ARCHIVÉ - Actualités en bref pour maladies infectieuses - le 31 août 2012

 

Relevé des maladies transmissibles au Canada
RMTC Hebdomadaire

Trois nouveaux cas dans l'éclosion de légionellose à Québec

Trois nouveaux cas ont porté à 107 le nombre de personnes qui ont contracté la maladie à Québec depuis le mois de juillet. Les autorités de la santé ont mis en place une ligne d'information sans frais au 1-877-644-4545. La bactérie mortelle se développe dans les eaux stagnantes des systèmes de refroidissement et se propage dans les gouttelettes d'eau en circulation dans les systèmes de climatisation. Les autorités ont procédé à la désinfection des systèmes de plus de 100 immeubles dans la ville de Québec, mais selon elles, d'autres cas pourraient se déclarer dans les jours à venir. Les inspecteurs vont retourner inspecter à nouveau 30 systèmes de refroidissement durant les prochains jours afin de vérifier la qualité de l'eau et de s'assurer que les propriétaires d'immeubles ont respecté les directives de nettoyage. On croit que la source de l'éclosion actuelle provient des systèmes de refroidissement de deux tours d'immeubles. Chantale Giguère, directrice générale adjointe à la sécurité publique à la ville de Québec, a annoncé que plus de 100 tours de refroidissement ont été inspectées.

À la suite des critiques exprimées la semaine dernière par le maire de Québec, le gouvernement du Québec a promis de prendre des mesures supplémentaires contre la maladie. Une des nouvelles mesures qui pourraient être adoptées à l'automne prévoit de tenir les propriétaires d'immeubles légalement responsables de l'entretien de leurs systèmes de refroidissement. Les gros fumeurs et les personnes dont le système immunitaire est affaibli sont le plus à risque de contracter la maladie. Cette dernière n'est toutefois pas contagieuse. Les symptômes de la maladie sont une fièvre persistante, la toux et de la difficulté à respirer.

L'infection peut être traitée avec des antibiotiques. Aucun cas de légionellose pharmacorésistante n'a jamais été documenté. L'éclosion actuelle n'est pas considérée comme la plus importante ayant eu lieu dans l'histoire du Canada. En 2005, 23 personnes sont mortes et plus d'une centaine d'autres ont contracté la maladie dans un foyer de soins pour les aînés à Toronto. On avait découvert la trace de la bactérie dans une tour de refroidissement de l'établissement. Un biologiste moléculaire travaillant à Santé publique Ontario déclare qu'il est vraiment complexe de s'attaquer à cette maladie parce que l'on peut trouver la bactérie partout. « Essentiellement, on peut la trouver partout où il y a de l'eau », déclare Cyril Guyard. « Elle semble se concentrer dans les réseaux d'alimentation en eau construits par l'homme. Parce qu'elle est tellement omniprésente, il est à la fois complexe et difficile de faire un lien entre les sources environnementales et les cas déclarés. »    

Source : CBC News, le 27 août 2012

Utiliser le virus du sida pour combattre le cancer

Le VIH peut-il être transformé en un outil biotechnologique pour améliorer la santé humaine? D'après une équipe du laboratoire Architecture et Réactivité de l'ARN du Centre national de la recherche scientifique (CNRS), en France, la réponse est oui. Grâce à un appareil de réplication du VIH, les chercheurs ont réussi à sélectionner une protéine mutante particulière. Associée à un médicament anticancéreux dans des cellules tumorales en culture, cette protéine entraîne une meilleure efficacité du traitement utilisé à des doses 300 fois moins importantes. Ces travaux laissent entrevoir des applications thérapeutiques à long terme dans le traitement du cancer et d'autres pathologies. Le virus de l'immunodéficience humaine (VIH), responsable du sida, utilise le matériel des cellules humaines pour se multiplier, notamment en insérant son matériel génétique dans le génome des cellules hôtes. La principale caractéristique du VIH est de muter en permanence et, par conséquent, de générer au cours de ses multiplications successives, plusieurs protéines mutantes (ou variants). C'est pourquoi ce virus est capable de s'adapter à de nombreux changements environnementaux et de contrecarrer les traitements antiviraux mis au point jusqu'à présent. Au sein de l'Institut de biologie moléculaire et cellulaire de Strasbourg, les chercheurs du laboratoire Architecture et Réactivité de l'ARN du Centre national de la recherche scientifique ont eu l'idée d'exploiter cette stratégie de multiplication du VIH pour détourner le virus à des fins thérapeutiques, et plus particulièrement pour le traitement du cancer. Ils ont d'abord introduit dans le génome du VIH un gène humain qui est présent dans toutes les cellules, celui de la déoxycytidine kinase (ou dCK), une protéine permettant d'activer les médicaments anticancéreux. Depuis plusieurs années, les scientifiques cherchent à produire une forme plus efficace de la déoxycytidine kinase. En ayant recours à la multiplication du VIH, les scientifiques ont sélectionné une « librairie » de près de 80 protéines mutantes qu'ils ont testées sur des cellules tumorales, en présence de médicament anticancéreux. Ils ont ainsi identifié un variant de la déoxycytidine kinase plus efficace que la protéine sauvage (non mutée) provoquant la mort des cellules tumorales en culture. Combinés avec cette protéine, les médicaments anticancéreux se sont montrés tout aussi efficaces à des doses jusqu'à 300 fois moins importantes. Cette possibilité de diminuer les doses de traitements anticancéreux permettrait non seulement de réduire les problèmes de toxicité des composants et leurs effets secondaires, mais surtout d'améliorer leur efficacité. Avantage de cette technique expérimentale, les protéines mutantes ont été testées directement dans les cellules en culture. Dans les années à venir, la prochaine étape sera de mener des études précliniques (chez l'animal) pour la protéine mutante isolée. De plus, ce système expérimental qui utilise un virus habituellement mortel pourrait aboutir à de nombreuses autres applications thérapeutiques.

Source : Science Daily News, le 28 août 2012

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