Le Rapport de l'administrateur en chef de la santé publique sur l'état de la santé publique au Canada 2011 – Message de l'administrateur en chef de la santé publique du Canada


Message de l'administrateur en chef de la santé publique du Canada

« …l'âge mûr devient sot et négligent lorsqu'il sous-estime la jeunesse [...] »
- J. K. Rowling, Harry Potter et le Prince de Sang-Mêlé

Le présent rapport est le quatrième que je publie en tant qu'administrateur en chef de la santé publique du Canada. Tout comme les précédents, ce rapport a pour objectif d'informer la population canadienne et de susciter des discussions sur les nombreux facteurs qui contribuent à une bonne santé ainsi que sur les mesures à prendre, en tant que société, pour améliorer la santé publique au Canada. Dans le présent rapport, je m'intéresse à la santé et au bien être des jeunes et des jeunes adultes au Canada. Je mets également en lumière les principaux domaines dans lesquels il y aurait lieu d'intervenir afin d'assurer aux jeunes canadiens le meilleur avenir possible.

Le passage de l'enfance à l'âge adulte est un parcours complexe qui varie d'une personne à une autre. Au Canada, l'adolescence et le début de l'âge adulte est généralement une période de bonne santé. Toutefois cette période est aussi marquée par une transition importante sur les plans biologique, psychologique, économique et social. En effet, c'est généralement à ce moment que les gens adoptent des attitudes et des comportements qu'ils garderont toute leur vie et qui détermineront leur état de santé et de bien-être futur.

Lorsque j'étais jeune, le parcours vers l'âge adulte était assez prévisible et relativement bien compris. Aujourd'hui, les jeunes empruntent un chemin moins convenu et mettent beaucoup plus de temps à le parcourir. Les raisons d'un tel changement sont nombreuses : un marché du travail en constante évolution, des employeurs exigeant un niveau de scolarité supérieur, un changement d'attitudes à l'égard du mariage, de la sexualité et de la cohabitation, une plus grande diversification des cultures et des valeurs trouver au Canada.

Le Canada était, en effet, très différent à l'époque. Les hôpitaux débordaient d'enfants victimes de complications de la poliomyélite; les véhicules automobiles étaient beaucoup moins sécuritaires; le tabagisme n'était pas considéré comme dangereux pour la santé; les méthodes de contraception étaient moins accessibles; et seuls quelques antibiotiques étaient utilisés pour traiter les infections. Bien que de nombreux progrès aient été accomplis, il reste encore beaucoup d'obstacles à surmonter.

En général, les jeunes et les jeunes adultes au Canada vivent en bonne santé et font preuve d'une forte résilience. D'ailleurs, la plupart réussissent avec succès le passage à l'âge adulte. Cependant, certains s'y épanouissent moins bien que d'autres et, parmi eux, on trouve dans une proportion démesurée les jeunes de familles à faible revenu, les jeunes vivant dans une collectivité éloignée, les jeunes autochtones et les jeunes appartenant à une minorité sexuelle ou de genre.

Le présent rapport aborde certains problèmes de santé chez les jeunes et les jeunes adultes, notamment les blessures, l'obésité, les comportements sexuels, les problèmes de santé mentale ainsi que la consommation et l'abus de substances nocives. Tous ces problèmes peuvent avoir des répercussions négatives sur une transition saine vers l'âge adulte. Bien que ces questions révèlent une tendance assez préoccupante, les données indiquent que des changements peuvent être apportés dans les attitudes, les comportements et les conditions d'épanouissement.

Je m'inquiète pour les jeunes qui vivent difficilement leur passage à l'âge adulte et qui ont l'impression de ne pas avoir d'avenir. Franklin D. Roosevelt a déjà dit : « [traduction] Nous ne pouvons pas toujours préparer l'avenir pour nos jeunes, mais nous pouvons préparer nos jeunes pour l'avenir. » Voilà une observation juste et je crois que, grâce à une vision, une planification et une collaboration à long terme, nous pouvons tendre la main aux plus vulnérables et améliorer la santé et le bien-être de tous les jeunes et les jeunes adultes au Canada.

C'est, bien sûr, le rôle de tous les ordres de gouvernement de créer des environnements dynamiques et, comme c'est généralement le cas en santé publique, il est essentiel, pour ce faire, d'obtenir la collaboration de tous les secteurs de la société, administrations et ordres de gouvernement. En effet, il s'agit ici d'une approche de « société entière », c'est-à-dire d'une approche qui requiert la contribution des gouvernements, des collectivités et des familles.

Nous célébrons cette année le 25e anniversaire de la Charte d'Ottawa pour la promotion de la santé. Cette charte reconnaît l'importance de la participation des collectivités à l'établissement des priorités et à la gestion de leur environnement. Elle reconnaît également l'importance pour les gens de se sentir en contrôle de leur destinée. Je suis impressionné de constater qu'après toutes ces années la Charte conserve sa pertinence et continue de donner des résultats. À mesure que nous nous attaquerons aux problèmes qui affligent la population canadienne, il faut garder à l'esprit que ce n'est pas tant par des interventions directes que nous aiderons les Canadiens à prendre leur vie en main mais par la création de milieux propices à leur épanouissement. Il est, bien sûr, primordial que chacun possède suffisamment de ressources pour répondre à ses besoins essentiels. Toutefois, le fait de pouvoir exercer une influence sur sa vie – le fait d'aimer et d'être aimé, de se sentir en sécurité, d'envisager l'avenir avec confiance et de pouvoir améliorer, dans une certaine mesure, ses conditions de vie et de travail – peut faire la différence entre une santé déficiente et une bonne santé. C'est en ce sens que la santé publique peut jouer un rôle essentiel et durable. Cela dit, nous serons appelés à collaborer avec d'autres secteurs de la société afin de les conseiller sur les mesures à prendre collectivement dans le but d'aider la population canadienne à s'épanouir et à vivre en santé.

Dr David Butler-Jones

Le Dr David Butler-Jones est le premier et l'actuel administrateur en chef de la santé publique du Canada. Il dirige l'Agence de la santé publique du Canada, qui assure le leadership des efforts du gouvernement pour protéger et promouvoir la santé et la sécurité des Canadiens. Il a auparavant œuvré dans les domaines de la santé publique et de la médecine clinique dans plusieurs régions du Canada et a travaillé comme consultant dans d'autres pays. Le Dr Butler-Jones a également fait de l'enseignement universitaire au premier cycle et aux cycles supérieurs, en plus d'avoir touché comme chercheur à un vaste éventail de questions de santé publique. Il est professeur à la Faculté de médecine de l'Université du Manitoba et professeur clinicien au Département de santé communautaire et d'épidémiologie du collège de médecine de l'Université de la Saskatchewan. De 1995 à 2002, le Dr Butler-Jones a occupé les fonctions de médecin hygiéniste en chef de la Saskatchewan ainsi que de directeur administratif de la Direction générale de la santé de la population et de la Direction générale des services de soins de santé primaires de cette province. Le Dr Butler-Jones a précédemment assumé des fonctions au sein de nombreuses associations. Il a notamment été président de l'Association canadienne de santé publique, vice-président de l'American Public Health Association, président de la Table ronde sur la santé et le changement climatique du Canada, régent international au sein du conseil de l'American College of Preventive Medicine, membre du conseil d'administration de l'Initiative sur la santé de la population canadienne, président de la coalition canadienne pour accroître la prévention dans la pratique des professionnels de la santé et coprésident de la Coalition canadienne pour la santé publique au 21e siècle. Afin de souligner son travail dans le domaine de la santé publique, la Faculté des sciences de la santé de l'Université York a remis au Dr Butler-Jones un doctorat honorifique en droit. En 2010, il s'est vu décerner le Prix Robert Davies Defries, la plus haute distinction remise par l'Association canadienne de santé publique, pour sa contribution exceptionnelle au domaine de la santé publique.


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