportements néfastes pour leur santé, comme le tabagisme, la consommation d'alcool et de drogues et les comportements sexuels à risque. En 2009, près de la moitié des jeunes de 15 à 19 ans et neuf jeunes adultes sur dix ont déclaré avoir eu des relations sexuelles au moins une fois dans leur vie. Plus du tiers des jeunes âgés de 15 à 19 ans et environ le quart des jeunes adultes de 20 à 29 ans ont indiqué avoir eu plus d'un partenaire sexuel au cours de la dernière année. Ce sont toutefois les jeunes des minorités sexuelles et les jeunes de la rue qui sont les plus susceptibles d'adopter des comportements sexuels à risque; de façon générale, ils vivent leur première expérience sexuelle à un âge plus précoce, ont des relations sexuelles avec plus d'un partenaire et font une utilisation moins fréquente du condom.

Le tabac, l'alcool et le cannabis sont les substances nocives les plus fréquemment consommées par les jeunes et les jeunes adultes, et la plupart y sont exposés pour la première fois à l'adolescence. Bien que le taux de tabagisme ait diminué au cours des dix dernières années, il reste que le plus haut pourcentage de fumeurs (23 %) s'observe chez les jeunes adultes. Par ailleurs, en 2009, plus des deux tiers des jeunes âgés de 15 à 19 ans avaient consommé de l'alcool dans les douze derniers mois et près de la moitié en avaient consommé au moins deux ou trois fois par mois. Même si le cannabis a connu une baisse de popularité ces dernières années, il demeure la drogue illicite la plus consommée par les jeunes et les jeunes adultes; en effet, environ le quart a déclaré en avoir consommé en 2009. On remarque cependant que certaines populations présentent un risque plus élevé de consommation et d'abus de substances nocives. Par exemple, les adolescents et les jeunes hommes sont généralement plus susceptibles de consommer des substances nocives et de le faire de façon assidue. Des études récentes indiquent toutefois que l'écart entre les sexes tend à se resserrer. Les données montrent également que la consommation d'alcool et de cannabis est plus fréquente chez les jeunes fumeurs que chez les jeunes non-fumeurs. De même, les jeunes autochtones, les jeunes de la rue et ceux appartenant à une minorité sexuelle présentent, eux aussi, un risque accru de toxicomanie.

Créer des transitions saines

Afin de permettre à tous les jeunes et les jeunes adultes de vivre une saine transition, le Canada doit continuer de s'attaquer aux facteurs complexes et interreliés qui ont une incidence sur la santé et le bien-être. Le présent rapport met d'ailleurs l'accent sur plusieurs de ces facteurs, notamment la santé mentale et la maladie mentale, le suicide, les blessures, l'intimidation, les comportements sexuels à risque, le poids santé ainsi que la consommation et l'abus de substances nocives. Il existe une multitude de façons de s'attaquer à ces questions, que ce soit par l'amélioration de la résilience, la lutte contre la stigmatisation, la promotion de la santé, la prévention et la gestion des risques, l'adoption d'une approche ciblée, l'éducation et la sensibilisation, l'élaboration de politiques publiques qui favorisent la santé et l'adoption de lois en matière de protection. C'est pourquoi le rapport met en lumière des interventions et des stratégies de soutien efficaces et prometteuses et présente des données de recherche pertinentes afin de montrer ce qui peut être accompli pour favoriser de saines transitions chez les jeunes et les jeunes adultes.

Les déterminants sociaux de la santé ont une incidence importante sur l'état de santé des jeunes et des jeunes adultes au Canada. La famille, les amis, l'école, le milieu de travail et la collectivité peuvent, en effet, avoir des répercussions sur la santé. Par exemple, un milieu familial propice peut diminuer les effets directs de l'isolement et de l'exclusion sociale, physique et économique. Par contre, les jeunes canadiens qui sont victimes de mauvais traitements et de négligence à la maison risquent d'avoir des problèmes de santé. L'itinérance peut d'ailleurs être le résultat de mauvais traitements, de négligence, d'une maladie mentale, d'un manque d'emploi, d'un revenu insuffisant, d'un logement inadéquat ou d'un manque de soutien parental. S'attaquer au problème d'itinérance chez les jeunes et les jeunes adultes n'est pas une tâche facile. Pour être réellement efficaces, les interventions doivent être réalisées en bas âge; elles doivent tenir compte des principaux déterminants de la santé et permettre aux enfants et aux jeunes d'avoir accès à un logement stable et à un soutien. À ce titre, l'école est une importante source de soutien pour les jeunes, puisqu'elle leur permet d'acquérir des compétences scolaires et sociales et d'améliorer leurs aptitudes à vivre au quotidien. Elle peut, en outre, diffuser de façon efficace de l'information sur la santé, aborder les problèmes de santé, proposer des mesures de prévention et aider à acquérir de saines habitudes de vie. L'approche globale de promotion de la santé en milieu scolaire consiste d'ailleurs à enseigner des compétences en classe, à améliorer l'environnement social et physique et à établir des liens avec la collectivité. En facilitant l'accès à l'éducation et à une aide financière, certains programmes ont permis à un plus grand nombre de jeunes et de jeunes adultes d'entreprendre des études postsecondaires et de les mener à terme. Le Canada a également connu un certain succès en mettant sur pied des programmes destinés à aider les jeunes et les jeunes adultes à acquérir les compétences, l'expérience et les connaissances dont ils ont besoin pour décrocher un emploi à temps plein.

La résilience est la capacité d'une personne de surmonter les épreuves et les difficultés et de chercher à obtenir les soins et le soutien social dont elle a besoin. Cette capacité est influencée par de nombreux facteurs biologiques, psychologiques et sociaux. La résilience est essentielle à une saine transition vers l'âge adulte, car elle détermine la capacité de lutter contre les traumatismes psychologiques et affectifs, de se faire confiance et de se respecter, de se fixer des objectifs réalistes et d'établir des relations d'entraide. Elle se développe différemment chez les adolescents et les adolescentes, et les interventions visant à la promouvoir doivent nécessairement être adaptées en conséquence.

Les problèmes affectifs et les problèmes de santé mentale vécus pendant l'enfance et à l'adolescence peuvent avoir des répercussions sur les jeunes et les jeunes adultes tout au long de leur vie. D'ailleurs, de nombreuses maladies mentales se manifestent à l'adolescence. C'est pourquoi les troubles de santé mentale et les maladies mentales doivent être traités le plus tôt possible. Les programmes qui ciblent les jeunes se montrent particulièrement efficaces pour prévenir et gérer les problèmes de santé mentale et pour promouvoir une bonne santé mentale. Les écoles pourraient jouer un rôle primordial à cet égard en favorisant le dépistage précoce et en misant sur la sensibilisation. Par exemple, elles pourraient familiariser les enfants et les jeunes avec les troubles de santé mentale et prévenir la stigmatisation en leur enseignant l'empathie et la tolérance et en les mettant en présence de personnes atteintes d'une maladie mentale avant qu'ils n'adoptent des attitudes négatives. La stigmatisation peut nuire au développement des personnes atteintes d'une maladie mentale et les empêcher de demander l'aide dont elles ont besoin. Certains jeunes et jeunes adultes pourraient également éviter de recourir à certains programmes ou services qui, à leurs yeux, semblent davantage destinés aux adultes ou trop détachés de leurs besoins ou de leur culture. C'est pourquoi il faudrait envisager sérieusement d'offrir en milieu scolaire des programmes et des services adaptés en fonction de l'âge. De façon générale, les interventions les plus efficaces comprennent des programmes à long terme qui englobent plusieurs aspects de la santé mentale et qui ciblent les personnes, les familles et les collectivités dans le cadre d'une démarche adaptée en fonction de l'âge, du genre et de la culture. De vastes initiatives ou stratégies pourraient également proposer des démarches intégrées et coordonnées susceptibles d'apporter d'importantes améliorations à la santé mentale en général.

Le suicide est un problème de santé publique grave mais évitable, qui entraîne des conséquences néfastes sur les plans affectif, social et économique. Le fait que le suicide ne soit pas considéré comme un important problème de santé publique et qu'on le croie exclusif à certaines populations nuit à l'efficacité de nombreux programmes de prévention. On observe toutefois certaines tendances dans des groupes de population en particulier. Malgré l'efficacité des stratégies qui limitent l'accès aux armes à feu, aux substances toxiques ou à d'autres outils couramment utilisés dans les tentatives de suicide, ce genre d'intervention ne permet pas d'en éliminer les causes fondamentales. Le suicide peut être abordé dans le cadre d'une vaste stratégie de bien- être qui favorise également la promotion de la santé mentale. Dans le cas des populations autochtones à risque, il faudrait accroître la sensibilisation et s'attaquer aux facteurs communautaires, comme l'exclusion sociale et la rupture du lien avec les traditions et la culture, qui sont souvent profondément enracinés et peuvent se répercuter sur plusieurs générations. Les démarches prometteuses prennent leur source à même la collectivité. Par ailleurs, les premiers résultats de recherche montrent que les médias sociaux et les ressources en ligne peuvent contribuer à prévenir le suicide, notamment chez les jeunes et les jeunes adultes LGBTQ. L'efficacité de ces médias pourrait toutefois être compromise par le fait qu'ils évoluent dans un environnement en perpétuel changement, qu'ils font rarement l'objet d'évaluations, qu'ils sont susceptibles d'accentuer l'isolement et qu'ils peuvent être utilisés pour intimider les personnes vulnérables ou les conduire au suicide.

Les blessures que subissent les jeunes et les jeunes adultes sont généralement évitables. En effet, dans bien des cas, la sensibilisation pourrait contribuer à les prévenir. Les programmes de sécurité en milieu de travail mis en œuvre dans les écoles permettent d'instaurer une culture de la sécurité chez les jeunes avant leur entrée sur le marché du travail. En effet, ces programmes les informent sur les risques en milieu de travail ainsi que sur leurs droits et leurs responsabilités en matière de santé et de sécurité au travail. De vastes programmes de sensibilisation ont d'ailleurs permis de changer les attitudes à l'égard de certains comportements à risque, comme la conduite avec les facultés affaiblies. Il reste toutefois beaucoup à faire pour s'assurer que les messages parviennent aux personnes les plus à risque. La portée des messages devrait, en outre, être élargie à la conduite de tous les véhicules motorisés, notamment les bateaux, les véhicules tout-terrain et les motoneiges. De façon générale, les démarches à volets multiples sont plus efficaces lorsqu'elles combinent l'application des politiques et des règlements, le contrôle des dangers environnementaux et la sensibilisation.



L'intimidation est un problème qui a des répercussions à court et à long terme sur la santé et le bien-être de ceux qui en sont victimes. Elle peut survenir dans différents contextes sociaux, notamment à l'école, au travail et en ligne. Peu importe le contexte, tout le monde a un rôle à jouer pour la prévenir. L'intimidation est un problème relationnel qui se caractérise par un abus de pouvoir et qui peut se résoudre par l'établissement de relations saines et l'acquisition d'aptitudes sociales, comme l'affirmation de soi, l'empathie, la résolution de conflits et d'autres habiletés interpersonnelles. Étant donné qu'elle se produit généralement à l'école, c'est en milieu scolaire que l'on s'emploie le plus activement à la combattre. Les évaluations indiquent toutefois que les programmes de prévention donnent des résultats mitigés. Les politiques qui s'appliquent à tout le milieu scolaire permettent de préciser les responsabilités des enseignants et des élèves dans la lutte contre l'intimidation. La participation et la présence d'adultes dans les écoles peuvent également avoir une incidence positive sur les résultats. En milieu de travail, la lutte contre l'intimidation exige que les employeurs et les employés travaillent ensemble à définir clairement ce qu'est l'intimidation et à déterminer comment sont conçues et appliquées les mesures de prévention.

La santé sexuelle est un aspect important d'un mode de vie sain, des saines transitions et de la santé en général. Vivre une sexualité saine, ce n'est pas seulement éviter les conséquences négatives, comme les ITS et les grossesses imprévues. La plupart des Canadiens deviennent sexuellement actifs à l'adolescence. Étant donné que les attitudes et les comportements à l'égard de la sexualité se définissent en bas âge, il est important de transmettre aux jeunes les connaissances et les habiletés nécessaires pour qu'ils puissent établir des relations saines et adopter des comportements sexuels sains. Les interventions en milieu scolaire permettent de joindre un grand nombre de jeunes. Les données indiquent d'ailleurs que plus on informe les enfants et les jeunes sur la santé sexuelle, plus ils sont susceptibles de retarder le moment de leur première relation sexuelle et d'adopter des pratiques sexuelles sécuritaires. Toutefois, l'éducation sur la santé sexuelle est généralement d'une efficacité limitée dans les écoles au Canada en raison du temps consacré à l'enseignement, du materiel pédagogique ou d'une résistance de la part de la collectivité. Certains enseignants se sentent également mal à l'aise avec le sujet. Les programmes d'éducation à la santé sexuelle doivent inclure la question de la diversité afin de refléter les différents besoins et points de vue des élèves. De la même manière, il faudrait aborder la grossesse chez les adolescentes et les comportements sexuels des jeunes de la rue au moyen d'une démarche exhaustive qui tient compte de l'ensemble des déterminants de la santé et examine les causes profondes du problème. Il faudrait, par exemple, instaurer des mesures de prévention des grossesses chez les adolescentes et offrir aux jeunes parents et à leurs enfants des services de soutien afin de les aider à se maintenir en bonne santé, tout en évitant de les stigmatiser. De façon générale, les interventions les plus efficaces sont celles qui sont mises en œuvre en bas âge et qui tiennent compte de l'expérience des jeunes et des jeunes adultes, de leurs antécédents, de leur culture et de leur orientation sexuelle.

Bien que l'embonpoint et l'obésité soient actuellement en pleine expansion dans tous les groupes d'âge, ce problème de santé publique est particulièrement préoccupant chez les jeunes et les jeunes adultes en raison des effets néfastes qu'il entraîne sur leur état de santé actuel et futur. Le surplus de poids est le résultat de nombreux facteurs, notamment la situation économique, le niveau de scolarité, les prédispositions génétiques, les facteurs sociaux, le milieu bâti et la culture. Vaincre l'embonpoint et l'obésité exige l'adoption d'un mode de vie sain en favorisant l'activité physique et l'alimentation équilibrée et en s'attaquant aux déterminants socioculturels et environnementaux qui en sont à l'origine. Le milieu bâti peut, en effet, avoir une incidence sur le mode de vie des jeunes et des jeunes adultes au Canada en favorisant le transport et les loisirs actifs, en facilitant les déplacements à pied et en donnant accès à des installations récréatives et à des aliments abordables et nutritifs. Les vastes stratégies qui fournissent des recommandations en matière de nutrition et d'activité physique constituent une façon de lutter contre les problèmes de poids dans la population en général. Une autre démarche consiste à rendre les aliments sains et les programmes plus accessibles aux personnes à risque (notamment en régions rurales ou éloignées). Des programmes de diagnostic précoce seraient également nécessaires pour assurer un traitement des troubles de l'alimentation. Pour cette raison, il serait important de former les familles et les enseignants afin qu'ils puissent détecter rapidement les comportements et les symptômes typiques d'un trouble de la conduite alimentaire. La collectivité pourrait aussi jouer un rôle majeur dans la promotion de saines images corporelles. Cela dit, il faudrait déployer d'autres efforts si l'on veut combattre les stéréotypes dont sont victimes les personnes atteintes d'embonpoint et d'obésité et montrer aux jeunes que l'estime de soi n'est pas une question d'apparence physique.

Comparativement à d'autres groupes de la population, les jeunes et les jeunes adultes au Canada sont plus susceptibles de consommer des substances nocives et de le faire de façon abusive. Ce problème complexe est souvent le résultat d'une accumulation de facteurs d'influence, comme la situation familiale, le cercle d'amis, le milieu scolaire et les déterminants socioéconomiques. Sur le plan de la santé publique, la question est souvent abordée au moyen d'une approche à quatre volets : la prévention, le traitement et la réadaptation, l'application des lois et des règlements et la réduction des méfaits. Les mesures de prévention donnent de meilleurs résultats lorsqu'elles sont mises en œuvre en bas âge, avant que les problèmes de consommation ne surviennent. En effet, les interventions précoces aident à cibler rapidement les facteurs de risque et permettent aux enfants d'acquérir les compétences nécessaires pour faire des choix de vie sains. Pour être efficaces, les programmes destinés aux jeunes doivent être adaptés à leurs besoins, fournir de l'information sur les substances nocives les plus consommées et tenir compte de leurs intérêts, de leurs activités et de leurs valeurs. L'établissement d'un âge légal de consommation, les mesures de contrôle concernant la vente d'alcool aux mineurs, l'imposition de taxes sur l'alcool, la réduction du taux légal d'alcoolémie et l'émission de permis d'apprenti conducteur constituent quelques-unes des mesures de promotion de la santé qui ont donné de bons résultats auprès de la population. La réglementation des produits du tabac a également joué un rôle important dans la réduction du tabagisme au Canada.

Le Canada a déjà mis en place plusieurs stratégies et programmes éprouvés ou prometteurs dans le but d'améliorer l'état de santé actuel et futur des jeunes et des jeunes adultes. Malgré les efforts déployés, la santé et le bien-être de certains d'entre eux continuent d'être mis en péril, et beaucoup de lacunes subsistent dans les connaissances, l'information et les pratiques exemplaires. Les politiques et les programmes actuels fournissent à la population, aux collectivités et aux différents secteurs de la société un bon point de départ pour faire avancer les choses.

Aller de l'avant

Grâce à son travail de planification et de recherche, le Canada a réussi, au cours du dernier siècle, à améliorer la santé et la qualité de vie de sa population. Par conséquent, la plupart des jeunes et des jeunes adultes canadiens d'aujourd'hui peuvent s'attendre à mener une vie saine et trépidante. Cependant, la santé actuelle et future d'un grand nombre d'entre eux continue d'être mise en péril, et certains segments de la population sont prédisposés à des problèmes de santé.

Le Canada devrait s'attaquer à ces problèmes afin d'assurer aux jeunes et aux jeunes adultes vulnérables une vie saine et productive. Bien que de nombreuses mesures soient déjà en place, plusieurs d'entre elles pourraient être reproduites, adaptées ou transposées à plus grande échelle. Certaines collectivités pourraient également nécessiter des stratégies plus personnalisées. Une évaluation de tous les programmes serait, en outre, essentielle pour en vérifier l'efficacité.

Afin de servir au mieux les intérêts des jeunes et des jeunes adultes, le Canada devrait concentrer ses efforts sur les actions prioritaires suivantes :

  • améliorer et mieux utiliser les données sur les populations et les programmes;
  • miser sur l'éducation et la sensibilisation;
  • créer et maintenir un environnement sain et stimulant;
  • aborder les problèmes sous tous les angles selon une approche coordonnée, intersectorielle et multidisciplinaire.

En tant que société, nous pouvons tirer des leçons et nous inspirer des succès passés dans le but de créer un environnement favorable à la santé et au bien-être des jeunes et des jeunes adultes au Canada. De cette façon, nous pourrons aider les jeunes à traverser cette période essentielle à leur développement en leur donnant les moyens de faire face aux difficultés et d'atteindre leur plein potentiel.

Détails de la page

Date de modification :