Chapitre 2 : Rapport de L’administrateur en chef de la santé publique sur l’état de la santé publique au Canada 2008 – Qu’est-ce que la santé publique?

Santé publique au Canada

Qu’est-ce que la santé publique?

Au Canada, il existe une tendance à confondre la santé et les soins de santé. Et cette tendance se comprend, car le régime d’assurance-maladie est non seulement une source de fierté nationale, mais un important facteur de la santé des Canadiens. Cependant, la santé englobe certainement bien plus que les hôpitaux et les services médicauxNote de bas de page3Note de bas de page4

La santé publique est définie comme les efforts organisés de la société pour maintenir les personnes en santé et éviter les blessures, les maladies et les décès prématurés. Il s’agit d’un mélange de programmes, de services et de politiques qui protègent et favorisent la santé des CanadiensNote de bas de page5.

Tandis que les soins de santé se concentrent sur le traitement des malades, la santé publique vise à prévenir l’apparition et l’aggravation des maladies. Les deux volets cherchent néanmoins à restreindre les conséquences de la maladie et l’invaliditéNote de bas de page3. Alors que les personnes bénéficient des services du système de santé publique, les programmes de santé publique ciblent des populations entières – pas uniquement des personnes – en cernant et en affaiblissant les menaces à la santé par des mesures communes dans divers secteurs de la sociétéNote de bas de page2 Note de bas de page6.

La santé publique invite les Canadiens à reconnaître que la santé physique et la santé mentale sont étroitement liées à l’environnement et à la sociétéNote de bas de page7. La façon dont le Canada, en tant que pays, traite les questions comme la pauvreté, le logement, l’hygiène et la protection de l’environnement, influe directement ou indirectement sur la santé de la population. La présence ou l’absence de soutien familial et de réseaux sociaux, d’accès à la scolarité et à l’emploi, de sécurité au travail, de cohésion et de développement commu-nautaires a également des conséquences sur la santéNote de bas de page8

Figure 2,1 Facteurs qui influent sur notre santéNote de bas de page9
Figure 2,1 Facteurs qui influent sur notre santé

Les personnes œuvrant dans le domaine de la santé publique sont souvent inconnues des Canadiens jusqu’à ce que de graves maladies comme le SRAS, la grippe aviaire ou le virus du Nil occidental éclosent. En cas d’éclosions de maladie infectieuse ou d’autres urgences en santé, les mesures et les interventions d’urgence constituent certainement l’une des principales fonctions de la santé publique. Toutefois, la prévention des maladies et des blessures et la promotion des modes de vie et des milieux sains font également partie des responsabilités essentielles en santé publiqueNote de bas de page6. Les mauvaises habitudes alimentaires, le manque d’activité physique et la consommation de tabac, d’alcool ou de drogues sont les principaux facteurs de maladies chroniques, à l’instar des facteurs environnementaux et des conditions sociales qui ne favorisent pas un style de vie sain ou qui nuisent directement à la santé. Pour cette raison, les efforts de prévention de la maladie et de promotion de la santé sont appliqués à un éventail de maladies qui peuvent facilement être évitées ou retardées comme les cardiopathies, le diabète, le cancer et le virus de l’immunodéficience humaine/syndrome d’immunodéficience acquise (VIH/sida). 

Bien que les Canadiens fassent partie des personnes les plus en santé de la planète, les données sur la santé publique révèlent que certains groupes sont plus susceptibles que d’autres d’accuser une mauvaise santé et un décès prématuréNote de bas de page2. Connaître les causes de ces inégalités par la surveillance et l’évaluation de la santé de la population et mettre en œuvre des interventions de sensibilisation de ces groupes sont également des mesures de santé publique clésNote de bas de page10.

La santé publique est une responsabilité partagée par plusieurs joueurs y compris les administrations fédérale, provinciales et territoriales, les municipalités, ainsi que les associations et les administrations autochtonesNote de bas de page3. Les gouvernements édictent des lois et des règlements pour protéger le public des dangers sanitaires causés par l’eau polluée, la fumée secondaire ou les conditions de travail qui mettent en péril la santé et la sécurité des employés. Les professionnels de la santé, dans divers contextes, travaillent en vertu de ces lois et règlements à l’échelle communautaireNote de bas de page6. Ils surveillent et évaluent notamment les états de santé et les maladies chroniques, enquêtent sur les éclosions de maladie infectieuse, inspectent les cuisines des restaurants et l’approvisionnement en eau, fournissent des vaccins et offrent des conseils et du soutien sur des questions comme la nutrition, l’activité physique, la lutte contre le tabagisme et l’alcoolisme, la prévention des blessures et la santé sexuelle.

Même si les gouvernements promulguent des lois, élaborent des politiques et financent des organismes de santé publique, les efforts concertés des réseaux internes et externes du système de santé publique sont nécessaires pour relever l’ensemble des défis sanitaires de la population. Ces réseaux de santé englobent des professionnels comme des médecins, des infirmiers, des inspecteurs de la santé publique, des promoteurs de la santé, des professionnels de la santé dentaire et des nutritionnistesNote de bas de page6. Ils comprennent également des organismes communautaires, des organismes de bénévoles, le monde universitaire et des organismes internationaux ayant des objectifs communs. Les acteurs indirects sont aussi essentiels, notamment les médias qui diffusent des nouvelles sur la santé au Canada et fournissent des renseignements sur les modes de vie sains, les spécialistes du marketing social, les instructeurs de conditionnement physique, les adultes qui donnent le bon exemple aux enfants en prenant soin de leur santé, les employeurs qui offrent du temps ou des horaires souples afin que leurs employés puissent pratiquer une activité physique et s’occuper de leurs enfants, de leurs parents ou de leurs proches malades. Il ne faut pas non plus oublier les ingénieurs et les travailleurs du domaine des transports qui améliorent la sécurité des autoroutes canadiennes, les producteurs agricoles qui respectent les règlements afin de s’assurer que nous mangeons sainement et les groupes sans but lucratif qui luttent contre la pauvreté et incitent les Canadiens à être actifs, à recycler et à diminuer leur consommation d’énergie.

Bien que les activités de santé publique puissent être décrites de diverses façons, les six activités ci-dessous sont mentionnées au Canada et dans la législation relative à l’Agence de la santé publique.

Protection de la santé – Mesures prises pour s’assurer que l’eau, l’air et les aliments sont sains; cadre réglementaire pour maîtriser les maladies infectieuses; protection contre les menaces environnementales; conseils de spécialistes aux organismes de réglementation chargés de l’innocuité des aliments et des médicaments.

Surveillance de la santé – Usage permanent et systématique de données sur la santé recueillies régulièrement dans le but de suivre et de prévoir les événements ou les déterminants liés à la santé. La surveillance inclut : l’acquisition et l’enregistrement de données pertinentes, l’intégration, l’analyse et l’interprétation de ces données, la conception de produits de suivi et de prévision utilisant les données interprétées, la publication/diffusion de ces produits, et l’expertise offerte pour concevoir ou participer à la conception de systèmes de surveillance, notamment pour la surveillance des risques.

Prévention des maladies et des blessures Enquête, recherche des contacts, mesures préventives pour diminuer les risques d’émergence ou d’éclosion d’une maladie infectieuse et activités visant à promouvoir des modes de vie sains afin de diminuer les maladies et les blessures évitables.

Évaluation de la santé de la population – Connaître la santé de collectivités ou de populations particulières ainsi que les facteurs sous-jacents d’une bonne santé ou les facteurs de risques potentiels, et ce, afin d’élaborer de meilleurs services et politiques.

Promotion de la santé Prévenir la maladie, favoriser les comportements sains et améliorer la santé par les politiques publiques, les interventions communautaires, la participation active du public et la défense ou l’action en matière d’environnement et des déterminants socioéconomiques de la santé.

Mesures et interventions d’urgence Planification en vue de catastrophes naturelles
(p. ex. inondations, tremblements de terre, incendies, maladies infectieuses dangereuses) et de catastrophes humaines (p. ex. liées à l’utilisation d’explosifs, de produits chimiques ou de substances radioactives ou menaces biologiques) afin de minimiser les maladies graves, le taux global de décès et la perturbation de l’ordre socialNote de bas de page6Note de bas de page11.

L’approche axée sur la population visant à améliorer la santé n’est pas vraiment nouvelle; elle a été utilisée sous diverses formes dans l’histoire. Elle a évolué, mais au gré d’importantes difficultés et erreurs. Bon nombre de problèmes de santé que notre monde développé a connus, comme des maladies infectieuses autrefois courantes, des eaux et des eaux usées insalubres et des dangers en milieu de travail, peuvent sembler sans importance aujourd’hui, mais il ne faut pas tenir leur absence pour acquis. Il est important de garder à l’esprit que les progrès de la santé publique ont souvent été marqués par de grandes difficultés à surmonter des obstacles de taille et parfois de fortes oppositions. De plus, les solutions sociétales n’ont peut-être pas toujours été adéquates et dans certains cas, il se pourrait même qu’elles aient aggravé des problèmes ou qu’elles aient été injustes envers certaines personnes. 

Obésité – Illustration de l'approche de santé publique

Au Canada, 65 % des hommes et 53 % des femmes souffrent d'un excès de poids ou d'obésitéNote de bas de page12. Parmi les enfants et les jeunes (âgés de 2 à 17 ans), les cas d'obésité ont presque triplé – de 3 % en 1978 à 8 % en 2004 – tandis que les cas de surpoids s'élèvent à 18 %Note de bas de page13. L'obésité est l'un des principaux facteurs de risque des cardiopathies, des troubles articulaires et du diabète de type 2, il est donc essentiel que le Canada trouve un moyen de renverser cette tendanceNote de bas de page14.

Comment faire? L'approche de santé publique requiert en premier lieu une connaissance des causes de l'obésité dans la population, puis l'élaboration de méthodes pour influer sur ces causes ou les atténuer. Au premier coup d'œil, la cause de l'obésité peut paraître simple : la consommation d'énergie ou de calories est supérieure aux dépenses. Mais pourquoi certaines personnes consomment davantage de calories ou ont une vie moins active que d'autres? Est-ce simplement parce qu'elles ne se rendent pas compte des conséquences de leurs choix ou parce que les comportements font partie d'une situation plus large déterminée par l'expérience de vie : le développement des jeunes enfants; le niveau de scolarité; le stress et le rythme de vie; le coût, la disponibilité et l'accessibilité de denrées alimentaires nutritives; la surconsommation et le manque d'occasions de pratiquer une activité physique?

Afin de lutter contre l'obésité, il convient de connaître les influences générales, la façon d'aider les gens à faire facilement des choix santé et de créer des conditions pour une meilleure santé. Cela exigera un examen des facteurs qui influent sur l'accès aux aliments santé, les choix alimentaires, la consommation, la récréation et l'activité physique, notamment les techniques agricoles, la transformation des aliments, la publicité, le niveau de scolarité, le revenu, les contraintes de temps, la planification urbaine, les systèmes de transport, les espaces verts urbains et les installations de loisir.

Plus les causes et les effets de l'obésité sont examinés, plus il devient clair que les solutions doivent porter sur un réseau complexe de questions sous-jacentes. Pour ce faire, il faut mettre en œuvre des interventions appropriées et, par la suite, évaluer celles-ci. C'est une tâche difficile, mais nécessaire. Lorsque ce type d'effort est fait et que les causes de l'obésité sont examinées et contrées, d'autres conséquences positives sur la santé et la qualité de vie sont observées.

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