ARCHIVÉE - Évaluation sommative du Programme canadien de nutrition prénatale 2004-2009

 

Conclusions et recommandations

6.0  Conclusions clés

6.1 Pertinence

La santé des femmes enceintes et de leurs bébés est menacée par une myriade de problèmes sociaux, économiques et physiques. Ces menaces incluent notamment: la pauvreté, la grossesse chez les adolescentes, un mauvais accès aux services de santé et aux commodités de base, et les comportements antihygiéniques. Bien que ces menaces soient en déclin au Canada dans la population générale, il existe des preuves qu’elles demeurent persistent chez les populations à risque. Par exemple, les femmes autochtones continuent de vivre dans des conditions à risque dans une plus large mesure que la population générale des femmes canadiennes. Étant donné la façon disproportionnée dont elles touchent certaines populations, les menaces à la santé doivent être continuellement surveillées et examinées. Une surveillance attentive permettra de s’assurer que les responsables de l’élaboration des politiques et les autres professionnels de la santé n’émettent l’hypothèse que les diminutions dans les risques pour la santé dans la population générale sont représentatifs des risques courus par les populations vulnérables.

En tant que programme du gouvernement, le PCNP a l’obligation de rendre compte des engagements du gouvernement aux niveaux national et international. L’alignement du programme sur ces engagements assure l’efficacité du système gouvernemental et la capacité de prendre en charge les problèmes de santé au niveau national et international. Le gouvernement fédéral a pris plusieurs engagements intérieurs de réduire les disparités existant sur le plan de la santé touchant les femmes, leurs bébés et leurs familles. Le PCNP correspond à plusieurs de ces engagements, y compris ceux qui sont décrits dans Grandir ensemble: Plan d’action canadien pour les enfants, dans le Plan d’action national pour les enfants, dans l’Entente sur le DPE (Union sociale, 1997; Union sociale, 2000) et dans le RPP actuel de l’ASPC (ASPC, 2008a). Au niveau international, le PCNP correspond à des engagements du gouvernement fédéral tels que les articles 18 et 24 de la CNUDE, Un Canada digne des enfants (second plan d’action du Canada) et le Plan d’action du Canada pour la sécurité alimentaire (Nations Unies, 1989; Gouvernement du Canada, 2004; Gouvernement du Canada, 1989). Le PCNP demeure un programme auxquels les populations à risque, les collectivités et les autres intervenants attachent de la valeur étant donné qu’il améliore l’accès aux services de santé, offre un soutien que l’on ne retrouve pas ailleurs dans la collectivité, encourage les initiatives de financement et fonctionne comme un pivot pour le développement des compétences.

Le PCNP fait partie de la solution du Canada au défi global de la prise en charge des problèmes de santé maternelle et infantile. Bien que le PCNP soit principalement un programme communautaire, il est entendu qu’il contribue aussi au rôle plus vaste du gouvernement fédéral de réduire les disparités existant sur le plan de la santé au Canada, particulièrement compte tenu de la capacité du programme d’assurer un leadership et d’offrir des occasions de collaboration entre les divers ordres de gouvernement et d’autres intervenants à des questions de santé maternelle et infantile. En outre, la collaboration du PCNP aux questions d’inégalités en matière de santé s’étend jusque dans la communauté internationale.

6.2 Incidence

Bien qu’un bon nombre des facteurs menaçant la santé des femmes enceintes et de leurs bébés soient à la baisse au Canada, ces menaces pèsent toujours sur les populations à risque à un taux beaucoup plus élevé. La proportion des participantes au PCNP caractérisées par des conditions à risque – telles que la pauvreté, la grossesse chez les adolescentes, la monoparentalité, la consommation d’alcool ou l’usage du tabac pendant la grossesse – dépasse de beaucoup les taux déclarés pour ces caractéristiques dans la population générale canadienne, ce qui démontre que le PCNP atteint efficacement les femmes et les bébés les plus dans le besoin.

Afin d’évaluer la capacité du PCNP de réaliser ses principaux résultats, on a procédé à un examen de l’incidence de l’exposition au programme. Particulièrement, on a cherché à déterminer si le PCNP avait amélioré les pratiques de santé des femmes enceintes à risque et l’issue de leur grossesse pour leurs bébés. Dans l’ensemble, on a trouvé que les participantes qui avaient été davantage exposées au PCNP étaient plus susceptibles d’apporter des changements positifs dans leur comportement et que leurs bébés étaient systématiquement moins susceptibles de connaître une issue défavorable de la grossesse. Particulièrement, les participantes qui ont eu une exposition élevée au programme étaient plus susceptibles de prendre davantage de suppléments vitaminiques; de réduire le nombre de cigarettes qu’elles fumaient; de cesser de consommer de l’alcool; de prendre la décision d’allaiter; et d’allaiter leurs bébés plus longtemps que les participantes qui ont eu une exposition d’ensemble moins élevée au PCNP. Les bébés des participantes qui ont été davantage exposées au PCNP étaient également moins susceptibles d’être prématurés, d’avoir un FPN, d’être hypotrophiques ou de souffrir d’une mauvaise santé néonatale. Certains résultats étaient inattendus, tel que la probabilité accrue d’avoir un bébé hypertrophique pour les femmes qui ont eu une exposition élevée au PCNP. Aussi, de manière inexplicable, une exposition d’ensemble élevée au PCNP et la réception de plusieurs services ont été associés à une probabilité accrue de prendre davantage de poids qu’il est recommandé pendant la grossesse. On a mené une analyse afin de voir s’il existait une relation entre ces femmes plus susceptibles de prendre plus de poids qu’il est recommandé et celles qui étaient plus susceptibles d’avoir un bébé de FPN mais on en n’a trouvé aucune.

L’analyse de l’incidence de l’exposition au PCNP portant sur les services et celle sur les groupes socio-démographiques ont toutes deux produit des résultats variables. Par exemple, on a constaté que les femmes qui avaient reçu un counselling individuel sur la nutrition et les habitudes de vie étaient moins susceptibles de cesser de boire pendant la grossesse; toutefois, cela pourrait être dû au fait que les femmes qui ont reçu ce service étaient plus à risque que celles auxquelles ce service n’a pas été offert. Aussi, ces femmes étaient peut-être moins susceptibles de cesser de boire quels que soient les services qu’elles reçoivent. Autre constatation inattendue, les femmes qui ont eu une exposition élevée au PCNP et qui ont déclaré n’avoir « aucun revenu » étaient plus susceptibles d’allaiter leur bébé pendant une plus courte période que les femmes de toutes les autres catégories de revenu. Ainsi, les futures analyses du programme devraient être structurées de sorte à examiner ces résultats contraires au sens commun afin d’aider à mieux comprendre d’autres facteurs qui pourraient influer sur les comportements liés à la santé et sur l’issue de la grossesse. Il serait également utile de déterminer les caractéristiques des participantes qui ont le plus profité des services particuliers et de tenter de structurer le programme de sorte à ce que les participantes soient dirigées vers les services qui se sont révélés avoir la plus grande incidence.

Malgré les résultats inattendus décrits ci-dessus, l’importante contribution du PCNP à la santé et au bien-être des bébés a été démontrée. Par exemple, l’analyse comparative a révélé que les taux d’allaitement maternel et de bébés de FPN chez les participantes au PCNP étaient généralement aussi bons, sinon meilleurs que les taux retrouvés pour la population générale. Ces résultats sont frappants compte tenu des difficultés additionnelles auxquelles sont confrontées bon nombre des participantes au PCNP. En particulier, il convient d’observer qu’en ce qui concerne les résultats de FPN, étant donné qu’on ne disposait d’aucunes données sur le poids à la naissance pour une population appariée, les bébés des participantes au PCNP ont été comparés à tous les nouveau-nés au Canada. Il est fort probable qu’une comparaison des résultats de FPN entre les participantes du PCNP et une population appariée de non participantes du grand public illustrerait mieux la contribution considérable qu’apporte le PCNP à la santé et au bien-être des bébés qui naissent dans des conditions de vie difficiles. Les économies associées aux résultats de FPN qui sont évités sont décrites à la section 6.3.

Néanmoins, lorsqu’on interprète des résultats obtenus pour l’incidence il faut faire preuve de prudence étant donné qu’il peut être difficile de quantifier l’atténuation des risques chez les populations vulnérables. Dans de nombreux cas, les participantes auxquelles on offre des services de soutien particuliers sont confrontées à des conditions de vie plus difficiles qui les rendent plus susceptibles d’avoir des comportements malsains et une issue défavorable de la grossesse pour leurs bébés. L’atténuation de ces risques peut ne pas être toujours évidente, concrète ou mesurable. Il serait inopportun de déduire la causalité lorsqu’on examine les résultats de l’analyse de l’exposition au PCNP pour les divers services et dans les différentes catégories socio-démographiques étant donné qu’il est difficile d’attribuer des changements dans les comportements à une unique intervention; il convient plutôt d’examiner la contribution du programme dans son ensemble. Ainsi, il ne serait pas approprié de conclure que la probabilité accrue de résultats négatifs associée à des services particuliers qui a été constatée dans la présente évaluation signifie que le soutien est nuisible. Il convient de faire preuve de la même prudence en ce qui a trait aux services du PCNP qui ont été associés à une probabilité accrue de résultats positifs chez certaines participantes, étant donné que les caractéristiques individuelles de ces femmes (telles que leur degré de motivation et le soutien de la famille) peuvent les rendre plus susceptibles que d’autres de réussir à changer leurs habitudes de vie et leurs comportements liés à la santé.

En outre, étant donné que les projets du PCNP sont uniques dans les collectivités qu’ils desservent, il y a des variations considérables dans la façon dont les services sont fournis, par qui ils sont fournis et à qui. La façon dont la réception de ces services est consignée peut également varier. Enfin, les participantes qui entrent en contact avec le PCNP plus tôt dans la grossesse, ont davantage de contacts avec le programme et y participent pendant plus longtemps sont susceptibles de présenter des différences importantes par rapport à celles qui sont moins exposées au programme. Par exemple, les femmes qui ont été davantage exposées au PCNP peuvent en être à un autre stade dans leur réceptivité face au changement, avoir un plus grand soutien d’un membre de la famille ou d’un ami pour y assister ou être obligées de participer aux activités du programme par le système juridique. Ainsi, dans le cadre d’une future analyse, il pourrait être intéressant d’établir une définition commune des divers services du PCNP qui sont offerts par les projets à l’échelle nationale. Une définition plus uniforme des services faciliterait la mesure et l’analyse de leur incidence.

La prise en charge de la santé des femmes enceintes et de leurs bébés est une question complexe, et d’autres recherches doivent être effectuées afin de déterminer les relations cause/effet entre le PCNP et les résultats positifs ou négatifs des participantes. Par conséquent, de nouvelles recherches doivent également être effectuées pour déterminer si le PCNP a la capacité de réduire les disparités existant sur le plan de la santé au Canada. La production de données longitudinales sur les participantes au PCNP, ne serait-ce que de leur admission au programme jusqu’à leur sortie, pose un défi unique étant donné que les populations vulnérables sont souvent difficiles à atteindre. Étant donné que la santé d’une population est dynamique et qu’elle est influencée par des fluctuations dans des facteurs sociaux, économiques ou environnementaux, la collecte de données et la détermination de l’incidence du PCNP sur la réduction des disparités existant sur le plan de la santé pour les femmes enceintes, leurs bébés et leurs familles au Canada demeurera un défi.

6.3 Rentabilité

Il a été démontré que les programmes de développement de la petite enfance sont au nombre des interventions en santé publique les plus rentables étant donné qu’ils apportent une grande gamme de résultats bénéfiques sur le plan social. Toutefois, le potentiel d’appliquer et de comparer ces preuves pour éclairer les politiques et les pratiques au Canada doit être examiné de façon plus exhaustive. Les données économiques qui ont été examinées établissent le bien-fondé des investissements publics dans la petite enfance. La valeur des avantages qui sont produits en assurant une bonne santé des mères, des nourrissons, des enfants et des familles dépasse de beaucoup les coûts encourus, même si l’on tient compte du temps requis pour réaliser ces avantages. L’incidence des interventions dans la petite enfance et des mesures de prévention dans les domaines de la santé et du développement social se fait sentir non seulement chez les enfants, mais aussi chez leurs parents et dans la société dans son ensemble. À vrai dire, les contribuables sont les plus grands bénéficiaires des services de soutien social et de santé pour les mères, les bébés, les enfants et les familles, ce qui appuie l’importance des investissements du gouvernement fédéral dans de tels programmes.

Les économies découlant de la pratique de l’allaitement se retrouvent dans les taux de maladie déclarés par les participantes au PCNP au cours des deux premières semaines de vie de leurs bébés et sont fondées sur les taux de maladie infantile au cours de la première année de vie retrouvés dans la littérature. Le chiffre de 42 $ en économies estimées pour la première année de vie d’un bébé allaité est extrêmement conservateur et ne tient pas compte des économies éventuelles associées aux maladies évitées tout au long de l’enfance et à l’âge adulte qui pourraient également être attribuables à l’allaitement maternel pendant la première année de vie. En ce qui concerne les maladies évitées, ces économies s’accroissent à 63 $ pour les participantes autochtones, ce qui est important étant donné que le PCNP a pour mandat d’accroître la disponibilité de services adaptés aux différences culturelles pour les femmes autochtones. En fait, lorsqu’on effectue une évaluation par catégories socio-démographiques de risque (pauvreté, grossesse chez les adolescentes, etc.…), les économies réalisées pour chaque groupe à risque sont supérieures aux économies moyennes de 42 $ pour toutes les participantes au PCNP combinées. Cela est remarquable étant donné que de nombreuses participantes présentent plus d’une caractéristique de risque. Dans de futures analyses il pourrait être utile d’évaluer quelles sont les économies de coûts lorsqu’on examine des participantes présentant de multiples caractéristiques de risque.

Lorsqu’on examine les résultats en termes de prévention d’un FPN, les économies de coûts estimées associées aux coûts d’hospitalisation évités à la naissance étaient de 89 $ par bébé (233,35 $ pour les bébés de mères adolescentes) et elles s’élevaient à 645 $ par bébé en tenant compte des maladies évitées. Pour les 17 689 participantes au PCNP incluses dans l’analyse des coûts, l’évitement des résultats de FPN à eux seuls représentent des économies de coûts moyennes de 1,6 million de dollars. Il faut se rappeler que ces comparaisons ont été effectuées entres les bébés des participantes au PCNP et toutes les naissances au Canada, étant donné qu’on ne disposait pas de données sur une cohorte appariée de femmes de la population générale ne participant pas au PCNP. Une telle comparaison aurait sans aucun doute fait ressortir des économies encore plus spectaculaires. Des économies de cette envergure pour un programme de cette taille sont une solide preuve que le PCNP atteint ses objectifs de saine gestion des deniers publics.

Sommaire

La présente évaluation sommative contient de nombreuses constatations convaincantes telles qu’une utilisation accrue de suppléments vitaminiques/minéraux, la cessation de la consommation d’alcool, une pratique et une durée accrues de l’allaitement ainsi qu’une probabilité réduite de résultats de naissances prématurées et de FPN chez les bébés des participantes au PCNP. L’évaluation a également illustré les économies associées à une bonne santé néonatale par la promotion de poids normaux à la naissance et de l’allaitement maternel. L’incidence positive du PCNP qui est décrite dans la présente évaluation devrait être prise en considération au moment de la formulation de recommandations pour le futur du programme. De nouvelles analyses devraient être menées afin de réexaminer les constatations positives – telle que la relation entre le niveau d’exposition au programme, le type de service fourni et l’issue de la grossesse – dans le but de déterminer quels sont les services les plus efficaces et d’élargir ces services. Certaines constatations contraires au sens commun devraient également être examinées plus en détails étant donné que l’exposition des participantes au PCNP n’est certainement pas le seul facteur influant sur ces résultats. Ces constatations inattendues incluaient:

  • L’association entre une exposition plus élevée au programme et une probabilité accrue a) d’avoir un bébé de FPN et b) de prendre plus de poids qu’il est recommandé pendant la grossesse.
  • L’absence de corrélation entre l’hypertrophie fœtale et un gain de poids supérieur à celui qui est recommandé chez la mère.
  • La probabilité accrue de 19 % d’avoir un bébé prématuré pour les participantes qui ont reçu un counselling sur les habitudes de vie.
  • La probabilité réduite de cesser de consommer de l’alcool parmi les femmes qui ont reçu une éducation ou un counselling individuel sur la nutrition ou les habitudes de vie.
  • La probabilité accrue d’allaiter moins longtemps pour les femmes qui ont eu une exposition élevée au programme et ont déclaré n’avoir « aucun revenu ».

Les limites cernées dans la méthodologie demeurent et elles doivent être prises en considération dans la validité et la solidité de toute conclusion sur la pertinence, l’incidence et la rentabilité du PCNP. Les recommandations formulées dans la section suivante visent à jeter la lumière sur certains des résultats inattendus et des limites et d’offrir des conseils pour l’orientation future du programme.

7.0  Recommandations

Plusieurs recommandations découlent des constatations du présent rapport et aideront à guider les décisions concernant les futurs programmes et la planification des évaluations.

1. Continuer de surveiller les menaces à la santé des mères, des bébés et des enfants

Il est recommandé que le PCNP continue de surveiller les menaces à la santé maternelle et infantile afin d’éclairer la mise en œuvre du programme et de lui permettre de s’adapter aux priorités émergentes en matière de santé et d’y répondre.

Les menaces à la santé des mères, des bébés et des enfants devront faire l’objet d’une surveillance continues afin de s’assurer que les politiques, les programmes et les initiatives concernant les enfants, y compris le PCNP, demeurent alignés sur les engagements intérieurs et internationaux de prise en charge de la santé des enfants ainsi que sur les priorités émergentes en santé publique.

Les priorités actuelles cernées dans le Rapport sur l’état de la santé publique au Canada de 2009 de l’administrateur en chef de la santé publique incluent:

  • La prévention des maladies;
  • L’obésité infantile;
  • La violence et la négligence;
  • Les risques pour la santé prénatale;
  • Le statut socio-économique;
  • La santé mentale.

Le modèle d’exécution du PCNP ou de tout autre investissement semblable devrait être suffisamment adaptable pour renforcer la prise en charge des questions de santé prioritaires en constante évolution à mesure qu’elles émergent. Les menaces à la santé des Canadiens qui sont touchés par des disparités sur le plan de la santé et accablés par la maladie de façon disproportionnée par rapport à la population générale seront particulièrement intéressantes et pertinentes au rôle de leadership du gouvernement fédéral.

La surveillance et l’analyse de la capacité du modèle d’exécution de s’adapter aux priorités émergentes et de les prendre en charge devraient faire partie d’une stratégie globale pour renforcer l’évaluation du PCNP.

Par exemple, les données existantes sur le gain de poids pendant la grossesse et l’accent mis par le PCNP sur une alimentation saine pourraient être évalués par rapport aux coûts engendrés par l’obésité, alors que les données sur la dépression maternelle pourraient être évaluées par rapport à l’incidence du soutien social et de la promotion de la santé mentale offerts par le PCNP. Les coûts associés aux blessures chez les enfants pourraient également être analysés par rapport à l’éducation prénatale et postnatale fournie par le programme. Il faudrait élargir la collecte des données dans ces domaines afin de mener ces types d’analyses. En outre, le soutien et l’amélioration continus des mécanismes de mise en commun de l’information et des pratiques exemplaires entre les infrastructures régionales et en leur sein, et la surveillance des ententes de contribution seront essentiels pour assurer la force du programme à l’échelle nationale.

Les renseignements tirés de l’OIEN nouvellement conçu et de la carte d’accueil mise à jour seront essentiels pour déterminer les caractéristiques de la population atteinte par le PCNP et les menaces à la santé qui touchent cette population.

2. Continuer de recueillir des données pour appuyer la planification, la production de rapports sur le rendement et l’évaluation

Il est recommandé que le PCNP continue de recueillir des données pour appuyer la planification, la production de rapports sur le rendement et l’évaluation, y compris:

  • La collecte continue des données du nouvel outil intégré d’évaluation nationale (OIEN) et de la carte d’accueil;
  • L’exploration d’autres stratégies pour mesurer les résultats plus généraux ou à long terme;
  • L’examen périodique des outils afin de s’assurer que les données qu’ils recueillent sont conformes à la logique du programme et répondent à ses besoins en information.

L’une des plus grandes forces de la stratégie d’évaluation du PCNP réside dans son degré d’engagement élevé à l’égard de la mesure continue du rendement par les bénéficiaires du financement. Les données qui seront recueillies par le biais de l’OIEN nouvellement conçu seront essentielles à la mesure du rendement, antérieurement évalué par le biais du QP. Ces données alimenteront les constatations sur la portée, la mise en œuvre et la conception du programme.

Les nouvelles questions de l’OIEN (qui remplace le QP) renforceront encore les données de mesure du rendement au niveau national et éclaireront les futures analyses. De plus, maintenant que l’OIEN a été adopté pour les projets menés dans les collectivités autochtones de l’Ontario, une compréhension plus complète du programme à l’extérieur du Québec devrait émerger. Menée de façon rigoureuse à une échelle nationale, la continuation de la collecte de données sur le programme, y compris sur les résultats des participantes, aidera à améliorer la validité des futures analyses en réduisant le besoin de données substitutives.  

Il serait utile d’inclure des données probantes tirées de la littérature dans le modèle logique du programme pour guider l’établissement des mesures du rendement. À mesure que le programme évolue, il faudra examiner les instruments de collecte de données de façon périodique pour en évaluer la clarté, la validité et l’utilité – afin de s’assurer que les questions posées par ces instruments recueillent les meilleures données possibles pour les fins prévues.

De meilleures données sur les résultats sont également requises afin de s’assurer que la recherche et les analyses suggérées ci-dessous puissent être mises en pratique. Les résultats à court terme ont été bien évalués en utilisant les données du QC2. Toutefois, maintenant que cet instrument ne sera plus utilisé, il sera important d’examiner d’autres stratégies pour mesurer les résultats plus généraux ou à plus long terme que ceux qui ont été évalués jusqu’à présent. Divers moyens de collecte de données sont suggérés à cette fin: des études de cas sur un échantillon de projets du PCNP; un recensement éclair pour recueillir des données sur les résultats; ou un échantillonnage systématique. Toutes ces initiatives seraient utiles afin d’assurer la disponibilité des données requises pour appuyer de nouveaux plans d’évaluation.

Une étude longitudinale sur le PCNP pourrait également être envisagée. Chacune de ces suggestions pour renforcer la collecte des données nécessiterait des ressources adéquates et dépend des décisions de l’ASPC concernant les futurs investissements dans la santé des enfants.

3. Entreprendre de nouvelles études/analyses afin de cerner les modèles de prestation les plus efficaces dans le cadre de la conception d’ensemble du programme

Il est recommandé que de nouvelles études/analyses soient menées afin:

  • d’examiner les observations quantitatives par le biais d’une analyse qualitative de l’incidence sur la santé;
  • de cerner une typologie de modèles d’exécution prometteurs dans le cadre de la conception d’ensemble du programme;
  • de déterminer les relations entre les risques courus par les mères, l’exposition au programme et les résultats;
  • de poursuivre l’évaluation économique des incidences associées au programme.

Un certain nombre de sujets pour de futures analyses ont émané de l’analyse quantitative sur l’incidence menée par Muhajarine (2009). Des incohérences dans certains résultats escomptés concernant les degrés d’exposition au programme et les services offerts devront faire l’objet de nouveaux examens avec des données supplémentaires.

De nouvelles études pourraient aider à établir une typologie des modèles d’exécution du PCNP, faciliter leur classification et déterminer le potentiel de relations causales entre le PCNP et les résultats des participantes. En outre, il serait intéressant de déterminer s’il existe un lien entre a) le niveau de risque initial couru par la mère au moment de son admission au programme, b) les contacts qu’elle a avec le programme et c) les types de services qu’elle reçoit. Cette recherche aidera à formuler les conclusions qui peuvent être tirées sur l’exposition au programme/les services offerts, particulièrement en ce qui concerne les résultats pouvant être attribués au personnel du programme plutôt qu’à des conditions qui existaient déjà ou à des circonstances personnelles.

De telles analyses aideront à cibler les améliorations au programme et particulièrement, elles permettront de cerner les secteurs de résultats qui ont le plus besoin d’attention aux sites de projet individuels.

Il sera également important de mener des analyses d’établissement des coûts sur divers aspects du programme. Par exemple, une évaluation économique de l’incidence des améliorations dans les pratiques de santé maternelle des participantes au PCNP serait très pertinente. Une telle évaluation pourrait également permettre de cerner la meilleure façon de diriger les activités de programme de sorte à se concentrer sur les pratiques de santé positives qui ont la plus grande incidence sur une issue optimale de la grossesse avec la plus grande efficience. Des analyses de ce type, axées sur les coûts ou les résultats, aideront à comprendre certains des résultats inattendus et des divergences qu’a révélés la présente évaluation.

4. Prendre en considération les constatations de l’évaluation dans les décisions concernant les futurs investissements de l’ASPC dans la santé des mères, des bébés et des enfants

Il est recommandé que tous les résultats de la présente évaluation sommative, y compris les constatations clés, les conclusions et les limites de l’analyse, soient pris en considération dans le contexte des décisions à long terme concernant les futurs investissements de l’ASPC dans la santé des enfants.

Dans l’ensemble, les résultats de la présente évaluation des données des évaluations nationales et des rapports commandés sur la pertinence, l’incidence et la rentabilité du programme, démontrent que le PCNP joue un rôle important dans l’amélioration de la santé maternelle et infantile chez les populations vulnérables. Les tendances, les constatations clés et les conclusions dont fait état le présent document doivent être prises en considération dans la planification de la future orientation du programme et de la stratégie entourant le rôle du Canada dans le domaine de la santé maternelle et infantile.

Les constatations montrent que le PCNP réussit à atteindre une proportion élevée des populations à risque au Canada et qu’il est fermement déterminé à mettre en œuvre une approche axée sur la santé de la population. Les résultats démontrent également que le PCNP apporte aux femmes enceintes, à leurs bébés et à leurs familles qui vivent dans des conditions à risque un soutien communautaire accru dans une grande variété de secteurs de résultats. La présente évaluation sommative met en évidence de nombreuses constatations convaincantes concernant les améliorations dans les pratiques de santé et l’issue de la grossesse des participantes à la suite de leur exposition au PCNP. La présente évaluation a également illustré les économies associées à une bonne santé néonatale par le biais d’un poids normal à la naissance et de l’allaitement maternel. Collectivement, ces preuves indiquent que le PCNP demeure pertinent, a une incidence positive et est rentable, et que le gouvernement fédéral doit continuer d’appuyer les investissements dans la santé maternelle et infantile par le biais de projets communautaires.

5. Prendre en considération les constatations sur les avantages économiques d’une intervention précoce et la pertinence des niveaux de financement actuels du PCNP dans les décisions concernant les futurs investissements de l’ASPC dans la santé des mères, des bébés et des enfants

Il est recommandé que les avantages économiques d’une intervention précoce et un examen des réalités économiques des niveaux de financement actuels du PCNP soient pris en considération pour éclairer les décisions concernant les futurs investissements de l’ASPC dans la santé des mères, des bébés et des enfants.

Depuis 13 ans, le PCNP octroie un financement aux organismes communautaires afin d’appuyer la santé et le bien-être des femmes enceintes, de leurs bébés et de leurs familles qui vivent dans des conditions de risque. Le dernier ajustement à la hausse du financement remonte à 1999.

Dans l’ensemble, il y a de solides preuves des avantages économiques associés aux investissements dans la santé maternelle et infantile. L’analyse d’établissement des coûts examinée dans le présent rapport donne des estimations des économies découlant de la participation au PCNP en ce qui concerne la pratique de l’allaitement et les taux de FPN. Les économies ont été estimées à plus de 1,6 million de dollars pour la réduction des taux de FPN à elle seule.

6. Positionner l’évaluation de sorte à répondre au mandat de la Politique sur l’évaluation de 2009 du Conseil du Trésor

Il est recommandé que toute future évaluation du PCNP soit positionnée de sorte à répondre au mandat de la Politique sur l’évaluation de 2009 du Conseil du Trésor.

La présente évaluation sommative du PCNP est conforme à la Politique sur l’évaluation de 2001 du Conseil du Trésor. Dorénavant, les évaluations du PCNP devraient être fondées sur la nouvelle Politique sur l’évaluation de 2009 du Conseil du Trésor. Cette nouvelle politique élargira la portée de l’évaluation à la totalité des programmes et exigera la collaboration de tous les secteurs de l’ASPC pour planifier l’évaluation sur un cycle de cinq ans. Cela fait ressortir le besoin d’une plus grande synergie dans les activités d’évaluation de tous les programmes axés sur la santé de la mère et de l’enfant. Pour les futures évaluations, la stratégie devrait prévoir un moins grand nombre de questions portant sur la responsabilisation et continuer d’être axée sur les priorités plus générales. Cela permettra d’accroître les connaissances et de satisfaire à toutes les exigences de la nouvelle politique. Il est recommandé que les questions suivantes soient prises en considération aux fins de la détermination des futurs enjeux d’évaluation les plus impérieux du PCNP:

  • Quel est le lien entre les évaluations d’autres investissements de l’ASPC dans la santé maternelle et infantile (c.-à-d., PACE, PAPACUN et ETCAF) et l’évaluation du PCNP?
  • Quelles questions transversales de la santé maternelle et infantile le PCNP peut-il faire progresser par le biais de l’évaluation?
  • Le PCNP peut-il faire concorder sa stratégie d’évaluation avec celles utilisées pour d’autres investissements de l’ASPC pour en illustrer l’incidence collective?
  • Quels sont les mécanismes les plus efficaces pour mettre en commun les constatations des évaluations et les leçons apprises avec les intervenants clés dans le programme, l’Agence et le gouvernement du Canada?

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