Chapitre 3 : Rapport de L’administrateur en chef de la santé publique sur l’état de la santé publique au Canada 2008 – Causes de décès

Notre population et notre santé en chiffres

Causes de décès

Si les tendances observées récemment se confirment, six décès sur dix en 2008 seront imputables aux maladies de l’appareil circulatoire (crises cardiaques, insuffisances cardiaques et accidents vasculaires cérébraux, essentiellement) ou au cancer. Les chiffres absolus sont élevés, mais les taux de décès prématurés dus à ces affections ont reculé étant donné l’essor démographique162.

Depuis un demi-siècle, le taux de mortalité global attribuable à toutes les causes combinées a régressé de manière continue si l’on tient compte de l’évolution de la répartition de la population d’année en année (par normalisation selon l’âge) (voir la figure 3,9)163. Autrement dit, les Canadiens vivent plus longtemps. Le taux global de mortalité normalisé selon l’âge, tous âges et sexes confondus, est passé de 1 219 décès pour 100 000 habitants en 1950 à 572 pour 100 000 habitants en 2004164, 165, 166

Le recul des taux de mortalité provient en grande partie de la baisse de plus de 70 % des taux de décès liés aux maladies de l’appareil circulatoire – en particulier les cardiopathies ischémiques et les maladies cérébrovasculaires (y compris les accidents vasculaires cérébraux). Les taux de mortalité normalisés selon l’âge pour tous les sièges de cancer n’ont pas évolué de manière importante depuis les années 1950164, 165, 166.

Figure 3,9 Taux de mortalité normalisé selon l’âge pour certains groupes de causes, Canada, 1950-2004
Figure 3,9 Taux de mortalité normalisé selon l’âge pour certains groupes de causes, Canada, 1950-2004

TMNA – Taux de mortalité normalisé selon l’âge
Source : Agence de la santé publique du Canada, au moyen du système
DAIS (Data Analysis and Information System) de Santé Canada, tableaux
CANSIM, Statistique Canada.


Figure 3,10 Mortalité selon l’âge pour certains groupes de causes, Canada, 2004
Figure 3,10 Mortalité selon l’âge pour certains groupes de causes, Canada, 2004

Source : Agence de la santé publique du Canada, à partir des tableaux CANSIM, Statistique Canada.


La mortalité varie, dans sa répartition, ses taux et ses causes, selon divers facteurs, dont l’âge, le sexe et le revenu167. La répartition selon le groupe d’âge est présentée dans la figure 3,10, qui montre les causes de décès et leur importance dans le total des décès des Canadiens d’âges différents. Par exemple, les décès dus aux blessures et aux intoxications constituent une part importante de tous les décès déplorés chez les enfants et les jeunes âgés de 0 à 9 ans; cependant, par rapport à l’ensemble de la population, le nombre réel de tels décès est faible puisque la mortalité dans ce groupe d’âge représente moins de 2 % de la mortalité globale168. À partir de 45 ans environ, la plupart des décès sont attribuables aux maladies de l’appareil circulatoire et au cancer, mais ils représentent la plus grande part de la mortalité enregistrée au Canada169. Comme on peut s’y attendre, la majorité des décès (toutes causes confondues) sont enregistrés dans les groupes d’âge avancé (78 %), indépendamment de leur importance relative dans les autres groupes d’âge.

Les taux de mortalité varient également selon le revenu du quartier144. Les décès dus aux cardiopathies ischémiques diminuent chez les hommes (comme on le voit dans la figure 3,11) et la différence entre ceux qui habitent dans le quartier le plus riche et dans le quartier le plus pauvre s’amenuise144. Toutefois, ce rapprochement est survenu surtout entre 1971 et 1991, sans pratiquement aucune amélioration les dix années suivantes. 

C’est le contraire dans d’autres cas. Les décès dus au cancer du poumon augmentent chez les femmes, quel que soit le niveau de revenu, et l’écart entre les habitants des quartiers les plus riches et les plus pauvres se creuse (voir la figure 3,12)144. Les habitudes de tabagisme passées chez les femmes canadiennes expliquent en grande partie cette situation170, 171, 172

Figure 3,11 Taux de mortalité normalisé selon l’âge pour les cardiopathies ischémiques selon le revenu du quartier, hommes, dans les régions métropolitaines du Canada, 1971-2001
Figure 3,11 Taux de mortalité normalisé selon l’âge pour les cardiopathies ischémiques selon le revenu du quartier, hommes, dans les régions métropolitaines du Canada, 1971-2001

TMNA – Taux de mortalité normalisé selon l’âge
Q – Population divisée en cinquièmes selon le pourcentage des
habitants du quartier qui se situent sous le seuil de faible revenu
Source : Wilkins et al. (2007), Statistique Canada.


Figure 3,12 Taux de mortalité normalisé selon l’âge pour le cancer du poumon selon le revenu du quartier, femmes, dans les régions métropolitaines du Canada, 1971-2001
Figure 3,12 Taux de mortalité normalisé selon l’âge pour le cancer du poumon selon le revenu du quartier, femmes, dans les régions métropolitaines du Canada, 1971-2001

TMNA – Taux de mortalité normalisé selon l’âge
Q – Population divisée en cinquièmes selon le pourcentage des
habitants du quartier qui se situent sous le seuil de faible revenu
Source : Wilkins et al. (2007), Statistique Canada.


Causes de décès prématurés

Le nombre de décès imputables à une maladie est utile pour comprendre l’état de santé de la population, mais il est tout aussi important de tenir compte de l’âge auquel survient le décès. Si un Canadien meurt d’un cancer à 45 ans, on peut estimer qu’il a perdu 30 années de vie (en prenant une espérance de vie à la naissance de 75 ans, comme on le fait généralement dans ce genre de calculs, par mesure de prudence). Le nombre d’années potentielles de vie perdues (APVP) à cause d’un décès prématuré permet de mieux saisir l’incidence d’une maladie ou d’une condition particulière sur la santé de la population.

Au Canada, le nombre d’APVP a diminué au fil du temps. Les cancers, les maladies de l’appareil circulatoire, les blessures (non intentionnelles et intentionnelles) et les maladies respiratoires chroniques sont encore les principales causes de décès prématuré. En 2001, ces quatre facteurs étaient responsables de plus de 70 % du nombre total d’APVP (5 102 pour 100 000 habitants), toutes causes confondues. En général, les maladies infectieuses ne provoquent pas beaucoup de décès prématurés au Canada; ainsi, le VIH, affection la plus meurtrière, n’a représenté que 46 APVP pour 100 000 habitants en 2001, soit moins de 1 % du nombre total d’années de vie perdues prématurément cette année-là116.

Les études montrent que l’endroit où l’on vit a un impact sur les années de vie perdues en raison d’un décès prématuré. Le taux d’APVP chez les Canadiens établis dans les régions nordiques est plus élevé que celui de la moyenne nationale (p. ex. le taux d’APVP des habitants du Nunavut est de 2,5 fois plus élevé que la moyenne). Cela est dû principalement aux blessures non intentionnelles, aux suicides et aux blessures intentionnelles. Au contraire, les habitants du Centre et de la côte Ouest ont des taux d’APVP inférieurs à la moyenne116.

On note également des différences dans l’APVP entre les quartiers où les revenus sont les plus élevés et ceux où ils sont les plus bas. En 2001, un plus grand nombre d’années de vie ont été perdues en raison d’un décès prématuré dans les quartiers urbains pauvres que dans les quartiers les plus riches. Si les taux de mortalité selon l’âge et le sexe dans le quintile des revenus les plus élevés s’étaient appliqués à l’ensemble de la population, le nombre total d’APVP dans tous les quartiers urbains aurait baissé de 20 % environ, soit l’équivalent de tous les décès prématurés dus à des blessures dans ces quartiers144, 173

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